The voice within ♦ Ft. Cody

Une fois de plus et comme d'habitude, tu erres lamentablement dans les nombreux corridors que contient le bâtiment. Fidèle à ta routine, tu t'étais encore perdu dans l'établissement, ratant le battement et étant officiellement qualifié en tant que retardataire. Sur le coup, tu n'avais pas le goût de subir les représailles de l'enseignant de l'heure et trop honteux pour te présenter, tu avais opté pour visiter l'école. Le pensionnat étant tellement gigantesque et toi, étant tellement lent, cela te prenait plus qu'une journée pour explorer le territoire. Il va sans dire que c'est la raison du pourquoi l'on te retrouve souvent à déambuler timidement dans les couloirs déserts à des heures improbables. Voilà pourquoi, lors d'une soirée sombre et silencieuse, tu parcourais les allées sombres, n'ayant toujours pas trouvé de sortie en trois heures pour retournés à ta chambre.

Pourtant, cette fois-ci, tu te sens en sécurité. Le fait qu'il n'y est pas de brute épaisse et assoiffée de faiblesse aux alentours te rassure. Tu ne te sens pas menacé car tu es seul et ce silence improvise te laisse respirer en toute sérénité.

Tu n'as aucune idée d'où tu es et même si, avec des efforts infinis, cherchais à te retrouver sur la carte du pensionnat, tu crois que tu échouerais péniblement. Tu ne prends donc pas la peine d'essayer de trouver une solution au problème et t'engages à longer un autre couloir. Coup d’œil à ta gauche et un autre à la droite ; cet endroit ne t'est pas familier pour le moins du monde.

Tu es décidément perdu. Seul contre un silence qui devient de plus en plus désagréable et stressant, faisant face à une triste solitude. Tu commences peu à peu à être effrayé, et inutile de dire à quel point tu aurais pu faire une crise cardiaque lorsque tu entendis le bruit d'une fenêtre se fracasser bruyamment. Tu t'en ronges les ongles de peur. Courageusement, tu t'approches à petits pas de la source du vacarme et, frôlant un balai sauvage de la pointe de ton pied, celui-ci trouve utile de s'étaler sur le sol dans un bruit agressant. Tu retiens ton souffle par peur et vires au rouge lorsqu'une voix masculine et intimidante t’interpelle. Tu aimerais t'enfoncer six pieds sous terres.

Voilà voilà ❞

Il s'approche à une allure alarmante. C'est beaucoup trop vite à ton goût. Pourtant, il ne se retourne pas et continue de se diriger vers toi alors que pour ta part, tu es déjà prêt à faire une crise d'asthme dès qu'il serait dans ton champ de vision. Tu tentes du mieux possible d'avoir un aperçu de ce que tu t'apprêtes à faire face et à la vue de sa carrure faciale, tu es déjà prêt à t'enfuir. C'est un adolescent plutôt grand et bien entraîné, tout ce qui t'effraie le plus. Un macaque sans cervelle au poing cassant. Tu as déjà peur de ce qui va suivre.

Il s'approche puis te contemple avant de faire un commentaire désobligeant à propos de ton apparence. Tu savais déjà que tu avais l'air bien plus jeune que ton âge, mais jamais personne n'avait auparavant osé t'informer que tu avais l'air d'un môme. Certes, ton physique unique et ton caractère de parfaite mauviette, tu t'étais déjà douté que tu ressembles à un enfant de onze à douze ans. Pourtant, le fait qu'il te rappelle ce détail vexant te frustre un peu mais parce que tu sais que tu ne fais pas le poids face à lui, tu te résignes à être le plus muet possible.

« N-ne dis pas des bêtises, j-je suis largement plus vieux que ce que j'en ai l-l'air. », tente-tu de dire en tournant les pouces et en les fixant.

Tu épargnes de lui apprendre comment tu t'es ramassé à un tel endroit à une telle heure ; tu ne désires pas avoir l'air d'un incapable devant un homme qui sembles beaucoup plus compétent que toi. Déjà que l'on devinait que tu étais faible, il n'avait pas, en plus de cela, besoin de savoir que tu n'avais aucun sens de l'orientation.

Flash McQueen ❞

Même si ton comportement peu adéquat te gêne, les pensées du jeune homme que tu parviens à intercepter malgré toi aggravent ton cas. Cette rencontre allait sans doute être la pire que tu aurais pu imaginer. Tu captais, en plus de ça, ces pensées. Aurais-tu un deuxième don ? Impossible. Juste impossible. Tu secoue la tête après qu'il se soit reviré, te persuadant que cette attraction devait être due au pouvoir de ton interlocuteur et qu'il était catégoriquement impossible que tu sois le possesseur d'un deuxième pouvoir. Tu lui jettes un coup d'oeil avant de le regarder et en t'adossant au mur le plus proche de toi.

« J'ai seize ans. », dis-tu en tapant de faibles coups sur le mur à répétition, toujours le dos collé à celui-ci. « Je n'ai pas vraiment le sens de l'orientation, vois-tu, et voilà que je me retrouve ici. », ose-tu rajouter en te grattant la joue, celles-ci étant légèrement rosées.

Tu peux déjà imaginer son soupir et le regard méprisant qu'il allait sans aucun doute t'envoyer alors que tu resterais où tu serais, impuissant face à sa réaction peu désirable. Ta tête, de son propre gré, décide de parcourir la pièce pour finalement y retrouver une sortie dans ton champ de vision. Cependant, la porte a inexplicablement été massacré par tu-ne-sais-quoi et craint de n'être dans de sérieux problèmes si tu advenait à être vue en train de sortir par celle-ci. Tu te contentes donc de poser ton regard sur le roux de nouveau ; tu avais déjà deviné qu'il était celui qui avait complètement détruit la porte. S'il était capable de faire ça a une simple porte, que pourrait-il faire de toi ? Il faut dire que la porte, dans un combat au corps-à-corps, te vaincrait sans problème. Puis soudainement, tu commences à craindre pour ta vie ; tu visualises le moment où l'adolescent te prendrait les épaules et t'écraserait contre un mur. Ton cerveau hurle le nom d'Alessia en vain, car tu sais qu'elle ne sera pas là pour te sauver cette fois-ci. Il faudra que tu te débrouilles par toi-même si tu veux t'échapper. Tu souffles de désespoir et regardes le garçon dribbler. Ensuite, tu poses ton regard sur toi. Tu es tellement petit, mince et avec de petits brases. Tu as l'air d'un vrai môme, il a raison. Enfin, tu n'as l'air d'avoir quatorze ans et tu ne sais pas si tu devrais être flatté ou offusqué par ce genre de propos.

Pardon c'est pourris ❞

T'a peur. Tu pourrais littéralement faire une crise cardiaque, tellement les agissements de cet inconnu commencent à te traumatiser. Son tempérament enragé te donne la frousse et si tu pouvais, tu t'échapperais par la première fenêtre que tu verrais. Tu as déjà pu constater le don de ton interlocuteur et tu as également deviné qu'il n'a aucun contrôle sur celui-ci, ce qui t'incite à rire. Pourtant, tu te retiens. Il te traite d'incapable alors qu'il est encore plus minable que toi, dans le fond, mais tu n'oses pas lui faire savoir. Tu sais déjà, par malheur, le sort qui t'attendrait si tu tentais de placer deux petits mots à ce sujet.

Et en plus de cela, ça ne suffisait pas. Il veut savoir qui est cette "' Alessia '" que ton esprit interpelle. Lui voulait-il du mal ? Tu n'en as aucune idée, mais tu ne désires aucunement apporter des problèmes à l'adolescente, surtout si c'était cette grande brute épaisse et musclée qui allait se présenter en face d'elle. Tu préfères donc taire le sujet et, lançant un regard vers la porte massacré, marmonne faiblement une phrase à peine audible.

« Euh... je crois que je vais partir. Je retrouverai mon chemin par moi-même. »

Tu te diriges donc silencieusement et calmement vers la porte, espérant éviter les foudres provocatrices du jeune homme qui t'effraie tant. Tu souhaites qu'il reste muet et qu'il te laisse filer à l'anglaise, sans demander ton reste. Pour ta santé mentale autant que corporelle, tu espères également ne pas recroiser ce garçon dans les couloirs jusqu'à la fin de tes études, même si tu te doutes que faire une telle chose soit possible.

C'est court et nulle, pardon. ❞

Il t'arrête et entreprend de te faire les poches. Tu lui aurais refilé ce qu'il voulait en temps normal, mais cette fois-ci tu n'avais rien sur toi. Autant dire que tu n'avais jamais rien, comme tu ne travaille pas. Ce sera bien triste, mais il me semble que tu resteras pris ici, avec ce garçon, jusqu'à ce que tu aies de quoi le payer. La question était ; le payer avec quoi ? Tu n'as absolument rien sur toi, excepté tes vêtements ! Tu sens que ta soirée sera pénible et que tu allais dormir sur le sol ce soir en étant constamment fixé par une brute sans cervelle. Génial, il ne manquait plus que ça. Tu peux désormais mourir en paix.

Tu fais un pas en arrière, tes mains et ta tête pivotant de gauche à droite. Une goutte de sueur perle le long de ta tempe et tu cherches tes mots sur le coup. Cette journée, tu peux officiellement la qualifier dans la catégorie des plus merdiques de ta vie.

« J-je n'ai rien sur moi. »

Et c'était vrai. Pourtant, tu te doutais déjà que le jeune homme n'allait pas entendre un seul mot de ce qui sortais de ta bouche à ce moment-là. Cette discussion ne mènera à rien et tu le sais. Tu auras beau te débattre, t'excuser ou hurler comme un défoncé, tu es certain de n'avoir aucune chance de sortir de là avant un moment.

Ça aurait pu être utile de pouvoir générer de l'argent.

Pourtant, tu es bien malchanceux et ce n'est pas ton cas. Tu es condamné et tu le sais. Tu soupir et jettes un coup d'oeil à l'inconnu dont tu ne connais même pas le nom et te retourne. Peut-être pourrais-tu tout simplement retourner sur tes pas ? C'est une idée comme une autre, mais tu commences à avoir atrocement aux jambes à force de marcher et tu sais qu'il y a une sortie juste sous tes yeux. Le problème, c'est qu'un enfoiré la bloque. Tu marmonne des injures à son propos dans ta barbe et t'assied dans les estrades avant de pester d'une voix forte.

« Gardes-moi ici tant que tu veux, je t'ai dit que je n'avais rien à te donner. Tout ce que tu fais, c'est faire perdre mon temps en plus de tuer le tien. »

Voilà voilà ❞

Tu n'as plus une once de respect pour ce connard, mais tu ne lui fais pas savoir. Tu préfères rester timide, comme à ton habitude. Pourtant, le jeune homme ne semble pas apprécier ton comportement et il te le fait savoir. « C'est qu'il est malpoli, celui-là. », penses-tu sur le coup. « Je ne lui dis pas ce que je pense de lui, donc il peut bien garder ses commentaires pour sa petite personne insignifiante. ». Voilà ce que tu détestes le plus ; tomber sur un garçon qui est craquant, mais qui a un sale caractère. Il faut dire que tu n'es plus impressionné, tu as appris et à maintenant l'habitude de deviner la psychologie des gens. Ça se voit dans leurs visages et il ne faisait pas exception. « Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi mal élevé. »

Un silence s'ensuit. Un silence court mais pénible, qui finit par être coupé par la proposition moqueuse de ton interlocuteur. Celui-ci te propose de faire une partie d'un sport lambda et que, si tu réussirais à gagner, tu aurais la chance de pouvoir partir avant le levé du matin. Tu te grattes le menton et soupir intérieurement. « Même si je gagnerais, il pourrait me garder s'il voudrait. ». Plus précisément, tu ne voyais pas réellement d'issus de secours peu importe si tu gagnais ou non ; excepté si le roux était tout simplement con et qu'il le laissait filer aussi bêtement. Il faut dire qu'il n'avait pas l'air très futé.

Il te laisse l’embarras du choix ; tu peux décider du sport que tu veux. Il a l'air assez confiant et tu sais que, malgré le choix que tu ferais, tu n'aurais pas grande chance d'y remporter la victoire pour la simple et bonne raison que tu hais le sport. Tu n'as jamais aimé ça et c'est une matière qui continue constamment de baisser dans ton estime. Pourtant, s'il y avait bien une infime chance de pouvoir passer ta nuit les yeux fermés, c'est si tu osais te mesurer à cet homme musclé et grand. Eh bien, tu te résonnes ; tu es pathétique en sport, mais mieux vaut essayé que d'y passer la journée. Il y a bien un sport dans lequel tu sais te débrouiller sans être un professionnel, mais tu peux deviner qu'il n'y a sans doute aucun terrain de tennis intérieur qui existe dans cette école et si ton intimidateur déciderait de t'emmener à l'extérieur pour jouer, tu n'aurais qu'à attendre le moment d'inattention propice pour détaler. Tu n'as vraiment aucune chance.

« Tennis. »

D'habitude, tu n'est pas aussi directe et froide avec les gens qui t'entourent. Cependant, quand quelqu'un le mérite, il le mérite ; car tout le monde sait que ce n'est absolument pas ton genre d'agir ainsi. Tu es d'un tempérament renfermé et timide mais là, tout de suite, ça ne ressemble en rien à ce que tu fais normalement. Mais tu sais que tu ne peux pas te faire marcher sur les pieds ainsi. Tes mains sur le banc, tu donnes un élan pour t'aider à te lever avant d'ajouter qu'il devait trouver un terrain, comme tu n'en connaissais pas encore.

Voilà voilà ❞

Tu continues d'entendre ses pensées peu désirables et y accordes très peu de ton attention, celles-ci ne t'intéressant pas pour le moins du monde. Tu le suis sans grande conviction jusqu'à ce que vous atteigniez une salle occupée par un gigantesque terrain de tennis. Son commentaire te fait étouffer un rire d'amusement, un peu impressionner qu'il ne semble jamais avoir vu un terrain de tennis. Tu prends une raquette et te diriges vers le bord qui te semble le plus aptes à tes habitudes avant de prendre une balle qui longeait le sol jusque-là. Tu attends qu'il se soit placé correctement et après avoir soufflé un « c'est parti » de désespoir, tu projettes la balle dans les airs pour enchaîner avec un smash ; la typique manière de faire le service.

Ça fait déjà quelques minutes que vous avez commencé et tu remarques qu'il semble à avoir de la difficulté à suivre ton rythme. Tu as déjà fait quelques points et a l'avantage sur lui, surtout au nombre de fois où il a manqué ses services. Autant dire que tu as beau être médiocre dans ce sport, tu ne te trouves plus si nulle que cela. Il s'est engagé dans un sport dont il ne connaît pas les règles. Tu lui renvoies une fois de plus la balle, essayant de reprendre ton souffle du mieux que tu peux malgré ton habit très peu aéré qui t'empêche de respirer calmement. Tu smash et retire ton bonnet gris en vitesse. Tu as beaucoup trop chaud. « Une bonne douche ne ferait pas de mal. », penses-tu. « Il devrait y en avoir ici, donc je les utiliserai s'il décide de me garder ici. »

Tu commences à te sentir étroit ; tu as de la difficulté à te déplacer, tes jambes commençant à puiser dans leurs dernières forces. Autant dire que tu n'as jamais été fait pour le sport et que tu n'es pas habitué à faire autant d'efforts physiques.

Pardon c'est pourris. ❞