[FINI] THIS IS NOTHING & I'M NOTHING ft. Killiam

Il met du temps à réfléchir, et tu ne sais pas si c'est parce qu'il réfléchit vraiment, ou parce qu'il te taquine. Dans les deux cas, tu n'aimes pas vraiment ça, soyons honnête. Et enfin, il ouvre la bouche, avec cette taquinerie, avec cette malice dans la voix qui te fait lui lancer deux trois regards pendant que vous marchez. Si le début te semble logique, excepté peut-être les abdos, et encore, ça te paraissait pas tant tiré par les cheveux que ça, le fait que l'on parle de la grosseur de ton sexe te fait arquer un sourcil surpris. Puis sa dernière phrase te fait sourire, détend tes traits. Finalement, il n'y avait pas grand chose, il n'y avait aucune attente, il n'attendait rien. Rien de plus que ce que vous vous donniez mutuellement depuis que vous étiez ensemble.

Mais tu décides de ne pas te concentrer sur le côté sérieux de la conversation, de ton point de vue, vous aviez beaucoup trop de conversations sérieuses, beaucoup plus que tu ne le souhaiterais, beaucoup trop pour ton toi si peu bavard et avide de mots.

— Okay. D'accord. Et du coup, tu me vires si je prends trop de poids, c'est ça ? Faudrait instaurer une close dans le contrat alors. Genre « plus de cinq kilos pris, sport obligatoire sous peine de rupture » ?

Tu lui souris et passes ton bras sur ses épaules, déliant vos doigts, déposant ensuite un baiser sur sa tempe. Ah, vous sembliez si heureux aujourd'hui, malgré cette petite entorse de rien du tout. Juste de quoi vous rapprocher un peu plus, et vous faire un peu plus confiance.

Et ça faisait du bien.

Quelle idée tu ne lui avais pas donné. Le voilà parti dans son délire, qui est surtout le tien, et tu laisses échapper un rire à chaque fois qu'il ouvre la bouche, à chacune de ses mimiques, et à chaque idée qu'il t'explique et te propose. Et tu l'écoutes, hochant la tête ou riant, proposant ensuite d'autres idées :

— Ooooh, rêve toujours pour ton message mignon le matin. « A pris toute la couverture dans la nuit, moins 50 points », « finis les chips sans jeter le paquet à la poubelle ensuite, moins 25 points » ; « gâterie du matin, plus 100 points ».

Tu te tournes la tête vers lui, riant toujours un peu avant de continuer, soudain vachement amusé par la chose :

— Oh ! Et celui qui arrive à 1000 points en premier à le droit de demander tout ce qu'il veut à l'autre pendant une semaine.

Une semaine à faire ce que l'autre veut si on perd, l'enjeu était soudain plus amusant. Tu prends alors un air soudain triste, beaucoup trop exagéré pour qu'il soit vrai, avant de continuer :

— Non non, ce serait pas juste, tu vas perdre en moins de deux jours.

Une façon de le mettre au défis aussi, lui changer les idées, le faire avancer. Qui sait.

Vous étiez parti. Et ton cœur battait si fort dans ta poitrine à cause de ce bonheur soudain que t'avais l'impression qu'il pouvait l'entendre. C'est fou, ce genre d'impression que tu pouvais avoir encore, ce genre de ressentis, si fort, et surtout, le fait que ça te surprenait toujours autant. Il te donne un léger coup sur les reins et tu viens lui tirer la langue.

— Je vais gagner et tu seras mon esclave. Et ta divine personne va s'agenouiller devant moi.

Vous continuez à marcher encore un peu, bientôt prêt à quitter le pensionnat quand il se tend vers toi, venant déposer un baiser sur ta joue. Ce genre de baiser qu'il te donnait tout le temps, avant, que tu repoussais en te mordant la langue, ce genre de baiser qu'il ne t'a donné que très rarement depuis son retour.

— Prêt pour te faire bolosser ?
— Je suis né pour te faire mordre la poussière, chéri.

Le surnom n'est pas très affectif, un peu tout de même. Tes sourcils se haussent légèrement, en signe de défi, avant que tu ne ris légèrement, ne pouvant pas garder ton sérieux bien longtemps en présence d'Ezéchiel, surtout quand il faisait cette tête là.

Des fois, à certains moment de ta vie, tu avais ces impressions d'être né pour ces instants.
Cet instant là, avec Ezéchiel, était l'un de ceux-là.