I am a hard person to love but when I love, I love really hard.
C’était pas ça qu’il voulait. Pas ça dont il avait besoin.
Les yeux qui se ferment à l’entente du refus, les poings qui se serrent l’espace d’une seconde - le souffle qui crache un dernier tremblement. Il a envie de crier, mais il sait qu’il en est incapable, on lui a jamais donné la voix pour. Lui il a juste ce timbre toujours doux, toujours docile. Tous comme ses yeux qui se rouvrent, impassibles. On y voit ni la colère, ni la peur, ni la peine que ce simple ‘non’ avait pu provoquer. Placide. Il écoute tes excuses. Tes excuses que tu te sers pour éviter de voir la vérité en face -comme l’Autre. Parce que oui, tu dois l’aimer - tu l’aimes sûrement déjà, il a pas pu se tromper hein ? Il est pas le seul à avoir sauté dans ce vide ?
Foutu doute qui lui dévisse l’âme.
Il t’aime. Il t’aime. Il t’aime. C’est ça Terry, persuade toi qu’il t’aime pour tenir le coup. Pour pas te dire que t’es un raté, comme l’Autre. Abuse un peu plus de ce don qui te bouffe la conscience, juste pour continuer à croire dans tes caprices. Il y a une boule de haine qui se forme devant l’incapacité de Lukas à parler. Devant chacun de ses bégaiements, de ses arrêts. C’est pas ça l’amour ? Alors quoi ? Apparemment t’as déjà été amoureux de quelqu’un avant lui - apparemment t’es un spécialiste ; alors dis lui ce que c’est. Dis lui pourquoi il a mal et pourquoi il veut rester ; pourquoi même maintenant il veut t’embrasser ? Répond à son arrogance que tu viens de blesser, alors que c’était tout ce qu’il avait. Alors que sans elle, il n’est qu’une masse de rien. Il n’est plus que l’Autre.
Tu t’échappes de son emprise, et il fait volte face, te regardant droit dans les yeux. C’est con, il aurait été encore bien dans sa tête, bien dans son rôle de petit con à l’égo surdimensionné, il aurait réussi à voir. A voir à travers cette panique qu’est que de la gêne, et ces hésitations qui ne sont que des aveux. Mais non, là, tout de suite, il avait un peu du mal le génie. Il venait de tomber amoureux - et l’amour l’avait rendu aveugle. Aveugle. Le coeur et le crâne en enclume, les poings serrés, les yeux couteaux. C’est toi qui lui manque de respect, Lukas. Lui il a toujours été franc avec toi ; toujours tout donné, tout balancé. Mais toi, tu mens.
- ... C’est toi qui doit m’aimer.
Il sourit. Colère frustrée qui étire ses lippes, toute mêlée de douceur. Lui aussi sait être farouche, Lukas. Il t’a vu l’être assez de fois pour l’apprendre à l’être. Et pour peut être même te dépasser. « Je vois. » Sec et sucré à la fois. Il se lève à son tour, glissant avec fluidité sur le parquet. Véritable serpent. Il se poste face à Lukas, qu’il toise. Qu’il transperce de ses yeux. De son amour aveugle. De sa folie. Et cette petite douleur qu’il venait de lui infliger. Ses lèvres se séparent lentement, alors qu’il commence à parler, se penchant un peu plus vers son élève. Toujours plus. « J’ai aimé te pousser à bout. J’ai aimé te voir t’énerver. J’ai aimé te plaquer contre les casiers. » Sa voix douce est virulente, ses mains sont dictatrices. Elles sont venus se plaquer contre ses poignets alors que sa bouche s’est glissée tout près de ses lèvres. Sans pour autant les toucher. « J’ai aimé dévorer ton cou. J’ai aimé embrasser tes lèvres. » Lentement, doucement, un de ses mains lâche celle de Lukas pour glisser près de son ventre, et de ses cuisses. Et de son entre-jambes. Celui qu’il caresse à travers son caleçon - regard toujours planté en lui. « J’ai aimé te soumettre et te prendre comme un animal. Tes gémissements, tes cris de douleur, j’ai aimé ça. » Et il agrippe, plante ses ongles dans le tissu, l’autre main venant s’en prendre à son épaule. Le plaquant au mur. Il le tient. Il le tient, le surplombant, le forçant à tendre le cou pour sentir son souffle d’une brûlure glacée contre son visage.
« Mais je déteste les menteurs.» Quelques mots jetés avec un dédain crevé de peine. La main sur son épaule se cale sous son menton. Dernière soumission. Un autre sourire se colle à sa bouche, malsain au possible.
« Je répète ma question. Est-ce que tu m’aimes, Lukas ? »
C’est pas une menace, c’est un cri de l’âme. Une supplication aux airs d’ordres. Est ce que t’es capable de résister Lukas ? De le repousser et de t’enfuir une énième fois ? Lui dont les lèvres ne demandent qu’à t’embrasser une fois de plus. Lui dont le corps ne demande qu’a te posséder une fois de plus. Une fois de plus - maintenant que tu veux t’éloigner. Maintenant que tu veux le laisser là, comme ça, con et amoureux. L’un et l’autre se complètement si bien. Tu l’humilieras pas comme ça, Lukas. Tu l’humilieras pas comme Arsène, qu’a fait tomber l’Autre avant d’aller en baiser d’autres. Il te laissera pas. Il te laissera pas son coeur instable, lunatique - vrai bombe ambulante ; si t’as peur de lui donner ton feu pour l’allumer.
Marché équivalent. Fallait pas essayer de le duper.
Brusquement, il lâche tout, se reculant - froid, glacé et trop bouillant. Il ramasse sa cravate - la première chose qu’avait été envoyée au sol lorsque le désir les avait emportés. Il la passe autour du cou, lâche, noeud coulant armé. Un dernier regard pour le brun des pupilles de Lukas.
« Oui t’as raison. Je peux tout aussi bien te ‘foutre la paix’. Rentrer dans sa chambre en te laissant là, le désir qui te tend le caleçon - seul avec tes mensonges. Seul avec tes négations. Seul avec toi même.
Effrayant. Ca l’est encore plus que tout le reste. Pire que son sourire, pire que son regard trop pénétrant, pire que sa violence, pire que sa domination. Ca. Sa déception. Il a l’coeur qui galope et la gorge qui se serre, qui l’étouffe, alors qu’il n’arrive plus à quitter des yeux son amant, encore sur le lit. Et quand celui-ci se lève, s’approche, il regrette. Il regrette d’avoir brisé cette étreinte, ce moment de tendresse, cette douceur, cette beauté - tout ce dont il avait besoin, tout ce qui lui faisait du bien. Il a tout gâché. T’a dis que tu regrettais jamais rien... ? Mais là ça le bouffe. Ca le dévore comme Terry dévore la distance entre eux - et il en tremble.
- J’ai aimé te pousser à bout. J’ai aimé te voir t’énerver. J’ai aimé te plaquer contre les casiers.
Il cille, regarde ailleurs, au bord des larmes. Pourquoi cette faiblesse soudaine ? Pourquoi ce mal être et ces larmes ? Parce-que Lukas n’est pas un menteur. Il ne ment jamais, il ne sait pas mentir et il hait ça. Mais il l’a fait, il l’a fait et ce n’est pas lui, il a paniqué, et il regrette. Il regrette tellement.
Tais-toi, Terry... Me regarde pas comme ça... Excuse-moi...
Sueurs froides sous cette proximité, ces menaces, cette soumission. Sueurs froides sous cette vérité. Et sa main parcours, et sa main descend, et sa main cible. Il devrait avoir chaud sous ce contact, pourtant il est glacé, frigorifié.
- J’ai aimé te soumettre et te prendre comme un animal.
Foudroiement. Le regard de Lukas vient de retrouver le sien, planté droit dedans comme mille lames par lesquelles il voudrait le transpercer pour refuser cette domination. Qu’il le fasse passait encore, c’était... supportable.
Mais qu’il le dise, qu’il s’en délecte...
- Tes gémissements, tes cris de douleur, j’ai aimé ça.
Il a serré les poings, a ordonné au gauche de filer droit pour s’écraser sur la face de Terry. Mais, pourtant, rien n’a bougé. Rien d’autres que deux grosses larmes s’échappant de ses yeux pour dévaler ses joues, les lèvres fermées, mais tremblantes.
- Mais je déteste les menteurs. Je répète ma question. Est-ce que tu m’aimes, Lukas ?
Il voudrait hurler. Mais il y a ses mains, là, le soumettant comme un chien. Plaqué au mur, une main au cou, l’autre à l’entre-jambes. Il bouillonne, Lukas. Il pleure, Lukas. Faible. Faible. Si faible.
Le contact se brise, tout se brise. C’est un nouveau froid qui s’empare de lui, celui du vide, celui du manque, celui de la peur, de la panique. Terry se rhabille, il s’en va. Il arrête. ... N’est-ce pas que ce que tu veux depuis le début, Lukas ?
Sa chaussure vole à travers la pièce, heurte le crâne de son professeur.
- CA S’VOIT PAS ?!
Il a voulu hurler, mais sa voix s’est brisée dans les larmes, celles qui dévalent ses joues.
- CA S’VOIT PAS, IDIOT ??
Il a dévoré l’espace qui les séparait comme il le dévore du regard, et désormais, le pousse violemment contre le mur, à deux reprises, brutal. Animal.
- REGARDE MOI ! REGARDE ! REGARDE C’QUE TU M’FAIS !
Regarde comme tu me baise, dans tous les sens du terme, le corps, le coeur, l’esprit, tout Terry, T’a tout pris, en une semaine, en une soirée, regarde c’que t’a fais, regarde c’que tu fais d’moi, regarde comme je suis fou ! Regarde, putain, regarde comme tu me bouffe en quelques heures. Regarde, regarde comme ça m’fait peur.
Il le pousse de nouveau, beaucoup moins fort, le regard ailleurs, la voix brisée.
- Y’a pas b’soin d’le dire...
Parce-que provoquer, frapper, baiser, ça vous correspond mieux, Terry. Parler, mettre des mots sur les choses, c’est les rendre réelles, c’est humaniser la chose. Et il est bien, Lukas, dans sa condition d’animal. Bête et méchant, tu sais, à ignorer c’qui s’passe dans son coeur, dans sa vie, à pas trop y penser.
Il en retrouve presque ses envies de violence - ses envies de te faire taire pour que t’arrête de penser toi aussi. Que t’arrête. T’arrête.
Continue de t’inquiéter pour moi - pour nous - je t’en prie.
Bordel, ce que tu peux être agaçant parfois Terry.
Désolé Lukas, désolé qu’il soit si humain. Désolé qu’il ait le coeur si égoïste, si incohérent et instable, si fou - ouais, c’est bien ça. Le coeur humain quoi.
Un coeur qui claque. Là, tout de suite - alors que sa tête se cogne au mur dans une douleur qu’il ignore complètement. La violence avec laquelle Lukas l’a poussé lui remonte dans les os, jusqu’à l’intérieur de sa colonne vertébrale. Elle l’appelle. Oui Lukas, il te tient, et oui, il aime te rendre fou comme ça. Il en a besoin, tout comme il a besoin que t’aies peur de le perdre.
Besoin de se sentir important, au moins pour quelqu’un. Encore plus pour toi. Il sourit, sourit parce qu’il t’as poussé une fois de plus à bout - comme il sait si bien faire. Il a bien compris que c’était le seul moyen de te rendre parfaitement honnête.
Et avant même qu’il puisse comprendre, ou essayer de comprendre - il riposte, à sa manière. A la manière de Terry. Il l’enferme dans ses bras. Serrés autour de lui, son élève, son amant, son début d’amour un peu fou - il lui impose une cage aussi agressive que douce. Une prison de chaleur et de nerfs pour étouffer son cri. Lukas avait eu la voix faible, trop faible. C’est bien beau de le blesser un peu pour le faire réagir, mais il y a des choses qui le gênent. Et la fêlure dans la voix de son élève, il l’avait détestée. Comme il l’avait aimée. Bordel, tellement de contradictions, il en perd pied - lui qui sait pas encore nager. Il coule. Il coule comme les larmes de Lukas - celles qu’il a fait verser.
Il l’a encore fait pleurer. Il a encore tiré un peu de larmes à cet être fait de flammes et d’ardeurs. Il trouve ça à la fois incroyable, horrible, et tristement satisfaisant - toujours en train de se balancer entre son besoin d’attention et ses nouveaux sentiments pour lui. Scientifique, il aimerait les voir de plus près, ses larmes. Et pourtant il veut pas enlever ses bras, il veut pas desserrer pour se moquer, pour rire de tout ça. Il veut garder tout ça pour lui. Rien que pour lui, rien que là, contre son coeur - il veut pas partager avec l’Autre. La peine, la rage, la souffrance, et les larmes amères de Lukas, tout ça c’est pour lui. Tout ça c’est à lui. C’est pas les autres qui le lui les prendront - même quand l’Autre c’est lui même. Il le serre avec tellement de force qu’on se peut se demander ce qu’il cherche. C’est quoi ton problème Terry, tu vas en faire quoi des larmes de Lukas contre ta peau ? Tu crois qu’elles peuvent aller arroser les cendres de ton coeur ? Laver la peur de l’Autre ? Ou peut être penses-tu que c’est pas de l’eau, juste de l’huile à balancer sur le brasier de tes sentiments ? Ca brûle bien en tout cas.
Pas besoin de se dire qu’on aime ? Pourtant il veut l’entendre, il l’a pas assez entendu. Jamais, jamais entendu - même pas de la bouche de ses parents absents. Il a eu ton corps, il a eu tes coups, il a eu tes larmes. Il a eu ton amour en regards lancés, gémissements étouffés. Et en prochain objectif, il se jure de réussir à avoir ton amour en mots.
C’est bien les objectifs, ça lui permet de garder la tête un peu plus claire.
« Je te le ferais dire, un jour. Que tu m’aimes. » Susurrant d’une voix chaude dans le creux de son oreille, son étreinte se desserre. Juste un petit peu, juste assez pour que leurs regards se croisent et qu’il puisse diriger ses lèvres jusqu’à ses joues qu’il vient embrasser. Essuyer ses larmes du bout de sa langue. Il lui colle un baiser sous le menton, puis sur la clavicule - où il s’arrête. Les bras toujours autour de lui. On ne sait plus trop qui étreint qui.
« Mais sache que je ne suis pas très patient. » C’est comme un petit rappel, soufflé dans son cou qu’il mordille sans un mot de plus. Un petit rappel qui dit que voilà, il a ce romantisme, cet attachement, ce truc pour toi. Ce truc beau à en pleurer. Mais que ce n’est pas pour autant qu’il sera plus doux, plus tendre - malgré l’émotion avec laquelle il te prend dans ses bras. Non, il est laid. Il est monstrueux. Et la violence dans laquelle tu veux tomber, il l’a partout où il va. La violence elle est là, vicieuse entre ses mains langoureuses. La violence elle est là, dans ces lèvres qui brusquement s’attaquent à sa bouche. Enflammé, précipité, dévastateur. Pulsion foutrement humaine. Tu l’aimeras, et tu lui diras - il donnera tout ce qu’il a pour que ça se fasse. Jouera toutes ses cartes, même si celles-ci doivent t’écorcher les nerfs et mettre à vif tes émotions. Voilà, il te fera l’amour jusqu’à ce que tu cries sur tous les toits que tu l’aimes, putain. Jusqu’à ce que ta voix se brise à force d’hurler son prénom.
Amant cruel complètement dévoué à ta perte - à votre perte. C’était ce que tu voulais, non ?
Allez savoir, c’qu’il voulait. Lui-même le sait toujours pas. Il a la sensation d’être pris dans une tempête. Tantôt il s’envole, tantôt il s’écrase la gueule contre un mur. La brise légère et agréable se transforme en vent violent, qui le souffle, qui l’emporte Dieu ne sait où. Et au moment où il se sent perdu, détruit, tout ça ne redevient qu’un petit souffle, chaud, agréable, dans son oreille, dans son cou - le ravive.
Hypnotique. Et inévitable.
Il n’y comprend rien, Lukas. Et il a beau se (dé)battre férocement, il ne contrôle plus rien. Il se demande même si il a déja contrôlé quoi que ce soit, avec Terry.
Pourtant, là, quand Terry lui demande si il l’aime, quand il le serre avec cette émotion violente dans chaque particule de son corps, le jeune homme a l’impression d’avoir le pouvoir, de ne pas être celui qui subit. Mais il suffit de ça, d’un nouveau baiser trop passionné, d’un nouvel élan ardent pour de nouveau le faire perdre pied.
Ils dansent. Chacun son tour, ils imposent leurs pas, leur rythme. Chacun son tour, ils empoignent, tombent ou virevoltent. Et Lukas en est déja épuisé. Pourtant, il n’arrêtera pas de danser. Il n’arrêtera pas cette relation, aussi tordue soit-elle, et il n’arrêtera pas non plus d’essayer d’en prendre le dessus. Combatif, persévérant, entêté, rebelle, stupide, naïf - il a tout ce qu’il faut pour. Tout ce qu’il faut pour te plaire.
Et c’est parce-que la réciproque est vraie qu’il est si difficile de le prendre, ce dessus. C’est là, dans ce baiser qui le dévore ; il a beau être une montagne de muscles puissants, il a beau être capable d’une volonté de fer, il recule, trébuche. De nouveau, son dos se heurte au lit tandis qu’il fixe son amant qui reprend le dessus, avec ce regard qui questionne et qui dévore. Craintif et déterminé.
Regard dominant quand son corps est dominé. Et si tous ses muscles hurlent à la rébellion, son regard, farouche, n’exprime que dévotion.
Bêtes de contradiction.
- Et alors, qu’est-ce tu vas faire ?, défie t-il, pourtant mal placé.
Lukas essai de toutes ces forces, entre deux souffles, de garder la tête froide. De garder son corps froid - c’est peine perdue. Son caleçon est tendu, étiré par un membre qui n’a pas eu satisfaction. Et, depuis qu’il est revenu de la salle de bain, chaque baiser, chaque caresse, chaque coup de langue l’embrase un peu plus. Alors il pose ses mains sur le visage de Terry, tente de le repousser sans que ses forces ne suivent - pour continuer de parler, parce-qu’il y a des choses à mettre au clair encore, parce-qu’il a encore des questions, des craintes. Arrêter de penser, ne pas parler - c’est ce qu’il lui demandait il y a deux minutes, et voila ces convictions balayées.
Rien n’a de sens.
La seule certitude, c’est l’effet qu’il lui fait, au coeur comme au corps. Et il craint ses caresses et ses baisers qui l’empêchent même de penser, d’essayer de garder un minimum de raison dans le chaos de ces sentiments et sensations.
Terry, ta chaleur me tuera.
Il se crispe, détourne la tête, craint autant ses mots que ses gestes - parce-que la douleur, non, les douleurs physiques et émotionnelles sont encore là. Il a peur de ses mains d’hommes, peur de recommencer, peur d’avoir encore mal comme il a peur de ce que Terry pourrait lui dire de l’avenir. Car si ses paroles d’aujourd’hui sont rassurantes - quoi que pleines d’une passion effrayante, qu’en est-il de demain ?
- ... T’utiliserai ton don sur moi pour obtenir c’que tu veux ?
Il a retrouvé son regard, s’y est ancré avec force, l’affrontant le temps de quelques secondes pendant lesquelles il a réussi à s’échapper des griffes de leur Désir.
L’un avance, l’autre recule - tango entre leurs coeurs éprouvés et éprouvants. Il y a plus de logique, juste de la déraison - et ceci depuis bien trop longtemps. Sous ses lèvres, la chaleur le reprend, forçant son sang à refaire un tour dans ses veines. La fatigue balayée, tout comme tout le reste.
Voilà, il ne pense plus, comme tu lui a demandé. Satisfait ?
Mais non, bien sûr que non. A eux deux, ils composent cet éternel jeu du chat et de la souris. A se poursuivre pour mieux fuir, à se donner entièrement pour se retirer tout à la fin - à se tourner autour même une fois trouvés. Tous les deux enfiévrés de vérité et pourtant escrocs. Escrocs à crocs et à sang. Ca s’arrêtera pas. Même maintenant, alors que Terry continue à le dévorer avec ivresse - il sent que Lukas se force à garder la tête claire. Se force à essayer de le fuir. C’est voulu, c’est presque calculé. Ses bras qui supplient de rester, mais les mots qui font tout, tout pour le voir partir. De nouveau contre le lit, au dessus de lui, Terry a relancé la machine à passion. Les baisers aux airs de morsures, les caresses-griffures, tout ça qui reprend. Le bête dans sa peau, dans son âme d’homme civilisé lui redonne l’envie. Son bassin qui roule contre le sien, créant une friction entre le tissu de leurs caleçons. Trop d’envie. Surtout lorsque Lukas le défie ainsi, avec cette lueur dans les yeux qui crie le contraire de tout ce qu’il dit. T’es déjà à lui Lukas, et c’est ce que ton regard lui hurle. Soutenu par la marque sombre dans son coup, la morsure empoisonnée - celle qu’il ne peut s’empêcher d’embrasser. Encore et encore - jusqu’à ce que les paumes brûlantes de son élève repoussent ses joues. Celles qui sont dénuées de couleur. Regard perçant.
C’est vrai, ce qu’il se passe entre eux est si puissant, si fort, qu’il en oublie trop rapidement que Lukas est fragile. Que tous les deux sont fragiles - de simples humains. De simples hommes. Mais il y a toujours cette peur au fond des pupilles de miel de son élève qu’est là pour le lui rappeler. Et au lieu de l’effrayer, ça le pousse à continuer. Ca le pousse à s’user, à se détruire un peu plus - et à deux c’est bien mieux. On est vivants putain, et il faut en profiter. Et il faut riposter, frapper dans cette salope de vie.
Sa main droite a rejoint celle du jeune homme sur sa joue, et il en fait glisser les doigts prêt de sa bouche. En embrasse les extrémités. S’apprête à les dévorer lorsque la question tombe -
- ... T’utiliserai ton don sur moi pour obtenir c’que tu veux ? « Je pourrais, si je le voulais. Mais ce serait bien trop facile. » Sourire mi-arrogant mi-carnassier. Allez Lukas, on sait tous ici que tu serais jamais capable de résister à son pouvoir. On sait tous que t’as l’esprit faible. Au moins aussi faible que l’Autre. Il laisse traîner un silence, mordillant les doigts de Lukas avec une langueur démentielle. Ses yeux océans tentent de le noyer un peu plus, et il lâche sa main. Se passant la langue furtivement sur les lèvres. C’est avec une ondulation serpentine de son bassin contre le sien qu’il fond vers son visage - là où il pose son front contre le sien.
« Et ce genre de mots, s’il ne viennent pas de toi, n’ont aucun intérêt. » Sinon, il y a bien longtemps qu’il aurait pu nourrir son égo avec les compliments creux de la Terre entière. Non, il aime la difficulté. Les problèmes. Son amour du travail qui reste sûrement - il préfère trimer, te coller au coeur et à l’âme - te bouffer sûrement. Te voir te débattre, c’est un de ses petits plaisirs - tordu, malsain. Plus longue est la chasse, plus la récompense en est satisfaisante. On obtient jamais rien sans effort - c’est bien ce qu’il pense, celui qui s’est réveillé du jour au lendemain différent parce qu’il avait fui. Fui son travail envers lui même à l’aide de son don.
Lâche.
Bien sûr, il pourrait te demander d’arrêter les questions et de remettre tes mains et lèvres en marche, c’est pas sa morale qui l’en empêcherait. Peut être juste son coeur, qu’a commencé à prendre cruellement goût à ces baisers que tu donnes de ta propre volonté.
Sa bouche s’est perdue quelque part près de son oreille, son torse plaqué contre lui, les hanches toujours mouvantes. Essayant de se perdre - le perdre - dans le désir, leur désir. Pourtant, une question surgit à l’orée de son esprit à moitié accaparé par le goût et l’odeur de sa peau. Une question qu’il souffle, une question dans laquelle on peut entendre son sourire s’étirer -
« Tu aimerais ça ? Que tout ça ne soit que persuasion ? » Tu aimerais, qu’il te trouve une excuse ? Tu aimerais qu’il te force, te soumette de la sorte ? Ce serait tellement plus simple. Plus de remords à avoir, juste toute la faute à remettre sur ses épaules d’adultes. Aucune responsabilité. Une peine étouffée, mais coupante de vérité se mélange à la douceur de sa voix. « Tu aurais moins peur ? »
Il a beau savoir que tu la fuis comme la peste, il la sent, ta peur. Il la sent sous sa langue et ses paumes, cette tension qui saisit ton corps offert. Chaque fibre de ton être aux aguets, prête à bondir. Prête à s’échapper. Et même à l’attaquer - qui sait ?
Conformément (oui oui, encore) à la règle conçernant les RP à caractères sexuels, le second passage yaoi ne sera pas posté, mais il a bien été écrit et est important pour saisir l'intensité de leur relation. Pour le lire hors de forumactif, nous contacter Terry ou moi.
Etant donné qu'ils parlent tout de même, je vous met les dialogues. Le topic se termine à la fin du yaoi, donc c'est terminé ici. :(
Terrukas au début des posts yaoi a écrit:
« Non, j’aimerai pas... Sert à quoi d’affronter l’danger si tu r’ssent pas l’plaisir de l’faire... ? Et puis, j’pensais t’avoir fait comprendre qu’j’aime pas être dominé. ... ‘Fin, pas quand c’est pas moi qui l’décide... »
« J’pensais pas être attiré par les mecs... avant toi. »
« .. Tu l’a d’ja été, toi ? ... t’a d’ja couché avec un mec ? » - Répond non de la tête.
- ... t’es beau. Ca fait longtemps qu’j’voulais t’le l’dire. - Merci. Tu n’es pas si mal toi non plus. Mais tu es encore plus beau nu. - Alors qu’est-ce que t’attends ?