InvitéInvité | Sujet: Une belle journée en perspective [feat Flinn] Sam 30 Mar 2013 - 23:37 | | « Give me a heartbeat » Frôler de ses doigts la douceur blanchâtre de ces pages, dévorer du regard les mots un à un et les former dans une phrase sublimement écrite, comme si tout autour de soi était un environnement imaginaire dans lequel l'on se plongeait. Quelque chose de magique qui pouvait devenir réalité avec lui. Ses yeux suivaient les mots rapidement, tout en prenant le temps de déchiffrer le dénouement de l'histoire à chaque instant. Le cœur palpitait dans sa poitrine, comme tenu en haleine dans cette fantaisie irréelle, prit d'un soudain suspense. Totalement immergé dans ce monde, enfermé dans une bulle qu'on ne pouvait percer. Un endroit impossible à déceler, comme les pièces d'un puzzle tout aussi complexe. Estefan tournait la page délicatement, de ses doigts fins, caressant le papier et frôlant de ses doigts les mots. Le vent soulevait ses mèches blondes argentées, mais il ne bougeait pas. Comme ivre, l'euphorie semblait prendre totalement possession de son corps, comme une dose d'alcool un peu trop forte. Un mince sourire effleurait ses lèvres pâles dans une esquisse douce et rêveuse. Un regard mauve voilé d'innocence, illuminé par une étincelle flamboyante, brûlant d'une envie de tout découvrir.
Il approchait enfin d'un moment crucial, soutenant son souffle, comme si il était lui-même retenu emprisonné dans ce monde qui n'était pas le sien. Les autres y accédaient bien plus difficilement, ils devaient fermer les yeux, s'inventer les décors et tenter de survivre dans un rêve. Une chimère, fausse et transparente, sans aucune couleur. Une chimère qu'il était difficile d'atteindre, qu'on ne percevait qu'en fermant les yeux, qu'on tentait de réaliser, se mettre à la place du héros ou du méchant, des personnages... Tout ce contrôle pour ne voir que du flou autour de soi. Estefan s'imprégnait de cette logique, il absorbait ce qui était flou pour les autres et transformait la brume épaisse et grise en des couleurs et des formes, un paysage aux milles et unes étoffes, aux contrastes alliant les couleurs vives et les couleurs pastels. Comme une échappatoire à la vie, une source intarissable d'imagination, la chimère se transformait en réalité, les personnages vivant comme des êtres humains, pourvus d'un esprit de réflexion, dotés d'un intelligence et de sentiments. On se perdait souvent dans ces rêves chimériques, dans une atmosphère libératrice. Nulle élégance n'était cachée, aucune fissure ne se décelait dans cette histoire, car Esekíel sublimait l'image qu'il renvoyait aux autres. La lecture prenait une tournure tellement différente qu'on s'engouffrait par le simple contact du regard sur l'image transmise, comme si l'on regardait un film aux splendides couleurs de l'arc-en-ciel, teinté d'une dose lisse. Comme un tableau peint par un artiste. Des contours arrondis, lisses et parfaitement dessinés. C'était ce qu'il savait faire de sa magie. Faire d'une fiction de la réalité.
Les mots trouvaient leurs places dans sa tête, comme si cela devenait de plus en plus naturel, les pupilles du jeune homme se contractaient bien rapidement sous l'effet de cette intense retenue, comme si il oubliait le monde extérieur, plongé dans une transe euphorique. Une exaltante envie de se pencher, perdre le goût des choses, lentement mais sûrement. Il se perdrait dans une brume, qui peu à peu se dessinait, il ne bougeait pratiquement plus, sauf pour tourner la page. Un blanc, le vide. Son regard se voilait doucement, comme si il ne réagissait même plus aux bruits qui l'entouraient. L'étincelle était toujours présente, flamboyante et prenant une large place, cachant les pupilles déjà perdues par la contraction de celles-ci. Comme le passage du miroir, Alice pourchassant le lapin blanc, perdant peu à peu la raison, la capacité à réfléchir et le sens logique des choses. Un puits sans fin, où la chute n'était que plus longue, où le temps cessait de fonctionner. L'esprit tourmenté par les mots qui s'affichèrent de nouveau à lui alors qu'il continuait de s'engouffrer dans cette réalité chimérique, une intense envie de se laisser sombrer dans la folie ? Si on pouvait qualifier cela de folie. C'était sa manière d'échapper au monde, au passé bien trop brumeux, assombri comme ce puits sans fond. Une éternelle descente jusqu'à... Les couleurs apparurent au fur et à mesure de sa longue descente qui se fit plus calme, son cœur palpitant dans sa poitrine. Un rythme de cliquetis d'horloge en guise de battement musculaire, précieuse pour sa vie. Il respirait enfin, se laissant tomber comme une plume de colombe. Y rester serait de la pure folie, ce pourquoi il ne descendait pas plus bas, il voulait doucement remonter à la surface. Il craignait parfois ce monde bien trop vaste, trop coloré, trop irréel. Sa magie n'était de toute façon pas illimitée, il remonterait bien à un moment donné. Il restait un instant perdu, observant la scène qui se passait au travers des mots. Une lecture abusive qui transformait un rien en un tout. Une réalité déformée par les lois de l'imagination. Un simple bouquin disait-on... Pour lui c'était bien plus qu'un simple bouquin, c'était un parfait mélange de fiction mêlé très certainement à la réalité, ce qui le tenait sur terre. Il fallut un moment avant que tout ne s'efface, que son regard vide ne cligne une fois, récupérant les lignes sur lesquelles il s'était arrêté. La cruelle réalité des mots, les verbes et les adjectifs se mêlant les uns aux autres, ne formant que des phrases légères, mais en même temps oppressantes. Le tout transformé en rien. A nouveau. Il se sentait respirer, petit à petit, comme si depuis tout ce temps, il avait cesser de respirer. Le moment arrivait et le coupable se manifestait au rythme de ces deux pierres précieuses scintillantes qui allaient et partaient de gauche à droite, mariant les mots, décrivant les faits et gestes de chaque personnages fictifs, comme si leurs mouvements étaient imaginés, avec une fluidité déconcertante.
Le coupable arrivait enfin, il se dévoilait à l'avant-dernière page, Estefan restait en haleine, alors qu'il savait depuis le début que c'était celui-là qui avait commis tous ces crimes, tout comme l'inspecteur qui enquêtait. Encore fallait-il des preuves. Les faibles rayons solaires traversaient les feuillages de l'arbre sur lequel il était appuyé contre le tronc, réfléchissant contre la papier lisse, traversant ce regard améthyste qui devint transperçant au contact de la lumière. Sur cette peau pâle, la couleur blanchâtre du papier reflétait lui offrant une peau quasi translucide, dévoilant certaines veines bleutées. Doucement, il clignait des yeux, sans trop faire attention à ce soleil intolérable qui pouvait certainement brûler l'iris à n'importe qui qui s'amusait à faire comme lui. Seulement, Estefan était un jeune homme qui vivait dans un pays où le soleil frappait la neige, agissante comme un miroir en... Dix fois plus fort ? Mh... Le vent l'emportait une nouvelle fois, son visage transformé, blasé. Il soupirait calmement, sortant petit à petit de son rêve. La bulle se perçait, comme une bulle de savon qu'on éclatait brutalement d'une flèche tirée à l'arc brisant ainsi son état de transe qui le coupait de la réalité. Ses sens se retrouvèrent, l'ouïe et le goût, reprenant leurs places respectives. Le brouillard tapissait son esprit et ses pensées durant une minute, le temps qu'il réapprenne à discerner la réalité de la fiction, fermant enfin le livre dans un geste délicat, soupirant longuement. Il clignait plusieurs fois des yeux, observant les feuillages balancer au gré du vent, comme un souffle délicat et apaisant. Un bruit relaxant, étouffant les chants des oisillons appelant leur mère. Il fermait les yeux, l'espace de quelques secondes, jusqu'à entendre un bruit et voir une personne voler au dessus de sa tête... Son regard s'illuminait encore une fois, d'une étincelle deux plus intense, démontrant une fascination quasi extatique. Il s'aperçut bien vite que le garçon qui volait était Flinn. Son brave ami Flinn. C'était une tête en l'air ce jeune homme, mais il l'appréciait tout autant car il le comprenait parfaitement. Lui aussi était rêveur... Il réagissait alors que le garçon fonçait sur lui en piqué. Légèrement, il sentit la panique et étendait les bras, pour la simple raison qu'il devait le protéger. Éviter qu'il ne se fasse mal. Voilà Estefan, tu es ce que tu es, tu te dois de protéger ceux à qui tu tiens. N'est-ce pas un geste humain ?
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