[Clinique] Gonna love ya like a Black Widow baby | Spenssandre

I'm gonna love you until it hurts

Mensonges.
Et le cœur de Cassandre explose.
Mascarade
Et le cœur de Cassandre explose.

« Menteur, menteur, menteur, menteur »

Elle hurle. Elle pleure. La douleur parcourt tout son corps, jusqu'à sa cage thoracique. Il s'était bien joué d'elle. Non. Elle. Lui. Elle.
Cassandre tombe au sol. Décadence. Chute. L'ange n'a plus ses ailes. Elles ont été arrachées. Par un démon du nom de Spencer.
Les larmes se mêlent à sa salive. Elle suffoque. Et la toux reprend le dessus. Elle crache du sang Cassandre. Et ça tâche sa jolie jupe blanche. Elle étouffe. Et son cœur s'arrête.
La vision l'avait prise comme ça. D'un coup. En plein cours.  Un homme. Une femme. Les deux à la fois. Vérité. Vérité. Putain. Ils étaient tous au courant depuis le début. Ils savaient tous. Sauf elle. Et ils l'avaient laissé se vautrer dans un amour impossible. Ils devaient bien rigoler maintenant. De la pauvre gamine au cœur cassé. Allez, qu'on le piétine un peu plus ! Tu verras c'est marrant ! Trop drôle.
Cassandre ferme les yeux, elle en assez de se battre. Se battre pour quoi de toute façon ? Hein ? La douleur est omniprésente. De la tête jusqu'aux pieds, à travers ses os. Chaque inspiration déclenche une nouvelle toux et un peu plus le sang recouvre ses mains. Elle va crever. C'est sur. Elle le sait. Bientôt son cœur se tétanisera. Trop choqué. Trop blessé. Et il aura bien raison. C'est qu'elle l'encourage Cassandre. Vas y, arrête toi, arrête toi maintenant. Systole, Diastole. Le rythme s'affole.
Et tout devient noir.

Cassandre ouvre les yeux.
Elle n'est pas morte. Tout n'est qu'un rêve. Un mauvais rêve. Mais la canule dans son nez et le bip des moniteurs la ramène bien vite à la réalité. Bouche encore pâteuse des sédatifs, elle tente de parler. Nouvelle toux. Plus saine cette fois ci. Un infirmière accourt, accompagnée d'un médecin. Cassandre rigole faiblement.

« Toujours pas morte docteur. Chui comme une mauvaise plante. »

Mais lui ne rigole pas.
Et tout devient noir.

Il s'ensuit une danse de tests, de médicaments. Elle est fatiguée. Si fatiguée.
Le lendemain, c'est la même chose. Encore. Et puis silence. On la laisse dans sa chambre solitaire. Felicia passe pour lui apporter des affaires, son journal, un livre, son bonnet « d’Hôpital », celui de Jasmin, qu'elle s'empresse d'enfiler. Mais Cassandre ne dit rien. Elle ne sait plus. Elle ne veut plus. Pardon Felicia. Pardon d'être si mauvaise.
Cassandre se repasse en boucle les images de sa vision. Et à chaque changement, une aiguille s'ajoute dans son cœur. Petite piqûre, isolée c'est indolore, mais par groupe de 100 ou 1000, ça commence à faire un mal de chien. Et c'est contre son oreiller qu'elle craque. Qu'elle pleure, pleure encore et encore. Cassandre pleure à s'en vider les glandes lacrymales. Cassandre pleure jusqu'à épuiser ses yeux. Cassandre pleure jusqu'à en vomir son dégoût. Elle n'a jamais été autant blessée. Elle n'a jamais autant souhaité de crever.
Bravo Spencer. Bravo Olympe. Vous avez gagné.

I'm gonna love you until it hurts

Calme. Enfin. Peut être même un peu trop. Silence perturbé par les bips répétés des machines lui permettant de mieux respirer, Cassandre lit. C'est rare, elle n'a jamais vraiment aimé cela, préférant les images aux mots. Mais pour le moment c'est du Shakespeare qu'elle a entre les mains. Pas Roméo et Juliette, bien trop cliché, mais la Tempête. Pages après page, les vers alambiqués de l'écrivain calment son cœur brisé. Au fond elle se sent un peu comme Caliban.
Et puis soudain, la porte s'ouvre, c'est un Spencer perdu, désorienté qui franchit le seuil de la chambre.
Coup de poing dans le ventre.

Ses mots sont comme du métal en fusion, coulant dans ses veines jusqu'à la faire hurler de douleur, et les larmes qu'elle pensait épuisées reprennent de plus belle. Comment ose-t-il se pointer devant elle comme ça ? Comment Olympe ose-t-elle se cacher ? Fière, elle se redresse du mieux qu'elle peut, reine sur son trône, elle cherche ses yeux à lui. Putain ce qu'elle a envie de les tuer.

« Hey. Olympe. »

Froideur, douleur. Haine. Tellement de haine. Elle abaisse sa couverture pour montrer ce qu'elle est réellement. Malade. Malade à en crever. Corps décharné et yeux usés, elle espère que l'image les frappera tous les deux. Pour qu'ils comprennent leur faute. Leur faute impardonnable.

« Dis moi Spencer, ça faisait quoi de m'entendre te dire à quel point je t'aimais ? Ca faisait quoi de savoir que je crevais d'amour pour toi comme une conne ? Tu te sentais bien ? T'étais putain de fier ? »

Lentement, elle sort de son lit, arrachant rageusement sa canule et autres perfusions. Pas grave, elle n'en aurait pas pour longtemps de toute façon.
Pas après pas, Cassandre avance, soufflant, grimaçant, elle est pitoyable. Mais moins que la personne qui se tient devant elle. Tête levée pour l'atteindre, la jeune femme pose un doigt accusateur sur sa poitrine trop plate. Menteuse.

« T'aurais pu avoir tout de moi Spencer. T'aurais pu m'avoir moi. Je t'aurais aimé jusqu'à en crever. Jt'aurais fais vivre les meilleures années de ta vie. Mais je suppose que t'étais trop occupée à bander en pensant à Gautier. Ca se passe comment d'ailleurs ? Il te préfère comment ? Avec un truc entre les jambes ? Ou bien en meuf bonne ? »

Vipère. Fallait pas jouer avec le feu Spencer, Olympe. A vous deux vous avez réveillé ce qu'elle tentait de cacher depuis trop longtemps. Si vous saviez le nombre d'horreur qu'elle a dans son sac, tout ce qu'elle pourrait vous cracher à la figure sans aucune honte. Disparu le sourire compatissant, il ne reste plus que de l'amertume.
Déboutonnant le haut de sa chemise, elle lui offre sa poitrine nue, attrapant sa main pour la poser dessus, elle lui fait sentir le contour de sa cicatrice barrant sa cage thoracique.

« T'avais pas le droit. Tellement pas le droit. N'importe qui d'autre mais pas moi. Pas à une nana qui va crever dans quelques semaines voir quelques mois au mieux. Tu me dégoûte tellement. »

Rejet brutal, elle retourne dans son lit, essoufflée, elle enfile sa canule du mieux qu'elle peux avant de le regarder à nouveau.

« Au fait. Surprise ! Je suis pas vraiment malade en fait. Désolé de vous avoir menti pendant tout ce temps. »

Pause. Rire désespéré.

« Non je déconne. On a pas tous le choix finalement. Maintenant dégage. J'ai besoin de me reposer. Sinon c'est demain que t’ira m'enterrer. »