Mine de rien, Tybalt commençait peu à peu à s’habituer à sa condition de professeur de théâtre. Ça lui avait pris un peu de temps, quelques semaines à vrai dire, mais il se sentait de plus en plus à sa place dans cet établissement. Il avait fini pas se rendre bien compte qu’il n’était plus un élève désormais, mais qu’il faisait tout bonnement partie des adultes, cette autorité supérieure au sein de Prismver. Il n’était plus le petit B qu’il avait été autrefois, du genre bosseur mais qui ne voulait surtout pas aller en A, et aussi du genre à répondre aux professeurs. A ne pas se laisser faire quoi. Tout en ne prenant pas partie à cette stupide guerre des classes qui ne servait selon lui qu’à attiser la haine autour de soi. Il s’en rendait compte d’autant plus aujourd’hui. Dans son cours, il avait des élèves de toutes les classes. Et les caractères étaient radicalement différents. Les E étaient plus méprisés que jamais, notamment de la part des A. Cependant, l’homme aux cheveux rouges voyaient bien que certains comprenait que tout cela était inutile. Il espérait que les mentalités changeraient en tout cas. Qu’un jour, la Color War se terminerait. C’était peut-être une utopie, mais il l’espérait, c’est tout. Pendant ce temps, il se contentait de faire son travail: enseigner le théâtre, préparer des pièces avec ses élèves, tout ça… sans se préoccuper de qui est dans quelle classe. Il voulait que tout le monde soit sur un pied d’égalité et le montrait bien. C’était peut-être un des avantages du théâtre: il n’y avait pas de différences. Que certains élèves suivent moins en cours que les autres, il s’en fichait. Car il voyait très bien que ceux qui avaient des mauvaises notes dans la plupart de leurs matières, était de très bons comédiens, tout simplement parce que ça les passionnaient. Et à partir de là, Tybalt était content d’eux.
« Et n’oubliez pas pour la prochaine fois, vous devez apprendre par coeur le petit texte que je vous ai donné, on le joueras! »
Il avait donc fait un cours de plus aujourd’hui. Et ça s’était plutôt bien passé. En fait, il n’avait jamais eu aucun problème depuis son arrivé ici. Les élèves venaient par passion, et non pas par devoir. Le théâtre était une option, quelque chose à part, puis il devenait une filière pour les étudiants qui la choisissait. En tout les cas, ce n’était pas une matière imposée. Et c’est pour ça qu’il y avait toutes sortes de jeunes ici. La diversité, il adorait ça. Cela faisait déjà le troisième cours qu’il avait avec ce groupe. Et il s’agissait plutôt d’un groupe attentif et obéissant, qui faisaient les exercices correctement. Bref, un groupe comme il les aimaient, sans perturbateurs spécifique à signaler. C’était leur troisième fois à tous, sauf pour un.
« Finn? Je peux te parler? »
Il appelait toujours les élèves par leur prénom, et avait d’ailleurs une bonne mémoire. Le jeune homme qu’il avait appelé en était à son premier cours. Il avait été intégré par l’intermédiaire d’un professeur. Finn était un garçon renfermé sur lui-même et le théâtre lui avait été conseillé pour l’aider un peu au niveau de sa timidité. Tybalt avait tout de suite accepté de l’intégrer dans son groupe. Après tout, c’est aussi à ça que le théâtre servait. Il tendit un sourire au jeune homme et lui fit signe de venir, espérant qu’il avait du temps devant lui. Il souhaitait lui parlait un peu, de comment il se sentait, tout ça. Il voulait en fait être sûr que tous ses élèves soient à l’aise dans son cours. D’ailleurs, il leur disait toujours de parler s’il y avait un problème ou quoi que ce soit d’autre. Mais sachant que ce Finn était extrêmement timide, il s’était dit que prendre l’initiative de lui parler ne serait peut-être pas plus mal.
« Alors, comment s’est passé ce premier cours pour toi? »
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Sujet: Re: Laisser sa timidité de côté [PV Finn] Dim 24 Mai 2015 - 22:23
Laisser sa timidité de côté ”
La timidité. Une qualité ou bien un défaut ? Une vertu ou un vice ? Une bénédiction ou une malédiction ? Ce sentiment d'étouffement quand d'autres lui adressaient la parole. Ces sueurs froides qui s'emparaient de lui à la seule idée de devoir se mélanger à la masse d'étudiants qui se faisaient sans cesse la guerre. Ces dernières, inutiles à son sens, ne faisaient que créer la discorde et la peur dans les coeurs et une fois de plus, c'était les plus faibles qui se voyaient insultés, martyrisés, stygmatisés. En à peine quelques jours, il avait appris que paraître distant et antipathique l'aidait grandement dans sa fuite du rapport humain. Il réussissait à éviter tout contact en dissuadant ses éventuels interlocuteurs d'un de regard froid. Cela ne faisait que peu de temps qu'il était là, pourtant certaines personnes semblaient déjà avoir remarqué sa timidité. Cette façon qu'il avait d'esquiver conversations, communications, et de fuir toute relation avec autrui avait mis la puce à l'oreille à l'un de ses professeurs. Le prenant à part au terme d'une heure de cours, l'enseignant de français lui avait alors conseillé d'aller voir Mr. Di Gregorio, jeune professeur de théâtre à Prismver.
► « C'est un jeune homme très talentueux, il pourra t'aider à aller vers les autres. » avait-il dit.
Finn n'en avait guère envie, mais la discipline en elle-même l'avait toujours fasciné. Le théâtre. Un art, un jeu, ou la possibilité de se construire un nouveau visage ? À ses yeux, le théâtre représentait une voie d'infinies opportunités qui se dessinaient à l'horizon. Se mettre dans la peau d'un personnage pouvait effacer son passé, le temps d'une pièce, le temps d'un souffle. La chance de pouvoir être quelqu'un d'autre que lui-même et d'interpréter l'existence d'un protagoniste imaginaire pendant ces quelques heures de cours qui lui étaient proposées lui arrachait un léger sourire.
Le cours allait bientôt commencer, aussi Finn pressa le pas, suivant le plan qu'il s'était procuré à son entrée à Prismver quelques jours plus tôt. En entrant dans la salle d'art du premier étage, le jeune homme eut la désagréable surprise de constater qu'il était légèrement en retard. Après avoir ignoré les regards noirs des étudiants de A, il tendit la feuille de papier que lui avait donné son professeur de français. On pouvait y lire quelques mots, d'une écriture très ronde et appliquée :
Petit mot :
Au dos de la feuille, Tybalt put trouver une petite explication à son attention, lui demandant de bien vouloir accepter Finn dans son cours, ce qu'il fit de bon cœur. Intrigué qu'un homme si jeune puisse être son enseignant, Finn eut plaisir à constater que ce dernier était vraiment intéressant. Toujours très assidu et attentif, il était cette fois complètement absorbé par ses paroles et passait son temps à coucher des commentaires sur son carnet. La fin de ce cours lui parut arriver bien vite, surtout lorsque Tybalt prononça ces mots :
► « Et n’oubliez pas pour la prochaine fois, vous devez apprendre par cœur le petit texte que je vous ai donné, on le jouera ! »
Le jeune homme rangea alors minutieusement ses affaires dans le sac à dos qu'il emportait partout avec lui. Les autres étudiants étant déjà sortis de la salle, il ne restait que le professeur. Ce dernier l'interpella, lui faisant signe de s'approcher, un léger sourire aux lèvres. Que devait-il faire ? C'était un enseignant qui demandait à lui parler mais il n'aimait pas les relations, quelles qu'elles soient. Il n'appréciait pas avoir à répondre à quelqu'un. Hésitant au départ, il s'approcha de quelques pas et plongea son regard noir dans celui de Tybalt, ne décrochant pas un mot, comme il avait pris l'habitude de le faire. Il savait très bien qu'il lui faudrait parler avec ses professeurs, un jour ou l'autre. Celui-ci semblait différent. Il avait quelque chose que d'autres n'avaient pas. La compassion ? Non, c'était un sentiment que Finn n'appréciait pas. Ce qu'avait ce professeur s'en approchait, il avait de l'attention pour ses étudiants, et il le ressentait. Il l'avait appelé par son prénom. Ce léger détail avait fait la différence dans l'esprit du jeune homme. Peut-être pourrait-il réellement discuter avec lui, comme il aurait pu le faire il y a quelques années de cela.
► « Alors, comment s’est passé ce premier cours pour toi ? »
Finn avait soudainement détourné les yeux. Sa timidité reprenait le dessus malgré lui. Il se complaisait toujours dans ce sentiment d'insécurité et ce repli que représentait cette gêne face à autrui, et pourtant en cet instant, il aurait voulu ne pas en être captif. Comme toujours, un millier de réponses traversaient son esprit mais aucune ne passait ses lèvres, comme bloquées par une force invisible. Peut-être était-ce mieux ainsi ? Peut-être était-il destiné à ne pas se mêler aux autres. Il finit par se sentir vraiment mal à l'aise, debout idiot et droit comme un piquet, la tête droite mais le regard incertain, gêné. Il remis une mèche de cheveux derrière son oreille, en un geste peut-être un peu féminin mais obligatoire en raison de la longueur de ses cheveux. Sa coupe au carré d'un noir de jais qui encadrait son visage long et ses yeux d'un bleu intense lui donnaient un air sévère, mais dans la situation actuelle, tout cela n'avait plus aucune crédibilité. Prenant son courage à deux mains, il porta son regard sur son interlocuteur et l'observa un moment avant de se décider à prendre la parole. L'homme de grande taille devant lui avait des cheveux rouges et arborait un grand sourire, semblant l'encourager à engager la discussion.
► « Cela a été très intéressant, merci Monsieur. »
Il avait soudainement repris tout son sérieux. Les mots qu'il avait prononcés était empreints d'assurance, contrairement au comportement qu'il avait la seconde précédente. Cette phrase très courte, il l'avait choisie parmi des centaines d'autres qui avaient traversé son esprit. Depuis son séjour à l'hôpital psychiatrique, il avait appris à demeurer froid et sans émotion face aux autres. Les sentiments et les émotions non contrôlées étaient à son sens un danger. Un danger qu'il préférait éviter en minimisant tout contact avec autrui. Qui pourrait ne pas le haïr si jamais il perdait le contrôle ? Une nouvelle fois ? Le regard des autres l'avait déjà forcé à se murer en lui-même, il ne voulait plus avoir affaire à ce pouvoir, cette malédiction qu'il ne saurait décrire. Jamais. Une fois l'esprit un peu plus clair, il inspira profondément et resserra son emprise sur le sac de cours qu'il tenait à la main, n'ayant pas eu le temps de le mettre à l'épaule avant que Tybalt ne l'interpelle. Silencieusement, il priait pour que la conversation ne dure pas trop longtemps.
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Sujet: Re: Laisser sa timidité de côté [PV Finn] Sam 6 Juin 2015 - 3:01
Tybalt savait très bien que le dialogue pouvait être un peu difficile avec ce genre d'élève. On l'avait prévenu que Finn était extrêmement timide, au point de répondre froidement. Mais le professeur de théâtre s'en fichait un peu. Il n'était pas du genre à abandonner rapidement une discussion, et était tout à fait prêt à aider le jeune homme. Car après tout, il avait conscience que, si Finn pouvait réagir de cette façon, c'est que peu de personnes avaient fait l'effort de continuer à discuter avec lui. Et pourtant, c'était ce qu'il fallait faire. L'homme aux cheveux rouges aimait converser avec ses élèves, leur demander ce qu'ils pensaient de ses cours, etc... Oui, il aimait bien recueillir leurs avis, afin de s'améliorer, si par exemple quelque chose ne leur convenait pas. Tybalt était très ouvert à la discussion et il était très difficile de le vexer ou de le frustrer. Il prenait beaucoup sur lui et savait reconnaître ses erreurs.
Il tenait toujours dans la main le petit mot que Finn lui avait donné en début de cours. L'enseignant de français en question lui avait déjà parlé à l'oral de la situation de cet élève, et lui avais dit qu'il l'enverrait peut-être le voir un jour ou l'autre. Ce qui était chose faite. Le papier ne venait que confirmer cela. De toute façon, Tybalt ne refusait jamais un élève dans ses cours. N'importe qui pouvait venir ici, même sans s'être inscrit. L'italien voulait seulement que les élèves se fassent plaisir, rien de plus. Il espérait d'ailleurs que ça avait été le cas de Finn. Pendant le cours, il lui avait paru attentif, et très intéressé. Quand il avait fallut passer à la lecture de texte à voix haute, il l'avait fait. Ça avait donc fait très plaisir à Tybalt de le voir comme ça. Cependant, il avait tout de même décidé de l'interpeller, pour voir si ce qu'il pensait était confirmé. Le garçon hésita un peu avant de se décider à se rapprocher de son professeur. Il lui lança même un regard noir, qui n'était sûrement pas diriger contre Tybalt en particulier. Il se dit que c'était sûrement sa façon d'éviter les discussions. Mais le professeur soutint ce regard, se voulant rassurant. Il voyait bien que Finn n'aimait pas les interactions sociales, mais c'était son rôle d'éducateur de le forcer un peu dans cette voie, que ça lui plaise ou non. Et cela prendrait le temps que ça prendra. Tybalt était patient, très patient. D'ailleurs, il attendit la réponse du jeune homme, qui mit quelques secondes à arriver. Ce dernier avait détourné le regard juste après la question de l'homme aux cheveux rouges. Il cherchait ses mots. Sa timidité semblait avoir pris le contrôle de son esprit. Mine de rien, Tyblalt le comprenait. Ça n'avait pas l'air comme ça, mais petit, il était très timide. Il aimait être seul et n'avait pas beaucoup d'amis, ce qui ne l'avait dérangé aucunement. Mais le fait est qu'il comprenait parfaitement ce que pouvait ressentir Finn à ce moment-là. Une sorte de gêne, comme une peur de dire n'importe quoi, de faire des erreurs. Le professeur lui adressa un autre sourire qui se voulait encourageant. Tout ce qu'il voulait, c'était avoir une discussion, rien de plus. Le ton du garçon était sérieux, un peu trop peut-être. Il avait l'air d'avoir répondu une réponse toute faite, dans le but sûrement de satisfaire son interlocuteur. Bien sûr, c'était l'interprétation de Tybalt, et il pouvait se tromper. Sûrement que Finn avait réellement trouvé le cours intéressant.
« Content que ça t'ai plu, alors. Mais tu sais, ce n'est pas une question piège. Si tu as des remarques, des choses qui ne te vont pas dans le cours... n'hésite pas à m'en parler, d'accord ? »
Une fois de plus, le ton de la voix de Tybalt se voulait rassurant, sans aucune agressivité. Le principal était que les élèves se sentent à l'aise dans son cours. Le théâtre était une passion qu'il voulait faire partager, et il s'en voudrait beaucoup si on lui disait qu'il faisait passer un moment désagréable aux autres.
« Le théâtre peut apporter beaucoup de choses. Il peut aider à vaincre sa timidité par exemple. Je sais que ce n'est pas toujours facile pour toi, et je te félicite pour les efforts que tu as fait aujourd'hui. »
L'italien ne disait pas de paroles en l'air, il pensait vraiment cela. Il était du genre franc de toute façon, et même parfois très direct. Là bien sûr, il n'avait rien à reprocher à Finn. Au contraire, même, il était plutôt très content de lui. Le simple fait d'accepter de participer à un cours de théâtre, où l'on doit parler à voix haute devant plusieurs personnes, est une véritable épreuve pour certains. Tybalt ne le savait que trop bien. Il comprenait Finn, oui. Ce qui ne lui donnait qu'encore plus l'envie de discuter avec lui.
« Tu sais, tu peut m'en parler si tu le souhaites. Je ne t'obliges à rien, bien entendu. Mais si tu ressent le besoin de te confier... Je suis toujours dans le coin. »
Cela pouvait paraître un peu direct, un peu rapide de le dire de cette façon. Mais ce n'était pas vraiment le genre de Tybalt d'y aller avec des pincettes. Et puis, il avait vraiment envie d'aider cet élève. Pas exactement par compassion. Juste parce qu'il le comprenait, et qu'il était toujours prêt à tendre une main à ceux qui en avaient besoin. Même les plus réticents.