| | feat Princesse Anshu« Comprendre, ce n'est pas tout comprendre, c'est aussi reconnaître qu'il y a de l'incompréhensible. »_ Edgard Morin |
| Tu portes un dernier regard à ton reflet dans le miroir avant de soupirer, et tu t'éloignes pour te rendre dans le salon, faisant comme si tu n'avais jamais rien vu. Fatiguée. Tu te laisses tomber sur le canapé, cherchant d'une main molle la télécommande pour mettre à la télé une chaîne au hasard. Puis tu l'éteins, parce que tu as beau chercher tu ne trouves rien de bien. Indécise. Tu optes finalement pour une courte sieste, alors tu prends tes aises sur le sofa et tu fermes les yeux en espérant que rien ne vienne te déranger. Le sommeil se fait léger, tu penses à tout et rien à la fois, tu revois Félicia, tu revois Némésis. Tu te revois toi aussi, avec ton look débraillé et ton visage monotone, à l'époque déjà tu ne souriais pas. Ou très peu. En fait tu ne sais plus vraiment à quand remonte la dernière fois, mais qu'importe, ta vie te plaît et malgré ce pensionnat de fou tu es plutôt gâtée. Tu peux pas te plaindre, et tu veux pas vraiment non plus, alors tu te contentes de passer à autre chose, à une nouvelle image.
Anshu. Il se dresse devant toi, pas très grand tu le surpasses de quelques bons centimètres. Mais malgré ça le Prince est fier et majestueux, et à toi il te semble bien plus grand que ça. Princesse égoïste et sans pitié, tu n'sais pas pourquoi même dans tes rêves tu n'parviens pas à le détester. Pourtant y a bien des choses que tu lui reprocherais, la première étant qu'il vienne ainsi s'immiscer dans ta tête alors que t'essaie de prendre du bon temps, les autres sont bien peu importantes à coté de ça. Anshu est sans gêne mais Anshu s'en fou, ou plutôt il en profite. Tu ne lui diras jamais qu'au fond tu le respectes, parce que tu espères toi-même que ce n'soit pas réellement le cas. Idiot. Tu ouvres les yeux, grognant ton mécontentement de ne pas pouvoir te reposer comme bon te semble avant ton rendez-vous. Rendez-vous que tu as avec lui d'ailleurs, dans ses humbles appartements. Tsch, ridicule. Soupir las avant que tu ne te mettes finalement à faire les cents pas, pour faire passer le temps. Parce que tu t'ennuies.
14H15. Tu quittes la cabane d'un pas lent pour te diriger chez les S, pas encore totalement décidée. Tu sais pas pourquoi t'as accepté de tenir compagnie à un gars comme lui alors que tu aurais pu aller faire le tour des clubs et prendre de nouvelles photos pour ton blog. Tu t'sens un peu bête sur le coup, mais tu t'arrêtes quand même sur le pas de la porte. Ça fait bien longtemps que tu n'frappes plus en entrant, c'est bien trop chiant et tu as tellement l'habitude de venir ici -malgré les regards assassins de certains S- que tu te sentirais presque comme chez toi. Presque, parce que l'ambiance est beaucoup plus glauque et sous tension par ici. Électrisée. Mais ces deux coups portés sur le bois sonnaient presque comme un acte instinctif, parce que tu vas voir Anshu, qui doit sans doute être le seul dont tu te méfies vraiment ici. Anshu peut être effrayant quand il s'y met, alors tu prends tes précautions maintenant, au cas où il soit de mauvaise humeur. Pas que tu ais peur mais tu veux vraiment éviter le passage forcé à l'infirmerie, bien que ce n'serait pas la première fois.
Et finalement lorsqu'il daigne enfin venir t'ouvrir, tu hausses un sourcil léger, surprise de sa tenue. Il ne portait qu'un simple survêtement et n'était ni coiffé, ni maquillé, ça n'arrivait pas souvent. Pour ne pas dire jamais.
On t'a volé ta robe, Princesse ? C'est pas comme-ci quelqu'un voulait de ces vêtements douteux.
J'aurai voulu qu'il pleuve. Je t'aurais fait patienter à la porte jusqu'à ce que tu sois trempée.
J'aurais pris un parapluie.
Tu aurais pu sourire à une telle remarque si tu ne t'en fichais pas royalement. Tu entre, fais quelques pas dans la pièce, direction le fauteuil le plus proche contre lequel tu t'adosses avant de porter ton regard dans le sien.
Assied-toi, fais comme chez toi, c'est pas la première fois que tu viens. C'est déjà fait, t'es à la bourre petit prince. Ton regard dévie un instant sur ces murs que tu connais par cœur, "fais comme chez toi", c'est c'qu'il a dit. Heureusement que tu n'es pas du genre à trop réfléchir, sinon tu aurais déjà élaboré des tas de théories débiles sur le sens de ces paroles. C'va ?
Ouais, comme d'habitude.
C'est pas la conversation qui vous étouffe mais c'est comme ça que vous vous comprenez, c'est dans ces attitudes que vous deux, sauvages, réussissez à vous cerner l'un et l'autre. Malgré qu'il y ait encore quelques problèmes de communication. Tu prends un peu d'élan pour te décoller du fauteuil avant d'aller chercher un verre d'eau dans la cuisine, sans un mot. Au retour tu te stoppes dans l'encadrement, dévisageant le Prince d'un œil blasé.
Tu fais peine à voir dans cet accoutrement, on dirait un dépressif. Des fois j'ai l'impression d'me voir quand j'te regarde. Besoin d'aide pour les couettes ?
Tu réussirais presque à te faire rire toute seule. |