Leave Out All The Rest. [Blake A. Fawkies]

Je soupire. Je fourre mes mains dans mes poches, et, pas très motivé, je m'enfonce dans la foule. Je comprendrais jamais pourquoi les Hommes ont tendance à se rapprocher, presque au point de se marcher dessus. Personnellement, je le supporte de moins en moins. Même là, j'ai l'impression d'étouffer. N'y tenant plus, je bouscule les quelques personnes, et m'élance droit devant moi, après de vagues excuses sans conviction. Je n'ai qu'une envie, prendre mes distances. Prendre l'air. Permettre à mon cœur de se calmer. Je lève la tête. Ferme les yeux. Profite de la fraîcheur du vent. Je crois que je commence à apprécier le vent. Il m'aide à me calmer. J'expire doucement. Je rouvre les yeux, jetant au passage à un bref regard autour de moi. Je ne comprendrai jamais. Je jette un dernier regard vers la masse agglutinée qui s'obstine à bloquer la porte principale, dans un brouhaha insupportable. Je soupire. Encore. Bon. Plutôt que de me prendre la tête, je ferai mieux de me changer les idées. Je m'élance donc. Je ne sais pas où je vais. Mais j'y vais.

Peut être qu'au fond, c'est moi, le problème. Je me le dis de plus en plus souvent. Ils n'ont pourtant pas l'air idiots, ces gens. Enfin, pas tous. Certains paraissent même plutôt intelligents. Tsss. Nouveau regard autour de moi. Ces gens, là. Ceux qui sont seuls. Dans un livre, sur leur ordinateur, ou encore écoutant de la musique. Ces personnes, là, qui semblent ne pas être touché par ces mouvement communs. Ces personnes, qui, comme moi, prennent leurs distances. Je donnerait n'importe quoi pour savoir à quoi ils pensent. Ce qui les motive. Leur histoire.

Mmh ? Je tourne la tête, observant la jeune fille qui, sans la moindre gêne, venait de crier mon nom. Elle m'a l'air plutôt spéciale, celle là. Elle ne semble même pas dérangée le moins du monde par les regards tournés vers elle.

Je tente de dessiner tant bien que mal l'esquisse d'un sourire sur le coin de mes lèvres. Plutôt laborieux. Je me sens terriblement con, là, pour le coup. Je dois essayer de me rattraper... Je réfléchis le plus vite possible, et finis par dire la première chose qui me passe par l'esprit.

Le rouge atteint mes joues sans même que j'ai eu le temps de réagir.

Le rouge avait atteint mes joues à l'instant même où j'ai laché cette connerie. Pourquoi ? J'suis vraiment un boulet, c'est pas possible. Je voudrai me rattraper, mais je n'ai pas la moindre idée de la manière dont je pourrait m'y prendre. J'me suis foutu dans une impasse tout seul. Là, tout de suite, je ne peux que me maudire intérieurement, et attendre sa réaction. D'ailleurs, elle ne se fit pas attendre.

Puis elle sourit. D'une simple phrase, elle était parvenue à détendre un peu l'ambiance. Malheureusement pour moi, cela n'avait pas dissipé ma gène.

Ça y est. C'est reparti. J'ai chaud. Je sent mes joues se teinter à nouveau. C'était sensé m'aider à me sentir mieux, ça ? Je tente d'esquisser un vague sourire, de balbutier quelque chose, mais en vain. Je regarde mon interlocutrice. Joue-t-elle avec moi ? Je ne pense pas. Pourquoi le ferait-elle ? J'inspire un grand coup. Je tente de calmer mon coeur, qui, une fois de plus, bas la chamade.

Sur ce point, je dois avouer qu'elle n'a pas tort. Que puis-je lui répondre ? Que j'essaye en vain de me sociabiliser ? Que j'avais envie de prendre l'air ? Et puis, d'abord, qu'est ce que je fous là, moi ? J'aurai pu rester dans mon coin, le nez fixé sur mon téléphone portable, comme beaucoup le font. Bon. J'improvise.

J’agrémentais ma déclaration d'un regard dédaigneux vers la foule.