Une table à l'écart de tout le monde [Pv Classe E]

Un incident était à prévoir...

Ça, il ne l’avait pas prévu. En un instant Morgane s’était retrouvée à terre dans un grand fracas. Il sentit à cet instant précis tous les regards se poser sur le petit groupe qu’il formait. Combien de paires d’yeux les scrutaient en ce moment-même ? Il n’aurait su le dire. L’heure était plutôt avancée. La plupart des étudiants était déjà retourné en classe. Autour de la jeune fille le plateau et ce qu’il restait des couverts étaient en morceaux.

- Moi je vais te dire, je maîtrise l'alcool, offre moi une bouteille de vin rouge, qu'elle deviendra alors une bouteille de whisky, j'en connais des pouvoirs inutiles comme les miens. Il y en a beaucoup dans notre classe, c'est peut être pour ça que nous ne sommes pas dans les classes supérieures.

A ces paroles, Austin rajouta d’un air bougon :

« Je vois aussi bien de jour que de nuit... question pouvoir inutile, j’en connais un rayon aussi ! » Les deux garçons se voulaient réconfortant. C’est sans doute ça la force des E, savoir s’épauler dans les moments difficiles. Cela frappa tout d’un coup notre jeune Austin. Comment avait-il pu passer plus de cinq ans à Prismver en passant à côté de… de tout ça ? Peut-être était-ce pur coïncidence. Non, c’était sûrement le destin qui avait mis sur sa route ces trois personnes avec qui il déjeunait ce midi. Selon une des seules amies d’Austin, rien n’arrive pas hasard, tout a une raison. Allez savoir ce qu’elle voulait dire par là. Quoiqu’il en soit, la pauvre Morgane semble hébétée, un peu voire complètement à l'ouest. Sur qu'après cet incident, on n'est pas vraiment soi-même, on n'est pas très bien.

James la releva. La voilà sur ses deux pieds mal assurés, s'éloignant d'eux, murmura au passage : -Pardon. Je... Je ne vous dérangerais plus. Je vais me changer puis nettoyer. Austin soupira un moment. Il ne l'aurait cru si on le lui avait dit, mais... chevalier preuuuuux en AVANT ! Finissant de déglutir sa dernière crevette (prions pour pas que je sois malade !), le garçon se leva lentement, ses deux mains s'appuyant sur la table comme si son corps pesait des tonnes. Pourtant il ne lui semblait pas avoir mangé tant que ça. la fatigue sûrement. C'est vrai qu'il n'avait pas beaucoup dormi la nuit dernière... et il n'avait pas encore fait son "truc". Clignant une fois ou deux des yeux, Austin se reprit assez vite et avant que Morgane ne s'éloigne d'eux en titubant éleva la voix :

Je m'en occupe...

Il repoussa alors sa chaise et commença à aller voir une surveillante pour obtenir un balai. Le voilà homme de ménage ! On lui aura tout fait faire dis donc...

Spoiler:

A peine Austin a-t-il récupéré un balai qu'un second incident survient. Si on peut parler d'incident. Le jeune garçon près duquel il était assis n'était plus là, remplacé par un espèce d'animal... un phoque ? Oui, il lui semblait bien que c'était un P.H.O.Q.UE !

Et il restait là, les bras pendus, le balai dans une main, ne sachant réellement que faire. Déjà, il n'était même pas sur le p'tit gars était cette chose qui se trouvait sur le sol du réfectoire, battant des nageoires. Peut-être était-il tellement honteux de traîner avec eux après que Morgane est fait une crise, qu'il s'est tout simplement enfui. Austin ne lui en aurait pas voulu. Il aurait fait de même s'il ne s'était pas un temps soit peu lié à eux ou qu'il n'était pas dans la même classe E. Il aurait même probablement rigolé, fort.

Passé le moment de la surprise, Austin jeta un coup d'oeil en direction de ses camarades. James semblait tout aussi interloqué que lui. Et il y avait de quoi ! Le jeune garçon se rapprocha prudemment du phoque, se tenant tout de même à distance, ne sachant ce que pouvait vraiment faire l'animal. Imaginez qu'il se mette à frapper tout le monde autour de lui. La force d'un phoque pourrait vous sonner si vous preniez un seul coup de nageoire. Il n'osait donc imaginer si plusieurs coups venaient à le frapper. Prudence est mère de sureté ! Posant le balai par terre, il le reprendrait plus tard, Austin s'éclaircit la gorge et s'adressa au phoque :

On, on... il ne savait pas que dire ... besoin d'aide ? Peut-être que pour reprendre forme normale, il fallait faire quelque chose de particulier, mais Austin n'était même pas sur que le phoque le comprenne. Qui sait ? la métamorphose animale peut empêcher toute compréhension et communication humaine... Les yeux ronds, Austin attendait un quelconque signe du pauvre garçon transformé en phoque.

Spoiler:

Les yeux toujours écarquillés, respirant et bougeant à peine, Austin assistait de loin au spectacle que lui offraient ses camarades. Entre l’une qui chante une berceuse, l’autre qui vole de l’alcool et enfin le phoque… qui parle !

« J’aime bien cette chanson. »

« Désolé… je retrouverai ma forme dans un moment, mais quand… je n’en sais rien. »


Oh, ohhhh il peut parler ! Austin en serait presque jaloux, lui aussi aurait bien aimé avoir un tel pouvoir. La transformation, c’est cool. Il y a vraiment des gens qui sont nés avec de puissants pouvoirs, des capacités surnaturelles beaucoup plus utiles que la sienne. Il aurait bien aimé… ouais, il aurait bien aimé.

Stoppons les divagations ! Ce n’est pas tout ça hein mais il vaudrait mieux ne pas trop traîner dans le réfectoire avant qu’une des dames de la cantoche ne vienne les réprimander et leur demander de nettoyer le gros bordel qui venait de s’accumuler autour des quatre comparses. C’est fou ce que l’être humain est capable de faire en quelques minutes : du paradis au chaos.

Austin reprit le balai puis fit mine de nettoyer le sol un instant, rangeant rapidement les morceaux de verre répandus ici et là, résultat de la chute de Morgane, sous la table autour de laquelle ils avaient mangé –ni vu, ni connu le tour était joué-, puis reposa le balai là où il l’avait eu. Ayant remarqué que l’animal, pardon, le délégué avait quelque peu du mal à « marcher » ou le mot le plus approprié serait « glisser » vu qu’un phoque n’a pas de pieds, seulement des nageoires. L’animal doit sans doute glisser sur le ventre pour avancer s’aidant à la fois de ses nageoires et de sa queue ainsi que par la force du ventre (aucune idée franchement). Austin, après s’être assuré qu’il ne risquait rien, prit par la main la nageoire droite de Warren pour l’aider à avancer plus vite. Celui-ci l’aurait bien pris dans ces bras, mais Warren n’étant pas un bébé phoque (un peu trop lourd) et Austin n’ayant pas un dos à toutes épreuves. Il avait aussi pensé à le pousser par derrière, mais sans doute cela aurait été perçu comme irrespectueux.

Se retournant alors vers les deux autres, il suggéra :

« On monte ? » signifiant vers le balcon, tout en continuant à se diriger vers la sortie. Ils seraient sûrement plus tranquilles là-bas.

Un fracas de verre brisé, le bruit d’un plateau qui chute lourdement contre le sol ; tu te retourne si brusquement que tes longs cheveux suivent le mouvement. Ils volent, suivant ton geste surpris, le cramoisi imprègne les airs. Oubliés, les plats parmi lesquels tu avais le choix pour ton repas de la mi-journée.

Tu fixe la responsable, tu observe les gens qui s’approchent d’elle pour la soutenir. Comme tous les autres élèves présents, évidemment. La moindre distraction de ce genre est bonne à prendre. Les coups de balais font disparaitre les morceaux de verres avec un petit tintement de débris s’accrochant sur le carrelage. La demoiselle saigne, tu le vois même de là ou tu es ; tes lunettes corrigent vraiment bien ta vision, hm ?
Tu délaisse la place, tu abandonne l’assiette que tu étais supposée remplir ; d’un naturel aussi généreux que stupide, tu désire t’enquérir de la santé de cette demoiselle que tu ne connais absolument pas. Quand bien même elle serait dans ta classe, tu ne te souviens guère d’elle. Ce qui ne t’empêche pas guère d’être inquiète.
Mais voilà qu’un évènement à priori imprévu renverse la situation, modifie ton centre d’intérêt ; un des trois jeunes hommes vient de se transformer en phoque. Tu t’arrêtes de marcher un instant, tes yeux s’agrandissent, ta bouche s’arrondit. Surprise, tu l’es, et agréablement.

De jeune fille, tu deviens tornade surexcitée ; tu cours en direction du groupe. Les douze centimètres de talons aiguilles que tu portes n’enlèvent rien à ta vitesse, évidemment. Tu maitrises parfaitement cet artefact depuis un bon moment.
Tu entends vaguement l’animal parler, puis un chant dont tu ne reconnais pas la langue ; tout ceci ne te choque pas plus qu’il ne t’importe.
Ils se dirigent vers la sortie, mais tu les rattrape avant. Hu hu.

-« Oh, un phoque ! Trop mignoooon ! »

Tu poke ce que l’on pourrait qualifier de joue de l’animal. Tu possédais toi-même une peluche figurant –avec plus ou moins de réalisme, évidemment- un phoque, lorsque tu étais enfant. Mais ça, c’était avant. Avant que tu remplace le tout par des peluches à l’effigie de personnages qui n’existent pas et qui ont quand même trop la classe et dont tu es amoureuse et dont les dates de naissance sont des jours fériés marqués en rouge dans ton agenda.
Pas étonnant que tu sèches autant les cours. You’re such a fangirl, Andreah.
Ton cas est désespéré, anyway.

Tu continue pendant dix bonnes secondes à tripatouiller le ventre de l’animal avec tes longs ongles, accroupie sur le sol. Ca t’amuse, comme ce n’est pas permis ; et pourtant, tu n’es officiellement plus une gamine. Bouloum, bouloum, c’est rigolo d’enfoncer les doigts là-dedans, même quand on a dix-sept piges. Surtout quand on s’appelle Andreah Creighton en fait.
Et finalement tu te relève, tu regarde ces gens que tu ne connais pas et qui se baladent avec un animal incongru –quelle drôle d’idée, et pourtant, tu ne trouves pas cela bizarre.

-« Salut, saluuuuuut ! Faites pas attention à moi, je n’fais que passer ! »

Tu lève le bras pour ébouriffer avec un grand sourire d’abrutie les cheveux du jeune homme le plus proche, celui qui a fait le ménage et qui s’est mis en tête d’aider le phoque à quitter la place en le trainant par terre comme un sac à patates.

-« Bon coup de balai, au fait, honey ! Tu devrais prendre plus soin de tes ch’veux, par contre ! Ils sont tout gras, beuuuuh, c'est dé-gou-tant. »

Froncement de nez, et mine horrifiée devant tant de saleté et de laisser-aller à l'appui, c'est contre sa chemise que tu essuie ta main avant de te détourner.

Tes talons claquent sur le carrelage tandis que tu t’éloignes d’un pas vif. Trop de choses à faire, tu as trop de choses à faire pour rester avec ces gens-là, ces gens que tu ne connais pas.
Au dernier moment, tu prends toutefois le temps de te retourner vers l’autre garçon, le chevelu là, et tu pointes un impérieux index impeccablement manucuré dans sa direction.

-« Au fait, toi ! Tu devrais carrément tout couper. T’es super méga moche comme ça ! Cette coiffure, ca se fait plus depuis les années dix ! Au moins ! Remarque, ca va bien avec tes fringues de ringard; mets-toi à la page mon chou, je te jure, l'époque des cow-boys, c'es FI-NI! Et depuis longtemps! Ca fait grave minable, là.... Ah ouais, mais en fait.... OH, J'AI COMPRIS. C'est censé faire négligé mi-classe, mi-rebellz-de-la-mort-qui-tue? Raté, ca fait juste beauf des bas-quartiers sordides, désolée. C'est pas de ta faute, hein. Il faudrait juste que tu trouve quelqu'un avec un minimum de style pour t'aider, parce que t'as l'air d'être en grosse difficulté à ce sujet. » lances-tu, sans doute si fort que toute la salle est en mesure de capter tes mots. «Et toi! -c'est à sa copine que tu parles cette fois- Je te plains pour le sang, t'as eu l'air drôlement bête en faisant tout tomber avant de te ramasser comme une incapable, et en plus ça doit faire maaaaaal ; mais pas autant que souffrent mes yeux en voyant toutes les fourches dans tes cheveux! Les produits de soin capillaire, ca existe, tu sais?! Tu devrais t'en servir. Et les prêter à tes copains. »

Tu n’es pas méchante ; tu ne fais qu’exprimer le fond de ta pensée sans te rendre compte que les gens peuvent le prendre de travers; tu ne cherche qu'à les aider après tout. Un geste de la main pour passer ta propre chevelure par-dessus ton épaule, geste rendu fluide par la force de l’habitude , et tu passes la porte avant même de laisser aux autres le temps de répliquer ; s’ils désirent le faire, ils se retrouveront à parler tout seuls. Miss Creighton a fait une arrivée fracassante et un départ tout aussi triomphant, elle abandonne désormais les lieux.

Tu étais venue pour manger, tu repartiras le ventre vide ; comme d’habitude. Egale à toi-même, tu es bien incapable d’aller au bout de tes idées.
Une chance que dans un geste inconscient tu aies saisi un morceau de pain ; quelques calories que tu ingurgiteras probablement plus tard.

Spoiler: