This is not a goodbye || Joshua and Leann

Je n’avais pas spécialement envie de me déplacer, j’étais plutôt d’humeur à rester enfermé dans ma chambre à lire ou faire de la musique, envie de rester seul quoi... J’avais déjà donné dans la sociabilité ces derniers jours, je pense particulièrement à la plage.
Mais bon ce que j’allais faire ce n’était pas pour moi. Orange venait de revenir, il était parti déposer un LMS auprès de Chan. J’y répondis en m’appuyant sur ma table de chevet. Oui il était 17h et j’étais au lit, je ne m’étais pas remis de l’épisode de la plage. C’en était trop pour mes batteries sociales. J’avais une affreuse mine, j’étais pâle, plus pâle que d’habitude, avec de grosses cernes noires sous les yeux. J’avais dit à Chan que j’avais trop fait de lasagne mais en fait c’était faux, je n’avais rien fait du tout, c’était pour ne pas éveiller des soupçons quant à mes intentions.
C’était une espèce d’intervention entre Chan et Leann que je tentais de mettre en place. Je m’étirais. « Dans 5 minutes je sors du lit. » j’allume à tâtons ma station de musique sur ma table de chevet. Je ferme les yeux, trois musiques plus tard, je me réveille en sursaut. Je regarde l’horloge digitale de mon dock. « Putain… J’vais être à la bourre. » bien que je n’avais fixé d’heure j’avais pour habitude d’arriver à 19h.

Je me roulais jusqu’au bord de mon lit, et je me levais. Je ballais avant de m’étirer à nouveau. Je sortis, je me lavais les mains, j’enfilais mon tablier et je me mis aux fourneaux sans attendre. J’ouvrais les portes des meubles en ayant peur de découvrir que je ne m’étais pas souvenu avec exactitude du contenu du frigo et des placards et de me retrouver comme un con dans l’impossibilité de faire ce que j’avais promis à Chan.
Mais par chance ma mémoire ne m’avait pas fait défaut. Bon j’en ai pour trente minutes de préparation et quarante de cuisson, je me préparerai pendant ce temps, et je finirais de les faire cuire chez Chan. Pas besoin de livre de recette, j’avais tout en tête. Je m’exécutais.

Tout était prêt, je portais un jean bleu marine, et un hoodie bordeaux la capuche enfoncée sur la tête, j’enfilais ma paire de converse assorties à mon hoodie… J’aime cette couleur c’est tout ok.
J’enfilai une paire de gant épaisse et je pris le plat avec moi. Je sortis discrètement du bungalow. Personne dans les alentours. Je me dirigeais hâtivement vers la cabane 10. Une fois devant j’arrêtais de faire phaser mes pieds afin de me faire remarquer par les bruits de mes pas. Je n’aimais pas laisser de traces au sol.

Je ne pris pas la peine de frapper, j’entendis Chan se diriger vers la porte, elle ouvrit. Elle n’eut pour salutation que ma pauvre mine macabre. Blanc morbide, avec de grosses cernes violettes qui viraient au noir. « Salut. » dis-je d’une voix faible. J’entrai sans attendre qu’elle ne m’y invite.
Je posais le plat directement dans le four, je le lançai à 220 degré, je regarde mon téléphone « Appel d’urgence uniquement... Hmmm… Dans dix minutes ce prêt. Le temps que Leann arrive ça pourra refroidir. », je tirai un verre vide d’un placard, et je me servis un verre d’eau d’une bouteille qui traînait, je ne bois pas au robinet, ici je me méfie, bien que Loïs m’ait à la bonne je ne préfère pas courir de risque. « Ça va Chan ? Tu sembles préoccupée. C’est le départ de Leann… Vous avez pu en parler depuis la plage ? » je retirais mes gants que je posai sur le plan de travail.

Je tirai une chaise avant de m’asseoir dessus, je fais signe à Chan de me rejoindre. « Une petite salade passerait parfaitement avec tout ça. Laissons Leann s’en occuper, les absents ont toujours tord hein. » lui dis-je en essayant d’exprimer un sourire de mon visage épuisé. Je faisais peur à voir, mes yeux me brûlaient, ça ne me surprendrait pas de tomber malade dans deux ou trois jours. Je dois couvrir quelques choses. Ou c’est le contrecoup de la fête de Lance... J’enchaîne les évènements de ce genre. A force de repousser le repos. Tout tombe d’un coup. J’ai hâte de voir la tête que va tirer Leann en voyant l’épave rouillée que je suis.

Chan évita ma question sur l’éventuelle conversation qu’elle devait avoir avec Leann. Et elle me demanda si j’allais bien, j’avais vraiment une sale mine. Leann entra en scène, elle refit allusion à l’épisode du Lézard Bourguignon ce qui amusa Chan qui me regarda intriguée.
Leann s’approcha de moi, je regardais Chan l’air blasé, « Oh mon… Ca va? m'enquis-je. Tu as l'air exténué. Tu veux t'allonger un peu? » la tête affalée sur ma main je levais les yeux au ciel, seule Chan pouvait le voir, De Laine était trop occupée à s’affoler dans tous les sens.
Le Scared Leanny Show venait de commencer… « Si tu veux dormir, il y a pas de soucis. J'ai un roll-on pour les yeux au thé vert… euh dans un carton mais je peux envoyer Kei te le sortir, hein? Tu veux un plaid quelque chose? » je faisais le décompte, je mimais des lèvres “un… deux… trois…“ toujours en direction de Chan, et pile à trois, Leann semblait réaliser son hystérie. « Ou rien du tout… ça va aussi, rien du tout… »
Chan se leva et s’occupa de la salade, sans dire un mot je me leva, je ne pus retenir mon énorme bâillement et je partis m’affaler sur le canapé, la capuche enfoncée sur la tête, et les mains dans la poche centrale de mon hoodie. « Vous savez que c’est inévitable ? »

Je me mis à mon aise sur le sofa, allongé sur le côté, tête face au dossier, je tournais le dos à mes hôtes certes mais j’étais plus à l’aise ainsi. « Chan tu devrais dire à Leann ce que tu ressens vis-à-vis de son départ. » je baillai de nouveau, je sautai à pieds joins dans le vif du sujet, la fatigue ne me rendait guère plus diplomate, bien au contraire. « Et toi Leann tu devrais rassurer Chan et lui faire comprendre que nos petites réunions, repas, ou je ne sais quelle petite sauterie improvisée ne prendront pas fin parce que tu changes de chambre. » je m’étirai et je me retournais vers elle. « La communication est la clé à tout bon rapport les filles. Alors… Parlez. » dis-je le plus simplement du monde.