christmas chik

« … Il a préféré y aller avec sa pute. »

C’est fou comme ce mot revient systématiquement lorsqu’on parle de Stan’. Léo’ se contente de hausser les épaules, parce que ce qui se passe entre Ern’ et Stan’ ne le concerne plus, il a pas son mot à dire après tout. Et puis quand Stan’ ne joue pas la princesse jalouse qui tente de l’éloigner d’Ernest en utilisant des combines pas très claires, ça le dérange pas plus que ça.

« Nouvelle excuse pour aller lui dire bonjour avec mes poings. »

Et Léo’ se contentera de rester sur le coté pour regarder, parce qu’il l’a dit, ça le concerne pas, il se sentira même pas coupable. Il réagit pas alors qu’il voit Céleste fulminer, alors qu’il sait très bien ce dont elle est capable quand on la pousse à bout. C’est tant mieux, ça rend le spectacle à venir vachement prometteur.

« Ça attendra. »

Ah dommage c’est repoussé. Il se retient d’esquisser une moue un peu déçue, alors que sa jumelle l’entraîne dans la salle principale. Les visages se tournent vers eux, les conversations s’arrêtent un instant pour les placer au centre des attentions. Les deux Remingtons main dans la main, si c’est pas surprenant. Aux dernières nouvelles ils sont pas sensés se haïr mortellement ? Visiblement non. Et Léo’ esquisse un sourire désabusé, alors qu’il fait mine de ne pas faire attention aux autres pour une fois, il a le regard tourné vers sa sœur, l’air narquois.

« Attends pas trop non plus. Parce que Klaus finira pas être un peu plus que sa pute. Et là tu pourras plus l’approcher. »

Il hésite à en rajouter, à dire que la dernière fois qu’il s’en est pris à Stan sur la haute place il s’en était pris une, qu’Ernest avait protégé Klaus, qu’il était de son coté aussi. Mais nan, Céleste doit s’en douter. Et puis il l’a assez énervé comme ça, il est sûr qu’il leur suffit de croiser Stan dans la foule pour créer une émeute, alors ça ira.

« Mais bon, frapper ce mec te servira à rien. Puis tu ferais mieux d'arrêter de te faire remarquer, Céleste. »

Lueur un peu sévère dans ses yeux. Parce que Léo' malgré tout ce qu'il s'est passé ça reste le grand frère.

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ARHG

Elle s’en fiche, il la connaît bien assez pour savoir comment elle peut être obstinée voire carrément bornée parfois. Il la regarde s’approcher pour passer ses bras autour de son cou, ne cille par lorsqu’elle le fixe de ses yeux lagon, arborant un air désabusé.

« Tu crois sérieusement que je vais t'écouter ? Il payera, c'est ma propre volonté. Alors tais-toi et danse. »

Léo’ s’apprête à sortir son discours habituel qui fait paniquer, du genre "tu verras que j’ai raison, viens pas te plaindre plus tard que j’t’ai pas prévenue". Sauf qu’elle l’empêche d’ouvrir la bouche en lui écrasant le pied et il serre les dents, Léo’, lui adressant au passage un regard électrique et plein de reproches. Qu’est-ce qu’elle l’énerve quand elle joue la peste comme ça. Enfin, c’est pas comme si il était pas habitué. Alors il obéit pour une fois, un de ses bras enlace doucement sa taille, son autre main venant saisir l’une des siennes lorsqu’elle cesse de le dévisager, poussant un soupir.

Et ils dansent alors, valsent doucement. Les Remingtons sont bien éduqués, normal qu’ils connaissent ce genre de choses, chez les Remingtons les garçons invitent les filles à danser alors ils ont intérêt à savoir danser correctement. Peut-être l’un des rares avantages à venir d’une famille bourgeoise un peu trop hautaine. Au moins la valse tu la maîtrises et t’as pas l’air d’un imbécile quand c’est l’heure des slows pendant les bals. Ça lui change les idées rien qu’un moment, parce qu’il est bien trop occupé à compter les temps dans sa tête. Il a quelque part dans son esprit l’impression d’entendre la voix insistante et sévère de leur professeure de danse aigrie comme tout, et il les voit désobéir, mettre leur musique à eux plutôt pour leur living room routine. Il se souvient de Céleste qui faisait exprès de perdre ses chaussures bien trop hautes pour plutôt danser pieds nus sur les immenses tapis de leur tout aussi immense salon. Et comme aujourd’hui il faisait toujours la gueule au début, il rechignait quand Céleste lui prenait les mains pour l’obliger à danser avec elle, quand elle lui écrasait le pied histoire de le forcer à se concentrer, et puis il finissait par suivre, et c’était génial, et ils s’amusaient comme rarement.

Il la sent se redresser et sort de ses pensées pour baisser les yeux vers elle, avec un regard qui questionne. Y a un problème, y a quelque chose qui va pas ?

« Excuse moi je... J'ai besoin de m'asseoir.... Je me sens pas trop bien. »

Fronçant un sourcil, il s’arrête et resserre son étreinte lorsqu’elle fait mine de vouloir se reculer, lorsqu’elle lui adresse une œillade sombre. C’est toujours comme ça maintenant. À chaque fois qu’il se sent proche du but, à chaque fois qu’il a l’impression de la retrouver. Et il faut qu’elle se braque systématiquement, qu’elle le repousse avec violence pour qu’il s’éloigne et la laisse. Et Léo’ pige pas, Léo’ pige toujours pas pourquoi elle agit de cette manière avec lui, surtout avec lui. Ses mains saisissent brutalement les poignets de sa jumelle pour l’empêcher de bouger et ils sont là, au beau milieu de la piste de danse, alors qu’il lui la fusille du regard. Il est blessé, Léo’, et elle n’arrête pas de retourner le couteau dans la plaie juste après lui avoir mit du baume au cœur. Pour ça qu’il a l’air triste malgré son expression furieuse.

« Tu vas continuer longtemps à te foutre de ma gueule comme ça, Céleste ? »

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ARHG

Et le silence, rien que ce silence qu’il entend chez elle par dessus la musique les voix les rires la foule, par dessus le bruit de monde autour d’eux qui continue de tourner. Ce silence dans lequel l’écho’ de ses paroles semblent se perdre, comme à chaque fois qu’il tente de lui exprimer son mal-être. Comme s’il parlait dans le vide. Suspendu à des mots qui n’arriveront peut-être jamais. Et enfin elle lui répond, alors qu’il était resté là à la dévisager, avec la rage qui lui montait à la tête qu’elle désamorce dès que ses lèvres s’entrouvrent.

« Fais nous sortir d'ici. S'il te plait. »

Pour une fois qu’elle ne lui demande pas de la lâcher, de la laisser partir, s’éloigner. Y a quelque chose qui pèse un peu moins lourds sur ses épaules, c’est trois fois rien mais il le sent. Du coup c’est moins difficile de s’embarquer à nouveau dans cette histoire sans fin, c’est moins difficile de reprendre sa main pour l’entraîner n’importe où, loin d’ici et de ce monde qui ne les attend même plus. Pour aller où ? Il doit les faire sortir d’ici mais dehors ça veut dire quoi ? Sur les coursives, sur la berge, ou peut-être en dehors des murs, en dehors de cette île. Alors il se contente de quitter la salle de bal pour se perdre dans le dédale de couloirs étroits, cherchant à retrouver leur chemin dans ce putain de bateau excessivement grand.

Il y songe, des fois, Léo’. Il essaye de se convaincre que plus rien ne compte et que ça vaudrait parfois mieux de sortir d’ici pour de bon, de voir si il n’y aurait pas quelque chose de meilleur pour lui ailleurs. Et il se perd dans ces pensées un peu folles, ces envies de tout plaquer dont il a de plus en plus de mal à trouver la source, paumé dans sa rancune. C’est ça. Il est paumé, Léo’, complètement paumé, plus de repère, il sait jamais s’il avance ou s’il régresse, si ça vaut le coup ou non, si il devrait persister dans tout ce qu’il entreprend ou lâcher pour de bon. Pour le moment il lâche la main de Céleste alors qu’il avait enfin trouvé un endroit calme. Un des salons annexes en contrebas de la salle de bal, une pièce spacieuse ouverte mais vide, alors ça irait. Il pousse un long soupir, évitant le regard de sa jumelle lorsqu’il passe ses deux mains dans ses cheveux, s’éloignant de quelques pas vers les grandes fenêtres qui donnait sur la mer avant de s’arrêter devant l’une d’elle.

« Tu m’rends fou, Céleste. Sérieux tu m’rends complètement taré. »

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