InvitéInvité | Sujet: where is my mind — victorest #5 Dim 13 Déc 2015 - 1:16 | |
where is my mind ▬ victorest 5
Il en a marre. Il n’en peut plus. Il a les poings en feu, les poings qui semblent couverts de cette volonté sombre qu’il ressent sous la présence du sang rouge écarlate qui n’est même pas concret. Il a l’impression d’être revenu à celui qu’il était auparavant. Il a l’impression de succomber. Il tombe, il ferme les yeux, il cherche son point d’accroche. Il cherche ses proches, il cherche, cherche, cherche… mais rien ne vient. Il continue de se mentir ; alors, plus honnête, il recommence. Il pense à elle, juste à elle. Il pense à celle qui fait tout ce qu’il est maintenant, à celle qui l’a accepté. Il pense à cette personne unique. Alors, soudainement, ça devient un réflexe, la rejoindre ; il cherche ses mots, littéralement, lorsque, stylo à la main, comme une action qu’il ne se rappelle même plus avoir effectué, il lui rédige un message maladroitement.
La prévention de son arrivée, du drame qu’il laisse se produire. Il regarde son lézard disparaître en avance, enfile un t-shirt pour se rendre présentable et passe une main dans ses cheveux pour les écarter de devant son visage. Il quitte sa chambre sans un salut pour les autres, avance dans le couloir maladroitement. Il entend les bonjour de ses camarades, les ignore superbement. Il se perd dans les bâtiments, sent le vent d’extérieur sur un parcours qui se rallonge et dans lequel il se perd. Il se rappelle de cet entrevu avec Ezio et ça l’énerve encore un peu plus, ça le brise dans les quelques convictions qu’il avait l’intention de tenir. Il se sent faible. Il ne veut pas sombrer. Mais la tentation s’alourdit, les sensations s’effacent. La rage lui revient, se concentre sur la chose la plus proche. Le temps de jeter un coup d’oeil à l’arbre à côté duquel il passe, il appréhende le tronc défoncé, écarte ses cheveux mouillés du front sur lequel ils sont tombés. Il prend une grande inspiration, cherche à appréhender ce qu’il vient de faire inconsciemment. C’est toi. C’est la vérité. C’est ce que tu es. C’est ce que tu refuses d’admettre, ce qui grandit en toi.
« TA GUEULE ! »
Il tourne en rond, se laisse tomber sur l’herbe, se balance, assis. Respire Orest. Tu vaux mieux que ça. C’est si facile de craquer, si tentant de tout laisser partir - alors pourquoi ne pas tout accepter de cette façon ? Pourquoi devrait-il changer qui il est ? Pourquoi devrait-il s’adapter et non les autres ?
Pourquoi devrait-il torturer un esprit qui n’avait déjà plus qu’une bancale raison d’être. C’est ce qu’il se demande depuis tout ce temps, c’est ce qu’il retient de faire au nom de règles morales. Tout le monde a ses démons dont chacun se doute et que personne n’assume. Cachés dans l’ombre, les élèves se défoulent, sous le joug d’une professeur un peu folle, ils dévoilent leur vraie personnalité. C’est là-bas qu’il s’est toujours senti lui-même, pas dans son minable club de boxe bourré de restrictions auxquelles il ne croit même pas - il n’est pas différent d’autrui, il s’en soucie simplement plus que la majorité des gens. Le coeur lourd, l’esprit vide. Il se lève, reprend sa route, ressentant chacun de ses pas, écoutant chaque respiration, son cerveau cherche la moindre possibilité pour oublier le silence cruel qui l’aborde. « Non, non, non, non, non. » Le temps se détraque, en proie à une fluctuation incompréhensible, il a l’impression de se perdre dans un espace qu’il ne distingue qu’au travers d’un filtre sombre. La persuasion idiote qu’il a encore le contrôle sur son cerveau ; et c’est la douleur de son propre pouvoir qui lui prouve le contraire en répondant la souffrance dans ses muscles. Mais ça lui semble futile - la douleur, la perte d’un contrôle presque inexistant. Tout ce monde qu’il a toujours méprisé.
Tout ce monde pour lequel il a tant donné, tout perdu. Ce monde qui l’a privé d’une vie simple. Il entrevoit le visage de Victoria, avance dans l’espace qui s’offre, suppose une porte, commande ses jambes. Sa marche mécanique, ses pensées noircies, son regard de jais. Tout y passe. Et il demeure aux commandes, et c’est aux commandes qu’il pénètre ce domaine familier. « C’est là. Ça a toujours été là. Et ça ne veut définitivement pas partir. » Le souvenir flou de la regarder, marmonner ses paroles que seule elle peut comprendre. Il désigne ses mains sur lesquelles un peu de sang séché demeure ; l’écorce de l’arbre incrusté dans les plaies tâchées de son propre liquide vermeil. Il se laisse tomber sur un siège, laisse tomber ses bras le long de son corps, laisse tomber toute chose, tout espoir ; égoïstement.
« Je n’ai plus de solution. Juste l’impression de devoir tout laisser filer. » Il se perd en un rire amer, levant les yeux vers elle, poursuit avec un sourire. « Plus d’excuses. Plus de gentillesse. Ils appelleront ça facilité ou faiblesse, personnellement, je choisis juste de ne pas vivre pour eux. »
© YAM for Prismver
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