InvitéInvité | Sujet: pénitence •• pv. nova Mer 10 Déc 2014 - 0:50 | |
Tu t’es souvent demandé comment tu allais mourir. Est-ce que ta mort serait remarquée ? Des gens te regretteraient-ils ? Ton père, si honteux de ton existence, prendrait-il le temps de venir à tes funérailles ? Subtilités, inutilité - car la vraie question n’était pas là. La véritable interrogation, cause de la rapidité des battements de ton coeur, était toute autre : connaitrais-tu la défaite avant que ce jour n’arrive ? Et, par extension, la défaite serait-t-elle la cause de ton décès ? Au fond, ta vie était un combat perpétuel en prévention de ce jour - tenir la barre quotidiennement pour éviter de dériver vers la défaite. Une opération dans laquelle tu excellais, et pourtant, il était impossible de savoir avec certitude de quoi serait faite ta mort.
Jusqu’à la fin, tu serais incapable de dire si ta vie avait été utile ou entièrement vide. Vivre pour mourir de la plus belle façon possible, certains trouveraient ça stupide.
Victoire, sûrement le pilier le plus solide de ton existence à présent que l’autre s’était effrité. Le combat au coeur de ta vie désormais, malgré cet effarant sentiment de solitude qui te prenait à la gorge - l’esprit au compétition guidait ton existence. Malgré ce qu’il s’était passé à la Jim’s, tu savais parfaitement que ta relation avec Zelda n’était pas entièrement reformée. Le doute subsistait, il vous fallait un moment d’adaptation - mais, cruellement, c’était maintenant que tu avais besoin de soutien. Maintenant que tu avais besoin de quelqu’un, en permanence - et c’est dans cette optique que tu avais créé cet idéal dans ton propre monde.
Quel gâchis, pourtant - et quelle honte de voir que même la plus simple des choses te posait maintenant des difficultés. Au fond, peut-être que tu allais jusqu’à douter de ton invincibilité. Où étaient tes certitudes à présent ? T’es vide Hadès, à présent que tu n’es plus sûr de rien. Pourtant, tu te sentais plus vivre que jamais - exister dans le doute, ce connard de Descartes et sa théorie si bien trouvée. L’excitation de l’imprévu, la joie de voir qu’on n’arrive pas à prévoir ce qui viendra. T’es perdu, incapable de te retrouver dans ce qui se trouve être un brouillard épais. C’est ton existence qui défile et tu peux plus rien calculer.
Comment ça, d’être si ordinaire ? Ça fait quoi de se sentir faiblement humain ? T’as jamais connu ça, le stress lorsque le pion articule un “Mr Stone, au bureau de la CPE”. Ça t’interpellait, dressait sur ton visage un sourire satisfait. Ça fait quoi Hadès, d’être vulnérable ? Au fond, rien n’a changé, c’est juste la solitude qui pèse - tu te forces juste à te lever, affrontes le regard du géant O’Connor avant de le suivre jusqu’à la concernée. Pas de regard de travers, pas de main posée sur ton épaule comme calmant d’un comportement exagéré - t’as l’air faible vu comme ça, et pour la première fois de ta vie, ces regards innocents posés sur toi n’ont jamais été aussi vrais.
Reprends-toi Hadès, rien a changé. Reprends-toi, n’oublie pas qui tu es.
Pas d'erreur. Aucun pas de travers. Comment pourraient-ils savoir ? Et pourtant, ils sont là les faits - t’as beau connaître la CPE, tu vois bien qu’elle ne t’aime pas plus qu’un autre. C’est une relation tendue, emplie de doute et de méfiance - elle est intelligente Kerstin, tu sais bien que tes petits tours ne suffisent pas à la berner. C’était peut-être le pire moment pour te demander de jouer la comédie - ta langue se glisse entre tes lèvres, signe inhabituel d’anxiété. T’es pas habitué à tout ça Hadès, t’as toujours vécu dans la confiance absolu de toi - et à présent tu doutes de chaque chose à laquelle tu arrives à penser. Rien n’a changé Hadès, c’est l’information qui a du mal à rentrer - le doute perpétuel qui brille dans le coin de ton regard lorsque tu t’assois sur la chaise en face d’elle.
« Mr. Stone, merci d’avoir pris le temps de venir. J’ai besoin de vos services. »
Sauvé. Toute ta théorie mortelle tombe à l’eau, en même temps que ces doutes stupides auxquels tu n’as jamais vraiment adhéré. C’est le 31 Décembre et t’as absolument pas envie d’autre chose que de voir le soir arriver en même temps que les vacances d’hiver. Contrairement aux autres, t’as pas hâte du soir pour profiter du réveillon, t’as juste envie de rentrer pour t’abîmer les yeux devant les écrans jusqu’à tomber de fatigue. Tu joues d’autant plus depuis la fin du bal, tu sors que pour les cours sans déranger personne - alors malgré la mauvaise foi, tu hoches la tête, soulagé de ne pas être venu pour te faire défoncer. Stress inutile, t’aurais dû le savoir - le doute rend plus rares la réflexion logique dont t’arrives encore à disposer.
Faut te reprendre Hadès, tu vas pas rester éternellement perdu dans cette anxiété. Allez, inspire, reprends un peu de ce souffle d’arrogance qui t’a toujours fait vivre. Il lui faut quelques secondes et il arrive de nouveau à se concentrer, ses yeux retrouvent leur éclat dangereux qui les ont toujours caractérisé. Il écoute, analyse, tire la moindre information des quelques consignes qu’elle lui lance ; il n’a eu le droit qu’à quelques phrases, mais il a déjà compris ce qu’il se passait. Et le revoilà, Hadès. Il se lève, se fond dans cette politesse mensongère qui lui sert de bouclier et disparaît.
Ils ont besoin de lui alors Hadès rendra service. Il fausse compagnie à un Nemesis occupé, se dirige, le pas assuré vers l’infirmerie où on l’a appelé. Il est loin son dos courbé, comme peut l’être son regard fatigué - c’est l’esprit revigoré qui guide son corps à l’endroit indiqué. Il a eu le droit qu'à quelques détails, sa présence à la fête hier et son esprit de déduction ont fait le reste du travail pour qu’il comprenne ce qu’il s’est passé. Les mains enfouies dans les poches, il n’a besoin que d’un coup d’oeil à l’infirmière pour être autorisé à entrer. Visiblement, l’administration a prit les devants, et cette pensée dresse un sourire arrogant sur son visage quand il l'aperçoit.
La Belle au Bois dormant. 'Manquait plus qu’une scène pareille pour l’achever.
Blafarde, exténuée par son pouvoir qui s’est déclenché - Hadès fait pas de détails pourtant, on lui a demandé quelque chose et il compte bien s’exécuter. Le sort de la S lui est bien égal au fond, c’est juste un tremplin qui l’aidera dans le combat qu’il continue de mener. La CPE lui en doit une, il en est parfaitement conscient - c’est l’orgueil qui dessine ce monde lorsqu’il décide finalement de se lancer. Le décor sombre, le ciel gris foncé, il a pas vraiment fait d’efforts sinon son lit et le fauteuil dans lequel il s’est enfoncé. Il s’est même fait une télé Hadès, il risque de se faire chier alors autant s’amuser.
Encore huit heures à tuer. PV. Nova • Fin décembre • mediumpurple |
|