Sujet: Bad day, Bad memories ▬ ft. Stephen Mer 2 Sep 2015 - 21:01
"Tout le plaisir et toute la joie que l'amour peut faire ressentir se paient un jour ou l'autre en souffrances. Et plus on aime fort, plus la douleur à venir sera décuplée.''
▬ La mécanique du cœur.
BAD DAY, BAD MEMORIES
Trois mois que cet enfoiré de Maël avait trafiqué ta mémoire. Trois mois que tu ressentais ce mal être, cette solitude qui te prenait, te bouffait petit à petit, tel un charognard tapis au fond de toi. Quelque chose te manquait et tu t'accrochais aux antidépresseurs comme à une bouée de sauvetage sans réellement comprendre ce qui se passait, paumé.
Deux mois que t'essayais tant bien que mal de comprendre, que tu t'es un peu réfugié dans le passé dans l'espoir de récupérer ses souvenirs dans un temps auquel tu n'appartenais pas. Que t'assurais un poste d'infirmier en dessous de tes compétences, que tu te liais presque naturellement à des élèves, les protégeant bien plus que tu ne l'aurais fait auparavant. Louche.
Et toujours ce même rêve, qui revient depuis une dizaine de jours. Quelque chose de banale, de bancale. Tu te balades dans Central Park, proche de ton ancien chez toi et tout semble serein. Le soleil brille au dessus de ta tête, les conversations bourdonnent autour de toi et on entend les rires des enfants. Certains lancent des frisbees à leurs chiens, d'autres prennent un hot dog, une glace au stand... Mais quelque chose cloche dans ce tableau presque idyllique. Planté au milieu de tout ça, tu tournes sur toi même doucement, cherchant un indice qui te donnerais raison.
Tu ne te souviens pas t'être baladé de ce coté de Central Park, du moins, pas dans les souvenirs qu'il te reste et ce rêve est presque trop tangible, presque réel. Comme si tu y étais. Tu cherches quelqu'un au milieu des enfants qui jouent près de toi, mais t'es incapable de savoir qui... et le stresse monte. L'angoisse te tenaille rapidement, toi qui ne perd jamais ton sang froid, parce qu'il faut a tout prix que tu retrouves cette personne rapidement... et c'est la seule chose que tu sais.
Réveil secouée. Switch et tu pars pour ton présent à toi Esteban, trois ans dans le futur.
Tu te balades dans les couloirs du pensionnat, discret, comme tu le fais déjà en étant infirmier. Un peu pressé, t'ignores les pensionnaires sur le chemin. Si peu de chose ont changé en trois ans : le décor, les murs, l'ambiance sont les mêmes... seul les gens ont changé. Arrivé devant le bureau des surveillants, t'entres sans cérémonie.
- Pourquoi tu m'as caché que j'étais devenu pédiatre ? - Euh, Est-...
Maël est seul, heureux coup du sort. Ton meilleur ami est toujours aussi surpris à chaque fois que tu reviens inopinément. Assis les pieds posés sur le bureau, il se relève rapidement pour te faire face. Tu l'agresses presque avec tes questions mais tu te méfies surtout de lui, froid, te tenant à distance. Après autant d'années et d'expériences vécues ensemble, t'as plus confiance en lui.
- Pourquoi ? - C'est un détail, ça.
Maël hausse les épaules, tu le connais Esteban, tu le sais là, à sa façon de chercher ses mots, de regarder sur le coté qu'il essaie de se dérober. De gagner du temps. Mais t'es particulièrement tendu, prêt à perdre les pédales : t'as besoin d'avoir des réponses.
- J'ai fais du mal à un enfant, c'est ça ? Maël hoche la tête négativement. - Nan, Esteban t'as fais du mal à personne. - Pourquoi tu me l'as fait oublier, alors ? J'ai tué un enfant sans le faire exprès ou pire... ? - Quoi, mais non. Il agite les mains, perturbé par ton sous-entendu. T'es quelqu'un de bien, t'aurais fait du mal à personne et surement pas à un môme. T'étais un bon pédiatre, tu menais bien ton service. Il essaye de te rassurer, mais tu t'en fous, il répond pas à ta question. - Parce que… c'est moi qui étais à la tête du service ? Ouai, ça tu le savais pas. - Est' t'as une sale tête... ça fait combien de temps que t'as pas dormi ? - Je dors mal et j'men fous, Maël.
Sec. Tu fais une pause et ton regard balaye les alentours, perdu. Maël s’inquiète pour toi, il fait un pas vers toi, t'en fais deux en arrière. T'as les yeux éclatés par la fatigue, les traits tirés, la voix qui déraille... Mais tu t'es pas regardé, Esteban, ton état c'est pas vraiment le cadet de tes soucis. Tu dors mal depuis dix jours, dix putains de jours ou tu te réveilles complètement angoissé à cause de ce rêve.
- Quelque chose s'est passé à Central Park ?… J'ai perdu quelqu'un là bas c'est ça, Maël ?
Maël arque un sourcil, parce qu'il sait de quoi tu parles. De cette fois là, où Emily avait disparu de ton champ de vision, ça n'avait duré que quelques minutes, mais tu t'en étais tellement voulu Esteban. Un enfant avait disparu au même endroit peu de temps auparavant, t'avais imaginé le pire. Tu lui en avais parlé à Maël, tes tendances papa poule ça l'amusait autrefois, il avait détendu l'affaire.
- Avoue-le, j'ai jamais pris un poste ici en tant qu'infirmier, je suis encore à New York à 29 ans... Tu m'as raconté des bobards. - Ouai.
La réponse est venue avec un temps de retard, de façon résignée aussi. L'ancien B semble inquiet, impuissant et serrant les dents.
T'avais rien à faire à Prismver alors, tu cherchais au mauvais endroit.
- Est', écoute... faut que tu te reposes. Tu dois restes ici, aussi, tu vas finir par...
C'est un dialogue de sourd. Tu lui poses des questions et lui essaye de t'entourlouper pour te faire rester... et la situation dérape, il se rapproche trop de toi, tend la main... et tu comprends qu'il essaie d'utiliser une nouvelle fois son don sur toi.
Il voulait te faire oublier ce que tu avais réussi à comprendre ? Comment veut-il que tu le crois maintenant, quand il te dit que tu n'as fais du mal à personne ? Tss.
Ton don s'est enclenché par instinct, pour fuir le danger. Mais c'était trop tôt pour toi, ton corps avait a peine encaissé le premier voyage temporel.
Trois mois, deux mois, une dizaine de jours, trois ans dans le futur... Un quart de seconde pour faire dériver la situation, moins que ça pour réagir.
Tu perds le fil, Esteban. Déraillement, fatigue. Ton pouvoir fait un faut pas comme une pendule pourrait s'amuser à sonner minuit en pleine après midi. Flou autour de toi, tic-tac assourdissant qui résonne sans fin dans ta tête et tu manques de faire un malaise une fois arrivé à destination.
* * * *
T'avais repris tes esprits comme t'avais pu, encore a coté de la plaque à cause de la fatigue et de tous ses doutes qui t'assommaient. Tu avais pris le bus, direction le centre ville et ton appartement. En écoutant une ou deux conversations tu savais que tu n'avais pas atterrit trop loin de ton ''temps'' de départ. On était vendredi soir et tu étais parti dimanche matin, tu avais donc disparu durant plus de cinq jours. Trop fatigué, t'arrives même pas à culpabiliser pour t'être évaporé de ton poste d'infirmier durant tout ce temps. T'avais pas assuré tes responsabilités, ça ne te ressemblais pas et t'étais incapable de te téléporter pour réparer la chose.
Tant pis, tu ne comptais pas rester de toute façon. Si tu avais fais du mal à un enfant, t'avais pas à assurer ce poste d'infirmier, t'avais même pas à te trouver dans un pensionnat.
Cernes sous les yeux, tu commences à rassembler mollement tes affaires dans l'appartement. Mais en cinq jours, pas mal de choses ont bougé et ton colocataire est pas vraiment du genre fée du logis.
- Salut... J'vois qu'il y'a eu du mouvement ici.
Tu prends même pas la même de regarder Stephen qui vient de rentrer. La porte claque derrière lui. Tu vas pas lui faire la morale sur le foutoir qui règne ici, même si tu t'amuse à faire quelques réflexions la plupart du temps. Tu te tournes vers lui et mon dieu, tu fais peur à voir Esteban. T'es couvert alors qu'il a fait beau toute la journée, t'es pas passé sous le rasoir depuis des jours et t'as les yeux rougis.
- Je vais démissionner.
A entendre comme ça, on dirait que tu y as réfléchit depuis des jours, mais y'a même pas une poignée d'heure que t'es levé pour toi... et tu continues de récupérer tes affaires dans un carton que t'as trouvé.
Sujet: Re: Bad day, Bad memories ▬ ft. Stephen Lun 16 Nov 2015 - 22:38
Bad day, bad memories
Ne pas voir mon colocataire pendant plusieurs jours tenait de l'habitude. Au début , ça m'avait perturbé de voir qu'il disparaissait une semaine et revenait comme si de rien était, puis, au terme de quelques semaines, j'avais fini par m'y habituer. Lorsque Esteban disparaissait deux jours, il ne reviendrait pas avant le double au minimum. C'était comme ça. C'étaient les règles d'Esteban. Je ne pouvais pas prévoir ses absences mais je m'y étais suffisamment calqué pour ne m'être jamais fait prendre en plein film porno ou dans mon lit avec une femme rencontrée en ville. Il y a bien plus de personnes intéressantes sur cette île que tu ne veux bien le croire, je t'assure, et pourtant je ne suis pas tendre dans mon jugement. Je n'hésite pas à dire aux thons qu'il le sont, pour vous donner une idée, estimant que la vérité leur revient de droit et qu'elles n'ont qu'à s'arranger pour ne plus avoir ce genre de remarques. Bref, tout ça pour vous dire que je ramenais des filles belles parce que j'avais et j'ai toujours des principes, que je prenais le temps avec chacune et que non, je ne couchais pas avec mes élèves.
Pas en dessous de 20 ans en tout cas. Je suis peut-être contre les relations durables et sérieuses mais je ne couche pas au petit bonheur la chance bien que je donne cette impression, et que ce soit voulu. Ainsi, cette fois, pendant la semaine où Esteban n'était pas là, j'avais de nouveau eu une relation pas vraiment sérieuse avec une demoiselle qui avait passé la matinée suivante dans l'appartement vide qu'elle avait décidé de ranger. Ce seul changement laisserait voir à Esteban que je n'avais pas été seul pendant son séjour à dieu sait quelle époque - bien que j'avais foutu encore le bordel les jours suivants - mais il avait l'habitude. Je ne touchais pas ses affaires et c'était ce qui comptait pour lui. Toujours est-il que, une fois arrivé au cinquième jour, alors que j'entendis un léger bruit en provenance de la chambre d'Esteban, je m'y ruais presque.
Un retour d'un voyage temporel ça se fête, et je n'omets jamais de lui demander des conseils à ce sujet. Bref, en dehors de nos quelques disputes, laisse-moi te parler un peu de lui.
Ce type m'énervait ; il était intelligent, doué, il avait un bon sens de la justice et bien plus de mémoire que moi - autant pour les prénoms de mes élèves qu'il ne fréquentait jamais que pour ma propre matière. Esteban était un ex-A et par définition, il était opposé à moi, mais tu sais quoi ? J'aimais beaucoup ce type. Il avait une douceur que je ne pouvais expliquer, que j'étais très loin de posséder et surtout il était facile à vivre. Il était très agréable et pour le seul fait qu'il me supportait au quotidien, je le respectais beaucoup. J'aimerais lui ressembler malgré nos différences bien trop évidentes, aussi, je lui interdisais sans cesse de faiblir. Il m'arrivait beaucoup de lui faire la morale, de l'aider à redresser la tête parce qu'il n'avait pas le droit de s'arrêter là avec une telle vie, un tel coeur. Il pouvait aller plus loin que tous les gens comme moi alors je ne le laisserai pas gâcher sa vie.
C'était mon rôle. Le rôle des gens comme moi.
J'avais bien trop d'estime pour lui pour admettre ses faiblesses simples alors lorsqu'il m'annonçait aussi directement qu'il avait prit la décision de quitter sa vie ici, je ne pouvais pas rester de marbre.
« Wow, on va arrêter le délire Retour vers le futur pendant deux secondes et tu vas m'expliquer. »
Une autre chose que je tenais à vous dire. J'étais le genre de personne, depuis toujours, à ne pas faire dans la dentelle. Je ne m'énervais que rarement mais lorsqu'un soupçon d'agacement me gagnait, j'avais tendance à vite partir et à ne pas me contrôler. C'était le cas cette fois. Je m'adossais à la porte, croisant les bras et jetais un regard énervé à mon colocataire. Il avait l'habitude que je le bouscule de cette façon. J'étais fier de dire que je lui étais utile dans ce genre de moments et pour ce faire, je ne devais pas mâcher mes mots. Quelles que soient les circonstances, quoi qu'il en dise.
« Ok, explique-moi. T'as fait un voyage dans le passé et t'as vu un truc déplaisant ? Come on, Esteban. Tu vaux mieux que ça. Tu vis depuis 32 ans avec ces conneries, tu vas pas me dire que tu vas craquer maintenant ? »
Je dois avouer que je n'étais pas très convaincant - on craquait tous un jour ou l'autre et j'étais bien placé pour le savoir. Je pétais des câbles régulièrement et si je buvais autant en soirée, c'était pour me lâcher. Le Fight Club m'aidait aussi énormément. Mais comme je l'avais dit plus haut, ce n'était pas le genre d'Esteban. Il était plus intellectuel, plus réfléchi et... autant se le dire, bien plus mature que moi. Seulement, j'étais plus fort, plus brutal, physiquement comme moralement. Enfin seulement d'une certaine façon. Là où Esteban cherchait la vérité, je préférais le déni, ce qui expliquait ma réussite pour l'instant. Dans l'immédiat, j'étais utile mais je savais que tôt ou tard, les rôles s'inverseraient. Mais on en était pas encore là.
« Bon. Admettons que tu sois sérieux. Je veux tout savoir Esteban. Dis-moi ce qui cloche. Je te laisserai pas partir sur un coup de tête. »
Sans ça, je ne laisserai pas passer. Et j'avais plutôt confiance en mes capacités physiques.
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Sujet: Re: Bad day, Bad memories ▬ ft. Stephen Mer 23 Déc 2015 - 17:24
"Tout le plaisir et toute la joie que l'amour peut faire ressentir se paient un jour ou l'autre en souffrances. Et plus on aime fort, plus la douleur à venir sera décuplée.''
▬ La mécanique du cœur.
BAD DAY, BAD MEMORIES
- Je vais démissionner.
Aucune délicatesse, aucune explication. Tu lui flanque la nouvelle comme ça, irrévocable.
« Wow, on va arrêter le délire Retour vers le futur pendant deux secondes et tu vas m'expliquer. »
Stephen déboulait souvent dans ta chambre après tes balades temporelles, tes retours se passaient généralement bien, c'était souvent le moment où vous discutiez de ce que tu avais vu, des conneries de Steph' -que tu n'approuvais jamais vraiment-, ou vous plaisantiez. Des moments où vous vous rapprochiez sans que tu le remarque vraiment.
Mais y'avait rien de réjouissant aujourd'hui.
« Ok, explique-moi. T'as fait un voyage dans le passé et t'as vu un truc déplaisant ? Come on, Esteban. Tu vaux mieux que ça. Tu vis depuis 32 ans avec ces conneries, tu vas pas me dire que tu vas craquer maintenant ?... Bon. Admettons que tu sois sérieux. Je veux tout savoir Esteban. Dis-moi ce qui cloche. Je te laisserai pas partir sur un coup de tête. »
Tu pouffes légèrement, malgré toi. Tu te vois remballer tes affaires, mais tu ne sais pas bien ce que tu fais, tu dérailles, ça ne rime à rien, t'es même pas en capacité de partir. Tu es étonné par le ton sérieux de Stephen, il te demande de t'arrêter, de t'expliquer alors que tu te vois foncer dans le décor. Tu finis par adresser un regard à ton colocataire, pause. Non Esteban, tu ne t'attendais pas avoir besoin t'aide un jour et surement pas que ce soit Stephen qui vienne te sonner les gonds.
Le comble.
Stephen c'était un peu le gamin qui n'avait pas vraiment grandi pour toi, la grande gueule sans gêne, vulgaire même. Autant le dire, pas vraiment une figure qui inspirait le sérieux mais tu n'iras pas le lui reprochait. T'appréciais sa compagnie à cause de toutes vos différences, malgré toutes les remarques que tu pouvais lui faire au quotidien. Des paroles, des rapports qui ne se faisaient pas dans la dentelle et tu n'allais pas commencer maintenant.
Fallait que tu te reprennes. ...Plus facile à dire qu'à faire.
- Pfff... Tu veux vraiment savoir Stephen ? C'est plutôt long à expliquer.
Tu as ce sourire mince, trahissant ta détresse. Tu te laisses tomber sur ton lit, usé, tes mains passent sur ton visage : tu ne sais pas bien par où commencer. Soupir, alors que ton regard divague.
- Tu as surement entendu qu'on m'avait subtilisé une partie de ma mémoire... trois ans environ : mon meilleur ami essaye de me cacher quelque chose et j'ai l'impression que c'est grave. Une sorte de mauvais pré-sentiment, vraiment mauvais et j'ai besoin de savoir, j'ai besoin de réponse Stephen ça fait plus de trois mois que je vis comme ça. Maël m'a fait croire que j'avais pris un poste en tant qu'infirmier ici, c'est pour ça que je suis là, mais c'est faux : je n'ai jamais fais ça. Mon double est à New York actuellement. Tu secoues la tête, tu continues ton monologue d'une voix égale. J'ai été pédiatre et je ne comprends pas pourquoi il m'a caché ça... J'ai sans doute fait une erreur durant mon service.... J'ai dû faire du mal à quelqu'un, à un enfant, peut être à plusieurs.
Ça sonnait faux, même toi ça te paraissait improbable que tu es fais du mal à des enfants ou à qui que ce soit. Mais t'as pas pleinement conscience de ce que tu dis et surtout, tu ne sais pas bien où tu en es.
- Et je fais un rêve étrange en ce moment, je crois que c'est un souvenir : quand je l'ai évoqué devant Maël il avait l'air de savoir de quoi je parlais. C'est une scène banale, je suis dans un coin de Central Park, il fait beau et je cherche quelqu'un au milieu de gamins qui jouent et de mamans qui piaillent et j'angoisse comme je ne l'ai jamais fait avant... Et je ne suis pas du genre à m'inquiéter pour rien normalement.... J'ai jamais été me balader dans ce coin de Central Park dans mes souvenirs, j'ai rien à faire là bas, ça n'a pas de sens.
Tant que tu n'aura pas de réponse, ton esprit imaginera toujours le pire.
T'es là, l'esprit embrumé, l'esprit fatigué et la peur s’immisce malgré toi, t'as peur de ce que tu as fait ou de ce que tu n'as pas fais. Du monstre que tu étais peut être quand tu avais tout tes souvenirs.
- Voila tu sais tout ou a peu près Stephen, mais je vois pas bien ce que tu peux y faire... Je partirais demain, j'ai rien à faire ici.
Sujet: Re: Bad day, Bad memories ▬ ft. Stephen Jeu 24 Déc 2015 - 16:26
bad day, bad memories
N’avoir la réponse à rien était la meilleure façon d’avoir la réponse à tout : vous pouvez sortir toutes les conneries imaginables. C’est comme ça que je réglais la plupart de mes problèmes, en choisissant le chemin court, la franchise, la sincérité, l’effort commun. Si des personnes s’embrouillaient, je contournais le vrai soucis et demandais des excuses et un câlin viril si besoin, le tout, sans jamais m’attarder sur les détails. Quel que soit le soucis, il y avait toujours la possibilité de passer outre - la rancune n’avait pas à surclasser le pardon. C’était une façon de faire un peu brouillon, mais jusque là, ça avait toujours bien marché. Jusque là. Car après le discours d’Esteban, j’étais resté silencieux pendant quelques secondes, ne sachant quoi répondre à ce qu’il venait de m’annoncer. J’étais au courant de ses soucis temporels mais de là à penser qu’il en soit aussi affecté, je dois avouer que ça me surprenait. Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait tant de choses derrière tout ça et si je n’avais pas été entièrement concentré sur ce qu’il me disait, je me serai perdu en retour. C’était même un peu le cas.
J’avais tout compris, sûrement oublié un bon tiers des détails et toute possibilité de répéter ça à quelqu’un - ma mémoire était trop limitée pour ça. En revanche, sa dernière phrase ne m’échappa pas et je fronçais les sourcils tout en le regardant, un signe évident que ça ne m’avait pas plut. « Ce serait super cliché de t’en coller une pour te remettre les idées en place, pas vrai ? » demandais-je avec amusement et amertume. « Je comprends tes regrets, Esteban. Mais pense à tous les gens que tu connais, que tu aimes, que tu respectes, à tes amis et à ton colocataire bordélique, pense aux élèves dont tu as sauvé les fesses de nombreuses fois et redis-moi que tu n’as rien pour toi ici. » Je croisais les bras et lui laissais le temps de méditer cette morale. J’étais sûrement incapable de trouver une solution à son problème étant donné que j’avais même du mal à réserver des billets d’avion sans me tromper de destination mais je pouvais lui rappeler tout ce qu’il avait déjà. Je respectais bien trop Esteban pour le laisser penser que sa vie n’était pas fabuleuse, et je pesais mes mots.
Il avait tant de choses pour lui, et il avait beau parler d’un double à New-York, il n’en demeurait pas moins unique pour moi. Pourtant je savais que ce ne serait pas assez pour lui et je comprenais tout à fait qu’il veuille partir - ce que je ne l’empêcherai pas de faire si c’était une décision réfléchie et sans regrets. Fort heureusement, un début d’idée migra dans mon peu de masse cérébrale et je m’empressais de la lui présenter. « Il y a bien un élève avec un pouvoir qui t’aiderait, non ? Une gamine en B a pu me lister les films que j’ai regardé la semaine dernière alors que j’aurai pas pu le faire moi-même, ça marchera peut-être pour toi. » Je me raclais la gorge, me rendant compte que je me perdais moi-même dans ma propre idée. Décidément, la réflexion n’était pas mon point fort. « Enfin… tu connais mieux les pouvoirs que moi, et dans tous les cas, je compte bien t’aider à retrouver ta mémoire. On peut aller rendre visite à ton double si tu veux, j’ai des économies pour payer le voyage. » Je me tus en attente de sa réponse, ne trouvant rien à ajouter, impatient de voir la ville américaine.
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Sujet: Re: Bad day, Bad memories ▬ ft. Stephen Mer 30 Déc 2015 - 0:07
"Qui a l'habitude de voyager sait qu'il arrive toujours un moment où il faut partir.''
▬ Paolo Coelho.
BAD DAY, BAD MEMORIES
- Ce serait super cliché de t’en coller une pour te remettre les idées en place, pas vrai ? - En effet. - Je comprends tes regrets, Esteban. Mais pense à tous les gens que tu connais, que tu aimes, que tu respectes, à tes amis et à ton colocataire bordélique, pense aux élèves dont tu as sauvé les fesses de nombreuses fois et redis-moi que tu n’as rien pour toi ici.
Ton colocataire visiblement mécontent se tue, laissant quelques secondes de battement dans son monologue. La mâchoire crispé, t'avais pas cherché à le contredire bien que tu ne sois complètement d'accord. Stephen pointait du doigt une vérité qui aurait pu te faire frémir si tu étais en pleine possession de tes moyens... T'avais beau te tenir à distance, longer les murs, tu t'étais attaché à tes gens sur ton court séjour ici : Stephen ton colocataire surement l'un des premiers, tu prenais souvent un café avec Luke, tu avais retrouvé Inge, tu gardais un œil sur certains élèves... certains avait même leurs habitudes dans ton infirmerie et tu veillais d'une main de fer pour qu'il en reste ainsi. Mais tu n'étais pas chez toi, tu n'avais pas à te faire une place ici, pas dans ta logique en tout cas...
La voix de Stephen vient rompre le chaos dans ton esprit, mais sa proposition ne te plus guère : tu aurais la sensation de tomber bien bas si tu demandais de l'aide à une élève. Tu connaissais vaguement les pouvoirs de gens du pensionnat, merci aux fiches de l'infirmerie que tu as sous la main... Mais tu te voyais mal demander de l'aide à qui que ce soit. Fronçant les sourcils, le regard dans le vague, tu l'entendis se racler la gorge avant de poursuivre.
- …et dans tous les cas, je compte bien t’aider à retrouver ta mémoire. On peut aller rendre visite à ton double si tu veux, j’ai des économies pour payer le voyage.
Tu lèves les yeux intéressés, étonné par ce qu'il vient de dire. …Il ferrait ça pour toi, vraiment ?
Après tout ce que tu as vu dans tes voyages temporels, on arrive toujours à t'étonner. Incroyable. T'es touché par son attention, même si tu t'attendais plus au coup poing dans la figure qu'à ça de la part de Stephen.
- Je veux bien... Tu lâche ça, après quelques secondes de flottement. Je suis venu ici en pensant retrouver des bribes de ma mémoire, j'aurai surement plus de chance en me rendant à New York.
Décision qui te semble la plus logique, plus raisonnable que de repartir dans ton temps aussi, bien que tu aies peur de ce que tu pourrais trouver là bas... Et avoir quelqu'un de solide à tes cotés, sur qui t'appuyer ne sera surement pas de trop. Tu sais que Stephen a cette capacité à remettre tes idées en place quand il le faut, comme il fait maintenant.
- C'est toujours délicat quand je vais me rendre visite comme ça, surtout dans le passé, j'ai toujours un coup d'avance et ça m'évite de modifier ce qui doit m'arriver normalement... Là, ça ne sera pas le cas.
Tu secoues mollement la tête, tu penses à voix haute, plus que tu ne parles. Tu ramènes ton attention sur Stephen.
- Je te donnerais surement plus d'explication quand j'aurai l'esprit un peu clair. On partira dans quelques jours, le temps de préparer le voyage et que tu préviennes qu'il n'y aura pas de cours de cinéma... sauf si tu veux attendre les vacances pour le voyage.
Ce qui ne t'arranges pas du tout, mais il doit s'en douter. Tu te relèves de ton lit, te remettant à ta tâche mais de façon plus tranquille, débarrassant juste quelques babioles qui traînent sur ton lit et ton bureau.
- Je dois des excuses à mes collègues à l’infirmerie et surement aux élèves... qui sait, je n'aurai peut-être même pas le privilégie de démissionner. Pause. Mais assez parlé de moi, dis moi, tu as passé une bonne semaine ?
Pas très subtile comme façon pour changer de sujet, mais on te pardonnera surtout pour aujourd'hui.