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 Sweet chocolate | Hamish

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MessageSujet: Sweet chocolate | Hamish   Sweet chocolate | Hamish 1400359500-clockMar 10 Fév 2015 - 4:14
feat Hamish



« You were born to be real, not to be perfect. »
Finalement ils avaient finit par se mettre d'accord sur un lieu et une heure, puis les échanges s'étaient arrêtés là. Ils avaient repris leur vie l'espace de quelques heures, vie plus ou moins paisible à jongler entre les cours et les amis. Elle était passée vite, la matinée, tellement que Nevada faillit presque oublier son rendez-vous.

Avant de partir en ville il était repassé à son bungalow pour se changer et enfiler une tenue plus confortable. Chemise, jean et gros manteau d'hiver sur le dos, il avait ensuite quitté le pensionnat. Tranquillement, parce qu'il avait le temps. Nevada ne se pressait pas, jamais. Il avait pas l'habitude de se brusquer, pourtant il savait pertinemment que ça ne pouvait que lui faire le plus grand bien. C'est pas qu'il voulait pas, c'est juste qu'il s'en foutait, royalement. Alors il avait juste traverser les rues les unes après les autres, avec son baladeur dans les oreilles et sa basse sur le dos, pour arriver au café où il devait le retrouver. Regard à gauche, puis à droite, Hamish n'était visiblement pas encore arrivé, c'était plutôt une bonne chose.

- Une table près des fenêtres, s'il vous plaît.

Y avait pas grand monde aujourd'hui, on pourrait lui accorder sa place favorite. Proche de l'extérieur pour admirer le paysage, et proche du chauffage pour pouvoir se réchauffer plus facilement, y avait pas plus stratégique. Il prit place au fond de la banquette et déposa ses affaires juste à coté, gardant un œil perdu sur la foule qui se pressait dans le froid en espérant voir qu'il arrive bientôt. C'est pas qu'il l'attendait particulièrement, lui ou un autre ça ferait l'affaire. Mais Nevada adorait la solitude autant qu'il la haïssait, et là il avait seulement besoin d'un peu de compagnie. Il avait juste besoin de quelqu'un à qui parler, peu importe de qui il pouvait bien s'agir.

Ses doigts tapotaient en rythme son OST préféré, celui qui l'inspirait et le faisait pleurer à chaque fois qu'il l'écoutait, tandis que son regard virevoltait de passants en bâtiments, puis de bâtiments en passants à chaque nouvelle note qui s'envolait dans l'air.

Accoudé sur son bras libre, il faisait pas vraiment attention à ce qu'il se passait autour de lui, il était dans la Lune, Nevada, et ça n'allait pas être simple de l'y en sortir. On lui proposa un croissant et un chocolat chaud qu'il refusa d'un signe de tête désabusé, expliquant ensuite de sa voix grave d'homme qu'il attendait quelqu'un et qu'il ne voulait pas être dérangé tant que ce dernier ne serait pas arrivé. Parce qu'il tardait un peu trop, Hamish, et ça le frustrait un peu.

Le temps s'écoula encore un peu avant qu'une silhouette sensiblement familière n'apparaisse à sa vue. Jeune homme brun aux cheveux ondulés et dont les yeux sombres semblaient avoir perdus de leur éclat au fil des ans, il était enfin là. L'apercevant dès son entrée dans le café, Nevada se redressa sur sa banquette et l'invita d'un signe de main à venir le rejoindre. Et une fois qu'il fut installé face à lui, il se permet d'esquisser une ébauche de sourire, un peu brouillon, qui prouvait sa satisfaction. Il s'était fait désiré mais il était enfin là, Aiden.

- Alors comme ça on sèche les cours pour rencontrer son parrain et on se fait désirer ?

Ils ne s'étaient jamais adressé la parole auparavant, seulement croisés dans les couloirs alors forcément ils étaient familiers l'un à l'autre, pour peu qu'ils fassent tout deux attention autour d'eux. Mais Nevada connaissait assez bien l'emploi du temps des A, et même s'il n'en avait absolument rien à faire, il avait remarqué qu'Aiden devrait être en cours, à cette heure-là.

Qu'importe au fond, si ça l'avait vraiment dérangé ils auraient décalé ce rendez-vous à plus tard. Donc bon.

- T'as l'air plus petit que dans mes souvenirs, haha.


▬ Début Février/2015 • #000000 • Code par Lix ▬
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MessageSujet: Re: Sweet chocolate | Hamish   Sweet chocolate | Hamish 1400359500-clockMar 10 Fév 2015 - 22:46
Sweet chocolate
Mains dans les poches de son pantalon, blouson d’aviateur et large manteau sur ses frêles épaules, il quittait le pensionnat, marchant à son rythme. L’Ombre parmi les vivants, comme un souffle glacial qui s’immisce dans la température ambiante - et ce n’est pas qu’une image, car l’humeur mauvaise d’Aiden le faisait agir en ce sens. Il avait l’oeil rivé devant lui, comme pour défier cette réalité qui l’avait maintes fois vaincu - un appel au combat, comme pour signifier qu’il n’avait pas encore abandonné.
Il se relevait, à chaque fois, à chaque impact.
Aiden avait trouvé en Ollie une accroche, son arrière petit-fils.
Peut-être que Sarah l’avait rejeté, mais il n’abandonnait pas ; il avait survécu à une guerre, il ne doutait pas de pouvoir la persuader. Il avait dompté la belle Alaska, avec qui il avait passé une merveilleuse soirée de Noël - et depuis peu, il venait trouver Mona, l’écoutant jouer secrètement, sans même la déranger.

Tout semblait aller mieux au moment où il allait le plus mal.
C’était comme un remède, une façon de le pousser à continuer, se relever et espérer - comme pour mieux détruire ces bribes d’espoirs qu’il semblait retrouver.
Ca lui suffisait, pourtant, juste une petite lumière dans cet océan d’obscurité. Ca lui suffisait, un poil d’espoir dans cette vie dont il ne voyait même plus le terme. Il ne se permettait même plus de croire comme il avait pu le faire autrefois, et même ce nouveau pouvoir ne l’aidait pas à penser qu’il s’en sortirait. La mort semblait si proche, pourtant, maintenant qu’il l’effleurait, son coeur lui rappelait tout ce à quoi il aspirait en demeurant vivant. Tandis qu’il n’était qu’à deux doigts de cette libération, il finissait par la détester de tout son être.
Le paradoxe de sa vie - l’effet cruel d’une vie trop longue, de l’immortalité.

On pouvait le lire sur son visage, on pouvait l’entendre dans sa respiration, l’entrevoir dans sa démarche, ses pas fantomiques comme son allure si spécifique. Aiden n’allait pas bien, et pourtant, il s’efforçait de se battre. Pulsion masochiste - comme l’envie de revivre pour se sentir de nouveau exister.
Il connaissait le lieu du rendez-vous, l’heure exacte, mais il lui avait fallu du temps pour se convaincre d’y aller. Il avait manqué de se dire que c’était une mauvaise idée de se lier avec son parrain, mais au fond, il n’avait plus envie de se retirer. Plus envie de penser aux autres, après ce que Sarah avait fait - besoin de trouver quelqu’un, d’échapper à cette cruauté qu’il n’avait pourtant jamais cesse de s’infliger. Assis au bord de son lit, la tête dans les mains, il s’était répété maintes fois de ne pas céder - il s’était murmuré à lui-même son propre désespoir, comme une raison sans faille pour aller trouver là-bas un peu d’amitié.
Go, go, go - la voix douloureuse, barrée de culpabilité. Go, go, go - comme une incantation, se laisser bercer par la magie de l’humanité.

Au final, il avait fini par s’y rendre, l’estomac noué dans un mélange de honte comme de tristesse anticipée. La malédiction allait se poursuivre, mais l’allure du jeune homme lui disait qu’il n’était pas si différent que lui. Il avait sa part d’ombre tandis qu’Aiden en était constitué - un côté mauvais par lequel Aiden s’était déjà laissé submerger.
« Alors comme ça on sèche les cours pour rencontrer son parrain et on se fait désirer ? »
Un sourire amusé se plante sur ses lèvres gelées, ses yeux vieux comme le monde se plantent dans ceux de celui qui était censé prendre soin de lui. C’était peut-être lui qui avait tiré le mauvais lot - devoir s’occuper de maintenir une personne déjà brisée. La seule chose qu’il espérait, c’est que Nevada ne se sentirait jamais responsable, que peut-être ils pourraient construire une amitié, loin de ce système qu’il estimait inutile.
Aiden avait connu le vrai Refuge aux Sorcières, il y a des siècles, ce n’est pas cette école emplie de magiciens stupides qui le perdrait.
A l’époque, sous le joug de la chasse aux sorcières, il y avait une vraie solidarité - et maintenant, ces gosses se faisaient la guerre pour une différence de couleur. Ca lui semblait pathétique, et tout ce qu’il espérait, en le fixant avec ses yeux d’une profondeur sans nom, c’est qu’il ne se rabaissait pas à ces imbécilités.

« Ca fait longtemps qu’on ne m’a pas désiré, et si c’est le cas, même pour quelque chose d’aussi infime qu’une rencontre amicale, je devrais te remercier. »

C’est peut-être rien du tout, simplement un sentiment de chaleur qui chatouille son ventre, mais si c’est sincère, alors ça lui suffit amplement. La température remonte sous sa volonté, rendant l’espace bien plus confortable, chaleureux, parfait pour apprendre à connaître quelqu’un. Ca semblait presque romantique - mais il avait fini par le savoir, après presque 500 ans de vie, il n’était pas du tout intéressé par les hommes.
Plus petit que dans son souvenir - il n’était pas fier de son don, mais ce genre de remarques lui arrachait toujours un rictus arrogant.
Lui savait, lui connaissait le vrai sens de ces vies immortelles que tout gamin désirait. Lui avait tout vu, cette Histoire que les gamins étudiaient, ce passé brutal, cruel auquel la société actuel leur faisait échapper. « Le physique n’a jamais été qu’un simple outil de validation de notre existence - une preuve que notre conscience n’est pas un mensonge et que nous sommes bien présents ici. Descartes est allé plus loin que ça, encore, mais... je n’ai pas trouvé d’autre utilité à nos corps. » Sinon le voir figé dans le temps, ou recevoir avec amertume le sang de sa propre lignée, étalé sur le propre objet de sa malédiction - son visage qu’il avait fini par détester.

« Désolé, je m’égare. » lâche-t-il finalement, « Sécher les cours ne me dérange pas, j’en connais bien assez sur le monde. »
pv. nevada •• début février •• lightsteelblue
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MessageSujet: Re: Sweet chocolate | Hamish   Sweet chocolate | Hamish 1400359500-clockDim 15 Fév 2015 - 20:36
feat Hamish



« You were born to be real, not to be perfect. »
- Ca fait longtemps qu’on ne m’a pas désiré, et si c’est le cas, même pour quelque chose d’aussi infime qu’une rencontre amicale, je devrais te remercier.

- Je ne crois pas qu'aucune chose qu'un homme puisse faire soit infime, en fait. Parce que quoi qu'il se passe, ces choses auront toujours des conséquences, tu ne penses pas ? Plus ou moins lourdes, on en aura pas forcément conscience mais elles seront bien présentes.

Il avait parlé avec le sourire, Nevada, léger sourire qui ne s'estompa guère lorsqu'Hamish prit place face à lui. Ça lui faisait plaisir de savoir qu'il pouvait parler à quelqu'un, heureux de constater également que son interlocuteur semblait bien différent des autres. Plus posé, plus calme, plus sérieux - seul et éteint. Était-ce seulement une impression ?

Tu as bien fait de venir, je t'ai vraiment attendu tu sais.
Peut-être plus pour moi que pour toi, mais c'est sincère.


Plus ou moins.
Parce qu'ils étaient rares les moments où lui-même connaissait ses véritables sentiments, le reste du temps il s'amusait à faire croire qu'il était pas si mauvais que ça, qu'il pensait c'qu'il disait. Il se disait être un mec normal, juste identique aux autres, mais ça c'était pas possible. Non vraiment, impossible. Parce que si c'était vrai on courait à la catastrophe, droit dans le mur, y aurait juste à faire exploser cette putain de planète et tout recommencer. Parce que Nevada c'était pas un type bien, mais c'était pas un salaud non plus. Qui voudrait d'un monde où ne vivaient que des êtres paumés comme lui ? Personne.

Voilà pourquoi il se sentait bien, là, assis à cette table -sa table, il pouvait penser, laisser libre court à son imagination et à ses rêves. Oh, des rêves il en avait, des envies il en avait, il était Humain après tout. Mais il les cachait, toujours plus profondément parce qu'il était de ceux qui pensaient que vouloir ne rimait à rien, il fallait ce contenter de ce que l'on avait. Et si on perdait ce peu déjà acquis, et bien... Advienne que pourra, c'est la vie faut faire avec. Il s'était retiré le droit de rêver à la mort de son père, le droit de vouloir après le départ de Grey, seulement.. Son regard se posa sur Aiden, sans un mot, il écoutait simplement la maturité de ses propos. Il faisait drôlement adulte, pour un mioche de 17 piges. Sentiment étrange d'avoir devant soit quelqu'un de beaucoup plus grand, de beaucoup plus brisé.

Quelle est cruelle la vie, tellement vil et pourtant si attractive. Addictive. On s'y accroche même lorsqu'on en veut plus, on la rejette pour la rattraper deux heures après -parce qu'elle nous manque, la vie, elle nous manque terriblement. Et c'est le même schéma qui se reproduit, encore et toujours, sans cesse, sans un temps pour se reposer. Plus une seconde pour respirer. Ce monde est idiot, mais ce sont des gens encore plus idiots qui vivent, dans ce monde idiot.

Quel gâchis.

- Descartes est allé plus loin que ça, encore, mais... je n’ai pas trouvé d’autre utilité à nos corps.

Il n'avait écouté qu'à moitié, l'esprit bien ailleurs pour une fois, pourtant concentré sur ce qu'il disait. Il avait retenu l'essentiel, l'interrogation laissée en suspend dans un sentiment étrange de fatalité, et d'autre chose certainement, autre chose dont il ne parvenait pas à saisir la nuance.

- Désolé, je m’égare. Sécher les cours ne me dérange pas, j’en connais bien assez sur le monde.

Voilà qui confirmait quelques doutes déjà bien encrés, il n'y avait pas d'arrogance, pas de supériorité, aucune animosité. Et c'est ce qui fit penser à Nevada que derrière cette apparence de gamin il y avait bien plus profond, bien plus vivant mais aussi bien plus sombre. Compliqué, c'était le mot. Compliqué mais passionnant, et il se prenait au jeu, Nevada, il se laissait charmer par sa curiosité et l'enivrante atmosphère des lieux, de sa présence, qui le faisaient se libérer.
Un peu, rien qu'un peu.

- Les corps sont là pour mettre en oeuvre les désirs de l'âme. Affirmation à laquelle il croyait dur comme fer. J'ai jamais vraiment vu deux âme s'enlacer, par exemple. Sans particules physiques c'est impossible, pour elles de s'enlacer et pour nous de les observer. ..Mais on fait beaucoup de choses qui ne riment à rien avec, c'est un fait. Il marqua une pause le temps de soupirer un peu. 'Fin bon, j'suis pas très calé philosophie.

Oui passons, il ne fallait pas qu'il s'évade de trop, sinon le retour sur Terre serait bien trop brutal, bien trop douloureux à supporter. Et il plongerait, replongerait, à pieds joints dans cette vie de débauche que bien d'autres détestaient à sa place. Il reprendrait le court d'une vie normale en souffrant plus encore de ce qu'il ne pouvait être -de ce qu'il ne voulait être, en réalité.

On vint prendre les commandes le sourire aux lèvres, la gentille serveuse d'un peu plus tôt ayant laissé place à un jeune homme, charmant jeune homme, qui paraissait bien gagner sa vie. Il doit en avoir de la chance, celui-là. Jalousie refoulée par un regard bienveillant à son égard, tandis qu'il demanda un café serré et un gros bol de chantilly. Peu commun mais accessible, alors il en profitait. Le serveur partit vaquer à ses occupations, il reporta son regard sur Hamish sans vraiment faire attention à son expression. Il réfléchissait et finalement les mots sortirent d'eux-même, dans un souffle enchanté.

- Toi aussi t'en as bavé, pas vrai ?

Trouble ressemblance,
Vague espérance.


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MessageSujet: Re: Sweet chocolate | Hamish   Sweet chocolate | Hamish 1400359500-clockMer 18 Fév 2015 - 23:10
Sweet chocolate
Ils étaient là, assis l’un en face de l’autre, déversant toute leur âme dans leurs regards croisés, laissant transparaître les sentiments ressentis, toute leur douleur, leur fierté, tout ce qui semblait les caractériser.
Aiden n’eut aucun mal à voir dans les yeux de Nevada, déchiffrer cette tristesse, la marque de ce verre brisé qui le définissait. Il voyait, à sa seule tenue, ses expressions - comme sa voix teintée d’un mal camouflé. Un mal qui semblait tellement profond, à l’image de tout le passé lourd que le jeune homme portait.

Il était le même que lui, la douleur amplifiée au centuple, il avait connu le mal, additionné à des erreurs qu’il ne pouvait s’empêcher de connaître. Tellement tourmenté par sa propre vie, le fantôme perdu, qu’il avait fini par associer ce mal à sa propre existence délaissée.
Il pensait à toute cette douleur, cette interminable flamme qui le consumait, comme passion dangereuse, un amour éternellement insatisfait - pilier même de cette humanité qu’il possédait.

L’âme enchaînée à ses désirs, le coeur broyé de toute la souffrance qu’ils provoquaient ; regard reflétant toute cette vie au poids inégalé.
Prisonnier de son humanité, volonté éteinte par la nature-même de ce qu’il était. C’était ça, qu’il transmettait, ce cercle vicieux, cette amour auquel il ne pouvait échapper - cette douleur qui n’en finirait jamais de revenir le hanter.

« Je ne crois pas qu'aucune chose qu'un homme puisse faire soit infime, en fait. Parce que quoi qu'il se passe, ces choses auront toujours des conséquences, tu ne penses pas ? »
Il tourne la tête négativement, en silence.
« Plus ou moins lourdes, on en aura pas forcément conscience mais elles seront bien présentes. »

Hochement de tête, cette fois. Aiden a toujours été un type poli et il se tait, bien que pas vraiment d’accord avec sa vision des choses. Quelqu’un d’intelligent comme lui aurait probablement une autre vision du monde en temps normal, mais son cas était à part. Il avait eu tant de problèmes à cause de son corps, de sa vie perdue à son esprit brisé - si bien qu’il avait fini par adopter une autre logique à l’image de son expérience passée.
Le corps était une preuve, la souffrance qu’il endurait, le signe même qu’il continuait de vivre malgré toute la haine qu’il portait envers sa propre existence. Tout acte avait peut-être des conséquences, mais pas celles attendues - c’étaient surtout des malheurs qui vous tombaient dessus, comme le regret d’avoir voulu s’accorder un moment de bonheur.

Comme si, Aiden, t’avais le droit à toutes ces choses que t’as jamais fait que repousser. Passer la barre des 400 ans n’y changera rien, pas plus que troquer ton immortalité pour une vie courte dont tu ne pourras même pas profiter.
Pourtant, c’est bien pour ça qu’il est là en compagnie du parrain qu’il a lui-même eu le désir de contacter.
Assis en face de lui, à écouter sa philosophie maladroite, enduite de toute sa douleur, l’expérience qu’il avait sûrement acquise.

La vision de la vie en disait beaucoup sur les gens et Aiden tenta de le cerner, cet individu à l’allure si close, au look tellement sombre. Il lui ressemblait physiquement, le français espérait simplement que ça n’était que l’unique point commun qu’ils auraient. Personne selon lui, pas même ceux qu’il avait réussi à détester, ne méritait de subir un sort aussi misérable que celui qu’il endurait. Côtoyer ce bonheur libre d’accès, effleurer la fin du conte sans jamais pouvoir l’atteindre.
Pas seulement frustré, mais aussi torturé de cette injustice, cette existence qu’il ne pouvait passer qu’à contempler, seul, sous le joug d’une envie qu’il ne pourrait satisfaire.

« Toi aussi t'en as bavé, pas vrai ? »

La question ne le surprit pas vraiment, tout d’abord parce que ce garçon lui ressemblait à sa manière - bien qu’en toute modestie, il ne pensait pas qu’il ait connu désespoir similaire au sien.
Mais Aiden savait, il avait apprit à lire dans le regard des autres, à déchiffrer l’allure, la vie, les sentiments de chacun à la seule tenue qu’ils abordaient. Lui-même avait beau dire, jamais il ne pourrait marcher la tête haute en portant des vêtements colorés.

Son style, son regard, sa façon d’être reflétait toute la masse du mal qu’il portait, et il s’en moquait - personne ne saurait imaginer tout ce qu’il avait bien pu vivre jusqu’ici. « Je suppose que ce n’est pas surprenant. » Quelques mots simples, il tend la main pour saisir le thé qu’il a commandé, abandonnant l’espace de quelques secondes les iris de son interlocuteur pour les vriller sur la boisson qu’il engloutit doucement.
Une ou deux gorgées après lesquelles il expire doucement, comme revigoré par ce simple plaisir quotidien.

« Tu veux parler de ça ? Je n’ai aucun doute sur le fait que les malheurs sont ce qui nous définit le plus, alors, pour apprendre à se connaître, c’est une très bonne idée. » Courte pause, il lève les yeux vers lui. « Mais ce sera très long. Et, comme pour toi je présume, pas vraiment joyeux. »
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MessageSujet: Re: Sweet chocolate | Hamish   Sweet chocolate | Hamish 1400359500-clock
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