dark side of the force •• pv. terry

Quand on se retire un poids de sur les épaules, notre corps nous semble tout à coup bien plus léger.
Sortir de l’infirmerie a quelque chose de similaire. Être libéré d’un poids, de toutes ces blessures, cette méfiance à l’égard des médecins. Je soupçonne cette théorie de reposer sur le fait que retirer tous ces bandages du corps m’a allégé, mais il n’y a pas de mal à se remonter le moral de cette façon. Quelque part, ce n’est pas totalement faux : je me sens mieux. Beaucoup mieux. J’aimerais remercier le Ranker pour m’avoir aidé dans cette prise de conscience, mais j’avais décidé de le détester.
Lui, et tous ses potes en classe S.

Je suis désolé, mais se faire tabasser est loin de vous pousser dans l’optique “paix dans le monde” même après avoir promis au maffieux du pensionnat qu’on se battrait pour. Je m’en voulais vis-à-vis de ce que j’avais dit à Hercule il y a quatre mois de ça, mais ma décision était prise. Je me battrai de nouveau - s’il voulait la paix, il ne l’obtiendrait pas avec des méthodes trop pacifistes. J’y avais cru, moi aussi, et c’est de cette façon que j’avais fini sur un lit d’hôpital - deux semaines après Anarchy, soit dit en passant. Et puis, de toute façon, je n’allais rien casser - ce n’est pas comme si j’allais m’opposer à lui d’une quelconque façon. Botter le cul de ces dorés me semblait être un bon pas en avant vers l’égalité qu’il recherchait avec tant d’ardeur.
Il y a de ces personnes que l’on ne peut raisonner avec des mots - et qui comprennent qu’ils sont aussi pitoyables que nous qu’une fois qu’ils ont pris une sale raclée.

Pourtant, au milieu de toute cette résolution de m’opposer aux S, je n’avais qu’une seule pensée en tête. Ma maison me manquait. J’avais envie de tout lâcher, de partir loin de tout ce bordel.
Seulement, ce bordel me manquerait encore plus. Le danger me manquerait, les tensions me manqueraient - c’était comme une addiction.
Je sais. C’est un peu flippant.

Croyez-moi, ces jours heureux à New-York avec mes amis d’enfance sont loin d’être regrettés, et pourtant, je prenais un certain plaisir à tout ça. Peut-être était-ce pour cette raison que je me sentais tellement libre - libre de détester enfin les dorés. Libre de pouvoir me battre sans regrets à présent que j’avais une raison de me lancer à nouveau dans ce combat. On croirait entendre un psychopathe, et à force, je finissais par croire que ça n’était pas totalement faux - se faire tabasser et être heureux d’avoir une raison d’en redemander, ce n’est pas un comportement normal.
Et ça, ça me plaisait encore plus.
Il n’y avait qu’un problème à régler : j’étais complètement inutile.

Je vous vois venir, avec votre pitié et vos phrases toutes préparées. Si c’est le cas, taisez-vous - c’est loin d’être de la modestie déplacée. En plus de ne pas savoir me battre, mon don était tellement hors de contrôle que j’étais passé plus près de blesser mes amis que ces S que je catégorisais comme ennemi. Quelque part, j’étais même plus dangereux qu’eux - et même avec toute la volonté du monde, je n’aurai pas su être utile dans cette bataille.
J’avais été clair avec Heath, je voulais combattre, c’était à moi de tout faire pour être apte à le faire. À présent, il était trop tard pour reculer.


J’avais relu ce LMS qu’il m’avait envoyé le jour de mon anniversaire, comme pour vérifier qu’il était toujours dans cette optique altruiste.
Bien sûr, nous parlions de Terry - aider un seigneur du mal n’aurait pas été un problème pour lui, pour autant que ce dernier se soit montré un peu convaincant. Pourtant, il avait beau être comme je l’étais quelques années plus tôt, j’étais toujours incapable de me comporter normalement avec un adulte. Je l’avais vu partir plus tôt à la fête - peut-être était-ce une bonne manière de commencer la conversation. Prévoir, toujours tout calculer, minimiser les chances presque inexistantes de me faire remettre à sa place. Une constante hésitation entre salut et bonjour, Terry ou Mr. Clayton, le tutoiement et le vouvoiement.
Généralement, je jouais la carte de la sécurité.
Mais il était de ces jours où les choses n’allaient pas. Ces fois où, dans un élan de colère, j’en oublie mes marques de politesse et toutes ces pensées qui fondent ma personnalité carrée. C’est rare, bien sûr, mais je suis comme poussé par un élan de témérité - et les discussions coulent bien plus facilement qu’à l’accoutumée.

« Salut. »
Je devrais presque remercier le Ranker.
« Tu m’as dit une fois de venir si j’avais besoin d’aide pour quelque chose, alors me voilà. »

Silence. Je lui laisse le temps de répondre - le détaille rapidement, presque impoliment.
Il a quelque chose de différent, ou peut-être est-ce juste moi qui généralise ma colère.

« J’aimerais apprendre à maîtriser mon pouvoir pour me défendre contre les S. » Mensonge. Les attaquer plutôt. « L’activation en soi n’est pas un problème, mais le berserker décuple ma force physique et je ne sais pas comment m’en servir. C’est ma seule arme, alors j’aimerais pouvoir l’utiliser comme il se doit. »

PV. Terry • 20 janvier • cadetblue