MINI EVENT ; maillot de bain, cookies et tartiflette.

Assis près de toi, tu croises son regard et l’amertume se fait de plus en plus présente dans ta bouche. C’est comme avoir un mot sur le bout de langue. Frustration, colère. Tu l’observe se retourner mais ne cherche même pas à savoir qu’elle proie il s’amuse à choisir. Tu te contentes de fixer cette plaque qui provoque des remous dans ta mémoire. Sa main se pose d’ailleurs dessus et dévoile la face collée contre ton torse. Ton cœur fait un bond.

" C’est de l’ancien Népalais. "  Je sais ! as-tu eu envie de lui hurler. C’est du marathi. Une langue morte depuis des siècles. Langue que ton père t’avait appris parce qu’il était historien et que ces arabesques te fascinaient. मोहजाल. Un flot de sensations contradictoires t’envahit mais tu restes stoïque ; tes yeux incapables de se décrocher de cette écriture déchiffrent et ton cerveau traduit. Tu plonges ton regard dans le sien, azur comme un lagon afin d’y trouver une explication. Ton cœur est pris dans un tourment et la tempête gagne peu à peu tes prunelles. Tes muscles deviennent raides et le sang cogne dans tes tempes. « Sais-tu ce que ça signifie ? » Tu connais bien évidemment la réponse. Ce gars n’a certainement jamais mis les pieds au Népal. Il peut avoir rencontré quelques-uns de tes patriotes mais c’est impossible qu’ils aient pu le traduire. Pour la plupart des gens, ce n’est qu’un gribouillage. On respecte les hiéroglyphes, les oiseaux, mer, scarabée mais jamais les lignes divines tracées par tes ancêtres. Courbes que tu sais magner à la perfection.

Tout s’enchaine très vite.  "– Illusion. " En effet, celui qui le lui a traduit ne s’est pas trompé. Tu ne crois pas aux coïncidences.  . " - Pas acheté"  Alors quoi, il l’a trouvé ? "Ancienne amie qui…"  Il laisse sa phrase en suspens. Le temps semble en être effet s’être suspendu. Ta gorge se serre, comme prise dans un étau. Ainsi, c'est bien ton écriture. Tandis que ses sourcils se froncent, tes yeux s’écarquillent par mégarde. Surprise, ton cœur manque de déborder. Ton prénom passe finalement la frontière de ses lèvres et les souvenirs te submergent comme la vague qui – dans une pulsion suicidaire – va se fracasser contre les rochers. Tout s’emmêle mais ton sourire brise tous les interdits, toutes les barrières. Ça fait tellement longtemps que ça ne t’était pas arrivé que tu as l’impression de faire une grimace. Pourtant, impossible de le faire disparaitre. D’un ton enjoué qui n’est habituellement pas le tien, tu lui réponds : « Je suis impressionnée que tu l’ais gardé pendant si longtemps » Plusieurs années. Le gamin déjà têtu qu’il était est devenu un charmant gaillard, constates-tu avec satisfaction. Pour ton plus grand plaisir, et pas seulement le tien d’ailleurs. Les filles lui rôdent certainement autour dès qu’il pointe le bout de son nez. « Je suis contente que le Didou turbulent que je connaissais ait au moins réussi à retenir une de mes leçons.  » lâches-tu dans un petit rire. Tu te souviens avec amusement de son surnom. Néanmoins, une sensation étrange engloutit toute ta joie. Il a changé ne serait-ce que physiquement, tellement que tu n’as pas su le reconnaitre aux premiers abords mais son caractère a dû être durablement modifié. Souhaites-tu vraiment renouer avec cette partie de ton passé ? Ton sourire s’estompe mais au fond de tes prunelles, une flamme irisée comme un éclat d’opale, s’est mise à danser.