La beauté de la nuit [Pv]

Mais où étaient ils ? Mais où était il ? Antony n'en avait pas la moindre idée. Cela fessait déjà un bon moment qu'Antony cherchait les cabanons, et il avait fini par se perdre. Après être sorti du réfectoire, où il avait mangé son tout premier soupé depuis son arrivée, il avait suivi un groupe d'autres élèves un peu plus âgé que lui. Il avait compris, en suivant de loin leur conversation, que ces derniers se rendaient dans leurs chambres. Mais ce qu'il ne savait pas, c'était qu'ils avaient deux ans de plus que lui, et de ce fait leur destination n'était pas les cabanon mais les cabanes. Malheureusement dans la réalité c'était bien plus que deux lettres qui séparaient ces derniers mais bien une distance asse conséquente pour permettre à Antony de se perdre dans le labyrinthe des allées cernant Prismver. Et ce labyrinthe était grand. Par deux fois il était passé devant le gymnase, la serre, quant à elle, lui avait plus ou moins servi de point de repère, mais au final cette petite odyssée ne l'a mené à rien. Et il avait fini par se retrouver dans une allée des jardins par laquelle il avait déjà passé maintes et maintes fois.

Personne ne lui avais vraiment indiqué où se rendre, mais il n'avait pas non plus posé de questions à qui que ce soit. Mais il était maintenant trop tard ... Oui vraiment trop tard, 22h48 affichait plus tôt l'horloge devant laquelle il était rapidement passé auparavant. Tout le monde avait soit regagné leur chambre ou soit était parti participer leur soirée mondaine qu'il serait plus adéquat de qualifier de beuverie à ce qu'il avait entendus dire. On approchait lentement de l'heure fatidique ... Ho non ! Il ne faux pas considérer Antony comme un fervent descendant de la jeune Cendrillon : minuit est une heure comme les autres pour lui. C'est juste une heure qui pour lui est presque nostalgique, c'est le moment où les souvenirs de la journée passée à la même heure se retrouve effacés pour que ceux de l'accident reprennent place. L'accident qui a totalement changé la vie d'Antony, est pour lui un éternel hier. Souvent c'est vers ces heures-ci qu'Antony lis un peu son carnet. Car on dit couramment que lire avant d'aller dormir permet de mieux retenir. Mais Antony sait bien que pour lui cette logique ne s'applique pas, mais au moins en fessent cela le matin il a au moins une vague idée de ce dont il a réalisé la veille.

Cette fois si en espérant trouver une information sur la position de cabanon, Antony décrocha son carnet de sa ceinture et l'ouvris. Mais la luminosité des réverbères dans les jardins était trop faible. Se disant donc qu'il aurait plus de lumière dans le hall de l'école et que peut être là-bas il trouverait quelqu'un pour l'accompagner, il commença à couper par la pelouse pour se rendre à l'entrée. Mais une fois son carnet ouvert il ne put s'empêcher de poursuivre sa lecture. Lire dans un endroit aussi sombre demandait beaucoup de concentration. Mais le terrain étant sans obstacle, Antony n'avait aucune chance de rentrer dans un arbre où quoi que ce soit d'autre. Malgré cela il lui arrivait toujours de lever les yeux pour vérifier la distance qui le séparait encore de l'école. Cependant, il n'aurait jamais pensé à regarder en dessous.

Son pied buta contre un obstacle au raz du sol. Et sur le point de perdre totalement l'équilibre, Antony lâchât son carnet pour battre des bras dans l'air. Il finit par rétablir son centre de gravité et regarda par terre la chose qui avait faillit le faire tomber.

Mais ce n'était pas une chose mais bel et bien une personne sur qui il venait presque de shooter une côte.

Antony tendit alors une main pour permettre à l'être dont il ne parvenait à peine à discerner le visage, trop bas du sol dans la pénombre, pour lui proposer son aide.

Mais avant que l'autre personne n'eut le temps de répondre à sa proposition une pensée le percuta :

Abandonnant sans hésiter l'inconnue Antony se rua au sol, à quatre pattes, tournant la tête dans toutes les directions à la recherche de son précieux carnet qui était tombé dans l'herbe plus tôt. Mais il ne le voyait pas, il fessait trop sombre, et il n'avait pas de lampe de poche. Désespéré, le cœur bâtant sous le stress, il s'affairait tel un dément sur le gazon.

La maladresse d'Antony l'avais dirigé vers sa propre fin. S'il ne retrouvait pas son carnet, ce n'était qu'une seul et unique chose qui l'attendait : la Dead End. S'il ne retrouvait pas rapidement ce carnet qui n'est ni plus ni moins qu'une extension de sa mémoire, non seulement toute cette journée sera effacée de sa mémoire à jamais, mais il ne sera plus en mesure de savoir qui il est et ce qu'il fait ici. Sa vie, son existence, ses relations, tous ces moments sont posés sur le papier de ce petit carnet. Et si demain il se réveillait sans lui ... il serait plus perdu que jamais. Il ne pouvais pas ne pas le récupérer. C'était inimaginable.

Il serait capable de ratisser ciel et terre pour le retrouver, et ce n'était pas à prendre à la légère : il avait déjà commencé avec la terre. Heureusement l'herbe était bien entretenue et la terre peu humide. Mais bien que ses vêtements ne furent que peux altérés, ses mains acharnées, elles, s'imprégnèrent peu à peu de l'odeur de la terre et de la végétation. Mais si cette vois féminine ne l'avait pas fait réagir alors elles seraient sans doute teintées de vert à l'heure qu'il est.

Antony regarda les yeux écarquillés, incrédule, en direction de la silhouette qui venait de s'adresser à lui. Il ne savait pas ce qui le choquait le plus, le fait qu'on lui propose d'attendre que quelqu'un retrouve son histoire à sa place, le fait que cette personne soit en mesure d'en lire le contenu, ou le fait que cette phrase presque compatissante venais d'être prononcé par la personne qu'il venait tout juste de percuter.

Et maintenant cette silhouette féminine lui proposais son aide. Était elle seulement humaine ? Pour lui n'importe qui se serait énervé dans cette situation, mais cette personne ... Oui, en fait tout s'explique. Elle était comme lui, comme tous ceux de cette école. Ils ne sont plus humains. Ils sont différents, non seulement de part leur pouvoir, mais apparemment aussi de part leur mentalité. Finalement, peut avait-elle aussi tué quelqu'un, peut être qu'elle vivait chaque jour sa vie en cherchant à se racheter. Quoi d'autre aurait pu expliquer une telle attitude ?

Antony fixa de nouveau le sol. Ce n'était pas une expression de peur qui déteignait sur son visage, mais plutôt une triste amertume. Il se rendit compte que finalement il ne savait rien de ceux qu'il avait rencontré tout au long de cette journée. Que cette personne non plus il ne savait pas qui elle était. Alors, il voulut refuser la proposition. Après tout il venait de l'abandonner quelques secondes plus tôt. Elle n'avait aucune redevance envers lui.

Mais avant même qu'il ne puisse terminer sa phrase, une lumière salvatrice vint exorciser ses sombres pensées. Antony se mit à l'affût de son carnet qui devait reposer dans l'herbe qui était maintenant miraculeusement éclairée d'un blanc sacré. Et là il le vit, son carnet, reposant entre une brindille et quelques feuilles, à quelques centimètres de lui. Aussi rapide qu'un gecko, son bras perça l'air frais de la nuit pour atteindre son but. Il avait retrouvé sa précieuse mémoire. Des larmes de soulagement commencèrent à couler sur ses joues et une intense joie incontrôlable le submergea. Se retournant pour voir quel phare avais éclairé son chemin, il reconnut la silhouette qui lui avait si gentiment proposé son aide. Mais il ne prit même pas le temps d'observer son visage et se jeta sur elle, l'enlacent, les larmes aux yeux, en bredouillant tans bien que mal un nombre indénombrable de remerciements.

Pour Antony elle venait de lui sauver la vie ... Était-ce si différent de la réalité ?

Il était sauvé, il allait pouvoir écrire toute cette journée dans son carnet avant de se coucher. Il avait déjà commencé vers midi de peur de ne pas avoir le temps le soir, et il avait bien fait. Penser qu'il venait de risquer de perdre son carnet !? Incroyable ... Et triste avant tout. Il se rendit compte non seulement de l'importance qu'il lui accordait, mais aussi de l'état presque animal, instinctif, apeuré, dans lequel il s'était retrouvé. Est-ce vraiment ce qu'on devient lorsqu'on perd quelque-chose qui nous est cher ?

Antony se rendit compte tout à coup de la situation dans laquel il venait de se mettre. C'était comme s'il venait tout juste de se réveiller d'un cauchemars et s'était jeté, soulagé et reconnaissant, sur le premier inconnu qui l'avait réveillé.

L'embarras que tarissait la phrase plus tôt énoncée par la jeune fille était contagieux, et s'empara d'Antony. Que fessait-il dans cette posture ? Et ... ne venait-il pas de pleurer devant quelqu'un ? Le premier jour !?

La jeune fille l'écarta d'elle avec une douceur insoupçonné. Antony se laissa faire, perdu dans ses pensées, essuyant ses larmes. Mais pour qui allait elle le prendre ? Il n'avait pas idée d'à quelle point elle pouvait le trouver pitoyable. Il devait rectifier le tire, prendre de la distance avec la situation, agir de façon réfléchie. Mais alors qu'il cherchait à trouver un moyen de retourner la situation à son avantage, l'occasion lui fut proposée sur un plateau d'argent.

Cela fessait beaucoup de questions, mais ce fut la première qui retint le plus son attention. Antony avait le choix. Soit il pouvait être franc, et révéler totalement ce qu'était ce carnet, mais par la même occasion se montrer plus vulnérable qu'il ne venait de le laisser paraître. Soit, il devait trouver une façon de s'en sortir autrement, une excuse, qui sans doute allait conduire au mensonge. Mais comment pouvait il la remercier de la sorte ? Non, ce n'était pas possible. Alors, reconnaissant il décida de s'ouvrir, de ne pas cacher la vérité.

Antony était toujours dans l'herbe, accroupit. Maintenant nez à nez avec la jeune fille, qui le regardait de ses yeux bleus, semblant presque turquoise à la lumière artificielle de son appareil électronique. Il aurait pu se relever, et proposer une fois de plus son aide pour l'aider à se relever. Mais le côté répétitif de cette idée ne lui convenait pas. De plus, il se sentait intérieurement épuisé par ce qui venait de se passer et l'envie de se poser dans l'herbe n'en était que plus attrayante. Alors, il se laissa tombé en arrière, regarda ailleurs un moment, hésitant, puis reporta à nouveau son regard vers cette fille.

Alors qu'il commençait à ouvrir la bouche pour répondre. Il se rendit compte qu'il n'avait pas la moindre idée de comment expliquer pourquoi ce carnet était aussi important. Il resta muet un moment ... Puis finalement, en fessant le vide, ce qu'il avait à dire était très simple ... Il devait simplement être franc. Une franchise pour la remercier. Le regretterait-il un jour ? Il ne voulut même pas penser à cette question.

Antony regarda à son tour la jeune fille dans les yeux, avec toute la détermination qu'il était capable d'exprimer. Et il résuma sa vie en trois phrases :

Lui proposa la jeune fille en lui tendent un écouteur. Elle avait regagné la place dont Antony l'avait tiré, allongée dans l'herbe. Alors comme ça elle n'avait pas comprit. Où tout simplement ne l'avait-elle pas cru. Mais d'un certain côté Antony se sentit plus plus soulagé qu'heurté. C'était une histoire tellement folle après tout. Qui croirait à ça sans avoir été confronté d'une manière où d'une autre à une histoire semblable.

Finalement il vint s'allonger lui aussi. La tête asse proche pour prendre l'écouteur qu'elle lui tendait et le poser contre son oreille. Le corps dans la direction opposée du sien, forment une sorte de symétrie dont le câble était le miroir. Tout deux était à la fois séparé et réunis pas ce fil.

Alors, à ce moment, les sens d'Antony vibrèrent. Il se sentit synchronisé dans son esprit avec cette fille. Ce n'était peut-être qu'une sensation, mais être là à regarder le même ciel étoilé dénudé d'une quelconque pollution lumineuse, à écouter la même musique dont les ondes électriques et aériennes étaient parfaitement harmoniques. Tout semblait être sur une même longueur d'onde : la lumière des étoiles, la mélodie, la brise de vent, le mouvement de l'herbe, la chaleur de la terre ... Tout ...

Tout était magnifique, il n'y avait pas une seul et unique chose en ce moment qui n'était pas à sa place. Chacune formait un tout, une ribambelle d'entités différentes parfaitement accordées. Et Antony résonnait avec elles.

Soudain il se souvint de la pratique qu'il avait eue dans la mâtinée. Lorsqu'on avait testé ses capacités à maîtriser son pouvoir. Il avait mis beaucoup de temps avant d'arriver à produire quelque-chose, mais ce qu'il avait créé convenait si bien à ce qu'il avait imaginé qu'on avait vraiment hésité avant de le placer dans la classe C. Mais maintenant, cette expérience était encore fraîche dans ses pensées. Il savait parfaitement comment s'y prendre. Penser à l'accident l'aurait sans doute bloqué, un trop mauvais souvenir de l'utilisation de son pouvoir, mais heureusement c'était la dernière chose, en ce moment, dont il aurait pu se souvenir.

Il se lança. Toujours allongé dans l'herbe, une douce musique se déversent sur son tympan, le regard rivé sur les étoiles, il tendit sa main vers le ciel et forma un cercle en joignant son pouce avec son index. Cette fois-ci il ne ferma pas les yeux et visualisa une lentille bien ronde. Peu à peu, entre ses doit, l'air se compressa. Puis, un petit claquement se fit entendre, quelque chose entre le bruit d'une d'un courant électrique passant dans l'air et celle de deux morceaux de verre s'entrechoquant. Et là ce fut elle qu'il entendit. Elle : cette douce vibration, ce son avec lequel il était en accord comme tout ce qui se trouvait autour de lui en cet instant. Au centre de l'iris formé par ses doigts joints, une forme lisse en cristal ne cessait de croître. Lorsque celle-ci finit par les toucher, elle avait pris l'apparence de la lentille qu'il avait plus tôt imaginé. Mais ce qui était le plus surprenant c'est qu'elle vibrait ... physiquement ... entre ses doigts. Et lorsqu'il regarda au travers, le monde qu'il vit n'avait plus rien à voir. Tout avait une couleur différente, les étoiles, l'ombre du ciel, il se tourna sur le côté, l'herbe , les lampadaires au loin, tout était coloré et semblait plus lumineux au travers de ce morceau de cristal. Tel un enfant, Antony sourirait béa devant ce spectacle. Il n'aurait jamais pensé que son pouvoir était capable d'une telle chose. Ce fragment était petit, simple et fragile, mais il avait quelque-chose de bien plus que tous ceux qu'il avait créés ce matin. Il était chaud et il vibrait avec le monde.

Et tout-à coup Antony se rendit compte. La remarque que la jeune fille venait de faire quelques secondes auparavant. Il avait répondu sans réfléchir, perdu dans l'exaltation de ses sens. Elle l'avait compris ? Elle l'avait cru ?

Antony reporta son regard sur elle, et lorsqu'il la vit à travers la lentille ce n'était plus une fille qu'il avait devant lui, mais un vrai arc en ciel. Pas une seule couleur semblable. On aurai dit assister à une bataille entre toutes les teintes que l'univers nous laissait voir. Qui était-elle donc ?

Il empoigna la lentille dans sa main et lui pressa l'épaule avec son index pour attirer son attention. Puis il ouvris sa main et lui proposa de prendre la lentille cristalline qui reposait en son creux. Mais avant qu'elle puisse réagir il ajouta en souriant :

Ce ne fut que lorsque la musique fut terminé qu'elle répondit à sa question.

Antony se rendit compte qu'il avait perdu le rythme, et lorsque Lily lui rendit la lentille, elle était redevenue inerte. Elle était passée d'une transparence parfaite à quelque chose d'à peine plus opaque et teinté de violet. C'est de cette couleur que sont en général les cristaux que crée Antony lorsqu'il ne visualise pas de coloration spécifique avant de les matérialiser.

Antony rangea le fragment dans sa poche, puis il répondit à sa question :

Ne sachant quoi répondre il se rallongea dans l'herbe, la musique était différente. Pas moins agréable que la précédente, mais elle n'apportait pas la même synergie avec le monde que la précédente. Antony n'était même pas sûr de pouvoir reproduire une seconde fois ce qu'il venait de faire. Alors, il pensa à autre chose ...

Ou plutôt autre chose attira son attention. Entendue sur l'herbe, il sentait quelque chose qui le gênait au niveau de sa cuisse. Lorsqu'il vint la tâter pour trouver d'où venait cette inconfortable sensation, il toucha une forme asse géométrique et solide sous son uniforme. Il mit sa main dans sa poche et y trouva son appareil photo. Il était fin, asse petit, mais ce qu'il avait de spécial c'est que les photos qu'il prenait était de suite imprimées par ce petit appareil. Antony chercha dans sa mémoire comment il l'avait obtenus, mais puisque qu'il n'y trouva aucune information il en déduit qu'il le possédait déjà avant son arrivée. Bien sûr il l'avait remarqué au cours de la journée et en avait fais usage, mais pour ce qui était de savoir d'où il venait … Sûrement son tuteur lui en avait-il fait cadeau.

Soudain, il sentit qu'on touchait sur son épaule. Alors que quelque-chose tombait, glissant sur son bras, pendant qu'il se redressait, il la rattrapa par réflexe. Dans sa main cette chose le brûla. Lorsqu'il l'ouvrit, il découvrit un petit fragment du même genre qu'il avait l'habitude d'en créer a défaut qu'il semblait plus opaque encore et que sa forme était beaucoup plus imprécise.

Il regarda la fille surpris. Avait-elle le même pouvoir que lui ? Mais comme pour répondre à la question qu'il s'était posé intérieurement, elle dit :

Le pouvoir de recopier celui des autres ? Il n'aurait jamais crue ça possible. Mais alors, elle aurait pu avoir une vie normal … si elle avait été entourée de personnes banales. Avait-elle fait le choix de venir ici à Prismver, où l'avait-elle rejoint, obligée par certaines circonstances ?

Mais quoi qu'il en soit, se pouvoir avait pour Antony quelque-chose de superbe.

Il resta muet un moment puis poussa son raisonnement plus loin.

Mais soudainement il se coupa.

Il avait peur de la froisser, il ne savait pas pourquoi. Il sentait que dans ce qu'il venait de dire quelque-chose n'allait pas. Il ne savait pas quoi ni pourquoi il avait cette sensation, mais cela le bloqua.

Il chercha à changer de sujet. Il regarda autour de lui dans l'ombre et se souvint de son appareil photo. Il demanda alors à Lily timidement.

Copier les pouvoirs. Antony voyais ça comme sans doute l'un des pouvoirs les plus puissants qu'il aurait pus imaginer. Pouvoir dompter les forces de chacun, quelque-soit l'infériorité avec la maîtrise de l'original, était exceptionnel. Ce pouvoir était tellement représentatif de tous. Après tout nous ne sommes tous que des copieurs. Lors de notre naissance nous ne connaissons quasiment rien, notre coeur bat tout seul, nos poumons suivent des instructions innée, mais tout le reste nous l'obtenons des autres. Nous copions la démarche de nos parents, la langue et la façon de parler de notre environnement. Parfois on copie instinctivement, parfois on le fait volontairement. Mais lorsqu'on finit par se rendre compte à quel point on est devenu proche des autres, on cherche alors à s'en démarquer, à changer, à s'opposer aux acquis. Un jour on se soumet à la normalité, l'autre on contredit tour ces principes pour en créer de nouveau. Au final ce pouvoir, détenus par une chose qui, tout comme Antony, ne pouvait plus être défini comme humaine, était si représentatif de la façon dont fonctionnent les hommes que s'en était presque troublant. Copier pour se bâtir, contredire pour se démarquer, pour au final former quelque-chose d'unique.

Devenir une doublure ... D'une certaine façon c'était comme cela qu'Antony fonctionnait. Il tentait de garder au yeux des autres une certaine continuité avec l'Antony qu'ils avaient connus. Lorsqu'il se réveile le matin, n'est pas pour prendre le rôle de son soit décédé le jour passé ? N'était-il, au final, qu'un répliqua ? Écrire le soir toute sa vie pour que celui qui la lira au matin puisse faire en sorte de faire "comme si" il l'avait lui-même vécu.

Non, il était différent. Chaque jour, chaque heure, chaque seconde, il était différent. Comme tout le monde en réalité. Celui qu'il était aujourd'hui n'était pas celui qu'il était hier. Mais comme tout le monde il héritait de son ancêtre une mémoire, dans son cas était manuscrite, qui le reliait à son passé. Il ne se réveil pas chaque jour pour prendre le rôle de son ancien lui, mais pour vivre des moments qu'il ne vivra jamais. Les amis qu'il s'est fait hier seront ceux qui deviendront sien aujourd'hui.

Rien n'est fixe, rien n'est stable tout change. Lui y compris. Rien n'est plus fragile que les relations. Ce n'est pas quelque-chose qu'il surfit de relire comme sa mémoire, quelque-chose d'acquis, de terminé. Mais quelque-chose à reconstruire chaque jour.

Copier il le fessait. Mais c'était pour créer des expériences nouvelles que quelqu'un d'autre s'appropriera à son tour plus tard.

Antony comprenait, les grandes lignes de l'idée que Lily tentait de lui transmettre. Sans-doute cela aurait-il été encore plus facile au moment où la lentille vibrait encore ... Contraire ce que qu'il ne savait pas sur lui-même. C'était une idée parfaitement concevable. Mais aussi quelque-chose qu'il sentait aussi en lui. Il avait une mémoire. Une vraie ! Pas seulement son carnet. Une mémoire qui conservait ses connaissances générales, sa culture et parfois une forme d'expérience, de réflexe à une situation à laquelle il a déjà été confronté, mais dont il ne se souvient plus. Sans doute est-ce le cas de l'utilisation de ce pouvoir. Il sait s'en servir. Il sait comment il fonctionne. Mais il ne se souvient plus de toutes les fois où il a fait l'expérience de son utilisation. Mais la connaissance, le savoir construit par son vécus a demeuré dans sa mémoire. Il ne serait sans-doute pas ici si son cerveau avait fonctionné autrement.

Après qu'Antony ai demandé à Lily de prendre une photo d'elle, l'expression qu'elle avait faite lui avait donné l'envie subite de la prendre sur-le-champ. Mais il avait tout de même attendu son accord.

Il fut vraiment soulagé quand elle acceptât. Ne se fier qu'à une description physique et à un dessin pour reconnaître quelqu'un qu'il avait déjà rencontré était vraiment pénible. Mais heureusement cette fois-ci ce sera une belle photo a laquelle il pourra se référer à l'avenir.

Ho oui, une belle photo ! Dans la pénombre de cette nuit un nuage s'était sans doute écarté du chemin du rayonnement de la lune, car à cette lumière légèrement bleuté, il la voyait parfaitement. Jusqu'à maintenant il n'avait fait que peux attention à son apparence, seulement à ses yeux bleu qu'il trouvait déjà vraiment beaux. Mais là il n'avait plus d'autre d'alternative. Il avait l'impression incertaine qu'elle était plus grande que lui. Dans ses cheveux coloré, une petite feuille morte brune semblable à une broche, était resté accrochée. Partant de ses oreilles puis descendent le long de son coup pour atteindre son buste où se trouvait ses bras croisé, le fil de l'écouteur la liai au petit appareil électronique toujours dans ses mains. Le portrait était plutôt mignon, sans compter que malgré le sourire qu'elle esquissait en direction de l'objectif, ce petit air gêné ne l'avait pas quitté. La photo, s'il l'avait prise sur-le-champ aurait vraiment été très belle. Mais il manquait quelque-chose ...

Lui dit-il en souriant. Il profita alors de son air surpris et du réflexe qu'elle eut en passant sa main de ses cheveux pour enlever l'élément auquel il fessait allusion et il déclencha la prise.

Plus tard, après qu'elle eut compris la ruse, elle demanda.

Il la regarda surpris. Puis son regard tomba sur sa ceinture à laquelle était attaché son carnet. Après quelques secondes, il reporta son attention sur Lily, et lui répondit d'un sourire gêné.

Antony regarda la photo avant de la mettre dans son carnet. Oui, elle était bien mieux comme ça. Elle était vraie, vivante, en action. Après tout il détestait sans détour les photos d'identités. Ces photos où on regarde l'objectif, la tête bien cadrée, le sourire disparu avec ce même air formel où toute émotion ne peux y trouver place. Comment peut-on appeler ces photos de la sorte ? En quoi était elle représentative de son identité ? Car oui, il ne s'en souvient plus, mais à de nombreuses reprises il avait regardé ce passeport qu'on lui avait attribué. Cependant, il eut beau examiner cette photo qu'on avait prise de lui lors de ses quatorze ans, elle ne révélait rien de lui, rien sur celui qu'il avait été durant les deux années suivent son accident. Malgré le fait qu'il n'ait aucun souvenirs de ces expériences infructueuses, cette réversion pour les photos sans âme a demeuré dans son coeur, et continue de l'influencer.

Son carnet était sa seule mémoire, il avait besoin d'un maximum d'informations auxqueles se référer. Et quoi de mieux qu'une photo pour se "souvenir" des visages ? Mais lorsqu'elles sont prises dans l'action, dans les moments de surprises ou secrètement, c'est là qu'elles en révèlent le plus sur leur modèle. Antony avait réussi sur ce point-là. Il l'avait bien évidemment fait ce petit tour sans une once de fourberie mais n'avait pas idée de ce que cela allait bien pouvoir lui coûter.

C'était parfait ! Lui qui avait passé la soirée perdu à chercher sa chambre. Il allait être secouru.

Aïe. Il ne pouvait pas révéler qu'il n'avait aucune idée de là où il allait passer ses nuits à venir. Et puis, il avait son numéro de chambre. Il allait sans doute être plus facile de rejoindre la sciène une fois la proposition de Lily acceptée.

Il répondu, tout en tentant de cacher le soulagement qu'il avait de savoir qu'il n'allait pas passer cette nuit, déjà bien entamée, au clair de lune.

Soudain il la regarda désolé. Ce n'était pas comme s'il était lassé de sa présence, c'était juste qu'il n'avait pas envie de tout écrire sur cette journée devant elle. Il s'empressa d'ajouter maladroitement :

C'était un mensonge.

Ça, en revanche c'était vrai.

Après tout il lui avait marché dessus, puis la jeune fille l'avait aidée à retrouver son carnet et maintenant elle allait l'aider à se rendre aux cabanons. Il se sentait si redevable envers Lily, mais le seul cadeau qu'il pouvait lui offrir pour le moment c'était de ne pas l'ennuyer davantage.

Il rangea son appareil photo dans sa poche, en espérant que la personne qu'il avait décrit dans son carnet comme son tuteur avait mis, dans ses bagages qui l'attendaient, une sacoche pour le protéger. Subitement il prit conscience de quelque-chose. Il était beaucoup trop dépendent des autres. Cela aurait pus être normal compte tenus de son handicap. Toutefois, que voulez vous ...