Un ballon prisonnier [RP Libre - Venez tous !]

Un temps de libre pendant les vacances, je ne révisais pas. Se maintenir au niveau était beaucoup plus dur que toutes mes années au milieu des gens "normaux". Mais ce n'était pas pour me déplaire, un peu de challenge me motivait davantage à étudier. Cependant, j'avais besoin de prendre l'air en ce début d'après-midi, de me dégourdir les pattes. Il ne faisait pas trop chaud, c'était l'idéal pour sortir avec le ballon en mousse.

Je m'étais donc naturellement rendue au parc, sans téléportation cette fois, juste en trottinant. Un petit échauffement pour se mettre en jambes. J'avais mis un tee-shirt large, un short de sport noir, une paire de basket et attaché mes cheveux en queue-de-cheval. Juste histoire d'être à l'aise, de pouvoir bouger comme je le souhaite. Il n'y avait pas grand monde autour de moi, quelques étudiants, peut-être voudront-ils venir avec moi. Alors j'essayais de croiser les regards, le ballon sous le bras, laissant ma tête s'agiter pour leur signifier de venir me rejoindre.

Quelques refus plus tard, la lassitude commençait à monter, tant pis, j'attendrais. J'attendrais en jouant. Je lançais alors la balle loin devant moi, attendant de voir où elle allait tomber et attendre le dernier moment pour me téléporter juste en dessous. Maîtriser ce pouvoir qui n'était pas le mien s’était avéré très laborieux au début, mais deux ans de pratique et j'avais réussi à le faire passer pour mon propre pouvoir. Il fallait que je continue tout de même ma collection...un jour...

Helios était dehors, et il y avait Nem avec lui. Plus grand chose d’étonnant là-dedans ; ni dans le premier constat, ni dans le second - c’était facile de passer du temps avec le brun. Rien non plus, à priori, de surprenant, dans le fait qu’une fille soit en train de jouer seule au ballon en se téléportant. La routine, quoi.

Mais, comme cela le frappa ensuite, qui disait ballon, disait beaucoup de choses agréables à ses oreilles. Sans exagérer et avec toute la parcimonie qui le caractérisait, il trouvait que les milliers de possibilités que ce simple objet offraient à nos pauvres existences futiles frisait l’indécence.
Sérieusement, le sport à l’école, c’était pas son truc, surtout depuis l’apparition de son pouvoir. Mais jouer au ballon l'absence de contraintes professorales, c’était une autre histoire. C’était tout de même la quintessence de ce qu’on pouvait faire en matière de dépense physique. Si bien qu'il ne comprenait pas pourquoi il n'y avait pas pensé avant.
Pour se rattraper, il se devait bien de sauter sur l’occasion. Et ça valait bien de récupérer quelques bobos des autres au passage.

Un regard à Nem, pour vérifier s’il avait vu lui aussi. On la rejoint ?, demanda-t-il avec enthousiasme pour le décider. Ça sonnait plus comme une affirmation que comme une question, mais le blond avait eu la décence de faire miroiter un vague point d'interrogation. Sans plus attendre, il sauta sur ses pieds,  et tourna à nouveau les yeux dans la direction de la fille, comme pour s’assurer qu’elle ne s’en allait pas.
Le débat que Nem et lui avaient était certes passionnant (chercher à savoir de qui, entre ABBA et Britney, effectuait les meilleures chorégraphies était un sujet des plus stimulants intellectuellement parlant), il n’en restait pas moins assez habituel pour qu'ils se permettent de le repousser à plus tard. Parce que plus tard, cette fille et ce ballon providentiel ne seraient plus là.
On fera attention, ajouta Helios pour rassurer les éventuelles réticences du brun.

Trêves de bavardages. Il attrapa son ami par la manche pour qu’il se relève et l’entraîna vers l’inconnue. Salut, on peut se joindre à toi ?

Oh vache ! Mon dernier mouvement s'était soldé par un échec monumental, un mètre trop à droite... et voilà que le ballon roulait encore. Une disparition pour l'attraper. Cette fois bien plus appliquée. Je saisis la balle, j'aimais serrer la mousse, planter mes doigts dedans, une sensation enivrante qui avait le don de faire cesser toute tension. Je frottais mon front d'un revers de main, puis je tournais la tête vers le duo qui venait d'arriver.
Je riais légèrement, il venait de poser une question dont la réponse était si évidente... Comme si j'allais trier ceux qui allaient venir. Tant qu'ils ont de quoi me divertir, pourquoi refuserais-je une présence ? Alors je plantais mes yeux dans les siens, penchais légèrement la tête et habillais ma réponse du plus amical de mes sourires.

« Bien sûr que vous pouvez, j'en serais ravie ! »

Sans laisser la moindre réaction à son collègue (Némésis) je lui lançais le ballon au niveau de la poitrine. Je voulais d'une part tester sa réactivité et aussi ne pas laisser de blanc s'installer.

« Vous préférez faire des passes pour vous mettre en jambes ou directement attaquer ? Je ne suis pas du genre à tricher alors je ne me téléporterai pas, pas pour l'instant. » J'ajoutais un clin d’œil à ma réplique, amusée.

Enfin, enfin des compagnons de jeu. J'espérais titiller leur instinct de compétition et qui savait ce dont les deux inconnus étaient capables, et quels pouvoirs pouvaient-ils cacher. Je n'étais pas très familière des élèves d'autres classes. Surtout celles inférieures en fait.
Je reculais de quelques mètres, espace parfait pour éviter ou attraper la prochaine balle.

« Quels sont vos noms au fait ? »

Se balader dans le parc en débattant sur ses chanteuses préférées, que pouvait de plus le peuple ? Une démocratie ? Blague sur blague, référence sur référence, c’était ainsi que les deux adolescents traversèrent le parc avec un certain engouement plutôt accentué par les émotions positives des autres élèves. Les oiseaux étaient prêt à chanter, mais Némésis pensa directement à leurs serres acérées qui pouvaient trancher sa gorge d’un mouvement contrôlé. Finalement il n’aimait pas les oiseaux. Trop de plumes, trop de danger. En plein monologue rempli de sens sur le fait qu’ABBA n’avait pas vraiment de chorégraphie et que donc Britney gagnait la manche, le regard d’Hélios se fixa au loin. Ne démordant pas, le grec passa juste devant lui, le surplombant de 5 bon centimètres, pour faire obstruction de sa vu. Il devait lui accorder son attention, ses arguments étaient infaillibles, il était prêt à se battre. Sauf si battre voulait dire se blesser. Peut-être allait-il juste proposer un pierre-feuille-papier-ciseau.


AH. C’était ça qu’il regardait alors. Retournant sa tête brusquement, oubliant son débat déjà éloigné, ses yeux noirs rencontrèrent le visage familier de la fille de son cabanon. Dans ses mains trônait une balle en mousse couverte de sueur. Un sourire décora son visage. Bien sûr qu’il voulait voir. Il se voyait déjà adossé à l’ombre d’un arbre en observant les passes et somnolent doucement. Mais évidemment rien ne se passa comme prévu, et le “on fera attention” résonnait encore dans ses tympans quand Hélios l’attrapa par la manche pour l’emmener de force. Agression. Oppression.

Naturellement, le blond s’avançait vers la fille pour lui faire la célèbre demande en publique. Elle accepta en rigolant et balança avec violence et ardeur son ballon contre le torse de Némésis. Hébété, il resta les bras ballants pendant quelques secondes avant de tourner brusquement la tête vers Hélios. Son regard voulait tout dire, il le faisait constamment. Le grec demandait avec une tête déconfite si il allait avoir un bleu à cause du ballon. Clairement, il était à deux doigts du mental breakdown. Mais le garçon décida de se ressaisir avec une vitesse plutôt surprenante. Celle qu’il connaissait sous le nom de la fille-qui-bossait-trop-pour-être-saine-mentalement, continua de parler, parler parler. Et Hélios répondait, répondait, répondait.

Quand il avait posé sa question, Helios ne s’attendait pas vraiment à un refus, et ce pour la simple et bonne raison qu’à la place de la fille, il aurait aussitôt accepté. Mais en même temps, s’il avait été à sa place, vu qu’il n’était apparemment pas doué de téléportation, il se serait contenté d’attendre. Debout, le ballon dans les bras, en regardant dans le vide, et avec un air relativement désespéré – ce qui pouvait considérablement changer la donne.

Quoiqu’il en soit, il fut ravi qu’elle accepte, et ce de façon aussi sympa. Elle avait l’air gentille. Il lui sourit en retour, mais ses quelques mots en vrac pour exprimer son contentement se perdirent dans un bruit sourd. Elle avait lancé son ballon sur Nem sans préavis. L’effet de surprise lui plut bien ; cela ne semblait pas être le cas de son ami. La seule réaction du brun fut un regard un peu inquiet. Comprenant immédiatement, Helios le rassura d’un geste de la main. Il s’agissait d’un simple ballon en mousse, le coup n’avait pas été assez fort pour lui faire quoique ce soit.
Enfin, normalement.

Il se baissa pour ramasser l’objet tombé un peu plus loin. Ah. Lacets défaits. Il glissa les cordons dans ses chaussures. La fille continuait de parler. Il trouvait ça louche qu’elle dise ne pas utiliser son pouvoir, parce qu’il avait l’air vachement approprié pour la situation. Et cool, aussi. Vraiment très cool aux yeux de la feignasse qu’il était. Tu pourrais, répliqua-t-il simplement en se redressant. Mais c’était peut-être plus sage de ne pas la tenter, parce que malgré son enthousiasme, se faire rétamer risquait de passer rapidement de possibilité à réalité. Elle avait l’air bien réactive.

T'inquiète, on est prêts. On peut commencer directement, répondit-il quand même en souriant. Après tout, ils étaient là pour jouer.
Le bond montrait plus d'assurance qu'il n'en recelait en réalité, mais même lui s'y trompait. Il fit sautiller le ballon dans ses mains tandis qu’elle se reculait, avec une dernière question à leur égard. Moi c’est Hélios et lui c’est Nem, la renseigna-t-il. Ce dernier, visiblement remis du choc, s’insurgea de l’ignorance de leur vis-à-vis.

Alors, pendant qu'il parlait, Hell arma son bras, comme pour se préparer à un tir en hauteur. Et sans plus attendre, il visa les tibias de la fille. Les poings crispés, dans l'expectative de savoir s'il avait réussi ou non - il croyait aux miracles - il se força à lui retourner la question. Parce que la désigner par "la fille", ça devenait redondant et il manquait d'imagination pour les épithètes. Et toi, c’est quoi ton prénom ?

J'avais étonnée que le premier garçon n'avait pas eu le reflex de rattraper une simple balle, hum.. Il allait être facile à battre celui là. Enfin, il attrapait la manche de son partenaire. Comme s'il avait peur d'un simple lancé de mousse. Finalement, le blond répondit. Se présentant, Hélios. Un nom peu commun, mais l'évocation de Némésis fit comme un choc électrique dans ma tête. Oui Nem, pourquoi ne l'avais-je pas reconnu avant. Il était mon colocataire, mais entre l'effort que je venais d'accomplir et le fait que je ne sois pas du tout physionomiste, surtout avec des gens que je ne faisais que croiser, avait fait que je ne l'avais pas reconnu de suite.

« Ah oui Nemesis, excuse moi, je ne t'avais reconnu tout de suite. »

Entre temps, Hélios avait ramassé la balle et avait profité de mon inattention passagère mon smatcher directement mes tibias. J’eus à peine le temps de faire un petit saut de cabris mais pas assez haut pour éviter le projectile. Avec l'élan qu'avait prodigué mes jambes, le ballon s'envolla bien au dessus de nous avant de retomber bien plus loin. Mais un Aie qui avait suivi nous indiquait qu'en plus d'avoir touché deux cible en un lancé, le blond avait peut-être trouvé un nouveau joueur !

« Woah, effectivement tu es plutôt chaud, bien joué ! Moi c'est Amélie ! »

J'avais alors trottiné jusqu'au jeune garçon installé plus loin. Il avait l'air endolori par le jet qu'il venait de recevoir. Mais comment de la mousse pouvait blesser tout ces jeunes gens, ils étaient fait de sucre ou quoi !? Enfin, je récupérais alors la balle à ses pieds avant de me présenter.

« Salut ! Je m'appelle Amélie, je ne crois pas qu'on se connaisse. Désolé pour ce lancé... Je suis avec Hélios et Nemésis... » dis-je en les indiquant de la main. « On a besoin d'un joueur en plus, ça te dirait de venir avec nous ? »

Un sourire enthousiasme aux lèvres, j'espérais vraiment que celui désigné par la balle nous rejoigne.

Je m’incruste les loulous

Les vacances c’est trop cool ! Les examens sont passés et j’peux enfin profiter du repos. Bon, ok, j’ai pas eu une intense séance de révision. Je sais d’avance que j’me suis plantée mais j’m’en fous royalement. Quand je vois des gens se stresser en attente des résultats ils me font tellement de peine. Les pauvres ont trop de pression sur les épaules et feraient mieux de se détendre. Moi, c’est ce que je fais. J’suis dans le parc avec mes écouteurs vissés aux oreilles et le son à fond. N’empêche que je commence à m’ennuyer seule, les cop’s étaient pas dispo cet aprem.  Je guette les alentours en quête de distraction.

Y a pas des masses de monde dehors. Pourtant, il fait beau, je comprends pas pourquoi. Y a deux-trois ado qui jouent à la balle pas très loin. C’pas mon activité favorite mais ça m’occupera bien quinze minutes. Je me lève et m’étire comme à mon réveil. Mes articulations craquent et j’avance vers le pseudo groupe. J’suis en tenue idéal pour courir en plus : jupe courte et débardeur. Pas certaine que les bottines soient pratiques pour courir quand même. J’arrive à leur hauteur, j’envoie à la cantonade.

« Hey ! Vous cherchez encore du monde ? »

J’fais la polie mais en vérité, je leur laisse pas vraiment le choix. Au pire, j’suis prête à jarreter un mioche pour piquer sa place. Je compte vite fait et je trouve six personnes avec moi. Nickel, on va pouvoir se faire un 3v3 des familles. Je vire mes godasses et m’installe d’un côté. Qu’ils sont lents ! Le plus jeune se questionne sur les équipes. Je soupire un coup, faut tout faire ici !

« Ben ya l’équipe des loosers et ya la mienne petit. Tu choisis quel camp ? »

Je lui lance un clin d’œil, lui souris et lui ébouriffe les cheveux. Il est trognon celui-là avec sa bouille. Et tellement naïf aussi. J’décide de le prendre sous mon aile le temps du jeu.

« J’propose les deux filles et le loupiot contre les autres. Ça vous va ? »

Pitié dites oui qu’on en découde. On va pas mettre dix ans pour décider des équipes quand même… J'veux juste pas être avec le prof. J'le supporte déjà assez pendant l'année scolaire.

Ce nouveau visage qui me faisait face avait eu le don de me faire détourner le regard un instant. Ces yeux qui me dévisageaient, me mettaient mal à l'aise. Mais ne nous connaissant pas, je comprenais que le garçon ait besoin d'essayer de me percer avant de se lancer. Répondant positivement, j’accompagnais sa décision d'un large sourire.

Me retournant pour signifier aux autres que nous avions un nouveau joueur, j'aperçue alors un second personnage qui venait de s'ajouter. L'homme et non le garçon. Un professeur, celui des D, ou des C, je ne savais jamais. Sourire aux lèvres, il nous proposait de nous servir d'arbitre. Quelle idée…

« Un arbitre ? Je vois mal quelqu'un tricher avec des règles aussi simples. Mais si on décide de faire une manche disons… épicée, ce serait d'une aide précieuse. Merci, monsieur. »

Hochant légèrement le tête en avant pour le remercier, je m’apprêtais à répondre au dernier joueur arrivé au sujet des équipes, mais mon cœur eu un soubresaut. Une voix dynamique, une silhouette élancée, de merveilleux cheveux de feu… Qui était cette demoiselle plus âgée mais absolument magnifique ? Quelque peu déconcertée par cette apparition soudaine, j'étais mitigée entre admiration et profonde jalousie. C'est donc sans m'en rentre compte que mon silence avait permis à la pile électrique de s'imposer parmi nous, et choisir les équipes.

« Euh, ok… rien à dire. »

Je me positionnais alors à côté de mes deux futurs partenaires de jeu. Les yeux vers le haut, tentant de capter le regard de l'énigmatique aînée.