Un an de plus et vingt centimètres de moins

Tu papillonnes doucement des yeux pour chasser le flou de ta vision, essayant de lire les quelques chiffres dessinés sur le quadrant de ta montre digitale. Dix minutes. Plus que dix petites minutes et tu serais enfin libre. Tu n'attends pratiquement que ça depuis que le cours d'histoire a commencé. Si il y a bien une matière qui t'ennuie plus que les autres, c'est celle-ci. Tu empoignes finalement de nouveau ton crayon et le fais glisser entre tes doigts en inspectant les dernières choses que tu as griffonné sur ton cahier. Illisible, comme tu t'y attendais. Même si tu es assez polyvalent, tu n'as toujours pas trouvé comment écrire et somnoler en même temps pendant les cours ennuyant. En tout cas même si tu parviens encore à gratter le papier à ces moments-là le résultat n'a pour la plupart du temps aucun sens.
Bon sang, tu as l'impression que tes yeux sont sur le point d'exploser. Pourquoi les cours d'histoire doivent toujours sembler aussi longs? Tu passes tes mains sur ton visage en une vaine tentative de te réveiller un peu, poussant un soupire agacé. Autour de toi, les autres élèves suivent plus ou moins le cours, et le professeur à l'air trop plongé dans sa dictée monotone pour remarquer ton état. Tu profites de ton bref instant de conscience pour reprendre tes notes, copiant rapidement les quelques phrases que tu as manquées depuis le cahier de ton voisin de table.
Sept minutes. Tu as réussi à rattraper ton retard même si ton écriture est vraiment dégelasse, mais écrire soigneusement est impossible tant que tu seras sur le point de t'endormir. Tu gribouilles un lézard dans la marge de ton cahier histoire de te garder occuper. Il suffirait juste que tu te perds un peu trop longtemps dans tes pensées pour finir tête contre la table à ronfler sans que tu t'en rend compte.

Quand la sonnerie retenti enfin, toute ton énergie semble te regagner d'un coup. Tu n'as plus qu'une envie maintenant, et c'est de sortir d'ici. Tu fourres rapidement tes affaires dans ton sac à dos et le jette pratiquement sur ton épaule, te dirigeant d'un pas rapide vers la sortie. Pourtant, à peine les pieds mis dehors, tu te heurtes à quelqu'un. Une fille, plus petite que toi.

Regarde où tu marches gamine, tu lui grognes.