Mini-RP | Réunion Classe E [OUVERT A LA CLASSE B]

En soi, Tanagra n’avait pas envie de venir. En soi. Elle avait peur de la violence des gens, de la violence des E. Elle savait qu’ils étaient en colère, elle le ressentait à chaque fois que son pouvoir s’activait. Depuis quelques mois, Prismver était effervescence, et chaque fois où elle faisait appel à l’empathie, des émotions négatives ne venaient la troubler.

Tout d’abord, elle pensait que cela allait se tasser. Elle avait rejoint Kick S’ Asses, déterminée à arrêter cette guerre, pour que tout le monde soit enfin heureux ensemble, main dans la main, pour stopper cette ère de fureur et de débandade. Hélas, mille fois hélas. Aussi rapidement qu’il avait été créé, KSA s’était dissous, et Tanagra avait été stoppée en plein élan pacifiste. A présent c’était les classes elles-mêmes qui se battaient entre eux ; qui organisaient leurs propres mouvements. C’était effrayant et géant à la fois.

Effrayant parce que c’était la guerre ; géant parce que ce n’était pas un révolte, c’était une révolution, comme le disait si bien le message d’Orwenn Goodwin qu’elle avait lu par-dessus l’épaule d’un rouge. Elle avait entendu dire que les B avaient le droit de venir, et elle avait surpris quelques conversations dans ce sens chez ses camarades. Alors est-ce qu’elle irait ?

Son instinct primaire avait dit « non », mais son instinct maternel avait dit « oui ». Après tout il valait mieux savoir ce que ceux qu’elle considérait comme ses enfants allaient mijoter comme bêtise, histoire de calmer le jeu si les choses débordaient trop. Après tout si cela semblait dangereux c’était que les E n’avaient sûrement aucun scrupule à mettre leur vie en jeu pour défendre leurs intérêts. Et alors, Tana avait l’intention de les protéger d’eux-mêmes.

C’est pour cela qu’elle se rendait à  la réunion. Elle savait que les stopper serait inutile. Elle venait en spectatrice, reprenant en quelque sorte le rôle qu’elle avait toujours voulu occuper depuis qu’elle était arrivée à Prismver.

Protéger dans l’ombre.

D’un pas décidé, elle se glissa dans le groupe des quelques élèves qui étaient déjà arrivés à la réunion. La majorité était des E, bien entendu, mais elle apercevait quelques cravates bleues dans la masse, dont les visages lui étaient familiers. Heath, par exemple. Elle ne lui avait jamais parlé mais c’était une de ces personnes qu’on ne pouvait pas manquer quand on abordait le sujet de la guerre des classes. Il lui paraissait sympathique ; un jour peut-être elle le suivrait et en apprendrait plus sur lui. Il se plaça à côté d’un autre bleu – Lukas, il lui semblait. Lui aussi avait l’air gentil. Tana se retint d’utiliser son pouvoir pour vérifier leurs états d’esprit -après tout elle pourrait faire ça plus tard- et reprit son observation.

Du côté des rouges, les visages lui étaient moins familiers. Il y avait Orwenn, bien sûr, celui qui avait lancé le cri du rassemblement. Artus aussi, qu’elle reconnut avec un peu plus de peine, et les autres, dont elle ne connaissait plus les noms mais sont elle savait que c’étaient leurs visages qu’on associait à l’ancien RED.

Elle se plaça dans un coin, comme à son habitude, et observa. Elle se sentait à sa place dans ce rôle qu’elle avait si longtemps occupé dans le dos de ses camarades.  Elle aimait se fondre dans l’ombre, être oubliée. C’était un peu comme si elle utilisait son pouvoir sans le faire. Recevoir, ne pas agir.

Sauf que cette fois-ci elle souhaitait agir, protéger. Elle souhaitait se battre pour leur sécurité.

Les discours étaient enflammés, explosifs –au sens propre. Tanagra sentait la passion, la révolte, sans même utiliser son pouvoir. Elle sursauta quand la table explosa ; à vrai dire si elle connaissait les visages elle n’avait pas pris la peine de se renseigner sur les pouvoirs, et cette intervention l’avait prise de court. Orwenn et Arthus avaient fait un résumé complet de leur mouvement, de leurs intentions. Heureusement, ils n’avaient pas dit des choses que Tana n’avait pas auparavant devinées ; sinon cela aurait été problématique pour elle.

Et puis vint un rouge que Tana se rappela être Gautier, l’ancien leader des RED. Il semblait méfiant ; Tana frissonna. Il parlait de traîtrise, remettait en cause la loyauté de certains dans la salle. Il n’avait pas tort ; après tout Tana ne pouvait pas être considérée totalement comme loyale. Mais elle avait foi en le monde, et elle gardait ça comme une grande loyauté.

Et puis Heath prit la parole ; elle se rendit compte à quel point il parlait bien. Son intervention lui réchauffa le cœur. Il prit la défense de la fille que Gautier avait attaquée ; Anarchy, qu’elle ne connaissait pas. Elle commença à sourire ; c’est ce qu’elle espérait aussi dans cette réunion. Un peu d’amour, de la confiance, de l’entraide.

Et puis les interventions se succédèrent ; à nouveau Arthus, Orwenn, un bleu, un autre bleu qui souleva des éclats de rire et à qui Tanagra adressa un regard interloqué devant tant de grossièretés et de violence.

Et puis, enfin, elle décide d’ouvrir sa petite bouche. Cette réunion lui semble agitée de grands principes, de grandes idées, de grands élans de méfiance et de confiance, mais elle a peur de s’y perdre, de se laisser emporter par les autres comme toujours, de se laisser entraîner par la passion quand tout ce qu’elle veut c’est les protéger des dommages collatéraux.

« Mais alors, qu’est-ce qu’on fait ? »

Elle avait un petit goût amer dans la bouche. Elle avait l’impression de mentir en s’incluant dans le « on ». Mais elle savait que si on lui demandait, elle combattra. Elle savait que si ils veulent rétablir l’égalité elle les aidera.
Alors elle attend.