Souhaiter la bienvenue IRL, c'est strange.

Avril regarda le ciel gris et souffla. Elle trépignait d'impatience. Elle qui était TOUJOURS à la bourre, elle était là, miraculeusement là, une demi-heure avant l'heure annoncée du prochain train. Elle releva de nouveau un regard agacé et stressé au lourd ciel au dessus d'elle. Il pouvait la voir, lui. Tss... C'est stressant, l'attente ! En plus, pour une fois, elle s'était appliquée à ne pas ressembler à un sac à patate tombé d'un camion à 180 sur l'autoroute -je sais pas si on peut aller à 180 sur l'autoroute.-, ni d'un mec efféminé -elle fait un minimum femme mayrd-. Elle avait l'air... D'un fille. Omagod. Secouant sa tignasse rougeoyante, elle laissa tomber quelques mèches de sa capuche. Elle adorait mettre des capuches, cherche pas. Dans sa doudoune d'ébène à la fourrure neige, elle se sentait comme un saucisson qui attendait patiemment qu'on ne la bouffe. Elle se faisait chier. Et elle mourrait d'impatience.

Elle remit en place sa jupe d'où dépassait légèrement quelques voiles du jupon. Elle rougit piteusement, mal à l'aise. Avril, brute sans pareille, violente à souhait, plus masculine que ton paternel, était là, sapée en lolita. PLZ. Mais bon, occasion exceptionnelle nous dirons... NON, elle ne recommencerait pas de si tôt -ou pas. Arrivant au niveau des genoux, sa jupe était à voiles, remontée gracieusement sur le côté droit jusqu'à un énorme nœud bordeaux. Des jupons couleur ébène, la jupe était cependant légèrement plus claire avec un motif type écossais. Elle portait des collants opaques noirs et le haut de sa tenue était assez simple, chemise à col sombre avec sa cravate rouge, avec corset tressé dans le dos, seule petite fantaisie dans la partie supérieure de sa tenue. Le corset était assez simple et soulevait sa poitrine déjà fort, herm, volumineuse. Bien sûr, elle s'était maquillée en conséquence -ne faisons pas les choses à moitié, à ce stade !-, eye-liner noir pour souligner ses yeux et les faire ressortir, mascara et rouge à lèvres rouge vif. Et pour achever le tout, elle s'était mise du fond-de-teint "pour rendre le teint impeccable" *sourire de pub*. Elle avait toussé pendant une demi-heure. Oui, ceci sera la seule fois de ma vie où j'aurais pu passer un paragraphe à décrire la tenue d'AVRIL DUBOIS. Inédit. Que d'émotions.

Regardant ses bottes noires, lassées et arrivant jusqu'aux genoux, elle fit la moue. Rouge et noir. EN ROUGE ET NOIR, J'OUBLIERAIS MA PEINE, J'IRAIS PLUS L-- STOP. Elle secoua à nouveau sa tignasse et gonfla les joues, boudeuse, rougissante, embarrassée. Qu'elle se grouille. Elle avait fait ça pour lui faire plaisir, parce qu'elle savait qu'elle risquerait de lui faire peur. Première rencontre IRL avec une amie rencontrée sur WOW, stratège de leur guilde, et elle, grosse bourrine de service. Elle l'aimait bien, Fryfry -oui, elle donne RÉELLEMENT des surnoms de merde-, et quand elle avait su qu'elle allait venir à Prismver... Quand elle a su... Elle était au PARADISE. Et bien sûr, elle s'était proposé d'aller la chercher. Elle la savait timide et renfermée, et elle n'avait pas l'intention de laisser qui que ce soit ne serait-ce que lui rire au nez. Ils étaient tous morts, s'ils faisaient ça, d't'façon. De même s'ils la croisaient aujourd'hui. Elle releva le nez, entendant enfin le tchoutchou arriver, et se releva. Elles s'étaient déjà échangé leurs photos respectives, donc elles connaissaient leurs bouilles mutuelles. Mais maintenant, il allait falloir la trouver...

Le front appuyé contre le verre froid de la vitre, Fryga regardait le paysage défiler devant ses yeux sans vraiment le voir. Elle réfléchissait. Dans quelques minutes, son train allait arriver en gare et elle démarrerait un nouveau chapitre de sa vie. Elle était excité quelque part. Mais aussi extrêmement angoissée. Elle allait se retrouver dans un endroit inconnu sans personne de sa connaissance. Enfin, personne...ou presque. Il y a avait bien une personne qu'elle connaissait plus ou moins. Avril. Elle était à Primsver elle aussi. Elles s'étaient rencontrées sur WOW. Fryga était la stratège de leur guilde, et Avril...une fonce-dans-le-tas. Mais elle était gentille. Quand elle avait annoncée qu'elle changeait d'école pour se retrouver sur l'île aux sorcières, elle s'était presque immédiatement proposé pour l'accueillir. S'il n'y avait pas eut plus de 5000km entre elles, elle lui aurait sauté dessus de joie.

Littéralement.

Et ainsi, elles s'étaient données rendez-vous sur le quai de la gare. Fryga se détacha de la vitre. Cette rencontre prochaine la stressait. Discrètement, elle essuya ses mains moites sur sa robe. Pour être bien sûre de se faire remarquer par son amie, elle avait mit des vêtements différents de d'habitude. Une robe d'un vert foncé, unie, dans le style victorien, aux manches courtes, un peu bouffante. Elle arrivait au niveau es genoux, en dentelle, à volant. Elle était fendu et remontait jusqu'à la mi-cuisse. Un long jupon blanc abaissait la robe jusqu'à ses chevilles. Ce n'était pas vraiment adapté à la saison, elle avait mit un collant blanc et une veste verte foncée avec des dorures. Elle aurait bien aimée mettre des bottines, mais quand sa mère l'avait vu, habillé comme ça, elle l'avait choppé et lui avait fait enfiler des babies noires et blanches avec une petite fleur vert clair.

Elle se sentait...étrange. Comme si elle n'était pas vraiment elle. C'était bizarre. Elle sentit le train ralentir lentement. Ça y est, elle y était. Quand le train fut enfin immobilisé, elle choppa sa valise, sortit de son wagon et, ses bagages dans une main, la photo d'Avril dans l'autre, elle se mit à la recherche de son amie.

Ce fut laborieux. Une aventure, une épopée, une véritable quête à la recherche de la rousse. Le quai était un bordel monstre. Y a avait des gens partout, ils s'agitaient dans tous les sens, la bousculaient, la regardaient bizarrement. Quoi ? Ils avaient jamais vu de lolita ? Tss, ignorants, incultes. Et puis, après de looooooooooooongues et insupportables minutes, elle la vit. Une grande rousse perchée sur des talons, fringuée en lolita gotique rouge et noir.