4 juillet.
Malgré la saison lumineuse, le ciel dévoile les ténèbres.
Malgré l’agitation des journées, les ruelles dévoilent le calme absolu.
Laetitia, suite à une petite soirée dans un bar à se permettre quelques verres, s’est permise de rentrer sans la moindre compagnie malgré sa nature extravertie ; elle délaisse ses amies, lassée des événements répétitifs qui rythment la soirée, décidée à animer la fin de cette nuit d’une manière plus plaisante. Ecouter de petits artistes se produire dans de petits bars la motive à s'améliorer pour leur voler la vedette, peut-être en compagnie
d’Angelic Slayers. En raison de cela, elle pose son fidèle casque sur les oreilles pour retrouver son énergie au rythme de la batterie ; ces mélodies affolantes qui lui donnent ces éternels frissons. Ces morceaux de rock qui allument cette flamme de vitalité dans son regard.
Et la musique s’assombrit, se permettant un solo musical moins ardent que le reste de la chanson.
Une voix grave résonne dans son dos, la sortant de cette ambiance secrète qu’elle s’est construite à l’aide des sonorités.
Qui a donc osé rompre la magie… ?Laetitia s’arrête brutalement, stoppant la musique pour retirer son casque et se retourner avec cet air contrarié. Une vingtaine de personnes se dressent derrière elle, l’air menaçant.
▬ Laetitia Miller ?
Elle hausse un sourcil, réfléchissant quelques instants dans le silence, pensive. Puis, un éclair de génie vient frapper comme une révélation, et gaiement, elle pouffe d’un rire joyeux.
▬ Ehhhhh bien dis donc ! Fallait m’le dire tout d’suite qu’j’avais un fan club ! Soyez pas timides les gars, j’suis pas d’ces stars qui snobent les gens.▬ Tais-toi, putain de mage, on est là pour te faire ta fête.
▬ Tu es une menace pour nous avec ton pouvoir, et nous sommes là pour te le faire regretter. Surtout que ça va être facile vu ta corpulence.
▬ Oooh ?La provocation assimilée, la jeune susceptible appuie sa dernière onomatopée avec lenteur, arrogance et fierté. Confiante en ses propres capacités, elle adopte une position de combat, levant les poings, prête à en découdre.
▬ Ca tombe bien ! Z’êtes de ceux que j’rêve de déglinguer pour n’être que des cons qui nous respectez pas.Grand sourire.
Comme c’est
grisant…
Grisant de ne serait-ce qu’espérer enfin pouvoir vous abattre, vous, ces non-mages qu’elle méprise et qui la prive de sa place tant convoitée dans la société. Grisant de se dire qu’elle peut enfin imposer son statut d’être humain à part entière, avec un plus bien plus utile que votre normalité affligeante. Elle peut enfin arborer avec fierté les convictions du groupuscule si discret et désorganisé nommé les Voltors, qui n’aspire à rien d’autre qu’à la violence en guise de vengeance.
Elle est clairement désavantagée au vu du nombre.
Mais l’alcool dans ses veines continue de faire vibrer son adrénaline, balayant l’évidence qu’elle ne sortira pas victorieuse de cette bataille. Laetitia n’a jamais aspiré à devenir une héroïne de la société. Oh non, elle ne se vêtit guère de ces titres si élogieux, elle qui n’agit que par égoïsme avant toute chose.
Par fierté. Par besoin. Pour s’imposer et se singulariser. Mais ce soir. L’ivresse ose implanter l’idée noble et absurde qu’elle agit pour le bien commun, qu’elle se battra pour obtenir la liberté de tous.
Elle fonce inconsciemment vers vous comme le ferait le protagoniste d’une de ces séries japonaises qu’adorait sa petite sœur adoptive, ouvrant la bataille d’un coup bien placé sur l’estomac d’un des plus jeunes d’entre vous. Le coup lui est rendu plus violemment par un autre d’entre vous, plus costaud, plus menaçant, la projetant à terre.
Elle ne se souvient plus de la suite.Il lui a semblé qu’une rafale de coups lâches se sont abattus sur son épiderme si fragile, et qu’elle n’a rien pu faire pour se défendre convenablement. Il lui semble même avoir senti quelques perles venant d’un spray, mais peut-être était-ce son imagination.
Il doit être environ trois heures du matin, elle rouvre les yeux péniblement pour ne voir qu’un paysage obscur teinté de quelques gouttes de sang qui proviennent de son front ; ses muscles répondent douloureusement aux appels de son cerveau. Ce qui est certain, c’est que la jouvencelle n’arrive pas à se déplacer, ni même à formuler la moindre syllabe sans ressentir une douleur glaciale ; trop prise de vertiges pour se remémorer les événements, elle referme les yeux paisiblement, appuyée contre le mur d’un quartier désert.
Toute sa vitalité s’éteint.
Le peu d’espoir et de compassion qui lui restait s’éteint.
Laetitia s’éteint.Mais le désir de vengeance continue de
s’embraser.