Sujet: 7/10. Londres ★ FEAR. {Fe Nathan}. Dim 5 Oct 2014 - 21:50
Fear {Fe Nathan}.
« Le vengeur doit creuser deux tombes. »
Le voyage ne finissait pas. Il était enfermé dans cette étrange chambre. Dans un immense château, un endroit dont il ne pouvait pas sortir, parce qu’il n’y avait pas de poignets à la porte. De temps à autre, il entendait des pas se rapprocher, pour immédiatement repartir. Le garçon aux cheveux blancs ne comprenait pas. Il ne se remémorait même pas son propre prénom. Et l’angoisse indicible ne faisait que croître. Le soleil ne se levait jamais. Par quelques moments, des très courts moments, il semblait entrevoir une petite serrure aux formes de la clef qui reposait sur la table de chevet. Dans ce décor du XVIIIème siècle, il n’avait pas vraiment conscience d’être dans un rêve. Et l’idée d’une réalité où il demeurait captif lui glaçait le sang. Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-il pas sortir ?
Une nuit, il ne comptait plus les heures, les jours, voire les semaines ou les mois, un homme entra dans la chambre. Il était vieux, un septuagénaire voire un octogénaire. Il lui semblait familier, mais l’adolescent ne parvint pas à le reconnaître. Son cœur rata un battement une nouvelle fois. Ramenant sa frange sur les côtés, il se leva très calmement. Le temps passait si lentement, l’ambiance était si étrange qu’il ne trouvait pas la force de s’agiter.
« Qui êtes-vous… ? » Demanda-t-il péniblement. « Je m’appelle Alexandre. Alexandre Barmeville. »
Un jeune homme aux cheveux châtain ouvrit subitement les yeux. Il les garda ouvert pendant de nombreuses secondes, ne voyant qu’un plafond blanc dans son champ de vision. Son rythme cardiaque était lent, il le sentait. Mais plus inquiétant encore, il ne savait pas où il était. Et il se mit soudain à les sentir. Les aiguilles transperçant sa peau. Elles déversaient des liquides ou en prenaient, peu importe, par le biais des cathéters. Une étrange machine émettait un bruit régulier. Le bruit de ses pulsations cardiaques. Qu’est-ce que cela pouvait être lent. Cette idée commença à l’angoisser. Où était-il ? Pourquoi se sentait-il… lié de la sorte à ce métal qui lui déchirait les entrailles ? Et un tissu blanc. Un étrange tissu blanc qui couvrait son œil gauche. Des douleurs. Puis ces douleurs qui apparurent. Il les ressentait dans tout son corps, enfermé à l’intérieur du pyjama blanc effrayant. Il était dans un hôpital, et il avait peur.
« Il s’est réveillé ! » Plusieurs infirmières arrivèrent. Mais l’étudiant commença à s’agiter. Ses battements s’accélérèrent. Il voulait partir. Il était angoissé. Une puissante peur s’emparait de lui. Il ne savait pas où il était, il ne savait même plus qui il était. Mais il devait partir. Le Dr. Thatcher arriva en courant, avec une seringue dans les mains, préparée en vitesse. Le jeune homme s’excita, tenta de se relever, les aiguilles déchirant sa peau alors qu’il tentait de quitter son lit. Plusieurs blouses blanches l’empoignèrent avec brutalité pour l’empêcher de s’enfuir. Des larmes coulèrent de ses joues quand Thatcher injecta le calmant. Le patient ne parvenait même pas à articuler. L’aurait-il pu quelques secondes auparavant ? On l’ignorait.
Sa vision s’embua. Tout paraissait tellement flou. Ses peines devinrent plus légères, il ne trouvait même plus la force de penser tant la fatigue s’imposait à lui. Et le temps passait… Encore. Encore. Encore. Il ne le voyait peut-être pas, mais un garçon, du même âge que lui, se tenait dans la pièce, non loin d’ici. À côté du Dr. Thatcher, qui rédigeait sur un calepin plusieurs observations avec son stéthoscope. L’étudiant avait eu l’impression d’utiliser toute son énergie pour sa vaine tentative de fuite. « J’ai bien peur qu’il ait encore besoin de beaucoup de repos. Laissons-le se reposer, M. Richardson. Et vous pourrez venir le voir demain, dans l’après-midi. »
Plus aucune énergie. L’hématome géant s’effondra dans les ténèbres… une nouvelle fois.
***
Quand il rouvrit les yeux, la chambre dans laquelle il était la veille avait changé. Plus le même décor mortuaire, plus les mêmes appareils. De nouveaux, et d’anciens qui s’entremêlaient. C’était d’ailleurs étonnant, parce qu’un thérapeute se tenant face à lui le fixait, visiblement… interloqué. On aurait dit qu’il sortait d’une absence ; où qu’il rentrait d’une absence. Dans un pyjama vert pomme, un autre garçon se tenait à côté de lui. Ce garçon lui disait quelque chose, puisqu’il l’avait entraperçu la veille. Tournant sa tête à gauche et à droite, le psychiatre prit congé, le laissant seul avec l’autre adolescent. Un haut-le-cœur manqua de le faire s’effondrer à nouveau contre son oreiller, mais il tenta de garder la hauteur. Il ne disait rien, lui qui parlait pourtant tellement d’habitude.
Sujet: Re: 7/10. Londres ★ FEAR. {Fe Nathan}. Mer 8 Oct 2014 - 21:18
i need you darling
please stay with me
Cela faisait déjà sept jours qu'ils étaient arrivés. Sept jours que Gabriel avait été hospitalisé ici, et il n'avait toujours pas ouvert les yeux. Sept jours d'attente. De longue attente. De pénible attente. Le temps défilait lentement, les minutes passaient et pourtant il n'avait jamais eut autant peur de savoir de quoi serait fait le lendemain. Oui, il avait peur, il était à bout Nathan, dès les premiers jours ses nerfs ont craqué. Le pronostic vital de Gabriel engagé, il avait eut du mal à gérer la pression, ne dormant plus, ne mangeant presque rien. L'inquiétude lui lacerait l'estomac, la peur le maintenait éveillé.
Et puis, l'état de Gabriel s'était amélioré, doucement. Sa vie lentement s'éloignée de la zone rouge, elle ne semblait plus en danger, même si les médecins insistaient bien sur le fait qu'une rechute était possible. Léger soulagement dans le cœur de Nathan.
Et il était là, encore, dans cette chambre d'hôpital qu'il connaissait que trop bien, hélas, les yeux rivés sur ce corps endormies. Il attendait, encore, et il espérait qu'il allait se réveiller, il l'espérait à chaque instant. Il espérait voir ses yeux s'ouvrir, le voir sourire, il espérait que Gabriel le reconnaisse. Car les médecins lui avait dit, il lui avait expliqué qu'au vu du traumatisme important qu'il avait subit, une perte de mémoire temporaire aurait forcément lieu. Mais Nathan n'y avait pas cru, naïf Nathan pensait que Gabriel le reconnaîtrait.
Mais c'est pas comme dans les films Nathan, Gabriel t'as bel et bien oublié, effacé de sa mémoire.
Et il l'a comprit au moment où il a tenté de le calmer : quand les infirmières se sont précipitées dans la chambre, Nathan est arrivé immédiatement. Et il l'a vu, Gabriel s'agitait dans son lit, apeuré, terrifié comme un pauvre animal en danger. Un mélange de soulagement l'avait prit, mais aussi de peur et de tristesse de le voir comme ça. Nathan a chercher, à le calmer, mais cela ne fit rien, et les médecins l'avaient obligé à rester en retrait. Simple protagoniste d'une scène qu'il ne supportait pas.
Il avait hoché la tête à ce que lui disait le médecin, n'écoutant qu'à peine, et partit se réfugier aux toilettes pour y déverser le peu qu'il avait ingurgité.
T'es faible Nathan, t'es lâche, et tu le sais. Et tu continues à te demander comment tu ferais si Gabriel venait à te quitter, lui qui a prit une si grande place dans ta vie. Comment était-elle avant Nathan ? Comment c'était avant qu'il ne soit là, toujours à côté de toi ? Tu ne sais pas, tu n'arrives pas à te revoir, tu n'arrives plus à imaginer comment tu faisais.
Tu es dépendant de lui Nathan, et tu commences à peine à le remarquer.
Et il était revenu le lendemain. Avant d'aller lui rendre visite, on le mit en garde, on lui donna des conseils pour bien aborder le malade comme ils disaient tous. Mais Nathan s'en fichait éperdument des conseils, et le seul sentiment qui régnait en lui lorsqu'il était aux côtés de son partenaire, c'était le soulagement, total. Une boule dans la gorge, les yeux rougit, le E semblait sur le point de pleurer. Il faillit même lui prendre la main, mais se ravisa : celui-ci n'avait pas de souvenirs de lui, il ne valait mieux pas le brusquer. Le médecin partit, Nathan resta là, tremblant, à ses côtés, tout simplement ému.
- Je... il se mordit les lèvres, réprimant son émotion Si tu savais comme je suis heureux que tu sois enfin réveillé.
Sa machoire se crispa, il se souvient que Gabriel ne devait certainement avoir aucun souvenir de lui.
- Tu ne te souviens pas de moi, Gabriel ?
Simple question, pleine d'espoir, même s'il en savait déjà la réponse. Léger sourire.
- ...c'est pas grave.
Ces mots, dans un mumure, étaient plus adressés à lui-même qu'à Gabriel.
- Comment tu te sens ?
Et il vint s'essuyer le coin de l’œil, Nathan avait craqué une nouvelle fois.