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 don't worry, i'm still here for you || HANNAH

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MessageSujet: don't worry, i'm still here for you || HANNAH   don't worry, i'm still here for you || HANNAH 1400359500-clockLun 1 Sep 2014 - 23:27
Coup de gueule.
 Le matin, j’avais tenté d’étudier, mais je me rendais compte de la différence entre mes devoirs et ceux des autres B. Même si mes cours avec Victoria et mes facilités m’aidaient à garder la cadence, j’étais loin derrière la classe. J’avais beau être l’un des meilleurs en littérature, c’était l’inverse dans les matières scientifiques. J’avais serré les dents face aux devoirs de physiques, failli m’énerver devant mon incompétence. Incompréhension totale. Mon livre avait volé au travers de la chambre que j’avais quitté à grands pas, sur les nerfs.

Dos contre le mur, au détour d’un couloir des dortoirs. Je reprenais ma respiration, haletant, décidé à ne pas m’énerver. Fini le Berserker. Fini les crises de colère stupides. J’avais décidé de me prendre en main, de faire une pause dans tout ça. J’avais pensé à toutes les personnes que j’avais laissé derrière dans cette entreprise qu’était RED, j’avais pensé à tous les liens que j’avais oublié. Maintenant que Heath n’était plus là, l’envie d’abandonner était plus forte que jamais - tout comme le besoin de rester fort.

En un mot, j’étais perdu.
Un soupir s’échappa d’entre mes lèvres humides à force d’y passer ma langue, sous l’effet de la nervosité et de la frustration. Ce n’était pas de bon augure. Je jetais un regard par la fenêtre, observais brièvement ce paysage blanc et froid. Très honnêtement, ça avait été le pire été de ma vie. Le seul point dans tout ça qui pouvait être retenu, c’était mon amitié avec Heath démultipliée. Seulement, cette dernière avait effacé en un instant. En pleine nuit, des années disparues, par la simple volonté d’un homme égoïste.

Je soupirais, sachant pertinemment à quel point ressasser ces pensées était mauvais. Mon dos glissa contre la paroi, n’ayant pas la force de me détacher du mur pour me glisser dans ma cabane. Cette volonté de paix suffisait à me huiler, mais ces pensées noires me pourrissaient peu à peu. Mes bras s’enfoncèrent dans le manteau d’hiver que j’avais acheté pour l’occasion, l’autre étant devenu trop petit. Des gants enfilés à l’improviste et j’avais foncé dehors pour me changer les idées. Sans but, sans lieu où me rendre - pas hasardeux, selon mon envie, selon mon besoin d’évasion. Tenir la barre droite était aussi fatiguant que la laisser filer dans tous les sens.

Face au lac gelé, mon regard se perdit. Je fus tenté de mettre les pieds dessus, mais la peur me ravisa. J’observais les alentours, fus surpris de voir un coin qui n’était pas encore touché par l’hiver. J’accélérais le pas, fus surpris de voir une personne assise - mon regard se plissant. Je n’avais jamais eu une bonne vue, mais j’étais certain qu’il s’agissait de Hannah. Ma bouche s’ouvrit sous le joug d’une agréable surprise quand je la reconnus, prenant même la liberté de m’asseoir à ses côtés, sourire aux lèvres.

« Hey ! Ca fait longtemps que je t’avais pas vue dans un décor pareil. La dernière fois, j’étais en plein concours de création d’un ballon de basket en neige avec Lysander. 'Me semble que t’as jamais aimé trop aimé le froid, tout ça... Enfin, maintenant ça s’explique ! »

Humour. Nostalgie. Ma langue claque silencieusement dans ma bouche, je me retiens comme d’habitude de trop bousculer les gens. Il y a tellement de choses que j’aimerais dire, tellement de choses que j’aimerais expliquer. Mais je la connais et en ce moment, je ne suis pas sûr que les choses aillent si bien que je veux me le faire croire.
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MessageSujet: Re: don't worry, i'm still here for you || HANNAH   don't worry, i'm still here for you || HANNAH 1400359500-clockMar 2 Sep 2014 - 10:32


Mauvaise surprise au réveil. Roulée en boule plus que jamais, tu t'étais réveillée sous une véritable montagne de couvertures. Tu n'avais même pas le souvenir de t'être relevée pour en sortir d'on ne sait où. Tu étais sortie de cette épaisse et agréable chaleur pour regagner la cuisine et aller préparer ton petit-déjeuner. Et le froid régnant t'arracha un tel frisson que tu étais retournée dans ta chambre pour t'enrouler dans une couverture.

Oh, il ne faisait pas si froid qu'on pourrait le croire. Les personnes normales penseraient simplement qu'il fait un peu frisquet. Mais, toi, écureuil, tu ne trouves pas la température très réjouissante. Te voilà donc avec ta tasse de chocolat chaud presque brûlante entre les mains. Tu grignotes ta brioche, silencieuse et seule. Tu t'efforces de te lever un peu plus tôt, histoire d'éviter Heath.

Puis, après t'être habillée d'un long manteau et d'une écharpe bouffante, bonnet assorti vissé sur la tête, tu es sortie dans le froid, presque surprise de voir cette fine pellicule blanche collée au sol. Tu en as naturellement déjà vu. Mais, dans un autre climat, elle semble différente. Plus belle, plus froide. Plus tenace.

L'idée d'un hiver long et particulièrement froid te fait frissonner et tu fourres tes mains dans tes poches.

Pourtant, au lieu d'aller te mettre au chaud, tu te diriges vers le petit lac. Tu aimes bien y aller en ce moment. L'eau t'apaise, le paysage aussi. D'autant qu'il y a peu de passages. Un endroit parfait pour une sauvage comme toi. Tu repères un petit coin épargné par la neige en raison des épaisses branches d'arbres qui servent de barrière. Tu t'installes là, les genoux ramenés contre la poitrine, les bras entourant tes jambes. Et tu regardes l'étendue d'eau devenue glace.

L'hiver a toujours eu un côté vulnérable. Dans cette étendue blanche, tu ne peux pas te cacher. Ni en te fondant dans le paysage, ni même en te cachant derrière quelques végétaux. La nature est devenue comme nue. C'est à la fois apaisant et inquiétant.

Perdue dans tes pensées, tu n'entends même pas quelqu'un arriver et s'installer prêt de toi. Tu sursautes alors lorsqu'il prend la voix. Un timbre de voix bien particulier. Gautier.

« Hey ! Ça fait longtemps que je t’avais pas vue dans un décor pareil. La dernière fois, j’étais en plein concours de création d’un ballon de basket en neige avec Lysander. 'Me semble que t’as jamais aimé trop aimé le froid, tout ça... Enfin, maintenant ça s’explique ! »

Tu le regardes, surprise de sa présence. Mais, bien vite, tu détournes la tête, sourcils légèrement froncés. Pourquoi faut-il toujours que tu tombes sur des personnes que tu souhaites éviter. Enfin... c'est surement toujours mieux qu'Heath ou Charlie.

« Je t'interdis de me parler de Lys. »

Ça t'a échappé. T'aurais pu être plus aimable, bien que la chose n'est pas été lancée méchamment. Plutôt froidement. Mais c'est ton coeur, avant ta raison, qui parle. Tu n'aimes pas ce que Gautier est devenu. Tu tiens Heath comme étant un des responsables. Même si tu sais que Gautier est du genre à prendre ses décisions sans qu'on lui prenne la main. Le coeur lourd et, sentant son regard posé sur toi, tu enchaînes.

« Qu'est-ce que tu veux Gautier ? Parler du bon vieux temps ? De l'époque où toi, Lys et moi on faisait des galettes de boues ? » Tu pousses un grognement. « Ne me fais pas rire. »

Tu soupires, finissant par te lever. Tu ne peux pas l'affronter. Parce que ça fait mal, parce que Gautier te rappellera toujours Lys. Parce que Gautier est comme une sorte de frère, comme l'a été Lys. Un havre de paix. Non, il était un havre de paix. Il n'est plus que violence et rancune à présent.

« T'as plus rien à voir avec le garçon que j'ai connu. Et Lys n'apprécierait pas, tout comme moi, de voir à quel point tu as changé. » Et tu termines, murmurant. « Et ça me tue. »

Tu t'éloignes déjà, sachant pertinemment que, quoi qu'il lui arrive, Gautier gardera toujours une chose en lui. Quelque chose qui ne le quittera jamais : sa ténacité.
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MessageSujet: Re: don't worry, i'm still here for you || HANNAH   don't worry, i'm still here for you || HANNAH 1400359500-clockMar 2 Sep 2014 - 14:06
Ca claque dans l’air, si vite que je reste immobile, comme figé par le froid, ma bouche entrouverte. Décontenancé, je reste immobile, prenant conscience de ma propre bêtise. L’aborder normalement, lui parler du garçon qu’elle appréciait plus que quiconque comme s’il avait été là. Quel imbécile. Mes dents viennent tirer mes lèvres sous l’impulsion de la colère, la désillusion est grande - la réalité écarte le voile de préjugés que ma bonne humeur a dressé. Hannah est là. Elle peut voir, et elle n’est plus, tout comme moi, l’enfant qu’elle a été dans nos années ensemble. Elle a mûri, plus vite que Lysander et moi, à en juger par son expression.

Je cligne des yeux, ferme la bouche, la laisse poursuivre, sachant pertinemment qu’elle a raison. C’était ça, pourtant, la vague rouge. On s’y était préparés, c’était censé être le symbole-même de notre détermination. Ce qui aidait les autres à continuer me tirait en arrière - j’étais loin d’être comme Heath ou Joach. Ils avaient l’un et l’autre, s’appuyaient sur l’autre malgré l’amnésie et c’était un lien que RED n’effacerait jamais. Loin de cette peur constante de perdre leurs proches - je n’avais pas la prétention de dire que c’était mon cas, bien au contraire, et Hannah était la première concernée.

La situation est pourtant évocatrice et aucun excuse ne pourra m’en tirer - ma plus vieille amie me rejetait aujourd’hui comme si j’étais devenu une sorte de monstre. Hannah m’avait toujours accordé ce soupçon de chaleur, de tranquillité - l’étincelle de normalité et de raison dans ce monde fou, celle avec qui l’on peut parler ou à qui l’on peut se confier. Un refuge, et pourtant, c’est peut-être elle qui les cherchait la plupart du temps, mais ça n’y changeait rien. Peut-être que ça venait bêtement de son âge, ou de cette gentillesse insurmontable. Aujourd’hui, cette chaleur s’envolait et le froid glacial se répandait jusque dans mes entrailles, écrasées par la culpabilité.

Elle se lève et je soupire silencieusement, comme résolu à ce dénouement. Je suis loin de vouloir accepter tout ça, mais je n’ai rien à dire devant cette vérité. C’est vrai, Lysander n’apprécierait pas - et je ne bouge même pas, parfaitement conscience de ce que j’ai fait. Son murmure parvient jusqu’à mes oreilles et mes doigts viennent serrer quelques brins d’herbe, mon visage se décomposant. Plus que la laisser en arrière, je lui ai fait du mal. Trop de mal. Je me lève, cours la rejoindre et me plante en face d’elle, retirant mes gants d’un coup sec, les jetant dans le froid. Mes erreurs sont là. Sa souffrance est là. Et je dois l’affronter.

Alors la gifle part, claque dans le silence d’hiver.
L’impact de ma main contre ma propre joue.

« …J’suis désolé de t’avoir parlé de Lys. »

Des excuses pour ça, tout simplement. On commence dans l’ordre, doucement. Mes yeux rivés sur le sol gelé se relèvent pour affronter les siens, brillant d’une culpabilité sans nom. Une boule me serre le ventre, la simple pensée d’avoir fait souffrir Hannah me rend fou. Je me rends compte de mon égoïsme, de mes décisions idiotes. Je me rends compte de la véritable difficulté de ce combat, maintenant qu’il en est à son paroxysme. Je n’ai jamais vu de E reconnaissant ou de LMS de remerciement - cette bataille n’en veut peut-être pas la peine. Et je refuse de perdre ma soeur pour une bataille perdue d’avance.

« Tu sais Hannah, je me suis battu pour ce que je pensais être une bonne cause. Je ne mentirai pas en disant que je regrette ce que j’ai fait jusqu’à présent, mais maintenant je sais que je t’ai fait du mal et… »

Mon regard file vers le ciel nuageux quelques instants, me laissant le temps d’y réfléchir. Je ne dirai pas que j’ai la volonté de continuer. Ca ressemble à un dilemme, et je refuse d’y faire face. Mes iris se plantent à nouveau dans les siens, et avec plus de sincérité que jamais, je continue.

« J’suis naze pour m'expliquer. Je regrette de t’avoir fait du mal, si tu savais. J’ai jamais voulu qu’on en arrive là… mais encore aujourd’hui, je veux l’égalité pour toutes ces personnes qui ne peuvent même pas apprendre à maîtriser son don. Pour toi aussi. »

J’humecte mes lèvres avec ma langue, détournant ensuite le regard. Ca te tue de savoir que je suis différent Hannah ? Ca me tue, moi, de savoir que je te tue. Puis-je continuer à me battre en le sachant ?

« Mais c’est pas tout ça qui m’a changé. Y’a mon don et plein d’autres choses, et je suis peut-être principal responsable, mais tout n’est pas de ma faute. Je n’ai jamais fait du mal aux gens volontairement, enfin c’était… quelqu’un d’autre. Vraiment. »

Ma main se pose contre mon torse pour me désigner. C’est dur à dire, à avouer que quelqu’un d’autre vous habite. Mais c’est la vérité.
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MessageSujet: Re: don't worry, i'm still here for you || HANNAH   don't worry, i'm still here for you || HANNAH 1400359500-clockMar 2 Sep 2014 - 22:28


Tu t'en allais, ne pouvant pas supporter la vision d'un garçon qui, presque comme un frère, avait trop changé. Tu ne reconnais plus ce garçon enjoué et foufou. Ce charismatique enfant débordant d'énergie. Et ça te fait peur. Parce que tu ne peux rien faire contre ça. Tu ne peux pas l'empêcher de grandir, d'évoluer. Tu ne peux pas le forcer à rester ce havre de paix vers lequel tu te réfugiais. Tu ne peux plus être égoïste, Hannah.

Il te sort de tes pensées en se plantant devant toi. Tu relèves les yeux vers lui, sourcils froncés, prête à parler. Il ôte ses gants et se fout une gifle. Tu clignes des yeux, ta bouche s'entrouvrant doucement. Muette de surprise, tu ne bouges pas d'un iota, les mains au chaud dans les poches de ton manteau. Et alors que tu t'apprêtes à le traiter d'idiot fini, il s'excuse d'avoir parlé de Lys. Coupée dans ton élan, tu ne fais donc rien, l'écoutant silencieusement.

Ses yeux deviennent sincères. Même avant, Gautier a toujours eu ce regard lors des discussions sérieuses. Ce regard qui donne envie de tout lui pardonner. Ce regard plein d'honnêteté qui pousse les autres à se rallier à sa cause. Ce même regard que tu admires tant. Ce regard qui en dit long sur sa détermination et sa simplicité. Non pas qu'il soit idiot, mais les choses sont claires pour lui. Si inégalité il y a, il cherchera l'égalité. Tout simplement.

Gautier est quelqu'un de très altruiste dans le fond. Tout le monde le sait, toi l'une des premières. Il a juste fait l'erreur de mettre ses amis de côté pour livrer bataille.

« Tu sais Hannah, je me suis battu pour ce que je pensais être une bonne cause. Je ne mentirai pas en disant que je regrette ce que j’ai fait jusqu’à présent, mais maintenant je sais que je t’ai fait du mal et… »

Tu continues à le regarder, même s'il préfère regarder ailleurs l'espace d'un instant. Tu écoutes son discours avec attention, cherchant à comprendre pourquoi il se justifie de la sorte. Tu lui reproches simplement sa violence et le fait d'avoir laissé ses amis derrière lui. Pas le reste.

« J’suis naze pour m'expliquer. Je regrette de t’avoir fait du mal, si tu savais. J’ai jamais voulu qu’on en arrive là… mais encore aujourd’hui, je veux l’égalité pour toutes ces personnes qui ne peuvent même pas apprendre à maîtriser son don. Pour toi aussi. »
« ...t'as toujours été naze pour les explications. Ça date pas d'hier, Gautier. »
« Mais c’est pas tout ça qui m’a changé. Y’a mon don et plein d’autres choses, et je suis peut-être principal responsable, mais tout n’est pas de ma faute. Je n’ai jamais fait du mal aux gens volontairement, enfin c’était… quelqu’un d’autre. Vraiment. »

Tu soupires, détournant le regard, pivotant ton corps vers l'étendue d'eau gelée. Tu commences à grelotter. Le froid et toi, ça n'a jamais été le grand amour. Aussi loin que tu te souviennes. Tu rentres la tête dans les épaules, dissimulant ton nez dans ton écharpe.

« Je t'ai jamais reproché ce combat, Gautier. Je te reproche tes méthodes. Tu tournes la tête vers lui. Depuis quand tu démolis des choses au risque de blesser tes propres amis ? Depuis quand la violence fait-elle partie de tes principes ? Il est où le gamin qui courrait dans les rues américaines avec un ballon orange en le balançant contre les murs au risque de se le prendre en pleine tronche ? Il est mort et enterré ? »

Tu fermes les yeux, soupirant. Tu t'emportes trop vite. Tu dis ce que tu as sur le coeur. Inutile de chercher à t'arrêter en si bon chemin. Autant sortir tout ce que tu as sur la conscience.

« J'peux pas accepter que tu prennes des risques aussi énormes pour des gens que tu connais à peine, et qui te remercieront probablement jamais de ce que tu as fait pour eux. Alors oui, pense que je suis une égoïste, ou que je vaux pas mieux qu'un A. Mais réfléchis une seconde, bon sang ! C'est pas en détruisant tout autour de vous que vous allez arranger les choses. »

Nouvelle pause, tu te tournes vers lui, le fixant avec sérieux et inquiétude.

« T'es prêt à aller jusqu'où comme ça ? A bousiller la réputation déjà pas très glorieuse des E en cassant tout ? Ah, j'oubliais, tu es en B. » Léger rire amer. « Et tu trouves pas ça inégal toi ? Être passé en B alors que tous les autres E n'auront pas cette chance ? Être passé en B après tout le retard pédagogique que t'as accumulé ? Ça t'avance à quoi ? J'suis prête à mettre ma main au feu que tu es complètement largué en cours, ou avec tes devoirs ! »

Tu inspires profondément. Les mains sorties de tes poches, tu faisais de grands gestes. Désignant tantôt le pensionnat, tantôt lui, et tantôt un truc random. Tu clignes des yeux, toussant un peu pour reprendre contenance. Les larmes aux yeux, tu te fais violence pour ne pas pleurer. Ne pas craquer.

« Je me fous du pourquoi tu as abandonné tes amis, pourquoi tu m'as laissé. Je me fous de savoir qui est responsable de ton comportement. Moi... »

Tu baisses la tête, ne parvenant finalement pas à te retenir. Les larmes coulent toutes seules. Et tu es là, comme une enfant qui ne comprend pas pourquoi son -presque- petit frère ne lui parle plus et préfère le danger.

« Moi je veux juste retrouver l'ancien Gautier... »
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MessageSujet: Re: don't worry, i'm still here for you || HANNAH   don't worry, i'm still here for you || HANNAH 1400359500-clockMer 3 Sep 2014 - 14:31
« ...t'as toujours été naze pour les explications. Ça date pas d'hier, Gautier. »

Pendant une seconde, je me fais à l’idée que tout est terminé, que cette phrase est sortie avec le léger sourire qu’elle avait l’habitude d’avoir, anecdote humoristique sur ma façon maladroite de m’exprimer. Je ne m’arrête pas pour autant, termine ma longue tirade sans me détourner. Je mords ma langue presque trop fort, gardant l’espoir qu’elle me pardonnera, que mes actes ne signifieront plus rien. Je regarde silencieux, l’observe avec anxiété tandis qu’elle se retourne vers le lac. Piètre orateur, j’ai sans doute dit plus d’une ânerie dans mes explications, et cette boule au ventre s’installe lentement, renforce mon malaise dans cette situation.

J’ai peur, et je n’ai pas à le gâcher - peur de perdre Hannah, qu’elle me rejette comme beaucoup l’ont fait.

« Je t'ai jamais reproché ce combat, Gautier. Je te reproche tes méthodes. Depuis quand tu démolis des choses au risque de blesser tes propres amis ? Depuis quand la violence fait-elle partie de tes principes ? Il est où le gamin qui courrait dans les rues américaines avec un ballon orange en le balançant contre les murs au risque de se le prendre en pleine tronche ? Il est mort et enterré ? »

C’est pourtant la dure réalité. Elle ferme les yeux alors que je détourne les miens sur le sol, observant mes pieds enfoncés dans d’épaisses chaussures. Il est mort et enterré, ou masqué sous toute cette haine et cette colère que je me suis découvert. Il est loin à présent, et que donnerais-je pour le rattraper - mais ce n’est pas possible. La violence n’a jamais fait parti de mes principes, mais elle fait parti des siens. J’ai beau refuser de le considérer comme une part de moi, c’est pourtant ce qu’il est - la compilation de tout mon mauvais côté, de tout ce qui paraît détestable chez moi. La laisser sortir d’un coup au grand jour, c’est la pire chose qui pouvait m’arriver - et ma vie en a fait les frais. Mes liens ne tenaient donc qu’à ça ? Cette image d’un enfant joyeux, bercé de l’illusion d’un monde parfait ?

« J'peux pas accepter que tu prennes des risques aussi énormes pour des gens que tu connais à peine, et qui te remercieront probablement jamais de ce que tu as fait pour eux. Alors oui, pense que je suis une égoïste, ou que je vaux pas mieux qu'un A. Mais réfléchis une seconde, bon sang ! C'est pas en détruisant tout autour de vous que vous allez arranger les choses. »

C’est vrai, je n’aurai probablement jamais de remerciement, et savoir que je risque Hannah et mes autres proches pour des ingrats commence à peser de plus en plus. Le lézard d’Orwenn me revient en tête, agressivité et méfiance - exemple parfait de ce que ces personnes sont. Je serre les poings, plante mes onglets au creux de ma main tremblante à cause du froid. Elle a raison, sur toute la ligne. Ce combat est peut-être trop dur pour quelqu’un comme moi, mais je m’y suis trop impliqué pour revenir en arrière. Je passe ma main dans mes cheveux, écoute ses paroles avec attention. La réputation m’est bien égale, mais le reste n’est pas faux. Je ne suis peut-être pas largué, mais j’ai quand même du mal à suivre, du mal à rester au niveau.

Elle inspire et je laisse ma main retomber, cligne des yeux avec surprise en sentant sa voix flancher l’espace d’une seconde. Elle rejette tout, se moque de tout - et ses derniers mots font frissonner toute ma colonne vertébrale. Je prends un temps pour respirer calmement, éviter de paniquer ou de m’énerver. J’ai fait pleurer Hannah. J’ai fait pleurer ma soeur. C’est peut-être là, que la baffe aurait dû partir - et même sans doute davantage qu’une simple gifle. Mais cette vision, à elle seule, est certainement plus douloureuse que n’importe quelle douleur. Je m’approche, l’entoure de mes bras et glisse ma main dans ses cheveux pour la rassurer. Je me moque qu’elle n’aime pas les contacts ou ce genre de choses, j’entends bien lui montrer tout ce que j’éprouve pour ma plus vieille amie - et accessoirement, la réchauffer un peu.

« …Il reviendra pas. J’ai grandi, en bien ou en mal, j’ai fini par devenir quelqu’un. Je suis peut-être plus le gamin que j’étais, mais j’ai pas changé, c’est juste… »

Je soupire, lève les yeux sur le ciel sans pour autant cesser l’étreinte. Ma main se glisse machinalement dans ses cheveux - protection, fraternité, mes sentiments sont réels. Jusque dans mes mots, tout est fait pour la protéger. Mais Hannah n’a pas besoin de ça aujourd’hui, car la vérité est peut-être la seule chose qui pourra nous sauver.

« J’ai le don de Berserker. J’ai régulièrement des crises de folie violentes et au moindre énervement, je perds tout contrôle. Je fais aussi du dédoublement de personnalité et mon autre visage apparaît quand mon don se déclenche : c’est quelqu’un… quelque chose d’antipathie et violent. »

Je me détourne d’elle, rive mon regard sur le sol. C’est comment Hannah ? C’est mieux de connaître tous mes problèmes ? Maintenant, tu sais que tout est irréversible. Maintenant, tu sais que l’ancien Gautier ne reviendra jamais - maintenant tu sais tout, et tu dois faire avec. C’est ce désespoir que je voulais éviter, cette situation que je repoussais sans cesse. Eviter les gens, pour les préserver autant physiquement que mentalement. Suis-je tellement égoïste ?

« Tu sais ce que c’est, d’avoir cette peur constante de blesser les autres ? De faire du mal à ses proches sans même pouvoir rien faire ? J’peux rien faire contre ça, c’est pour ça que je démolis tout ! J’me défoule, mieux vaut démolir une table qu’un autre élève non ? RED est peut-être mon seul espoir de mener une vie normale, et j’peux pas abandonner ça après ce qui est arrivé à Heath. J’peux pas abandonner Joach. Pause, je me tourne vers le lac à mon tour. J’suis sans doute pas le plus dangereux… mais quand t’as fait quelque chose comme blesser tes proches, tu peux pas tourner le dos à ce combat, peu importe s’il faut démolir du matériel. »

Je m’assois de nouveau, lève la tête vers elle, décide de conclure sur une bonne note.

« C’est impossible que je sois comme avant. J’peux pas non plus te promettre que je ferai pas de mal autour de moi. Mais, j’suis toujours la même personne, j’suis toujours celui que j’ai été avec toi. Peu importe ce qu'il se passera Hannah, je resterai toujours ton petit frère. »
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MessageSujet: Re: don't worry, i'm still here for you || HANNAH   don't worry, i'm still here for you || HANNAH 1400359500-clockJeu 4 Sep 2014 - 11:01


Tu ne t'y attendais pas vraiment, mais, quelque part au fond de toi, tu sais qu'il l'aurait fait. Il t'enlace, t'accordant réconfort et chaleur. Comme il l'a toujours fait. Gautier a beau être plus jeune que toi, il a toujours été plus grand. C'est toujours lui qui te réconfortait alors que, théoriquement, c'est aux aînés de consoler leurs cadets. Mais Gautier n'est pas comme les autres. Il respecte pas ce genre de règles. C'est comme faire du basket alors que, dans le milieu, il est considéré comme un nain. Gautier il a jamais eu de limites. S'il veut faire quelque chose, il le fait. Les contraintes, il s'en fout. Lui il a toujours carburé à la motivation, au talent. Sans jamais se préoccuper des requis de base.

Sa main dans tes cheveux te calme à un point qu'il n'imagine même pas. Gautier c'est l'un des seuls qui puisse t'enlacer sans risquer de se prendre un coup de genoux dans les parties ou, en plus soft et moins douloureux, une bonne gifle. Même si l'étreinte t'a arraché un léger grognement, tu ne cherches pas à t'enfuir. Ce geste est, pour toi, la preuve qu'il n'a pas complètement renoncé à qui il a été.

Et pourtant...

« …Il reviendra pas. J’ai grandi, en bien ou en mal, j’ai fini par devenir quelqu’un. Je suis peut-être plus le gamin que j’étais, mais j’ai pas changé, c’est juste… »

Ça te fout l'effet d'une claque et tu as une envie folle de lui asséner un coup de poing dans l'estomac. Mais tu ne peux pas. Il faut que tu acceptes aussi qu'il est devenu plus adulte, plus mature. Tout le monde passe par là un jour. Même si tu aurais préféré que Gautier le devienne dans un autre contexte.

« J’ai le don de Berserker. J’ai régulièrement des crises de folie violentes et au moindre énervement, je perds tout contrôle. Je fais aussi du dédoublement de personnalité et mon autre visage apparaît quand mon don se déclenche : c’est quelqu’un… quelque chose d’antipathie et violent. »

Tu fronces les sourcils tandis qu'il te libère. Les larmes cessent lentement de couler, et tu t'essuies les yeux avec le revers de ta manche. Il fixe le sol tandis que tu cherches son regard, perplexe. Berseker ? Aussi loin que tu te souviennes, tu n'as jamais eu connaissance de ce don. Tu es prête à parier qu'il en avait un autre il n'y a pas si longtemps. Les rumeurs concernant un élève changeant les dons des gens sont donc fondées ? Pas très rassurant.

« Tu sais ce que c’est, d’avoir cette peur constante de blesser les autres ? De faire du mal à ses proches sans même pouvoir rien faire ? J’peux rien faire contre ça, c’est pour ça que je démolis tout ! J’me défoule, mieux vaut démolir une table qu’un autre élève non ? RED est peut-être mon seul espoir de mener une vie normale, et j’peux pas abandonner ça après ce qui est arrivé à Heath. J’peux pas abandonner Joach. »

Tu esquisses un sourire amer tandis qu'il se tourne vers le lac. Comment pourrais-tu le savoir ? Tu as clairement moins d'amis que lui. Et vu ton caractère de sauvage, t'es pas prêt d'en avoir. Ou alors, pour le peu que tu as, tu te conduis de manière stupide et tu finis par les blesser d'une manière ou d'une autre. Mais c'est différent de Gautier. Lui c'est involontaire, visiblement. Ce n'est pas que, toi, tu fasses exprès de faire du mal aux autres. C'est juste que ce n'est pas Gautier, à proprement parler, qui fait ça. Toi, c'est toi, et personne d'autre.

« J’suis sans doute pas le plus dangereux… mais quand t’as fait quelque chose comme blesser tes proches, tu peux pas tourner le dos à ce combat, peu importe s’il faut démolir du matériel. »

Il est clair que le plus dangereux du pensionnat ne s'est pas encore manifesté. Et c'est justement ce qui te fait peur. Leur combat risque de provoquer la colère du Ranker. Et s'il décide alors d'y mettre fin, tu crains de retrouver Gautier dans un état plus que pitoyable. Et Heath, Joach, tous les autres. Gautier s'assied, levant la tête vers toi. Tu le fixes, restant debout, immobile.

« C’est impossible que je sois comme avant. J’peux pas non plus te promettre que je ferai pas de mal autour de moi. Mais, j’suis toujours la même personne, j’suis toujours celui que j’ai été avec toi. Peu importe ce qu'il se passera Hannah, je resterai toujours ton petit frère. »

Un silence s'installe. Tu fermes un instant les yeux, poussant un long soupir. Ta main sort de ta poche. Tu la regardes un moment avant de fermer les doigts. Tu finis par t'accroupir prêt de lui, il te suit du regard, le visage tourné vers toi. Et tu lui assènes une gifle si forte que ça t'en arrache un juron de douleur. T'avais jamais giflé quelqu'un aussi fort. Tu secoues la main dans le vide pour faire passer la douleur, puis tu regardes Gautier.

« Dans le domaine de la connerie, on peut pas dire que t'ais grandi en tout cas ! »

Tu souffles machinalement sur ta main, te redressant pour te lever. Tu fais quelques pas sur le côté par mécanisme puis tu pousses un nouveau soupir.

« T'es vraiment un idiot de première catégorie. Depuis quand tu te laisses marcher sur les pieds ? Depuis quand tu fais ça au juste ? Depuis quand t'es devenu un fuyard ? » Tu hausses les épaules, tes bras suivant le mouvement avant de retomber contre ton corps, tes mains claquant doucement tes jambes. « Je comprends pas pourquoi tu cherches pas à le mater ton... double maléfique là. »

Tu retournes t'asseoir prêt de lui en grognant, ramenant tes genoux contre ta poitrine, grelottant.

« C'est la colère la porte d'entrée de Godzilla ? Eh bien apprends à la canaliser. Trouve-toi une ancre, une attache, quelque chose ! Mais ne le laisse pas briser ta vie. T'as pas le droit de le laisser faire. Et si je dois agir, je le ferais. Quitte à me prendre des coups. Mais ne lâche surtout pas de terrain comme tu es en train de le faire. Accepter qu'il soit là et qu'il décuple tes mauvais côtés, c'est accepter le fait que tu pourras jamais maîtriser ce don, Gautier. »

Pause. T'as surement jamais autant parlé depuis un moment. Gautier a cette étrange aura qui te force à vider ton sac en permanence. A parler, parler et encore parler. Peut-être parce que tu te sens bien avec lui. Qu'il est ta dernière accroche depuis le départ de Lys. Tu gonfles les joues, détournant la tête avant de laisser ton poing s'écraser mollement sur son épaule. Un geste que Lys faisait parfois avec lui.

« Et si tu t'occupes pas de Godzilla, j'irais lui botter le cul moi-même. C'est comme quand tu es malade. Le corps étranger dans ton corps, le virus, tu l'élimines avec des médicaments. Le Berseker c'est comme un virus. A toi de trouver le médicament pour le rendre aussi docile et obéissant d'un chiot. » Nouvelle pause. « Ça paraît tellement idiot présenté comme ça. »

Ta tête s'écrase mollement contre son épaule et tu grognes, montrant que t'es agacée, vexée, frustrée. Que tu es Hannah en bref.

« Et pour ta seconde personnalité... dis-lui que je l'emmerde. Cordialement. »
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MessageSujet: Re: don't worry, i'm still here for you || HANNAH   don't worry, i'm still here for you || HANNAH 1400359500-clockLun 8 Sep 2014 - 18:18
La douleur me fait tourner la tête, perdre mes repères un instant. Je serre les dents, roule des yeux et le sens se réveiller, pris de court - perte de contrôle l’espace d’un instant. Je me noie, poussé par ces nouvelles paroles - connerie, pression nouvelle vers cette liberté d’esprit, une colère sans nom. Je ferme les yeux un instant, imagine la sensation de relâchement, de déchaînement - la vision d’une Hannah blessée me ramène brusquement à la réalité, me rend à nouveau moi-même. La douleur est là, forte, submergée d’un tristesse indescriptible. Les sentiments de Hannah m’apparaissent clairs, sincères, puissants - peur, déception, surprise.

Et c’est plus que sa main, mais toute la réalité qui me claque à la figure. C’est sa vérité, ses mots, ce sont ses pensées, celles d’une fille me connaissant depuis des années. Depuis mes premiers pas avec un ballon de basket. Pouvais-je dire qu’elle me connaissait plus que n’importe qui ? Probablement pas - mais elle avait vu toutes mes facettes sans exception. Elle avait vu mes sourires à l’époque où ils brillaient sur le monde, voyait maintenant des sourires égoïstes, mais sincères et pas moins heureux.  Aujourd’hui, elle me voyait plus honnête et naturel que jamais, et c’est cette part qu’elle parvenait le moins à accepter.

« [...] Je comprends pas pourquoi tu cherches pas à le mater ton... double maléfique là.
- Parce que selon toi j’ai pas essayé ? »

Je la coupe dans son élan, agacé. Parce que selon elle, tout lui semble facile. Parce qu’elle parle de ce don comme si elle en connaissait tous les aspects - comme si dompter cette bête noire était facile. Mon coeur s’emballe sous la colère, cette dernière monte à nouveau - l’adrénaline accélère ma respiration, me rend irritable. Je serre les dents, cherche mes mots. J’ai mille choses à dire, mille mots pour décrire la difficulté du contrôle de ce don, l’enfer de perdre contre cet autre moi. Il suffit d’une pichenette, d’un instant et les choses pouvaient mal tourner. Je mords ma lèvre inférieure tandis qu’elle poursuit, utilise l’impératif, comme si tout était simple. Comme si tout était de ma faute.

« Facile à d…
- Trouve-toi une ancre, une attache, quelque chose ! Mais ne le laisse pas briser ta vie. T'as pas le droit de le laisser faire. Et si je dois agir, je le ferais. Quitte à me prendre des coups. »

Une attache.
Je reste stupéfait, silencieux quelques instants et elle continue de parler, parle de mon mauvais côté comme d’une part de moi - comme une connaissance. Bullshit. Mes sourcils se haussent, mon visage se détend, constante le paradoxe dans ses propos. Je suis son bras du regard quand son bras vient frapper mon épaule, ne fais pas mine de réagir. Mes pensées piétinent cette douleur à peine ressentie, un soupir s’échappe d’entre mes lèvres. Godzilla. C’est donc à quoi fait penser ma seconde personnalité ? Oui, ça parait tellement idiot, tellement idiot de croire que c’est aussi simple. Il y a tellement à dire que j’en perds mes mots, me contente de glisser ma main dans ses cheveux quand sa tête rencontre mon épaule. Silence, brisé par une dernière conclusion qui m’arrête dans mon geste. Je m’étire, pose mes mains dans l’herbe givrée et observe le ciel quelques instants, laissant un blanc avant de prendre la parole.

« …J’suis vraiment celui qui n’accepte pas les choses ? Mon regard coule sur elle. J'commence juste, mais c’est pas si facile. Il suffit d’un instant et je peux perdre le contrôle, tu sais. J’essaie vraiment. »

Ma langue claque dans ma bouche, et je laisse mon corps tomber en arrière, ma tête s’enfonce dans la neige, dépassant du peu d’herbe présente. Peu m’importe. Je lâche tout, aujourd’hui, je lâche tout en sa compagnie. Parce qu’elle a raison, je ne dois plus fuir. Je sais que j’en suis capable, ça a toujours été le cas.

« Mais t’as raison, j’ai pas essayé assez fort. J’ai été lâche et complètement idiot… même si ça, c’est pas une nouveauté. Mais, y’en a assez d’essayer. Cette fois, je vais réussir. J’te rendrai fier de moi à nouveau. »

J’attrape son poignet, dépose un baiser sur la paume de sa main, comme un calmant pour la douleur. J’ai sans doute bien pire à la joue, mais ça m’est égal - je lui adresse un sourire espiègle et me redresse, me fondant en une courbette chevaleresque. Humour à nouveau. J’ai l’impression enfin, de retrouver mon amie d’enfance. Ma soeur. Mon bras se tend comme pour l’aider à se relever, comme une invitation à rentrer ensemble. Quelque chose qui nous a manqué depuis l’enfance - et pourquoi pas lui coller une boule de neige dans la nuque comme avant ?

« Merci Hannah. Tu m’as vraiment aidé. »
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MessageSujet: Re: don't worry, i'm still here for you || HANNAH   don't worry, i'm still here for you || HANNAH 1400359500-clockDim 21 Sep 2014 - 19:01


« …J’suis vraiment celui qui n’accepte pas les choses ? J'commence juste, mais c’est pas si facile. Il suffit d’un instant et je peux perdre le contrôle, tu sais. J’essaie vraiment. »

Son regard posé sur toi, tu finis par te redresser pour l'observer. Il est sincère, c'est pas le genre à abandonner au premier échec. Il s'allonge dans l'herbe, malgré la neige. Très peu pour toi. Tu restes assise, genoux ramener contre ta poitrine, frissonnant. L'hiver si froid et si blanc. Tu aimerais être au chaud, devant une bonne tasse de chocolat bien chaud avec de la brioche.

« Mais t’as raison, j’ai pas essayé assez fort. J’ai été lâche et complètement idiot… même si ça, c’est pas une nouveauté. Mais, y’en a assez d’essayer. Cette fois, je vais réussir. J’te rendrai fier de moi à nouveau. »

Tu le regardes, silencieuse. Te rendre fière ? Jamais tu n'aurais pensé qu'il puisse ressentir ce genre de sentiments à ton égard. Comme si tu étais la grande soeur qu'il voudrait impressionner, dont il voudrait trouver le pardon. Ou peut-être que c'est ce qu'il recherche. Tu détournes alors le regard, quelque peu gênée. Tu finis par soupirer, rentrant la tête dans tes épaules pour rechercher la chaleur de ton écharpe.

« Arrête d'essayer. Fais-le. » Légère pause. « Ce que Lys aurait dit. »

Il attrape alors ta main, y déposant un baiser. Tu écarquilles les yeux, le rouge te montant aux joues. Même venant de lui, c'est un geste gênant pour toi. Tu récupères ta main en grognant. Jamais tu n'aurais un jour pensé qu'il puisse faire ça. Et il se relève en une cabriole digne d'un enfant. Tu l'observes, perplexe. Mais tu ne dis rien. Tu as conscience que la moindre contrariété pourrait anéantir ses efforts de contrôler son autre lui.

Tu fixes le bras qu'il te tend avant de glisser ton regard dans le sien. Tu plisses les yeux, méfiante. La dernière fois qu'il a fait ça, et ça remonte à l'enfance, il t'avait collé un truc froid dans la nuque. Ce qui t'avait mis hors de toi. Mais il ne semble pas avoir de neige dans l'autre main. Tu attrapes son bras et il semble te relever sans aucune difficulté.

« Merci Hannah. Tu m’as vraiment aidé. »
« ...je vois pas vraiment en quoi. »

Tu avances de quelques pas, les mains dans tes poches, dans la chaleur. Tu finis par t'arrêter, te tournant vers lui.

« J'aurais aimé être là plus tôt pour toi, Gautier. J'aurais aimé avoir le courage de venir te voir, au lieu de te laisser sombrer. » Pause. « J'aurais dû faire le premier pas. »

Et il sait que tu n'as jamais fait le premier pas avec qui que ce soit. Ce sont toujours les autres qui finissent par le faire, par impatience. Toi tu n'y arrives pas. Par peur de te heurter à un mur, ou d'être rejetée. Tu reviens vers lui, constatant qu'il t'a dépassé depuis longtemps. Et tu viens lui rendre son baiser, mais sur la joue. Embrasser sa main aurait vraiment été étrange.

« J'espère que tu me pardonneras un jour de ne pas avoir été là quand tu en avais besoin. »

Tu tournes alors les talons, t'éloignant la première du petit lac. Ne l'entendant pas te suivre, tu t'arrêtes à quelques mètres de lui, pivotant la tête en sa direction.

« Viens, je te paye un chocolat chaud. »

Et tu lui tends la main. Car ça fait trop longtemps déjà que tu n'as pas été une assez bonne grande soeur pour lui. Et il y a bien longtemps que vous ne vous étiez pas tenus la main, comme un frère et une soeur. Et tu te souviens tenir la main de Lys d'un côté, et celle de Gautier de l'autre, marchant vers le parc où ils joueraient au basket ensemble. Peut-être que ce n'est pas une époque aussi lointaine qu'il n'y paraît.
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MessageSujet: Re: don't worry, i'm still here for you || HANNAH   don't worry, i'm still here for you || HANNAH 1400359500-clock
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