Sujet: Némésis. {Fe Anarchy;Nathan&Ewan}. Sam 9 Aoû 2014 - 3:27
Némésis. {Fe Anarchy&Nathan}.
Gabriel Oswald n’avait jamais aimé la classe E, et il savait très bien comment leur montrer en toutes circonstances sans se compromettre lui-même. Cela passait par des petites remarques vicieuses, des pics implicites destinés à mettre mal-à-l’aise, à faire remarquer les écarts de niveau ou tout simplement les écarts de “richesse“ au niveau du matériel. Oui, c’était un homme qui appréciait plus que tout infliger des humiliations à quiconque pouvait lui faire du tort, et la classe E dans sa quasi-globalité n’était qu’un ramassis de caractériels violents frustrés par leur propre médiocrité. Décidément, le jeune homme appréciait énormément cette métaphore… Il l’employait dès qu’il le pouvait, cette journée ne faisait pas exception. Une semaine après le saccage du Grand Hall, deux jours après la réunion des RTP, le lendemain de sa lettre ouverte, voilà que le Président de l’association très conservatrice se trouvait au centre des attentions du Pensionnat Prismver. Il s’en délectait. Il aimait savoir qu’on parlait de lui, qu’on crachait dans son dos, qu’on le haïssait voire qu’on le trainait dans la boue par certains endroits. Un sentiment malsain s’emparait de lui chaque fois que cette idée lui traversait l’esprit.
En ces vacances d’été, le port de l’uniforme demeurait complètement facultatif, aussi se laissait-il aller à ses extravagances vestimentaires. Chemise violette au col lavallière rose, une petite montre à gousset en argent logeait dans une poche de son pantalon en lin noir. Oswald aimait beaucoup les fioritures esthétiques quand elles pouvaient exhiber une telle richesse, une telle “classe » de dandy britannique qu’il revendiquait pleinement. Ce soir, il irait à le rencontre d’Anarchy Scarlet, l’espèce d’écervelée que Nathan tenait à tout prix à protéger. On ne pouvait pas dire que Gabriel était allé la chercher, ni que son LMS invitait à une discussion autour d’un thé, bien au contraire, ce pourquoi, du moment que la confrontation devint inévitable, le jeune homme chercha un moyen de la mettre hors-jeu définitivement. Nathan aime Anarchy ? Adieu Anarchy. Parce que son seul moyen de le dominer complètement et de se servir ses qualités de gros bras, c’était de mettre fin à cette promesse ridicule qu’il lui avait faite.
Remettant un peu de gel dans ses cheveux, il se flatta dans le miroir. Il n’avait pas peur, non. Il n’avait pas peur des gens qui pourraient lui lancer un regard mauvais, il ne craignait pas l’insalubrité des lieux, ni même l’espèce d’hystérique qui pouvait bien l’y attendre. Sans même préparer quelconque discours à faire, il avait réglé quelques formalités avant de quitter sa cabane. S’assurant que toutes les pièces de l’échiquier se mettaient en place, Gabriel envoya un LMS de confirmation à Nathan. D’ici quelques minutes, le britannique pénétrerait dans cette salle commune où il ne devrait jamais mettre les pieds. On approchait les dix-huit heures trente, il devait y avoir quelques groupes là-bas sans qu’elle soit bondée outre-mesure. L’adolescent tenait dans ses mains un panier de Muffins au Nutella, spécialement préparé pour l’occasion qu’il offrirait en tout altruisme à son interlocutrice. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que l’un d’entre eux contenait un puissant laxatif, qu’il pourrait aisément faire passer pour un simple raté cuisinier si tant est qu’elle acceptât d’en manger un. Une forme de vengeance personnelle qui ne le mettait pas trop en danger, et qui risquait de ne même pas arriver.
Un peu penaud, mais sans la moindre retenue, sans la moindre faiblesse, le garçon entra. On le dévisageait, mais il s’en fichait complètement et se comportait comme en terrain conquis, n’accordant pas la moindre attention à quiconque pouvait dire que Gabriel Oswald venait de pénétrer chez l’ennemi. Conscient des risques encadrant sa visite, il décida tout de même d’user de son pouvoir pour se donner une image beaucoup plus sympathique et bienveillante qu’en réalité. Il prit un sourire radieux, bon-enfant, qui n’exprimait en rien le démon manipulateur qui sommeillait en lui. Il finit par voir une jeune femme, aucun doute, ce ne pouvait être qu’elle. Avec tout l’éthos qu’il essayait d’imposer, il alla à sa rencontre sans ambages ni craintes.
« Bonsoir mademoiselle. Je suis Gabriel Oswald. À en croire vos aboiements textuels, vous vouliez me parler. » Il prit place dans une chaise sans même demander la permission et ponctua cette phrase de son petit sourire faux-cul.
HRP : Je me suis pris un petit joke personnel avec les Muffins, contente-toi d'ignorer si t'aimes pas. XDDDD.
T'en peux plus. T'en as marre. Chaque jour est plus dur à encaisser, chaque nouvelle te brise un peu plus de l'intérieur. Mais au lieu d'extérioriser cette sensation par une dépression passive, tu te montres rageuse, tu montres les crocs dès que l'on te contrarie. Peu importe le nombre d'heures de colles que tu recevras, tu continueras comme ça, à cracher sur les professeurs qui t'ennuient. Enfoncée dans un siège de la salle commune, tu profites du peu de répit que l'on t'offre pour accomplir quelque chose qui te démange les poings depuis un moment. Même Pandora n'a pas suffit à soulager ton envie de frapper tout ce qui s'approche un peu trop de toi.
Les messages de Nathan t'ont achevé ; toi qui espérais qu'il comprenne, qu'il rejoigne ta cause. Mais rien n'y a fait, il a préféré l'« ennemi », même si tu ne sais toujours pas quel camp exact il occupe. Soupir. Tu ne veux pas en apprendre plus, tu refuses d'être un peu plus endommagée par tes propres amis. Dents serrées, tu griffonnes sur un papier, envoie ton lézard au président du club qui t'agace le plus : RTP. Tu ne réfléchis plus, tu préfères agir plutôt que refouler cette violence. Anarchy n'est plus faible, Anarchy est forte et va le montrer à tous. Tu l'as déjà fait en frappant Pandora, en te battant contre Alessandra ; aujourd'hui, tu vas accentuer cette impression en t'attaquant à Gabriel Oswald. De toute façon, tu ne regretteras rien, malgré les conséquences.
Installée au fond de la salle commune des E, tu rumines ton dégoût, tu alimentes cette colère qui brûle sous ta peau. Le tout, c'est de la contrôler assez pour que ton pouvoir n'intervienne pas fâcheusement. Tu te doutes que le chien ne viendra pas seul, qu'un troupeau de violets l'accompagneront ; mais tu t'en fous. Tant que tu parviens à le toucher, le reste ne t'importe plus. Caressant du bout des griffes la guitare éternellement appuyée contre ta chaise, tu attends que la réponse arrive, celle-ci faisant tout bonnement enfler ton agacement ; il semble si confiant qu'en un sens, ça t'amuse.
Il entre finalement, chargé d'un panier de... Muffins. Hors de question d'en manger, faire confiance à ce genre d'individus c'est pas ton truc. Tu l'observes silencieusement, haïssant déjà son attitude – il se prend pas pour de la merde, c'est l'évidence même. Dents serrées, mine sombre, tu attends qu'il vienne à toi ; visiblement il sait qui tu es. « Bonsoir mademoiselle. Je suis Gabriel Oswald. À en croire vos aboiements textuels, vous vouliez me parler. » Son rictus t'énerve. Tu ne prends même pas la peine d'être polie mais te redresses sur ton siège, le fixant d'un air imperturbable.
« Laisse tomber ton hypocrisie avec moi ça prend pas. Tu sais très bien pourquoi j't'ai demandé de venir. Malgré tout un peu surprise qu'il soit seul, tu n'en laisses rien paraître et croises les bras, décidée à faire durer cette... Discussion. J'veux savoir pourquoi t'es décidé à faire chier le monde avec ta connerie de RTP. T'as envie d'te faire massacrer, c'est ça ? J'vais t'aider alors, comme ça tu comprendras l'inutilité de tes actions. »
Sourire carnassier. Tu attrapes un muffin et le lui envoie dans la tronche après l'avoir reniflé. T'as pas faim, encore moins pour bouffer ses immondices. Te relevant lentement, tu contournes la table et te penches vers lui pour chuchoter à son oreille. « Tu croyais que c'tait des paroles en l'air ? Que tu risquais rien ? J'vais te prouver le contraire, connard. » Panier rapproché en-dessous de sa tête, tu l'écrases. Violemment, durement. Dans l'optique de lui faire bouffer ses propres dégueulasseries.
T'en peux plus. T'en as marre. Et tu vas lui faire payer d'avoir manipulé tout le monde comme ça. Il est responsable, il est coupable, il doit souffrir et pleurer. Tu sens l'excitation monter mais la contient, presque heureuse à l'idée de faire ça. Un regard à l'assemblée suffit à en faire déguerpir quelques uns, les plus curieux restant. T'es décidée, tu vas lui faire passer l'envie d'être un gros faux-cul. Tu veux qu'il chiale, qu'il t'implore d'arrêter.
Gabriel Oswald s’attendait à beaucoup de choses dans la vie, même à la mort. Il cernait très bien les comportements humains, ce pourquoi il avait toujours su à quel moment il se mettait en danger, et à quel moment il ne risquait rien. Durant son entrevue avec Warren Andersen, il savait qu’il serait intouchable. Au cours de cette entrevue-ci, il savait qu’il risquait d’en ressortir avec quelques égratignures mais il ne s’était pas attendu à recevoir si vite ses Muffins dans la figure. Cette demoiselle se révélait être la parfaite illustration du porc qui se roule dans le bout, expression choquante employée dans sa lettre ouverte. Elle ramassait tous les symptômes de ce que le jeune homme reprochait à RED, son manque de tolérance et sa violence quasi-perpétuelle. Un nouvel argument qu’il pourrait formuler au Directeur lorsqu’il irait à sa rencontre dans deux jours. Cette pensée lui tira un sourire presque soulagé alors que des morceaux de chocolats s’étaient collés à sa joue. Il ne réagissa pas plus à ses provocations qu’à la manière particulièrement bestiale dont elle écrasa son crâne dans le panier, devenant le refuge des miettes de chocolat au crémage si délicieux qu’était le Nutella. Quel gâchis, il avait dû aller les acheter à la boulangerie.
Son expression devint sombre. Pas apeurée, pas colérique, sombre. Au moment où elle passait près de son oreille pour le provoquer, il sentit comme une pulsion dévorante dans son ventre, quelque chose qui lui disait qu’elle devait l’acculer, la briser, la détruire, la fragmenter, encore plus qu’il ne le comptait faire au moment où il débarqua dans cette salle. Gabriel retira très calmement le panier qui logeait sur sa tête comme une cloche et le jeta par terre. En retirant un de ses gants blancs, il alla ébouriffer sa tête et lécha les morceaux de chocolat sur ses doigts avant de sortir une petite serviette brodée de ses initiales pour se nettoyer. Sans crier gare, il se saisit du poignet d’Anarchy Scarlet et le serra très fortement, peut-être même jusqu’à couper momentanément la circulation du sang pour les constitutions les plus fragiles.
« Anarchy Scarlet. Pauvre petite gamine frêle et lâche que tout le monde doit toujours protéger. Toujours à faire des conneries que les autres doivent assumer… parce que c’est un boulet, un fumier inutile qui se complait dans la domination des autres pour se persuader qu’elle est autre chose qu’une minable qui foirera sa vie. » Oswald disait cela sur un ton tellement calme, il était tellement serein qu’on aurait crû que cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Il bouillonnait pourtant intérieur, et le petit sourire hypocrite se transforma en expression de défi.
Il lui lâcha le bras et se rapprocha d’elle jusqu’à se trouver à quelques centimètres de son visage, plantant ses yeux dans les siens comme s’il s’agissait de dagues. Il se servait à présent de son pouvoir pour l’intimider. Quand bien même cela ne marchait pas, cela masquait son côté “trop frêle“ pour pouvoir réagir physiquement. Il s’approcha d’elle comme elle venait de le faire et lui chuchota à l’oreille. « Tu es vraiment pathétique, petite catin. Game Over. » Le britannique se recula immédiatement, parce qu’il n’était pas non plus masochiste au point de se recevoir un coup de boule. Il reprit son sourire calme et posé, mais tout dans son regard indiquait qu’il allait maintenant frapper un grand coup, qu’il allait la faire passer pour folle.
« C’est comment, de devoir toujours s’en prendre à plus faible que soi pour exister ? Je veux dire, tu sais très bien que je n’ai pas la carrure physique pour m’opposer à toi. Frapper sur plus faible que soi, c’est ça le leitmotiv d’Anarchy Scarlet ? Je comprends mieux pourquoi tu n’as pas de vrais amis, pourquoi tout le monde te trahit et préfère te tourner le dos. J’apprécie que tes camarades soient témoins de l’agression que je viens de subir. Et je vais te dire, ma chérie. Frappe-moi. Vas-y, je t’en prie. Montre à tout le monde ta vraie nature. Montre-leur à quel point ça te fait tripper de frapper quelqu’un de malade. » Sous-entendu à son homosexualité ? Possible. Sa position ambiguë sur le sujet le rendait particulièrement schizophrène sur le sujet.
Il leva les bras et ressortit son petit sourire faux-cul. « Ne m’amoche pas trop quand même, je dois aller voir le Directeur demain. »
Tu n'as jamais été réellement sensible aux grands discours vicieux. Tu préfères agir que parler. Mais il est fort, il est très fort. Poignet emprisonné, légère douleur dans ta main. Tu grognes, tu cherches à te libérer. « Anarchy Scarlet. Pauvre petite gamine frêle et lâche que tout le monde doit toujours protéger. Toujours à faire des conneries que les autres doivent assumer... parce que c'est un boulet, un fumier inutile qui se complait dans la domination des autres pour se persuader qu'elle est autre chose qu'une minable qui foirera sa vie. »
Au lieu d'être blessée par ses paroles foutrement vraies, tu souris. Tu t'en fous, de ce qu'il pense, de ce qu'il dit. Tu sais qu'il a raison, que tu n'es qu'une pauvre merde qui finira seule. Mais ce que lui ne sait pas, c'est que tu as appris à vivre avec cette certitude, que tu es habituée à t'auto-rabaisser ; ce qui ne lui laisse cependant pas le droit d'en faire de même. S'il y a bien une chose qui t'horripile, c'est que l'on te crache la vérité au visage, que l'on te sous-estime.
Tu soutiens aisément son regard, torse bombé par la fierté – tu vis avec ce dégoût constant de toi-même depuis suffisamment longtemps pour ne pas avoir envie de partir pour l'instant. Son souffle glisse sur ton oreille, sa voix agaçante s'enfonce dans ton cerveau. « [color=indigo]Tu es vraiment pathétique, petite catin. Game Over. » Nouveau rictus, presque sincère, presque joyeux. Tu bénis l'arrogance des A, qui leur donne l'impression de vaincre avant que la bataille ne commence vraiment. Méfiante, tu restes cependant d'un calme surprenant – alors que tout en toi te hurle de lui arracher la jugulaire.
« C’est comment, de devoir toujours s’en prendre à plus faible que soi pour exister ? Je veux dire, tu sais très bien que je n’ai pas la carrure physique pour m’opposer à toi. Frapper sur plus faible que soi, c’est ça le leitmotiv d’Anarchy Scarlet ? Je comprends mieux pourquoi tu n’as pas de vrais amis, pourquoi tout le monde te trahit et préfère te tourner le dos. J’apprécie que tes camarades soient témoins de l’agression que je viens de subir. Et je vais te dire, ma chérie. Frappe-moi. Vas-y, je t’en prie. Montre à tout le monde ta vraie nature. Montre-leur à quel point ça te fait tripper de frapper quelqu’un de malade. »
Ton poing se serre par réflexe, tes dents crissent. Chaque mot est comme un coup de poignard. Oh oui, tu meurs d'envie de sentir les os de sa mâchoire se briser sous tes assauts, d'entendre ses hurlements. De profiter de cette souffrance avec tous tes sens. « Ne m'amoche pas très, je dois aller voir le Directeur demain. » Déclic. Ruthel. Tu réfléchis intensément. Cette saloperie a tout prévu, visiblement. Tes yeux brillent de fureur, tu le transperces de tes prunelles bleues.
Au bord de la crise, tu l'attrapes par le col et le foudroies du regard. « Tu peux m'insulter, me rabaisser ou tout c'que tu veux, mais je t'interdis de parler de mes amis. Tu connais rien de ma vie, de leurs vies, t'as pas à t'immiscer là-dedans. J'vais pas te frapper, non, ça serait trop facile. T'irais te plaindre à monsieur Prismver, tu foutrais tous les E dans la merde. Mais tu sais quoi ? Non. Pause, regard vers les quelques élèves présents. Vous savez quoi, tous ? J'fais ça pour moi. Moi seule. Ca concerne que dalle, j'aurais été à WIP j'aurais agi de la même manière. J'fais pas ça pour quelqu'un d'autre non, tout pour ma pomme. Parce que ça concerne personne d'autre. Juste moi. Et toi. Tu le repousses durement et fourres les mains dans tes poches, toujours sans le lâcher une seule seconde. Crachat sur ses chaussures. J'ai des vrais amis qui m'lâchent pas peu importe nos différends. Nathan m'a jamais laissée tomber, et je sais qu'il ne le fera jamais. Je sais que je peux compter sur lui quand j'suis dans la merde, qu'il continuera même quand je voudrais pas. Parce qu'il me l'a promis. »
Sourire plein de fierté, toujours avec cette pointe de bestialité. Ton rythme cardiaque accélère, ton souffle se fait plus saccadé. Ne panique pas, ne panique pas. Ongles plantés dans les paumes de tes mains, tu baisses les yeux vers le sol et reprends lentement ton calme, grognant. « Ton problème, c'est ton égocentrisme. Comme tous les A. J'vous déteste, les A. Y a que Crystal, qu'est cool. Vous êtes arrogants, vous croyez que, simplement parce que vous maîtrisez votre pouvoir, vous êtes les dieux. Vous vous sentez plus pisser quand quelqu'un vous fait un compliment. Tu t'approches encore, suffisamment pour sentir son souffle contre ta peau. RTP c'est un truc de minables, de narcissiques. Vous parlez des autres classes comme de gorets, vous comptez sur votre vocabulaire riche pour manipuler l'administration. C'est stupide, ils se rendront bien compte un jour que t'es qu'un connard imbu de ta propre personne. Oh et... Tu dis que je frappe plus faible que moi ? Demande à Pandora. Demande à Alessandra. Vas y, fonce, demande-leur. Elles sont plus grandes, plus fortes. »
Tu diras pas qu'Alessandra t'as battu. Tu montreras pas ta douleur, ta honte. Tu laisses entrevoir une infime partie de cette rage au fond de toi, cette insatisfaction, sensation de vide. Tu fais peut-être pas franchement peur, avec ta taille. Mais tu t'en contrefous. Vous allez tomber les premiers et, crois-moi, j'vais m'en occuper personnellement. »
Menaces en l'air, fausse conviction. Mais au fond tu sais qu'en tentant ça tu perdras. Tu as perdu ? N'abandonne pas, recommence. Perds mieux que ça.
Gabriel Oswald se plaisait à la voir contrôler ses pulsions de violence, il essayait d’observer la lutte intérieure qu’elle se livrait, le sentiment de frustration qu’elle devait ressentir lui était particulièrement jouissif. Oui, Anarchy Scarlet n’était pas une idiote finie. Elle venait de comprendre que quoi qu’elle fasse, cela retomberait sur RED et la classe E par extension. Il valait mieux l’avoir comme ami que comme ennemi, Leith Fleytcher aurait pu en témoigner. Bien qu’il ne bougeât pas la patte lorsqu’elle l’attrapa par le col, le jeune homme soutint sojn regard avec défiance. Ses pupilles s’ancrèrent dans les siennes, elles exprimaient une provocation particulièrement explicite, une sorte de message “vas-y, je vais te pousser à bout“. Il écouta sa petite litanie, son discours sur la fidélité de ses amis qu’il ne put s’empêcher de trouver comique. Un petit rire s’échappa de sa bouche tandis qu’il l’écoutait raconter paisiblement à quel point Nathan ne la laissait pas tomber. Ah pauvre petite fille, si elle savait… Sur le papier, oui, ce garçon ne l’abandonnait pas. Mais qu’importe la vérité, ce tragique conflit de loyauté auquel il allait le confronter condamnerait les pitoyables convictions de cette femelle en chaleur.
Renvoyé sur ses jambes, le jeune homme la considéra avec attention. Qu’elle paraissait faible et désarmée, la tête baissée, et les poings serrés. On aurait dit qu’elle allait se mettre à pleurer, qu’elle n’avait plus aucune arme pour se battre. Gabriel en profita pour la dévisager, pour la fixer avec tout le dégoût nécessaire pour qu’elle se sente rabaissée. Il ne lâcherait pas le contact visuel, même si elle ne le voyait pas, elle pouvait le sentir. Anarchy se rapprocha de lui. Des narcissiques, un connard… Elle ressemblait à un enfant évacuant toute une pression accumulée depuis trop longtemps. Peut-être que la discussion aurait pu être plus passionnante entre quelques coups, mais l’odeur du Nutella qui émanait de ses cheveux lui rappelait qu’il ne devait avoir aucune pitié, qu’il ne devait pas ressentir la moindre empathie pour cette saleté qui le menaçait et qui se trouvait aux prises d’une terrible crise de confiance en elle.
Soudain, sa dernière réplique lui fit sortir un rire sans le moindre remord. Il se rapprocha d’elle. Il allait la détruire. Il allait la briser. « C’est une question de pouvoir. Et le pouvoir, c’est moi qui le détiens. Sinon, pourquoi serais-tu en train de larmoyer comme un enfant que tu me détestes ? Pourquoi m’aurais-tu invité ici ? » Oswald prit une voix se voulant la plus douce possible sans faire attention aux autres. « Sous tes airs de rottweiler, tu m’as demandé de venir pour me supplier de laisser ta petite vie tranquille. Tu m’as demandé de venir pour que j’aie soudain une illumination divine et que je t’octroie une cape d’immunité. Mais nous ne sommes pas dans un Disney. Ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire, et nous allons t’écraser, toi et ta petite bande de ratés. » L’adolescent prenait un plaisir particulièrement sadique à enfoncer chaque fois le clou un peu plus loin, pesant ses mots comme un marchand méticuleux et soucieux des effets qu’ils produiraient.
« Tu es une femme de principes, ça se voit. Mais tu vas voir de quoi les hommes de pouvoirs sont capables. » Gabriel se recula et tendit son bras vers un coin de la Salle Commune des E d’où il y avait une petite porte. Oui, elle allait le regretter. Elle allait vraiment le regretter. Mais elle ne pourrait s’en prendre qu’à elle-même, c’était elle qui avait jeté le pavé dans la mare. « Quand tu me parles de tes amis, tu me parles de celui que tu suis partout comme un clébard pour qu’il te donne de l’attention… ? Ou bien de celui qui s’est engagé dans ma cause sans que j’ai besoin de le convaincre ? » En reprenant son petit sourire faux-cul, Anarchy pouvait déjà comprendre ce qui allait se passer. Il y avait une raison pour laquelle Oswald ne tenait pas à ce que tout le chocolat présent sur ta tête ne disparaisse pas, une raison pour laquelle il laissait son col froissé et ne réagissait pas aux provocations physiques de la demoiselle.
« Demandons directement à l’intéressé ce qu'il en pense. » En faisant un signe, le petit lézard de Gabriel sortit. Il serait accompagné de M. Nathan Richardson.
La guerre des classes faisait rage, dans toutes les classes, dans tous les étages. Et même dans les cœurs des gens. Ces gens qui utilisaient de plus en plus de violence, de haine. Oh qu'il connaissait ça bien la violence Nathan, il ne connaissait même que ça. Au début Nathan s'en était délecté, au début il trouvait ça fun. Au début il trouvait que les idées de RED étaient bonnes et aurait sans doute était près à aider.
Si on lui avait fait confiance. Si seulement. S'il n'avait pas eut cette impression d'être encore plus merdique aux yeux des gens. Sensation horrible d'être la plus belle pourriture de la Terre, d'être bon à jeté, de ne pas être capable d'aider.
Et si seulement Anarchy ne s'était pas impliquée, ne se mettait pas en danger pour des imbéciles qui n'en valaient pas la peine. Il a tenté Nathan, de l'en dissuader. Il a tenté de l'arrêter. Car il pensait à son bien et savait que rien de bon n'arriverait dans l'histoire. Il le savait.
Alors il s'était allié avec ce buveur de thé, afin d'arrêter RED, d'arrêter toute cette violence trop présente désormais. Tout cela n'avait que trop duré et il faisait confiance à Gabriel pour détruire l'organisation. Il lui faisait même énormément confiance, aussi surprenant soit-il. Gabriel est bien l'une des rares personnes qui semble lui donner de l'importance, qui ne semble rien lui reprocher. Et Nathan était plus seul et désespéré que jamais. Faible, il ne s'était même posé aucunes questions. Il le croyait, c'était tout.
Alors quand il lui avait demandé de rester à la salle commune des E, c'est ce qu'il avait fait. Il n'avait pas cherché à savoir quoique soit, car il avait cette confiance aveugle en Gabriel. Et il était là, appuyé contre le mur, à attendre un signale. Et le signale arriva bien plus vite qu'il ne l'aurait cru. Il savait pourquoi il était là, il savait ce qu'il avait à faire et il entra dans la pièce en était près à n'importe quoi.
Coup d’œil. Anarchy. Son cœur loupa un battement. Alors c'était donc elle son invité mystère ? Il se stoppa à quelques pas d'eux et son regard vacille sur le président. Président qui semblait d'ailleurs en avoir prit pleins la gueule. Il mit un temps à comprendre, il prit un temps de réflexion et le cœur du rouquin se serra quand il comprit que c'était Anarchy la coupable.
- Alors c'est comme ça maintenant, RED envoie ses larbins faire le sale boulot à leur place ?
Le regard posé sur la belle, elle pouvait ainsi entendre toute la déception de Nathan. Et il soupira, se plaçant juste entre les deux pour qu'il n'y ait plus d'altercation physique.
- La violence a l'air d'être un mot d'ordre chez vous - qu'il était mal placé pour parler le roux - mais je n'aurai jamais pensé que toi, tu sois capable de ça tu vois, je pensais que tu étais plus...
Les mots lui manquent, il se mord la lèvre. Il n'aurait jamais cru dire ça un jour.
- Tu me demandes de te faire confiance et le lendemain je te retrouves en train de jouer les rebelles pour une meute d'imbéciles.
Une simple observation, mais qui en disait long sur ce qu'il pensait.
Sourire de la part du violet. « C'est une question de pouvoir. Et le pouvoir, c'est moi qui le déteins. Sinon, pourquoi serais-tu en train de larmoyer comme un enfant que tu me détestes ? Pourquoi m'aurais-tu invité ici ? Tu grognes en simple réponse, énervée. Sous tes airs de rottweiler, tu m'as demander de venir pour me supplier de laisser ta petite vie tranquille. Tu m'as demandé de venir pour que j'aie soudain l'illumination divine et que je t'octroie une cape d'immunité. Mais nous ne sommes pas dans un Disney. Ce sont les vainqueurs qui écrivent l'histoire, et nous allons t'écraser, toi et ta petite bande.
Ces paroles auraient ouvert une blessure profonde si tu ne l'avais pas toi-même écartée, dévoilée aux yeux de tous. Tu n'as pas besoin de son venin pour être empoisonnée ; tu es ton propre poison et ton propre antidote. Nourrie par le dégoût de ta propre personne, alimentée par cette rage constante. Tu en veux au monde entier d'être là, tu t'en veux à toi-même pour en être arrivée là. C'est cette raison, c'est cette répulsion qui, aujourd'hui, te tient droite, te pousse à ne pas abandonner – à ne pas t'écraser devant ce chien galleux. « Tu es une femme de principes, ça se voit. Mais tu vas voir de quoi les hommes de pouvoirs sont capables. Regard vers la porte, tentative avortée de lui lancer une réplique acerbe au visage. Ton instinct te donne l'impression que quelque chose d'horrible va arriver. Quand tu me parles de tes amis, tu me parles de celui que tu suis partout comme un clébard pour qu'il te donne de l'attention... ? Ou bien de celui qui s'est engagé dans ma cause sans que j'ai besoin de le convaincre? »
Tu ne considères pas Heath comme un ami ; plus un allié. Tu l'admires, certes, mais tu ne le connais pas comme on connaît un ami. Tu serres les poings, fixant la porte comme si la pire chose au monde allait entrer, comme si la prochaine personne qui passerait l'encadrement allait causer ta perte. Demandons directement à l'intéressé ce qu'il en pense. »
Ton rythme cardiaque te semble être la seule chose qui s'entend. Fort, rapide, irrégulier. L'ombre rousse entre, réduisant ton self-control à néant. Tu déglutis faiblement, observes silencieusement celui que tu aimes appeler Grande Frère, que tu aimes voir n'importe quand ; celui qui occupe une assez grande place dans ton cœur pour que tu lui pardonnes d'avoir maltraité ton propre protégé. « Alors c'est comme ça maintenant, RED envoie ses larbins faire le sale boulot à leur place? Ses mots te déchirent de l'intérieur. La violence a l'air d'être un mot d'ordre chez vous, mais je n'aurai jamais pensé que toi, tu sois capable de ça tu vois, je pensais que tu étais plus... »
Il ne finit pas. Tu trembles, ta gorge se serre. Il est déçu de ton attitude ; uniquement parce qu'il pense que tu fais ça pour RED. Parce qu'il ne sait rien. « Tu me demandes de te faire confiance et le lendemain je te retrouves en train de jouer les rebelles pour une meute d'imbéciles. » Crocs serrés, griffes plantées dans les paumes de tes mains. Tu reprends lentement ta respiration, tu essayes de rester un minimum calme. Craquer maintenant ne te mènerait à rien, sinon au rejet de toi-même.
Chaque problème à la fois. Tu te tournes vers Oswald, tu le transperces du regard comme tu rêves de le faire avec tes dents. Tu fais passer toute ta haine à travers tes prunelles, tu diriges toute cette colère enfouie vers lui, pour réussir à te maîtriser lorsque tu devras faire face à Nathan. « Tu n'as rien compris. Je veux pas que tu me laisses. Je veux que tu les laisses. Acharne-toi sur moi, détruis-moi, tue-moi. Je m'en fiche. Mais tu mêles les gens que j'aime à tes conneries, tu les forces par je ne sais quelle magie à t'obéir comme des bons chiens. » Tu refuses tout bonnement de croire que le rouquin t'avait laissé tomber, avait laissé tomber RED. Coincée dans ton rêve de bonheur, d'un moment où plus rien d'autre ne t'importera que tes amis, tu refuses de te résoudre à une quelconque perte. Il semblerait que tout se jouera à ce moment.
Inspiration. « Nathan. Tu rassembles tes pensées, tourmentée. Tu tires trop vite des conclusions hâtives. Heath n'y est pour rien. RED n'y est pour rien. C'est pour moi-même que je fais ça. Pour ma pomme et rien d'autre. Je... Putain, j'ai plus que jamais besoin qu'on me soutienne et toi tu m'écrases, tu me fends en deux. Tu comprends rien, c'est bien c'que j'disais. Tu cherches pas à comprendre, tu te cantonnes à la première hypothèse et tu jettes le reste. Tu t'approches, glisses vers lui, attrapes sa main en oubliant toute retenue. Ca suffit. Rends-moi Nathan, rends-moi mon frère. T'as jamais été comme ça, j'te connais mieux que personne Nathan. Qu'est-ce qu'il t'a fait, dis-moi putain. Donne-moi la raison, donne-moi la raison pour lui bouffer la gorge. » Ta voix se brise sur la fin, tu serres ses doigts de toute ta force, comme si lui faire mal allait le pousser à revenir.
Sans le lâcher, tu te faufiles à ses côtés et regardes de nouveau le violet. « Je vais te dire une chose, Oswald. Tu t'es attaqué aux mauvaises personnes. Je sais pas c'que t'as fais pour le rendre comme ça, et j'm'en tamponne le vagin. Mais tu vas le regretter. Respiration bloquée, tu attends.
De la réaction de Nathan, tout dépendra. S'il revient la tempête s'apaisera. Dans le cas contraire... Ta colère explosera.
Gabriel dégaina un dernier petit sourire mesquin accompagné d’un petit signe de la tête. À partir de cet instant précis, il ne serait plus le même. Satan allait revêtir son masque et il n’y aurait plus un dard de poison qui remonterait aux oreilles d’Anarchy. Il fit un effort monstrueux sur lui-même pour prendre un visage grave, qui n’exprimait plus rien d’autres qu’une forme de peur infantile qu’on pensait impossible chez quelqu’un comme lui. Cela paraîtrait crédible pour n’importe quel inconnu. Cela paraîtrait naturel pour n’importe quelle personne qui le verrait. Le naturel avec lequel ses yeux se mirent à briller comme s’il allait pleurer d’une seconde à l’autre, comme s’il était au bord de l’asphyxie morale. Oswald posa sa main sur sa poitrine et serra le haut de sa chemise tandis que Nathan parlait avec une agressivité qu’il n’avait même pas prévu dans ses stratégies les plus noires. Il posa les yeux sur son interlocutrice qui perdait tous ses moyens. La puissance avec laquelle il venait de la mettre à terre lui fut particulièrement jouissive. S’il ne devait pas garder ce masque de circonstances, le jeune homme aurait sans doute pris un rictus carnassier.
Anarchy pataugeait dans sa propre boue, Gabriel la voyait tenter de garder péniblement la face en pleine tempête. Il ne disait rien, ses yeux ne croisaient même plus les siens comme s’il se sentait faible et désarmé. Il voulait leur faire croire qu’il ne se sentait pas à sa place, qu’il se voyait désolé qu’une telle scène se produise sous ses yeux. En se mordant les lèvres, il la fixa d’un air désolé lorsqu’elle le vilipenda. Avec quelques respirations difficiles, Oswald entretenait une image chétive de sa personne pour que personne ne puisse croire qu’il soit à l’origine de quelconque provocation envers Scarlet. Posant ses pupilles sur Nathan, il ne le lâchait plus à présent. Il voulait entretenir un contact visuel pour qu’il puisse sentir son don mystifier la projection de son image auprès de lui. Toute l’énergie dont l’élève de Classe A disposait entendait mettre un terme à toutes les ambigüités sur son comportement.
Qu’allait-il bien pouvoir regretter ? Le Président du RTP ne craignait pas les rodomontades, pas même celles d’une des filles les plus influentes de la Classe E. Elle ne pouvait rien contre lui, jamais elle ne pourrait l’atteindre émotionnellement. Jamais elle ne pourrait détruire ses rêves et ses projets, parce que trop minable pour prendre la moindre décision conséquente. Elle ne servait qu’à entretenir la haine du côté de RED. Bien sûr, il aurait bien voulu rire, mais il fit preuve d’une contenance tellement britannique. « Comment oses-tu… ? C’est toi qui m’as envoyé ce LMS. C’est toi qui t’en es pris à moi physiquement, qui m’a menacé, en répétant sans cesse que RTP n’était qu’une bande d’orgueilleux narcissiques… Comment oses-tu parler d’un conflit personnel ? » Le jeune homme poussa le jeu théâtral tellement loin qu’une petite larme s’échappa de son œil gauche.
« Tu viens de m’humilier devant tout le pensionnat et tu vas me faire croire que c’est moi qui m’en suis pris à toi… ? Tout ça va trop loin. Cette Guerre des Classes vous monte à la tête, je sais bien els rumeurs qui courent sur mon homosexualité, mais cela ne vous permet pas d’en profiter pour me rabaisser. N’est-ce pas ce que tu m’as susurré à l’oreille tout-à-l’heure ? » Le britannique serra fermement les poings. Quelque chose le rongeait de l’intérieur tandis qu’il s’exprimait avec passion comme si sa vie en dépendait. L’air si craintif qu’il adoptait à présent ne correspondait pas du tout à l’image du démon manipulateur qu’Anarchy tentait d’éveiller auprès de son meilleur ami. « J’admire ta capacité à te comporter comme une victime après m’avoir dit clairement que tu allais me massacrer. » Gabriel déballait tout. Il ne mentait pas ; à peine. Ce qu’il inventait, personne ne pouvait le contredire. « Tes disputes avec Nathan ne me regardent pas. Mais si tu avais pris plus de temps à voir l’homme qu’il était réellement plutôt que le rabaisser continuellement pour venir le récupérer maintenant qu’il a compris ton petit jeu pervers, on n’en serait peut-être pas là. »
Ses bombes explosèrent les unes après les autres. Chaque détournement, chaque exploitation malhonnête des faits prenait le tournant désiré. Il posa son regard sur Nathan tandis qu’il sentit ses membres trembler, sa respiration s’accélérer, son cœur tambouriner contre sa poitrine. « Nathan… Je suis sincèrement désolé. Je ne voulais pas. Te mettre dans cette situation. Je comprendrais que tu préfères sauver ta relation avec Anarchy plutôt que continuer à nous aider… mais… ma porte restera ouverte. Je ne te la fermerai jamais. Tu es un garçon tellement génial et tellement exceptionnel. Tu es aussi mon ami… Et je te soutiendrai toujours. Te soutenir ne veut pas dire être toujours d’accord avec toi, mais être toujours loyal envers toi. » Gabriel se sentait très mal. Réellement. Des antécédents cardiaques dans sa famille le rendaient particulièrement fragiles. Il sortit une boîte de médicaments de sa poche et la fit tomber (in)volontairement aux pieds d’Anarchy. En pleine crise de tachycardie, il voulait palper jusqu’où allait sa haine, quitte à ce que sa propre vie soit en jeu.
« Non… » Fit-il en larmes en voyant ses comprimés tomber.
La déception se lisait sur son visage alors qu'il faisait face à celle qu'il considérait encore comme sa petite sœur. Il avait espérait tellement mieux d'elle. Il avait espérait, en effet, de pouvoir lui faire confiance. Car Nathan la lui avait accordé, il s'était dévoué à elle. Et il avait juste l'impression, désormais, d'avoir été prit pour un con. La confiance s'émiettait, doucement.
Elle ouvrit la bouche pour s'adresser à Gabriel, lui balançant des mots acerbes. Nathan regardait ailleurs, ne préférant pas répliquer à ça, car il savait qu'elle avait tord.
- Nathan. Il releva la tête vers elle, son cœur se serrant, il n'avait pas envie d'en entendre plus. Tu tires trop vite des conclusions hâtives. Heath n'y est pour rien. RED n'y est pour rien. C'est pour moi-même que je fais ça. Pour ma pomme et rien d'autre. Il n'y croyait pas, il n'y croyait pas une seule seconde. Je... Putain, j'ai plus que jamais besoin qu'on me soutienne et toi tu m'écrases, tu me fends en deux. Tu comprends rien, c'est bien c'que j'disais. Tu cherches pas à comprendre, tu te cantonnes à la première hypothèse et tu jettes le reste.
- Alors... Il se mord la lèvre et son cœur se fait violence. C'est ma faute c'est ça ? Il fuit son regard et elle l'assenait encore de ses paroles. Tais-toi Anarchy, je t'en pries tais-toi, ne dis plus rien. Il ne voulait plus rien entendre, il ne voulait plus entendre ces reproches qu'elle lui faisait, comme beaucoup de gens.
Alors comme ça il avait changé ? C'était donc lui qui était utilisé ? C'était donc lui dans le mauvais camps ? Un léger sourire s'afficha sur ses lèvres, un triste sourire adressé à la belle. Tu dis me connaitre, tu en es vraiment sûr ? Si tu savais. Regardes-moi Anarchy, c'est moi, et entièrement moi là. Et bien sûr que j'ai changé, avec toutes les merdes qui me sont tombées dessus, il le fallait bien. C'est moi qui ne te reconnais plus Anarchy, depuis que t'es avec RED c'est toi qui a changé...
Sa voix s'était affaiblit vers la fin. Il n'aurait jamais cru avoir ce genre de discussion avec elle. Et Gabriel, qui lui paraissait apeuré, décida de prendre la parole. Il avait encore le courage de le faire alors qu'il était aux bords des larmes. C'est ce que Nathan pensait. Et il le laissait parler, et il le laissait émietter la confiance qu'il avait pour Anarchy.
- Je sais bien les rumeurs qui courent sur mon homosexualité, mais cela ne vous permet pas d’en profiter pour me rabaisser. N’est-ce pas ce que tu m’as susurré à l’oreille tout-à-l’heure ?
Son regard vrilla sur l'adolescente, choqué. Choqué qu'elle ait pu faire ça, alors que Nathan avait été exactement dans le même cas. Il se posait des questions. Sur la sincérité de ses mots, de ses actes quand sa propre homosexualité avait été affiché. Et sa main se dégage de la sienne d'un mouvement brusque, s'enfonçant dans sa poche. Mais il ne dit rien, pas encore, et ses yeux regagnent le sol dans un doute énorme alors que Gabriel reprend la parole.
Et il s'adresse à lui, et ses mots le touchent peut-être plus qu'ils ne devraient. Nathan ferme les yeux un instant et soupira. Il releva la tête et son regard croisa celui de la belle.
- Je ne t'abandonnerais pas.
Il fixait Anarchy en disant cela, mais ces mots étaient bien destinés à Gabriel. Ces mots qui, auparavant, étaient pour elle, cette fille qu'il avait considéré comme sa propre sœur. Mais l'était-elle encore pour lui ? Il ne savait pas, il ne savait plus. Remplis de doutes et d'incertitudes, il se tourna vers la personne en laquelle il avait le plus confiance présentement. Gabriel avait l'air mal en point, et instinctivement, Nathan vint lui porter secours.
- Hey calmes-toi, ça va aller. Sa voix était douce, il se comportait comme il l'aurait fait avec Anarchy dans le même cas. Rien ne va se passer. Coup d'oeil vers l'adolescente. J'y veillerais. Ramassant quelques cachets il les donna à Gabriel.
Si tu avais pu prévoir la tournure des événements, jamais tu n'aurais envoyé ce LMS. Jamais tu n'aurais provoqué Gabriel. Jamais tu n'aurais creusé ta propre tombe. Au bord du gouffre, tu écoutes le violet faire son discours, faire sa victime. Il ment. Il ment comme il respire, tu le sens, tu le sais. Mais tu ne peux rien prouver. « Je sais bien les rumeurs qui courent sur mon homosexualité, mais cela ne vous permet pas d'en profiter pour me rabaisser. N'est-ce pas ce que tu m'as susurré à l'oreille tout à l'heure? » Tes yeux s'écarquillent sous la surprise. Non. Non. Tu veux hurler, tu veux le réduire au silence ; mais ta gorge est serrée, tes cordes vocales se sont envolées. Le regard de Nathan te serre les entrailles, te tord le cœur.
Sa main quitte la tienne, te laissant tremblante. Seule. Plus seule que jamais. Tes joues couvertes de cicatrices se font inondées de larmes, toujours sans aucun bruit. Poignet relevé vers le roux qui s'éloigne de toi, qui s'approche de ton ennemi. Ton rythme cardiaque se fait plus irrégulier, ta respiration hachée. Comme un coup de poignard dans le ventre. Tu l'observes aider Gabriel comme il t'a aidé, tu essayes de faire monter cette colère, cette douce colère qui, une fois exposée, te soulagerait plus que jamais.
Mais rien ne vient. Rien dans ce vide désespérant que tu deviens au fur et à mesure que les secondes passent. Nouvelles paroles blessantes, nouvelle tentative de te défendre. Poings serrés, tu laisses libre court à ton désespoir, tu tombes à genoux sans faire attention aux médicaments. Tu pleures, tu pleures comme jamais tu n'as pleuré.
Tu es seule. Même lui t'abandonne. Même ton propre frère. Abandonne tout espoir, abandonne toute perspective de joie. T'as ruiné tes chances. Non. Tu n'es pas responsable. C'est lui. Ce monstre tremblant, cette ignoble créature. Tu gardes les yeux rivés au sol, tes sanglots amers se calment peu à peu. Oui. Il a fait quelque chose. Ce n'est pas Nathan. C'est quelqu'un d'autre, quelque chose d'autre. Le trou dans ta poitrine bat la chamade, le flux sanguin dans tes veines devient plus rapide, plus chaud.
Elle monte en toi, cette rage. Tu ne veux plus la contrôler. Tu ne peux plus. Elle enfle, elle glisse sous ta peau comme un serpent. Tes yeux brillent, se tournent vers Nathan. Regard déçu, désespéré. La douleur au fond de ta cage thoracique se mue en haine pure à l'instant où tu fixes le violet, ce putain de faux-cul. Tu n'y crois pas, tu ne peux pas y croire. Tu penses à tout ce qui pourrait t'énerver, alimente ce sentiment dévastateur pour te conduire à la libération ultime.
Pandora de retour. Blessures ouvertes causées par Alessandra. Haine. Rage. Ca monte, ça grossit, mais ça n'explose pas. Désir de ne pas blesser Nathan, envie de déchirer Gabriel. Tu te redresses, affrontes le rouquin du regard. Tu plantes tes pupilles bleues et lumineuses dans les siennes, tu fais passer toutes les émotions possibles vers lui dans ce simple coup d'oeil. Et tu avances, tu toises le violet d'un air méprisant. Tes dents sont crocs, ton rictus se fait plus carnassier, ta voix plus grave. « Menteur. Tu n'es qu'un putain de menteur. Je te hais Oswald, je te hais du plus profond de mon âme. Sans regarder Nathan, tu poursuis en t'adressant à lui. Libre à toi de me laisser tomber, libre à toi de te libérer du boulet que je suis. Ils sont magnifiques, les mensonges que tu m'as envoyé par LMS. Tu fouilles dans ta poche, sort le dernier envoyé. Qu'importe dans quel camp tu te trouveras, même si je te soutiens pas, je tenterais de te protéger, même si je dois faire du mal à quelqu'un. »
Tu penses à Charlie. Tu penses à ta propre fierté, écrasée par ce démon. Alors tu serres les crocs, fronces les sourcils et foudroies ton frère du regard, tu le regardes avec la même haine que celle destinée à Oswald. Parce qu'il n'est pas le roux que tu as serré dans tes bras, que tu as défendu contre l'une de ses victime. Non, c'est un pantin. Tu glisses vers lui, tu lèves le bras. « Et ça, c'est pour tes conneries. » Et ce n'est pas une claque qui s'abat sur sa joue, mais un poing fermé, propulsé avec toute ta maigre force. L'intention n'est pas de blesser, mais de faire comprendre. Vas y Nathan, rends-moi ce coup. Donne-moi une raison de te haïr, donne-moi la motivation nécessaire. Des mèches couvrent ton visage trempé de larmes, tu recules et craches sur ton ennemi. « Si je ne comptais pas pour toi dès le début, Richardson, il fallait le dire, au lieu de chercher à me briser. Je ne croirais pas un mot de ce que tu diras en présence de cet être insipide, je sais qu'e c'est sa faute si tu es ainsi. Mais j'espérais que tu m'aimais assez pour résister à je ne sais quelle magie. J'aurais résisté, moi. »
Sur ces paroles, tu frottes tes doigts et fixes un point pris au hasard, refusant d'admettre la vérité : tu as peur de ce qu'est devenu Nathan. De ce que votre relation est devenue.
Il n’existait pas de sentiments plus délicieux que la victoire. Anarchy avait provoqué les foudres de son courroux, elle récoltait la tempête. Malgré la cruauté apparente de Gabriel, il n’avait que répliqué à ses provocations. Jamais Nathan ne serait intervenu si elle n’avait pas osé attenter à son honneur et à sa dignité d’une telle façon. Sentir le Nutella couler sur sa tempe, souiller sa peau avait provoqué chez lui une colère blanche comme jamais il n’en avait senti depuis bien longtemps. Cette garce payait au prix fort les foudres de sa vengeance, et il ne comptait s’arrêter qu’au moment où il la verrait par terre et suppliante. Quelle ironie, la confiante petite Anarchy qui devait le mettre en pièce s’effondrait pathétiquement au sol. Quelle ironie, Oswald venait de détruire en deux minutes sa relation avec Nathan, et tout cela n’était qu’un début. “Tu aurais du y réfléchir à deux fois, pauvre idiote, avant de te mettre à dos une des personnes les plus puissantes de la classe A“. Il mourrait d’envie de lui balancer cette vérité à la figure, mais elle ne ferait que corroborer ses cris de chèvres qu’on égorge comme quoi il était un odieux menteur. L’adolescent ne lui ferait pas ce plaisir. Au contraire. Le britannique posa appui sur Nathan tandis qu’il lui donnait ses quelques médicaments. Avec une petite tasse d’eau qui trainait, il les avala avec un regard mielleux. Ses palpitations se calmèrent. Quelque peu déconcentré, Gabriel posa les yeux sur ses deux interlocuteurs. Nathan, brisé, venait de faire son choix. Seulement quelques jours après son adhésion, Richardson s’abandonnait à ses chantres. Une nouvelle victoire que le brun ne manquerait pas de savourer en temps et en lieu.
« Je suis tellement désolé Nathan… je… je voulais pas… » Profitant des dernières larmes tombantes sur son visage, Oswald lui prit la main et la lui serra, communiquant une chaleur douce qui tranchait avec son habituelle froideur. Il voulait que son ami se sente spécial auprès de lui ; unique. À présent à ses côtés, il était temps de pousser le jeu un peu plus loin. Il se cacha derrière lui comme un petit animal effrayé, lui collant la peau pour lui faire sentir son cœur tambouriner dans sa poitrine à mesure qu’elle crachait son désespoir à sa figure. Le Président des RTP ne disait rien. Il se refusait à tout commentaires, il ne voulait pas lui donner le moindre os à ronger. Il subissait sa colère ni plus ni moins comme un serviteur supportant le caprice d’une reine. Il baissa même la tête pour ajouter une dimension dramatique à cette tragédie. Serrant un peu plus fort le haut de Nathan, Gabriel releva soudain les yeux avec une expression intimidée collée aux traits de son visage.
« Elle tente de te faire culpabiliser… » Lui fit-il remarquer avant de soutenir son regard. « Chercher à le briser ? Mais bon sang, redescends sur terre. T’es qui pour lui parler comme ça, Anarchy Scarlet ? Tu le rabaisses sans cesse, tu lui détruis toute la confiance qu’il peut bien avoir en lui. Ce que vous lui avez fait, RED et toi, est inacceptable. Je t’empêcherai de lui faire du mal. » Avec un héroïsme presque enfantin, le lycéen se jeta aux devants de Nathan. Malheureusement, il était déjà trop tard. Un coup de poing. Un crachat. “Je vois que tu retrouves ta classe originelle d’harpie“. Une nouvelle réplique qu’il tut parce que beaucoup trop violente. Elle n’en exprimait pas moins le plus profond de ses pensées. Qu’est-ce que l’humain pouvait être pitoyable… Elle avait tout perdu, et elle s’accrochait encore et encore avec son agressivité presque bestiale.
À quoi s’attendait-elle si ce n’est un sursaut de masochisme ? Richardson était beaucoup trop intelligent pour retourner se faire fouetter sans réagir. Malgré tout le dégoût que cela pouvait bien lui inspirer, Oswald passa son gant blanc sur son visage. Une nouvelle souillure. Une souillure de trop. « Je vois que tous tes arguments se résument à… ça. » Il n’avait même pas les mots pour qualifier le dégoût ressenti dans les circonstances présentes. « Je protégerai Nathan au péril de ma vie. Tu veux lui remettre encore un coup de poing ? Eh bien il faudra me passer sur le corps d’abord. Après tout, qu’est-ce que j’ai à perdre ? C’est pas comme si mes cheveux étaient englués dans du Nutella. » Il se retourna vers son protégé. « Je ne t’abandonnerai jamais moi non plus. » Un sourire. Un sourire d’une sincérité exemplaire, distillé à un Charisme exemplaire qu’il transmettait par les yeux et par les mots. Par une énergie invisible et envoûtante.
« Nathan, je suis peut-être une crevette. Mais je mettrai ma vie en jeu pour toi. Même si je dois être le premier à tomber, le dernier souvenir que tu auras de moi, c’est moi te protégeant des autres. » Il dit cela en le regardant, avec une expression tellement sincère… oui… Comment un tel Petit Prince pouvait mentir ?
it's zigzag terror, chill. you and your bullshit will be crush in a mixer
FEAT ; ANARCHY & NATHAN & GABRIEL
Un métronome, aussi tarant que sourd, fracassait les parois de son crâne. En silence, il subissait l'intonation caverneuse qu'émettait sa tempe battante, massant son front de deux doigts malhabiles. L'ingénu victime d'une inappréciable migraine répétait ce mouvement machinalement, sans que ceci n'ait quelconque effet sur ses maux de tête. Il aurait, bien évidemment, pu se rendre à l’infirmerie. Néanmoins, Ewan s'était retrouvé, en chemin, martyr d'une cosse sans nom. Et puis, la montée en flèche de sa température ainsi que sa fièvre pondéreuse demeuraient comme de bons arguments pour ne pas se rendre en classe. Non pas qu'il en avait la nécessité pour sécher telle ou telle heure d'ennui – le jour précédent, il avait omis de se présenter l'entière journée, cependant, cela faisait de lui un homme armé en cas de justification à donner. Il se rejouait la scène en boucle, si jamais l'un de ses profs l'interrogeait sur le pourquoi du comment de son absence. Il ferrait traîner le pas jusqu'à la porte, les mains réfugiées dans le fond de ses poches, le dos courbé, remorquant un faux abattement qui témoigne de sa mauvaise foi à se rendre en cours. À quelques centimètres du pas de celle-ci, il se ferrait arrêter et interroger sur sa soudaine disparition de deux jours, et, indifférent, il cracherait avec sarcasme : « Pas ma faute m'dame. J'ai eu une violente chiasse, j'vous laisse imaginer le carnage. Pire que ce qu'il s'est passé dans les toilettes du hall. » faisant, au passage, pouffer de rire la moitié de ses camarades.
Un rictus de béatitude comme de mal-être fit crisper ses lèvres ; il était à la fois réjoui de son avant-gardisme et son répondant, mais souffrait du martelage que subissait l'intérieur de sa tête depuis plus de quatre bonnes heures. Il avait fait en sorte de se faire exclure du cours de mathématiques, peu après la sonnerie qui annonçait le temps de déjeuner, et soupçonnait d'ailleurs les fruits de mer servis sur leur lit de grains de riz beurrés et leur sauce jaune d'être à l'origine de sa fébrilité. Le billet dédié à son attention le flattant d'un allé simple pour la vie scolaire s'entortilla entre ses doigts jusqu'à être morcelé et abandonné près des casiers, tandis qu'il présidait sa marche vers un endroit dénué d'une fente de crissement. Sa silhouette tonnante s'accroissant dans les corridors jusqu'à la salle commune des E fut accentuée de pas claudiquant, se mariant à d'amer gargouillement d'estomac. Une satisfaction crevante, à l'espoir de toute ses attentes, le traîna jusqu'à un coin tranquille en corner de pièce, lorsqu'il constata que la salle n'était accaparée que part un groupe de filles qui révisaient leurs évaluations. Il remarqua au passage Anarchy, affairée face à un bouquin, à qui il ne prêta pas attention, trop éreinté pour puiser dans les réserves qui lui servait à l'emmerder.
Des hauts le ton le dépouillèrent de son sommeil. Il n'avait pas la notion du temps. Une vingtaine de minutes, trois heures sans doute, à partir de son immersion au pays des rêves. Il était persuadé qu'un somme fluet convergerait vers un rétablissement dont il serait arrangé. Néanmoins, à son réveil, il était bien plus migraineux. Comblant son souffle d'atonie, des voix supportées de reproches et mécontentement. Elles bruissaient dans la pièce au milieu d'un condensé placide, faire valoir qui faisait paraître la querelle plus importante de sa place. Un univers dépeigné dont ils étaient rois. Ewan était resté allongé dans le fond, vautrer sur son hamac, une jambe balançant dans le vide, à ouïr le trouble qui avait raison de la scène. Une comédie dramatique, s'était-il chuchoté en tentant de se rendormir à de nombreux moments. Ses tentatives s'avérèrent vaines. Ses canines, empiétant sur ses lèvres, raffermirent le bas de celle-ci. Il exhalait l'abattement ; sa rage avait atteint son summum. Il se foutait bien que Anarchy règle ses comptes avec Nathan ou casse la gueule au premier venu, son seul souhait était que sa victime préférée le fasse en silence. Il se redressa sur ses draps, ne prenant pas la peine de remettre ses chaussures. Ses jambes, tombées au sol, le soutenaient alors qu'il s'était lentement mit en marche en direction de l'épicentre qui se faisait un peu plus corrosif à chaque phrase catapultée. Il était décidé à remettre ce trio sur la fréquence véritable, celle du : Vos gueules, y en a qui veulent dormir.
À mi-chemin, son impulsion fut suspendue. Ewan était raidi. Un piquet resté sur place. Du peu de ce qu'il avait entendu de sa position et selon lui, Anarchy tapait – encore un scandale pour X ou Y raison, ce qui pouvait tout à fait lui correspondre. Cependant, de là où il était, le contexte lui paraissait différent. Arrêté à la hauteur de quatre élèves attroupés en bord de table, Ewan tendit l'oreille.
Et ça, c'est pour tes conneries. La brune, rehaussée sur ses centimètres ne la mettant pas en valeur, décrocha un crochet à son ancien ami, Nathan. Le jeune homme plisse les yeux quant à une telle action, il se retint même de l'applaudir. Il n'accorda pas de réelle attention aux paroles qui suivirent son action. Sa fièvre, revenue sur le qui-vive, l'empêchait brièvement de se concentrer. Il n'en perçut que la fin. [...] Mais j'espérais que tu m'aimais assez pour résister à je ne sais quelle magie. J'aurais résisté, moi.
À l'instant où Ewan reprend ses esprits, c'est un frêle brun festonné d'une coupe au bol colorié d'une peau lactée qui se relève. Le monstre ne comprend pas, mais devine qu'il a dû se prendre le coup à la place de Nathan. Le filtre de flou délayant sa vue s'estompe peu à peu, alors qu'il reluque le garçon brodé dans un uniforme bien plus soigné que le sien, arborant fièrement la cravate mauve de la classe A. On pourrait presque dire qu'elle est repassée quant à la sienne, froissée, l'étranglant autour du cou. Sans mot, il suit la scène. Plus le brun parle, et plus les pneumogastriques lui trônant sous la peau gonflent. Et comme le public présent, il ingurgite ses inepties fausses et de mal jouées. Il lève un sourcil tout en admettant ce qu'il ne veut pas approuver : c'est un bon tragédien.
Ewan baille, toujours victime de cette incessante bourrade qui lui sort par les yeux ; il doit en subir deux, dorénavant. Il s'avance lentement en direction de Anarchy, de dos, et accroche le regard de Nathan quand la craie vivante se met à s'exprimer.
Nathan, je suis peut-être une crevette. Mais je mettrai ma vie en jeu pour toi. Même si je dois être le premier à tomber, le dernier souvenir que tu auras de moi, c’est moi te protégeant des autres.
Aussi silencieux qu'une ombre, la bête se glisse aux côtés de la brune, à qui il passe une main sur la tête, dont il flatte les cheveux d'un geste vif. Il émet un pas en avant, affirmé. Ses chaussettes noires accrochent le sol. L'une d'elle laisse s'entrevoir son orteil gauche, remuant. Il n'adresse ni parole, ni regard à Anarchy. Ses actes parlent pour lui.
Arrête tes conneries, Roméo. Expectore-t-il d'une voix affûtée. Tu trompes personne ici. Ta p'tite comédie à deux balles s'arrête là. Il jette un regard par-dessus l'épaule de son opposant, et dévisage Nathan. Ses yeux, nuancés de gris sont feutrés dans le vide. Ne sont plus aussi sombres qu'à leur habitude. Il croit discerner comme un manque de vie chez lui, qu'on ne retrouve chez personne d'autre. Il a l'air d'être lui-même, mais tout en étant quelqu'un d'autre. Devait-il ça à la dispute qu'ils ont eut il y a quelques temps, sonnant le glas de leur amitié ? Ou à autre chose peut-être. Il semblait changé. Alors c'est à ça qu't'en es réduit. Lécher les bottes des plus haut gradés ? T'espère quoi, sérieux ? Adressait le monstre à son camarade. Une œillade charge sur l'imbuvable visage de fouine qu'affiche le brun. Qu'est-ce que t'as fait à Nathan ? Il le connaissait mieux que personne, aussi bien sobre que soûl. Nathan avait sa dignité, il ne se tiendrait jamais à l'égal d'un chien au dos de la première belle gueule venue. S'il se comportait ainsi, il y avait forcément un facteur qui s'entremettait entre lui et sa raison. Peu importe... Je ne sais pas ce que tu as derrière la tête, j'veux pas le savoir. Si Anarchy t'a foutu une beigne, c'est que tu l'as mérité. Il passe son auriculaire dans son nez, qu'il récure mollement, toisant le garçon menu de haut. Apparemment t'es en A. De ce fait, toi et ta merde – en désignant ce qu'il avait provoqué n'avez rien à foutre ici. J'te conseil de partir le plus vite possible avant que je n'termine le travail que la miss a commencée sur ta gueule.
Il les entendait, ses pleurs, il les entendait et ça le brisait. Car c'était sa faute si elle pleurait, une nouvelle fois, c'était sa faute si elle se retrouvait à terre. Entièrement sa faute. Il se l'était pourtant juré Nathan, de ne plus la rendre triste, de ne plus lui faire du mal. Il avait promit Nathan, de la protéger. Mais que faire quand la personne qui semble la rendre malheureuse n'est autre que soi-même ? Que devait-il faire ? Que devait-il dire ? Son cœur était partagé désormais. Le comportement d'Anarchy lui laissait un gout amer, lui alourdissait le cœur déjà bien endommagé alors que la nouvelle relation qu'il avait avec Gabriel lui offrait un second souffle.
Et les mots que la belle prononçait ne l'enfonçait qu'un peu plus. T'es vraiment une merde mec. Voilà ce qu'il pensait. Elle croyait que tout ce qu'il avait dit n'était que des mensonges. Mais l'avait-elle seulement cru ? Et lui, que croyait-il désormais ? Perdu, les doutes se succédaient les uns après les autres.
Il sentit la main de ce cher président entrelacer la sienne. Contact agréable. Car il était seul Nathan. Il était faible Nathan. Il n'avait pas les épaules assez solide pour endurer tout cela. Il avait besoin d'un pilier, d'une aide quelconque, d'un repère. Et Gabriel était là, il semblait lui offrir ce point d'encrage, et les mots qu'il disait, et le contact physique qui lui offrait lui donnait encore plus cette impression.
- Elle tente de te faire culpabiliser… Douleur dans la poitrine, Anarchy lui voulait du mal ? Elle voulait réellement le briser ? C'était faux. L'Anarchy qu'il connaissait ne ferait jamais une chose pareille, il le savait. L'Anarchy qu'il connaissait, c'était cette fille, cette perle qui l'avait aidé tant de fois, qui lui pardonnait ces erreurs, qui lui souriait encore malgré la merde qu'il pouvait être. Elle l'aidait à surmonter n'importe quelles épreuves. Elle avait toujours été là. C'était ce qu'elle était.
Mais était-ce encore cette fille qu'il voyait désormais ?
Soudain, violence. Le point d'Anarchy, qui lui était destiné s'écrasa sur le visage du A. Il s'était interposé, il s'était prit le coup à sa place. Choqué, Nathan portait son attention à Gabriel alors que la belle continuait son speech. Et il lui lança un regard noir, menaçant.
- Qu'est-ce que tu m'chantes, Scarlet - on sentait l'agressivité dans ses paroles - je te l'ai déjà dis c'est MOI et seulement MOI ici, y'a rien, y'a pas de magie, arrête de t'faire des films putain.
Énervé, le ton montait de plus en plus. Parce que Gabriel avait été touché, parce que même malgré ça il était là pour le calmer, lui souriant malgré le coup qu'il venait de se prendre. Une mine désolée, Nathan souriait légèrement. Heureusement qu'il était là.
Mais l'intervention d'un autre invité allait empirer les choses. Ewan. Ce mec qu'il avait prit pour un pote, ou pas, il n'avait pas énormément confiance en ce gars. Et encore moins maintenant. Le fusillant du regard, il n'écoutait qu'à moitié ce qu'il avait à dire. Car ça n'le concernait pas, car il n'avait pas à intervenir.
- Ta gueule.
Son ton était glacial, il attrapa le bras du A pour le placer derrière lui. Cette histoire allait mal finir. Mais autant la terminer maintenant. Il fixa Anarchy et ce merdeux à tour de rôle avant de reprendre.
- Il m'a rien fait, comprit ? Et j'lèche les bottes de personnes comparé à toi qui lèche les couilles d'Austen. Rancœur dans ses mots, car Ewan était comme les autres, car il l'avait trahit comme tout le monde. J'ai pas d'comptes à vous rendre. Son regard vrille sur la belle. Tu suis RED, je suis RTP, chacun son camps. Et me crache pas d'ssus quand c'est toi-même qui a dit qu'on était opposé, tu veux qu'je ressortes les LMS moi aussi ? Si tu veux ou pourrait jouer à ça, à celui qui en veut le plus à l'autre, mais sache que c'est toi et toi seule qui n'a pas voulu de mon aide Anarchy. J'en ai ras-l'cul d'me prendre des reproches sans arrêt, tu sais maintenant c'que j'ai ressentis quand tu m'as envoyé chier comme beaucoup de gens.
Sa rage augmentait au fur et à mesure, mais serait-il réellement capable de frapper Anarchy ?
T'es qui pour lui parler comme ça, Anarchy Scarlet ? Poings serrés, rage qui enfle, qui enfle si vite qu'elle semble imploser au fond de toi, te posséder toute entière. Tu grognes et ne réponds pas. Qui tu es ? Tu n'es rien. Une personne sans intérêt, une fille dont la majeure partie de l'univers se fout ; t'auras jamais l'arrogance de te sentir importante. Mais c'est pas ce que tu es toi qui compte, mais ce que Nathan est lui. Et lui, c'est ton frère, celui qui t'avait soutenu, qui persistait à vouloir te protéger malgré ta manie de le repousser, de refuser son aide. Douleur. « Qu'est-ce que tu m'chantes, Scarlet. Je te l'ai déjà dis c'est MOI et seulement MOI ici, y'a rien, y'a pas de magie, arrête de te faire des films putain. » Tu ouvres la bouche, t'apprêtes à t'avancer vers lui pour exprimer le fond de ta pensée quant à ses affirmations.
Un poids s'abat subitement sur ton crâne. Tu lèves la tête ; quelqu'un te caresse les cheveux sans même te demander ton avis. Ewan. Surprise, tu ne réagis même pas, séchant simplement les restes de larmes salées tapissant tes joues. « Arrête tes conneries, Roméo. Ombre d'un sourire sur tes lèvres. Roméo, pas faux. Tu trompes personne ici. Ta p'tite comédie à deux balles s'arrête là. Visiblement, il trompe Nathan. Visiblement, il l'a eu, alors que toi tu l'as laissé filer entre tes doigts, fuir vers l'ennemi. Au fond, c'est probablement ta faute, si cette saloperie joue les victimes devant le roux. Tu baisses le regard vers le sol, observes tes propres pieds ; abattue par la culpabilité, incapable de résister plus longtemps. Alors c'est à ça qu't'en es réduit. Lécher les bottes des plus haut gradés ? T'espère quoi, sérieux? Tu te mords la lèvre inférieure, plantes plus profondément tes griffes à l'intérieur de tes paumes. Pupilles brillantes d'une rancoeur amère, silhouette voûtée. Plus faible que jamais. Peu importe... Je ne sais pas ce que tu as derrière la tête, j'veux pas le savoir. Si Anarchy t'as foutu une beigne, c'est que tu l'as mérité. Choc. Depuis quand il est de ton côté ? Depuis quand t'as l'impression d'être défendue par ce type ? Apparemment t'es en A. De ce fait, toi et ta merde n'avez rien à foutre ici. J'te conseil de partir le plus vite possible avant que je n'termine le travail que la miss a commencée sur ta gueule. »
Incapable de dire quoi que ce soit, tu frottes ton poing meurtri par le coup contre ta cuisse, fixant désormais le visage d'Oswald. La vue te dégoûte et te rend fière d'un autre côté ; après tout, cette marque rougie sur sa joue vient de toi, de toi seule. Le regard de Nathan t'ouvre le cœur, tu te forces à le soutenir, glissant très légèrement derrière Ewan. Ce seul soutien, ce pilier sur lequel tu ne comptes pas cracher ; tu as besoin de ne plus être seule, de ne plus te sentir abandonnée. « Il m'a rien fait, comprit? Mensonges. Et j'lèche les bottes de personnes comparé à toi qui lèche les couilles d'Austen. J'ai pas d'comptes à vous rendre. Il te pourfend de ses yeux, tu ne bronches pas. Tu suis RED, je suis RTP, chacun son camps. Et me crache pas d'ssus quand c'est toi-même qui a dit qu'on était opposé, tu veux qu'je ressortes les LMS moi aussi ? Si tu veux on pourrait jouer à ça, à celui qui en veut le plus à l'autre, mais sache que c'est toi et toi seule qui n'a pas voulu de mon aide Anarchy. J'en ai ras-l'cul d'me prendre des reproches sans arrêter, tu sais maintenant c'que j'ai ressentis quand tu m'as envoyé chier comme beaucoup de gens.
Malentendu ? Probablement. Tu ne comprends pas ce qu'il raconte, tu ne suis plus le fil de ses paroles. Aucun souvenir de l'avoir « envoyé chier » ou autre, peut-être était-ce sous le coup de la colère. Tu pourrais reculer, chopper le bras du géant et l'emmener avec toi avant qu'il ne commence à frapper Oswald – tu refuses que quelqu'un d'autre que toi puisses déformer cette tronche de rat. Mais tu avances. Tes pas te guident vers Gabriel, vers Nathan. Tu repousses le premier sans grand effort, sa carrure encore plus faiblarde que toi t'offrant un léger avantage. Et tu attrapes le bras du roux, tu le forces à se baisser pour être à ta hauteur. Crocs serrés, mine glaciale, dure. « Foutaises. Tout c'que tu racontes n'est que connerie sur connerie. T'es décidé à mentir, à inventer des histoires pour soulager ta pauvre conscience ? Tu m'as prise pour une conne, c'est ça ? J'suis pas un pigeon, j'en ai un minimum dans le crâne. Tes griffes se plantent dans son poignet, tu pointes de ta main libre le violet. T'as pas décidé tout seul de le suivre. Je te l'ai dis, je te connais, que tu le veuilles ou non. T'es pas un connard, du moins tu l'as jamais été avec moi. Et même si aujourd'hui t'es décidé à me renier et à me détester, c'est pas mon cas. Tu peux dire tout c'que tu veux j'en croirais pas un mot ; j'ai pas changé avec toi, j'suis toujours la fille qui a besoin de toi sans qu'elle l'avoue. T'avais compris que j'étais qu'une merde faible, et t'avais décidé d'me protéger. En suivant ce type, tu changes juste de merde, rien de plus. Sauf qu'à son contact t'en deviens une, c'est... Triste. »
Tu lâches son bras et le repousses durement, bien décidée à mettre de côté cette amertume pour le moment. Regard vers Ewan, sourire reconnaissant. « Merci mec, mais touche pas Oswald. Il est à moi. Tu te tournes vers l'intéressé, plantant tes rubis dans ses yeux. Je saurais bientôt c'que tu lui as fais, et à ce moment-là j'peux te dire que tu vas morfler. Même si j'le perds, j'm'en fous. » Tant que j'peux le venger, j'mettrais notre amitié aux oubliettes s'il le faut.
La situation connaissait un imprévu de taille. Gabriel Oswald ne s’était pas attendu à ce qu’Ewan Klein, un des tartarins les plus emblématiques de la classe E, intervienne dans ce conflit tout de même très privé qui voyait Anarchy acculée par son propre “frère de cœur“. Un spectacle délicieux, qu’il aurait vraiment aimé afficher sur son visage. Mais tout tragédien se devait faire fi de ses propres sentiments pour se concentrer sur la mission, ce que Klein avait très bien remarqué. Dans son langage de chartier habituel, le “monstre“ balançait ses rodomontades comme si le Président des RTP les craignait. Ce ne serait ni la première, ni la dernière fois que quelqu’un s’en prendrait physiquement à lui. Et ce coup de poing sur sa joue, cette marque rosée lui faisant crisser les dents, ce n’était pas assez pour son plan de destruction. Oui, il en voulait plus. Ce n’était même pas du masochisme, mais plutôt une obsession maladive ; une pulsion lui ouvrant toutes les portes de la déchéance à la condition qu’il obtienne ce qu’il veuille. Oui, Shakespeare était un adversaire de taille. Et il entendait bien le leur prouver. Cette mine effrayée, cette la mine frêle qui l’accompagnait depuis maintenant un bon quart d’heure connaissait maintenant une nouvelle métamorphose. Happé derrière Nathan, l’adolescent resta près de lui, presque accroché à sa taille tandis qu’il enfonçait de plus en plus de dagues dans l’esprit d’Anarchy.
Cette petite trainée allait sentir la différence. Le retour du petit sourire hypocrite. Un sourire adressé à Ewan, moins d’une demi-seconde avant qu’il ne disparaisse derechef. « Nathan, ne cède pas à la violence… » En posant ses doigts si fins sur son poing, Gabriel caressa sa paume en tentant de la serrer. « C’est ce qu’Ewan veut. Ne rentrons pas dans son jeu, sinon nous aurons perdu. Dans la vie, il faut savoir prendre des coups. L’épée de la justice finit toujours par tomber. » Et puis le britannique posa ses yeux sur la fille. Quoi qu’il puisse se passer, Scarlet finissait toujours par retomber sur ses pas. Ce n’était pas le premier scandale qui l’ébrouait. Ce ne serait sûrement pas le dernier, mais qu’importe. Cela lui était bien égal dans l’immédiat.
Remontant au front, le brun se prit Anarchy dans la gueule, qui le repoussa d’un autre côté pour fondre vers Nathan. Quelque peu désorienté, il ne remarqua pas immédiatement qu’il se trouvait juste à côté d’Ewan. Telle que la situation se posait, l’hystérique s’agrippait à son ami tandis que la petite créature confrontait l’éléphant. Il ne put s’empêcher d’intervenir face à son tissu de conneries. « N’en as-tu pas assez de dicter sa vie, Scarlet ? Rassure-moi, j’espère que tu n’es pas une de ces matrones castratrices qui veulent toujours imposer leur volonté aux autres ? » Cette question, parfaitement réfléchie, lui permettait de ne pas affirmer qu’elle était coupable tout en poussant Nathan à réfléchir : elle critiquait toujours ses choix, elle critiquait toujours sa vie avec de grands parangons de vertus. « Dès qu’il fait quelque chose que tu n’aimes pas, c’est une manipulation, c’est ça ? » Oswald afficha des yeux brillants.
« En suivant ce type, tu changes juste de merde, rien de plus. Sauf qu'à son contact t'en deviens une, c'est... Triste. »
Mais elle était conne où elle le faisait exprès ? Le lycéen ne se foulait pas beaucoup pour maîtriser la situation, il lui suffisait juste de mettre l’huile sur le feu. Elle se chargeait très bien du reste, avec ses insultes, ses pitoyables comparaisons qui la faisaient passer pour une rageuse complètement hystérique. Nathan était un homme sensible à la flatterie, Gabriel le savait. Mais eux, ils continuaient à le rabaisser sans cesse dans l’espoir qu’ils viennent se ranger docilement dans le cocon ? N’importe quel homme préférerait être choyé que critiquer. Peu importe les circonstances. Et cela inspira au jeune homme de se retourner vers Ewan.
« Vous débarquez tous avec vos grands parangons de vertus, tels des moralisateurs envoyés par l’église catholique. Vous chantonnez vos psaumes en criant au loup dès qu’un des vôtres ne veut pas suivre le chemin sectaire que vous lui imposez. Vous êtes personnels, revanchards, violents et dangereux. Ça c’est votre nature. » À tour de rôle, avec beaucoup d’audace, il posa ses yeux sur chacun des intervenants. « C’est Scarlet qui m’a invité, Scarlet qui m’a humilié, Scarlet qui m’a frappé, et tu trouves encore le moyen Ewan de me dire de dégager ? Mais si ça n’en tenait qu’à moi je ne serais jamais venu ici. Bien au contraire. Et maintenant j’y reste. » Enlevant ses gants en cuir, il soutint le regard du rouge. « Tout simplement parce que j’aime Nathan, et que je n’abandonne pas les gens que j’aime. Je ne vais pas le laisser se prendre des coups parce que vous avez l’équivalent d’un poichiche en guise de self-contrôle. Tu veux me frapper, Ewan ? Viens. Anarchy aussi. Défoulez-vous. Montrez à tout le monde ce que vous êtes. » Bien plus petit que les autres, il devait relever la tête pour dire ça. Il se tourna vers Nathan, jouant sur l’ambiguïté du mot “J’aime“. Parlait-il d’amour ou d’une simple relation platonique ?
« Voilà pourquoi nous avons fondé RTP. La violence ne résout rien, elle se contente de détruire des vies. » Tel un grand seigneur, Gabriel posa un genoux par terre comme les chevaliers attendant l’adoubement.