FLASHBACK || Faut que je te le dise, mais j'ai pas les mots.

☆ J'en avais foutrement marre. Cela faisait presque une éternité que je n'avais pas dormi paisiblement. C'était devenu ingérable, totalement ingérable. Shery, Shery, Shery. Sans cesse dans ma tête, sans pauses à me hanter. Il fallait bien que je passe par là, il fallait bien que cela m'arrive un jour; que je puisse penser tomber amoureux, ce n'était aucunement dans mes projets et pourtant, me voilà là, à attendre mon invitée. J'étais nerveux, plus que nerveux. Je ressentais toutes sortes de choses, comme une boule dans l'estomac, me demander si j'étais bien habillé ou même vérifier si j'avais tout fait correctement. Je ne me ressemblais pas. Enfin si, mais non en même temps. C'était trop étrange pour moi tout ça, ça dépassait l'entendement.

Devant le miroir, je soupirais les joues gonflées. J'étais pâle, plus pâle que d'habitude et j'avais déjà fait plusieurs bourdes dont j'en tairais les faits. Bon, ce n'est pas moi, rien à faire, je retire tout ce méli-mélo. D'un coup de main, j'ébouriffais mes cheveux qui se re-déposaient de manière désordonnée, ce qui était mieux pour me sentir moi-même. Pas besoin de paraître élégant, je l'étais déjà -paye ta modestie-. Il fallait surtout que je me calme, que je respire. Shery n'était pas la première fille à qui j'allais avouer mes sentiments, mais c'était toujours pareil avec moi; j'étais un maladroit gêné et timide. Caractère à la con tien ! Je me vengerai ! Soupirant une énième fois, je prenais mes affaires et sortais du cabanon pour me rendre à son cabanon. J'étais comme ça, j'allais pas aller l'attendre au restau'. Une main dans la poche de mon pantalon, je chipotais au petit bracelet que j'avais fabriqué pour elle. J'espérais au fond que cela lui plairait, j'avais la trouille qu'elle le prenne pour une avance quelconque. Oui, non, c'était le cas, on s'entend là-dessus, mais qu'elle fuit ce présent était une hypothèse qui m'angoissai. Devant la porte de son cabanon, j'ajustais nerveusement ma cravate, et je frappais trois fois d'une main ferme et douce à la fois, patientant le moment fatidique où elle ouvrirait la porte.

La porte s'ouvrait, la laissant passer. Fasciné un instant par son visage, je secouais subtilement la tête, rougissant -aussi rouge qu'une tomate trop mûre-. Un sourire gêné et timide, je prenais la parole.

« S-salut Shery. Es-tu prête ? »

Il fallait que je le lui dise, ça ne pouvait plus durer, et je sentais que ce soir serait l'opportunité d'agir. En attendant le bon moment, je lui tendais le bras, qu'elle puisse le prendre. Aller Brad', tu peux le faire, on s'arme de courage, tout se passera bien.

☆ « Vraiment ? Si j'étais arrivé plus tôt, je n'ose imaginer ! »

Je ris doucement, pour ne pas qu'elle le prenne mal. J'essayais d'être naturel, normal. Mais comment pouvais-je être normal devant elle ? Comment me comporter naturellement alors qu'elle était la personne pour qui mes sentiments s'étaient développés ? Je suis embrouillé et j'aime à me dire que je ne pourrais pas vraiment me lasser de son regard, c'est impossible. Et aussi sobre est-elle habillée, elle est plus que ravissante. Mon regard s'attendrit rien que lorsque mon regard croise le sien.

« Tu es ravissante... »

Okay okay. Calme. Elle me prend le bras et la marche débute sur ce mouvement. J'ai le coeur qui bat vite, la nervosité prend plus en plus d'ampleur, je crois que mon cerveau va exploser. J'en oublie même de lui présenter le bracelet et c'est en mettant ma main dans la poche qu'il me rappelle son existence. Je m'arrête un instant, alors qu'elle me demande doucement où je l'emmène. J'éclaircis ma voix et tripote dans ma poche. Je sens une montée d'AndréNaline. Bon, assez de jeux de mots pourris. Je prends délicatement son poignet, cherchant mes mots.

« Euh... J'ai-j'ai fais ça pour toi. » , je sors le bracelet et l'enroule à son poignet, « J'espère qu'il te plait. »

Ce n'était pas grand chose, je m'amuse souvent à ça quand je m'ennuie vraiment. C'était un joli bracelet, la chaîne était en argent léger, et les breloques n'étaient pas dérangeantes. Je lâche son poignet, relevant les yeux sur elle. Je sais que je rougis à l'instant précis et mon sourire n'arrange pas les choses. Je l'invite à reprendre la marche, tout en me décidant à lui répondre.

« J'espère que tu as faim. »

Bon, je ne lui dit pas exactement où on va, mais elle devrait se douter. Shery était belle, gentille et intelligente, je savais qu'elle pouvait très vite comprendre. Elle n'aimait pas vraiment les surprises, j'en avais déjà fait les frais. Déjà que lorsque je l'avait invitée, elle m'avait demander le "programme" de la soirée. Je le lui avait caché, je ne voulais pas qu'elle fuit. Néanmoins, je répondais plus clairement.

« Car je t'invite au restaurant ce soir. »

Je tournais la tête vers elle, souriant de toutes mes dents. Le problème dans ce genre de situations, c'est qu'il y a toujours quelque chose pour le casser. Surtout lorsqu'il s'agit de moi et Murphy en voulait vraiment à ma tronche. Un petit trou dans le sol me fit manquer de bien me rétamer à terre, mais heureusement, je repris contenance en soupirant. Là, j'avais de grosses chaleurs, de honte. Je me tournais vers Shery, tout en balançant mes cheveux de la main.

« Ne t'en fait pas, c'est habituel. Haha ! »

Habituel lorsque tu es amoureux, banane ! Quoi qu'il en soit, nous reprenions la route et très rapidement, on arrivait en ville. La nuit se pointait, doucement et les lumières de la ville éclairait déjà les rues. C'était envoûtant, c'était romantique. Propice, tout allait se passer selon mes idées, je m'en persuadais. Je sortais de la poche de mon corset de costume une montre à gousset, d'où j'observais l'heure. J'avais réservé la table en ayant calculé l'heure à laquelle nous arriverions. Il n'était pas loin d'être vingt-heure. Nous avions donc trente minutes pour s'occuper.

« Tu veux faire quelque chose avant d'aller manger ? »

☆ Je la regardais, le sourire aux lèvres. Elle pouvait m'emmener où elle voulait, c'était sa soirée. Ma révélation peut attendre. Ou presque. Courtois, je l’amenai là où elle voulait, au parc. Installés, je restais proche d'elle, assez pour sentir son parfum.

« Bien sûr, rien ne presse. »

Trente minutes. Trente minutes pour soit, foncer et ne rien perdre, soit attendre la fin du repas et discuter ici, le plus simplement du monde. Je tournais la tête vers elle pour l'observer, son visage ravissant, ses longs cheveux qui entourait ses traits fins... J'étais vraiment très amoureux. Je pensais même qu'on allait être ensemble pendant un moment, et peut-être qu'elle serait heureuse. De toute façon je voulais lui parler de ça, de ce sentiment qui avait fait de moi un jeune-homme un peu hors de ses pompes. Je pensais à elle, elle hantait mes pensées et partout où j'allais, elle ne me quittait pas. Sortant de ma rêverie, je réalisais soudainement quelque chose qui ne m'avait pas traversé l'esprit.

« Tu n'as pas froid, ça va ? »

Même si il ne faisait pas vraiment froid, le soir est souvent plus frais que la journée en cette période. J'avais ce qu'il fallait si jamais, je portais ma veste, mais j'allais avoir plutôt très chaud avec cette animosité maladive à ses côtés. Je me redressais, m'étirant par la même occasion.

« Et puis, si tu me racontais comment tu vas ? »

Tant qu'à faire, prolongeons donc le moment fatidique où je m'avouerais tien, histoire d'encore plus flipper. J'étais nase. Une tête de cloche sur une tige de lampadaire. VOILA, PAS MIEUX POUR ME DÉFINIR. J'étais vraiment paumé, je ne savais quoi dire, ma timidité n'arrangeant en rien les choses, c'était même pire. Je passais une main derrière ma nuque, alors que je l'écoutais à mes côtés sans oser trop la regarder.

Tout se mélangeait dans ma tête, je chipotais mon oreille, signe alarmant que j'étais très nerveux. Je rougissais et mon cœur battait fortement. Après un instant de silence, je me décidais à enfin lui avouer ce pourquoi je l'avais invitée, mais j'avais tellement peur de précipiter les choses qu'à chaque fois que je voulais le lui dire, je me ravisais rapidement. Que fallait-il que je lui dise, parler de quoi exactement ? Je ne savais plus, alors qu'avant de partir, j'avais répéter comme un imbécile dans ma chambre. Je me tairais au sujet que, j'avais sauté sur mon oreiller que je prenais pour la "Shery test". Je l'avais presque bouffer, d'ailleurs. Pauvre oreiller qui avait été malmené. On ne pouvait que le plaindre avec un tyran tel que moi. Si, c'est sérieux. Même que j'avais osé parler comme un homme très élégant à Margaly, mais elle s'était enfouie en courant lorsque je m'étais mis en tête de lui faire un petit bisou sur le front. Elle était très câline, ce pourquoi elle ne m'avait pas fuit longtemps. Après avoir repensé à cette anecdote, je m'apaisais, m'installant confortablement sur le banc.