I'm frustrated | Hadès

Nouveau geste de main pour balayer l’humidité de ses yeux, regard rivé vers le plafond pour pas laisser à ses larmes le loisir de couler. Il passe son temps à glander Hadès, Dahlia l’a peut-être aider à se relever mais il arrive toujours pas à sourire avec spotanéité. Il se mord la lèvre pour pas laisser ses émotions le submerger en y repensant, il s’est jamais vraiment soucié de ce qu’il ressent, pourquoi ça changerait maintenant ? C’est sans doute parce que revivre grâce à la fille qu’il estime plus vivante que quiconque lui donne l’impression d’être plus humain qu’il ne l’a jamais été.

Pourtant il a joué le jeu pendant 20 ans mais il arrive juste pas, il sait tout juste garder l’expression impassible quand on parle pas de ce qu’il l’a détruit comme ça. Il a beau tout faire pour mettre de côté son mal-être par rapport à Zelda, il y peut rien, il a toujours cette boule au ventre qui l’empêche de pas angoisser. Ca va rester un moment, il en est conscient, et même si ça finit par partir, la peur de l’abandon et le doute vont demeurer.

Il le sait, plus rien ne sera comme avant, maintenant qu’il se sent si seul il arrive pas à ne pas en être effrayé. Il remet le jeu en marche, trifouille les boutons de la manette entre ses doigts gelés, il a beau être mal il arrêtera pas de gagner. Ce sont des réflexes, des mouvements programmés, ses scores sont peut-être moins hauts mais ils n’en restent pas moins inégalés. Les autres peuvent tenter, essayer, c’est un génie et un peu de tristesse ne va rien y changer.

Soupir de soulagement quand le WIN s’affiche en grandes lettres blanches sur son écran. Il avait pas peur de perdre, ça a juste fini par l’énerver. Il éteint la console et se laisse tomber en arrière sur son lit, il a fait depuis longtemps le tour du jeu et il lui reste rien pour l’occuper. Il hésite à appeler Arsène, ça c’est sûr que ça le changerait - il appelle même son lézard et lui écrit un bref message d’une écriture griffonnée.
20 nov, les serres, 15 heures et oublie pas de t'échauffer.

Ca lui suffit, une blague équivoque comme ils en ont l’habitude, d’ici quelques jours il la reverra, le temps de se convaincre de ne pas davantage la détester. Ses yeux se lèvent sur la porte quand cette dernière s’ouvre, il découvre le visage de Devonn qui n’a même pas daigné frapper. Une phrase courte, il se contente de hocher la tête et le suit jusqu’à sa chambre. Il fait le mec qui comprend rien mais il sait très bien pourquoi le jeune Richardson l’a appelé, il galère sur la suite du puzzle que lui a mit que quelques instants à capter. Enfin, peut-être que l’étape suivante est plus relevée.

« Salut. C’est pour le journal que t’as trouvé ? »

Question rhétorique - bien évidemment qu’il le sait.
Il prend ses aises, l’autre a pas frappé alors lui voit pas pourquoi il devait se priver. Le journal est bien en évidence sur le bureau, Hadès s’avance et le feuillette rapidement, décontracté. Il découvre le message que lui-même a décodé et la suite de l’énigme, celle qu’il a pas lu, par pure flemme de continuer. Il lui faut pas beaucoup de temps pour déchiffrer le tout, il est même surpris que le gars ait pas réussi à trouver. C’est ça d’avoir toujours vécu dans la facilité. Il arrache le quatrième de couverture du carnet, découvrant une petite clé USB qui y était cachée, la tend à son colocataire.

« Tiens, j’peux t’aider pour la suite mais j’vais devoir prendre mon pc, à tous les coups y’a un virus et j’pense pas que ton ordi soit assez protégé. Enfin tu fais comme tu veux, c'ta trouvaille. »

C’est franc, direct, sans bavures.

PV. Devonn • Mi-novembre • mediumpurple