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 Bang bang, he shot me down, bang bang.

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MessageSujet: Re: Bang bang, he shot me down, bang bang.   Bang bang, he shot me down, bang bang. - Page 2 1400359500-clockMer 20 Nov 2013 - 1:12




Burn me, kill me..
« C'EST ÇA, ENFONCE LE COUTEAU, REMUES-LE... »

Remues-le et achèves-moi.



J’crois que c’est assez clair. Moi je n'crois pas.

Continues. Tu aimes ça, souffrir. Tu n'as pas comprit. Tu veux pas comprendre. Tu veux pas admettre que ce regard méprisant est pour toi, tu peux pas. T'as bien trop peur de pas réussir à te relever après. T'es bien trop surprise pour réaliser. Sous le choc. Totalement désemparée. Est-ce que c'est une blague ? Une répétition pour un spectacle, ou de genre de gag filmé en caméra caché. T'as pas vraiment le temps de te demander. Au fond t'en as rien à foutre, tu sais que c'est pas ça du tout. Mais t'essaies de te convaincre. Parce que te dire que tout ça est vrai ça fait bien trop mal. Tu le savais, c'est vrai. Il t'avait bien prévenu qu'il resterait lui-même, qu'il ne changera pas pour toi, qu'il ne t'aimait pas. Mais dans l'même temps, c'est lui qui t'avait proposé de vous mettre en couple. C'est lui qui assume pas, et toi qui est bien trop naïve. Ton regard dans le sien, tu tressaillis à chacun de ses mots, tu le sens ce couteau qui s'enfonce chaque seconde un peu plus dans ton coeur. Il prend plaisir à le remuer, à te faire souffrir. Sadique. Vraiment ? Tu ne pleures plus. Comment pleurer ? T'es trop interloquée pour ça. Il est celui qui s'énerve, celui qui t'engueule avec hargne. Sans raison. Et toi, pourquoi tu dis rien ? Parce que t'es trop conne, tout simplement.

Quelle putain d’idée d’avoir des sentiments pour un mec comme moi, sérieusement ?! Qu'il arrête de jouer les malheureux. Lui était bien heureux d'avoir une fille à ses pieds, quelqu'un dont il pouvait profiter dès qu'il en avait l'envie. Un défouloir. Et toi dans tout ça ? Tu l'as aimé, tu l'as choyé, tu as tout fait pour qu'il se sente bien. Pourtant tu savais qu'il ne t'aimait pas. Bon sang Ashley, mais pourquoi t'as dit oui !? Tes poings sont serrés, il sort de l'eau, s'approche. Te regarde. Tu oses un regard sur lui, il pourrait te prendre et te noyer sans que tu n'offres aucune résistance. T'es complètement vide, et ton regard n'a pas changé depuis la seconde où il a commencé à te parler. Dégage. Perds pas ton temps à pleurer pour moi. J'en vaux pas la peine. T'es con, Jim. Bien trop con. Dégage ! Si seulement tu pouvais. Tu restes là, à l'écouter, à sentir son mépris, sa colère. Il te haït, sans doute. Tu sauras jamais pourquoi mais t'en es persuadée. Tu souffres en silence. Encaisse Ashley, encaisse. Laisse monter la tension, puis fais la exploser. Ça n'en sera que plus attrayant.

Il s'en va. C'est ça, casse-toi. Casse-toi et ne revient jamais. Ne te montre plus devant Ashley. Ne la fait plus agoniser. Arrête. Arrête, Jim. Ou tu finiras par te brûler bien plus qu'elle. Il revient. Soit maudit Jim. Soit maudit. Et Morgan t'en fais quoi ? Lui aussi a sa part de responsabilité, lui aussi. Il parle. T'as eu un peu de temps pour assimiler, ton regard à changé. Toujours aussi chamboulé, toujours aussi détruit. Mais tu ne te laisseras pas faire. T'en as marre, tu peux pas le laisser débiter ce genre de connerie sans rien dire. Morgan viendra après. C'est pas avec Morgan que t'es sortie, c'est pas à Morgan que tu dois dire ses quatre vérités. C'est pas à Morgan que tu dois déverser toute ta colère. Mais attends un peu. Encaisse encore et laisses-toi détruire. Le laisse-le te détruire pour le surprendre, pour revenir plus forte que jamais. Pour mieux t'en prendre à lui. Et lorsque l'adrénaline retombera, lorsque ta colère de l'instant s'apaisera, tu comprendras enfin ta douleur. Et tu voudras succomber.

Je pense à lui quand je t’embrasse. Je pense à lui quand j’te fais l’amour. Je pense à lui tout le temps. Enfoiré. Tu ne dis rien, tressaillis qu'à peine. Tes iris océans sombrent peu à peu. Tu as le regard mauvais. Tu as le regard d'une fille énervée, d'une fille prête à tout pour se venger. Il souffrira comme tu souffres. Il souffrira plus que tu ne souffres. Parce que le regret est bien plus lourd à supporter que la peine, il regrettera. Et oui, putain, je te veux Morgan. Et c’est pas qu’un fantasme, c’est pas qu’une histoire de cul. Est-ce que ça fait mal ? Ashley, la vengeance est un plat qui se mange froid. Un plat qui se mange glacé. Continues d'encaisser, encore un peu. Allez vous faire foutre. Cordialement. Il repart. Soulagée. Ah non, il s'arrête près de toi, devant toi. T'as envie de le frapper. Je t’ai pas menti. Je t’ai rien dis, parce-que je voulais même pas me l’avouer à moi-même. Maintenant tu sais. Alors laisse tomber et oublie moi. Arrête.

Arrête.

Tes dents se serrent, ta tête se baisse, tes yeux se ferment. Et tes mains se broient. C'en est trop. Beaucoup trop. La porte claque. Tu réagis, avances vers elle. T'as envie de le frapper. T'as envie de le cogner. T'as envie de le haïr. Mais tu peux pas. Il est là, sous la douche. Parce que pour lui c'est facile de se comporter comme ça. Pour toi ça l'est moins. Tu comprends pas. Tu veux pas comprendre. Tu t'arrêtes. T'es à quelques centimètres derrière lui. Ta main se pose sur son épaule, il se tourne. Et là tu lui enfonces ton poing dans la figure. Parce que tu peux pas faire autrement, t'es bien trop bouleversée pour ça.

Et alors quoi, c'est tout ? C'est tout c'que t'es capable de me sortir, "je suis un connard alors oublies-moi" !? Mais t'as cru que c'était quoi les sentiments, Jim ! T'as vraiment cru que ça se contrôlait, t'as vraiment cru que j'étais tombée amoureuse de toi parce que j'en ai eu envie !? Ton regard est celui d'une bête, féroce. Te fou pas d'moi. S'il te plaît te fou pas d'moi. C'que tu captes pas, c'est que ça sert à rien de te donner le mauvais rôle, ça sert à rien de vouloir me faire croire que t'es le plus gros connard du monde ! Je le sais. Et je l'ai su dès la première fois que j'ai posé mes yeux sur toi. Oh bien sûr ça ne m'a pas empêché d'avoir des sentiments pour toi, ça ne m'a pas empêché de vouloir rester près de toi pour te soutenir ! Non, parce que j'sais qu'on a tous nos défauts et j't'ai accepté tel quel. Mais toi... Colère amère qui s'en va, doucement. Toi tu t'es servis de moi, tu t'es amusé avec mon corps et mes sentiments... Et maintenant que t'assumes enfin ta putain de soirée avec Morgan, tu trouves le moyen d'te la ramener et de m'jeter comme la plus grosse des merdes ? Essaie pas d'me faire culpabiliser, moi j'ai rien à me reprocher. J'le savais oui mais j't'ais fais confiance. Et ça pour la simple raison que c'est toi ! C'est toi et seul qui a demandé à c'qu'on se mette ensembles. Ma seule erreur aura été d'accepter.

Jim t'es qu'une enflure. Tu t'éloignes de quelques pas, sens les larmes monter. Tu ne pleureras plus devant lui, plus jamais. Tu t'en vas. T'as plus envie de l'écouter, toi tu lui as dit tout c'que t'avait sur le coeur. Quoique, non. Tu ne lui diras jamais tout. En tout cas pas maintenant. En sortant tu passes devant Morgan, tu lui lances alors un regard furieux. Parce que t'es en colère. Mais tu sais que ça s'apaisera, tu sais que tu ne lui en voudras pas longtemps. Parce que t'es bien trop gentille pour ça. Tu entres dans tes vestiaires, claque la porte. Puis tu t'assoies sur le banc, immobile. Maintenant tu peux pleurer. Tu te changes rapidement, ranges tout dans ton sac et le prends d'une main lasse, je te l'avais bien dit. Tu comprendras ta douleur l'adrénaline de l'instant retombée.

Tu marches. Tu marches sans savoir ou aller, la tête baissée. Tu marches, et tu regrettes. Parce que tu crois avoir été trop méchante avec Jim alors qu'au contraire, tu ne le seras jamais assez. Tu marches l'esprit ailleurs, tu marches, perdue.


How did we get here
When I used to know you so well?
How did we get here?
Well, I think I know how



(c) MEI SUR APPLE SPRING

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MessageSujet: Re: Bang bang, he shot me down, bang bang.   Bang bang, he shot me down, bang bang. - Page 2 1400359500-clockSam 23 Nov 2013 - 2:56

Dumb it down, I don't know how, huh-huh, how-how
At least I know that I don't know

Il est dépité, complètement désemparé, parce qu’il est au milieu de tout ça, qu’il en est la cause et qu’il tente de culpabiliser. Et ça n’arrive pas.
Il est encore sous l’emprise du rush d’adrénaline qui avait envahi son corps, lorsqu’il avait retrouvé la drogue qui lui avait tant manqué. Ça avait été génial. Addiction, overdose, parce qu’en ayant à peine commencé ils étaient déjà allé trop loin. Parce que comme d’hab’ quand ils se retrouvent, la lucidité et la raison se font molester, impitoyablement tabasser. Rien à foutre.
Il s’était agrippé, désespérément accroché à lui. Ça s’était enchaîné. Limite il le voulait right here right now, c’est à dire dans la piscine, moins d’une heure avant le cours des A. Mais nan. Morgan avait entrouvert les yeux. Un éclair bleu dans le regard de Jim. Tout s’arrête.
Jim s’éloigne de lui, Morgan s’écarte à son tour, défaisant l’étreinte de ses bras autour de son cou. Pris en flag. Le rouge lui monte au joue. Et il est donc planté là, cherchant où se mettre. Il ne peut pas se réfugier derrière son pote, il ne peut pas faire le fier, il ne peut pas non plus s’éclipser discrètement. Ashley les fusille du regard. Elle a les yeux revolver, elle a… enfin bref vous connaissez la suite. Merde, Morgan, c’est pas le moment de chanter du Marc Lavoine. Dilemme. Il décide de se la fermer, de se faire oublier. Et cette foutue culpabilité qui ne l’assaille toujours pas...

«J’crois que c’est assez clair.»

Qu’est-ce qui est clair ? Même Morgan est paumé, il a du mal à suivre, ça lui paraît surréaliste, une situation comique à en pleurer, digne du plus cliché des Vaudevilles. Le mari, l’amant, la femme, les trois protagonistes réunis sur scène. Sauf que cette fois ci c’est le mari qui cache son amant dans le placard… Awkward…
«Tu le savais Ashley. Tu sais que je suis qu’un connard, un égoïste, un gosse. Quelle putain d’idée d’avoir des sentiments pour un mec comme moi, sérieusement ?!»
Putain d’idée plutôt logique. Il a envie de le contredire, mais ça serait mal placé. Envie d’avouer que Ashley a toutes les raisons d’aimer un mec comme lui. Y a pas plus bienveillant, plus généreux, plus enthousiaste. Il ne saisit pas trop pourquoi il se montre aussi détestable tout à coup. Surtout avec Ashley, surtout maintenant, alors que tout vient de déraper. Jim sort de l’eau mais Morgan ne bouge pas.
«Dégage Ashley. Perds pas de temps à pleurer pour moi, j’en vaut pas la peine.»
Le regard de Jim se plonge l’espace d’un instant dans celui de Morgan. Nan, nan, faîtes pas attention à moi. Mais inévitablement, on lui rappelle qu’il est impliqué. Et il ne sait pas de quel coté il est. Il ne reconnaît pas son meilleur ami et il n’a juste pas le droit de défendre celle qu’il agresse.
« Dégage !»
Frisson.

Quelques secondes de silence. Il se décide à réagir. C’est pas facile, il galère à raisonner. Sortir de l’eau, pour commencer. S’appuyant sur le bord, il se hisse hors de l’eau. Putain il est tout seul avec elle. Panique.
- A… Parce qu’il est tellement assommé par la culpabilité qu’il a du mal à prononcer son prénom. Ashley j’suis vraiment d..-
Ferme la, pas le temps, c’est pas ton tour de parler.
«Vous savez quoi ? Ouais, je vous ai mentis. Je pense à lui quand je t’embrasse. Je pense à lui quand j’te fais l’amour. Je pense à lui tout le temps.» Blanc. Morgan a freezé. Il dévisage Jim lorsque ce dernier se tourne vers lui mais n’arrive pas à déchiffrer sa véritable pensée, noyée dans dans la colère et le mépris. «Et non, c’était pas juste un délire. Je le pensais, mais non. Ça m’a complètement dépassé. Oui, je suis jaloux de Mike. Je crève de jalousie. Et oui, putain, je te veux Morgan. Et c’est pas qu’un fantasme, c’est pas qu’une histoire de cul.» Pas possible, il arrivera plus jamais à dire un seul mot. Il a pas le droit dans tous les cas. Comme si il allait rétorquer “c’est la même chose de mon coté” maintenant. De toute façon, Jim s’éloigne. Allez vous faire foutre.  Il s’adresse à Ashley mais Morgan n’écoute plus. Il est dans ses songes, il se sent mal, et d’un autre coté il a une sorte d’euphorie qui l’envahit. C’est pas un délire, ça le dépasse, il est jaloux, il crève de jalousie même. Stop stop c’est pas trop le l’instant idéal. Jim s’éloigne, Morgan stresse, mais au final Ashley le laisse pour rejoindre l’autre.

Et il est au milieu de tout ça, plus spectateur qu’autre chose en fin de compte. Morgan s’avance, entrouvre la porte du vestiaire, juste à temps pour voir Ashley mettre une beigne à Jim. Il repassera plus tard. Il sort. S’éloigne. Attend. Compte les secondes dans sa tête, jusqu’à son entrée en scène. Il voudrait intervenir mais il ne peut pas, ne doit pas. 30 secondes. 45 secondes. Un pas. Il entend vaguement Ashley dans les vestiaires et se ravise. Tout ce qu'elle dit sur Jim, tous ces ressentis. Morgan était pas au courant. La looze. Il n’a pas envie d’assister à l’engueulade, il se contente de son inutilité. Pour une fois, Morgan n’ouvre PAS sa gueule. Miracle. Putain si seulement il avait su se tenir, on n’en serait pas là sans déconner. Ashley ne les aurait pas surpris ensembles. Jim et lui auraient juste parlé, mis les choses au clair. Peut-être même qu’ils auraient décidé d’arrêter les conneries, parce qu’à un moment ça commence à bien faire. Et puis ils se verraient moins souvent. Et Jim finirait par être amoureux pour de bon. Ashley et lui, best couple ever, quelque chose du genre. C’est comme ça que ça aurait dû se passer.

Plus aucun bruit. Il la voit sortir et supporte difficilement son regard. Désolé, vraiment désolé Ashley, excuse moi, c’est un malentendu, c’est pas c’que tu crois. Mais ça serait stupide de dire ça désormais. Alors il garde un air froid et blasé. Parce que la meilleure défense c’est le manque de réaction. Et Jim, il a réussi à se défendre ? Le contexte n'est pas propice à la discussion, et pourtant c'est plus fort que lui. Il veut lui parler, et il faut qu'il lui parle, si c'est pas maintenant c'est jamais.

Morgan pousse doucement la porte des vestiaires et entend l’eau couler. Il hésite. Il va dire quoi ? “Ça va ?” Bah oui tout va bien, c’est le bordel mais tout va bien. Ridicule. Il appréhende, il se doute que Jim va l’envoyer chier. Repasse plus tard Morgan. Bien plus tard. Jamais, même. Après tout ce que son ami lui a avoué, il ne peut sûrement plus le saquer. Ça a pas suffit à Morgan de niquer son couple, faut aussi qu’il démonte celui des autres. Toutes ces méchancetés qu’il se lance à lui même le déstabilisent. Il rejoint finalement Jim, sans oser trop s’approcher après être entré. Quelques pas. Il s’arrête un mètre derrière Jim à peine. Énorme silence.

- Pardon...

Il croise les bras, baisse la tête, mordille nerveusement sa lèvre inférieure, dépité. Que sa poisse serve à quelque chose, qu'il lui arrive n'importe quoi là maintenant, qu'il puisse disparaître, échapper à cette situation qui le met tellement mal à l'aise. Culpabilité. Enfin.

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MessageSujet: Re: Bang bang, he shot me down, bang bang.   Bang bang, he shot me down, bang bang. - Page 2 1400359500-clockSam 23 Nov 2013 - 21:39

Lately, I've been, I've been losing sleep



Je serre les dents. Je me fais craquer le dos, encore. Un jour il finira peut-être par céder. Parce-qu’à force de tirer, les choses finissent par se briser. Mon corps se tourne sous l’impulsion d’Ashley, et j’ai à peine le temps de voir son poing arriver qu’il est déja en train de s’écraser sur ma joue. Je sens mon cou qui flanche, mon visage entraîné par l’élan, par la force du coup. Et je reste comme ça, tête baissée, légèrement tournée, yeux clos, mâchoire serrée. Ca ne fait pas mal. Quand on a encaissé les coups de Skygge, on développe une résistance hors du commun. Ainsi, notre relation a commencé par un coup de poing et se termine par un autre. Quelle douce ironie. Amère ironie. Je déglutis. Elle crie. Elle pleure. Des larmes de rage. Et je fixe le sol, lâche, soumis, comme un gosse conscient d’avoir fait une connerie. Que dire, de toute façon ? Elle a raison sur toute la ligne et je le sais. « Toi tu t'es servis de moi, tu t'es amusé avec mon corps et mes sentiments... » Je lève les yeux vers elle, interloqué. Non, Ashley. Non. J’ai envie de l’interrompre, envie de lui crier que je me suis jamais servi d’elle, que j’étais sincère dans mon affection, que je ne voulais pas lui manquer de respect, que tout ça a compté pour moi.

Mais je n’ai même pas la force de me défendre. Je n’ai même pas la force de la rattraper lorsqu’elle quitte le vestiaire des hommes. J’ai mal à la gorge. Ou peut-être est-ce un sanglot qui y est coincé. Je fixe la porte qui l’a vue passée il y a quelques secondes. J’entend ses sanglots à travers le mur, à droite. Je déglutis, pousse un profond soupir. J’ai du mal à respirer. La gorge prise, je me retourne, face au mur, y dépose mon front, laissant l’eau brûler ma nuque et mon dos, couler le long de mes clavicules. Mon front tape le mur, une fois, deux fois, plus fort. Dents serrées, yeux semi-clos, je fixe le carrelage blanc sans le voir. J’entend la porte du vestiaire d’à côté. Elle part. Si je dois la rattraper, c’est maintenant. Maintenant. Je me redresse, me retourne, mais mon corps se bloque par lui-même. Non. C’est stupide. Pourquoi la rattraper ? Laisse la Jim. Laisse la panser sa plaie. Ne retourne plus jamais pourrir son existence.

Alors je ne suis pas qu’un distributeur de bonheur. Je suis également capable du pire. C’est bien la première fois de ma vie que je me vois décevoir quelqu’un. Et ça fait mal. Ca fait mal quand on passe sa vie à essayer de rendre les gens heureux. Ca fait mal quand on s’appelle Jim Reed, et que notre seule raison de se lever le matin est l’espoir de voir les visages sourire autour de soi. Mais je ne suis pas une machine. Il faut croire que tout le monde a une part obscure en soi, même moi. J’inspire, me retourne de nouveau face au mur, lève la tête, yeux clos. L’eau vient s’écraser sur mon visage. J’arrête de respirer. Je crois que, le pire, dans tout ça, c’est que je ne ressens presque rien. Je me sens vide. Vide de toute émotion, de toute sensibilité, de toute énergie. La pile électrique est vide. Le courant passe plus.

«Pardon...»

Frisson. Un frisson violent, qui remonte tout le long de ma colonne vertébrale, m'électrise. Le courant est revenu.

Cette voix. Cette voix, à cet instant, provoque un milliard de choses en moi, sans que je ne puisse en décrire une seule. La seule chose que je peux dire, c’est que si jusqu’ici je ne ressentais rien, cette fois, je ressens. Je ne sais quoi, mais je ressens. Je me penche légèrement en arrière, laissant l’eau finir sa chute dans mon cou. J’ouvre les yeux, fixant le pommeau de douche. Morgan est revenu. Il aurait pu fuir, mais non. Il est là. Parce-que. Parce-qu’il est toujours là. Je déglutis, et vais chercher ma voix, au fond de mes entrailles. Qu’il me semble difficile de simplement parler. C’est comme si je n’avais pas usé de ma voix depuis des années. Ma voix est basse, traînante, éteinte.

«Pardon pour quoi ? C’est mieux comme ça. Tu le sais. On le sait tout les trois.» Ashley n’avait pas à subir tout ça. Elle a été le dommage collatéral d’une chose qui nous dépasse tout les deux. J’y repense alors. Ce que j’ai dis à Morgan. A chaque mot que je me remémore, je sens quelque chose monter en moi. C’est le sentiment le plus rare que j’ai ressenti dans toute ma vie. A vrai dire, ça fait des années, peut-être depuis que je suis à Prismver, que je n’ai pas ressenti ça.

J’ai honte.

La honte est quelque chose que je ne ressens jamais. J’ai toujours eu confiance en moi. Toujours sûr de moi. J’assume tout. J’assume absolument tout ce qui m’arrive.

Mais je n’assume pas ce que je lui ai avoué. Parce-que c’est Morgan. Parce-qu’on s’était fait la promesse, implicite, que tout ça ne dépasserai pas l’amitié. On s’était juré qu’on en arriverait pas là, sans jamais formuler ces mots. J’ai honte. J’ai le feu aux joues, et ce n’est pas dû à l’eau bouillante. Je coupe l’eau, toujours dos à lui. Je déglutis. J’ai honte de ressentir ça, pour lui. J’assumerai pour un autre, mais pas lui. Pas comme ça. Pourquoi ? Parce-que je lui ai dis tout ça, et qu’il ne m’a pas répondu. Peut-être n’en a t-il pas eu le temps. Non. Non, c’est certain, Morgan ne partage pas ces sentiments. Pour lui, c’est un fantasme, c’est un jeu, ça n’implique aucun sentiment. C’est certain. Frustré, honteux de lui avoir avoué des sentiments qu’il ne partage pas, j’inspire pour me donner du courage et me dirige vers le banc, saisissant ma serviette. Je n’ose poser les yeux sur lui. Et je peste contre la chaleur qui me bouffe le visage et doit rougir mon visage violemment.

«Bon, j’vais me rhabiller... Franchement pas la foi d’aller au cours de nat’ la...» Je lâche un rire en piteux état, du genre poussiéreux et obsolète, et surtout, méga forcé. Toujours sans le regarder, respirant de façon irrégulière, je fais glisser ma serviette dans ma nuque, le long de mon dos, sur mon torse. «Toute façon vu c’que j’fout en natation, il remarquera même pas mon absence. La plupart du temps je squatte les douches pendant une heure et demi...» Oui voila, raconte ta vie, avec un peu de chance Morgan va jouer le jeu, il va te faire croire qu’il a oublié, et voila on en parle plus.

... Et il va surtout t’éviter pendant les semaines à venir parce-que putain de bordel de merde, tu lui a dis que t’avais des sentiments. Good job, Jim, génial. Comment perdre ta copine ET ton meilleur ami en une leçon. Jackpot. J’enfile mon tee-shirt rouge foncé, fouille mon sac à la recherche du reste de mes fringues. J'essaie aussi d’y plonger ma gueule, tant qu’on y est.

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MessageSujet: Re: Bang bang, he shot me down, bang bang.   Bang bang, he shot me down, bang bang. - Page 2 1400359500-clockDim 24 Nov 2013 - 1:27

Dumb it down, I don't know how, huh-huh, how-how
At least I know that I don't know

«Pardon pour quoi ? C’est mieux comme ça. Tu le sais. On le sait tout les trois.»

Pardon pour ne pas avoir su me tenir, pardon de ne pas t’avoir défendu, pardon de ne pas m’être dénoncé, tout ça.
Mais il préfère se taire, parce qu’il est visiblement sensé savoir que c’est mieux comme ça. Pourtant il est sûr que Jim attend une quelconque réaction de sa part, il attend qu’il réagisse. Et Morgan ne sait toujours pas si c’est le bon moment. La logique lui clame que non. Jim est pas bien, Ashley et lui viennent de s’engueuler, le moment est pas propice à ce genre de débordement affectif, point barre. Sauf que les sentiments lui assurent que oui. Putain, son cerveau et son cœur peuvent pas se mettre d’accord pour une fois ??

«Bon, j’vais me rhabiller... Franchement pas la foi d’aller au cours de nat’ là...»

Arrête Jim, qu’est-ce que tu fous. D’habitude c’est Morgan qui fait preuve de lâcheté. On lui vole son rôle et il se sent perdu. Il croit comprendre pourquoi Jim se défile et ça le désempare complètement, parce qu’il ne sait plus quoi penser. Morgan a bien saisit ce qu’il lui a dit tout à l’heure, nan ? C’est mal, il ne faut pas ? Vu la manière donc Jim fuit son regard, ça doit être ça. Et Morgan se sent fautif, coupable. C’est lui l’élément perturbateur, il en est sûr.

«Toute façon vu c’que j’fous en natation, il remarquera même pas mon absence. La plupart du temps je squatte les douches pendant une heure et demi...»

Ça suffit les banalités. Pour une fois, Morgan s’en fout. C’est pas ce qu’il veut entendre, ça le rassure pas, au contraire. Il flippe, il a peur d’agir comme il a toujours l’habitude de faire, d’écouter Jim et acquiescer, parce qu’aujourd’hui il a l’impression que c’est pas la bonne marche à suivre. Si il laisse Jim déblatérer sans réagir, ça va lui échapper, il va le laisser filer et ça s’arrêtera là. Comme la fois où ils avaient déconné, pour s’amuser, soi disant. Après coup, ils avaient réalisé que c’était trop tard pour reculer. Morgan avait préféré se la fermer et tout arrêter, et Jim était parti. Il avait regretté, tellement regretté de ne pas l’avoir rattrapé. Et aujourd’hui il suit le même schéma, c’est tout ce qu’il sait faire, l’innovation, le changement, ça a jamais été son fort.
Il n’a pas bougé, il est toujours planté là, paralysé par le doute, manquant de courage. Ridicule. Il baisse les yeux, ne dit rien, songe à imiter Jim, à aller chercher ses affaires, se rhabiller, se barrer. Non. Si il s’éloigne trop, il va le perdre de nouveau. Ses cheveux sont encore trempés, les gouttes d’eau suivent la courbe de sa mâchoire crispée pour tomber une par une lorsqu’elles atteignent son menton. Plic. Plic. Plic. Frémissement.

- Tu vas t’en aller comme l’autre soir ?

Il lève son regard vers Jim qui lui tourne le dos, et sa gorge se noue. Il n'osera jamais le retenir alors il préfère demander avant que ça ne se reproduise.

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MessageSujet: Re: Bang bang, he shot me down, bang bang.   Bang bang, he shot me down, bang bang. - Page 2 1400359500-clockDim 24 Nov 2013 - 2:06

Face to face.
Il reste planté là. Il dit rien. C’pas comme si je m’attendais à autre chose. Et moi, je suis là, je parle, je fais mon petit trafic, je prépare ma fuite sans même m’en rendre compte. Je fouille mon sac, serviette sur les épaules. J’ai dû poser les yeux quinze fois sur mon caleçon, j’le vois toujours pas. Parce-que j’ai l’esprit à douze mille kilomètres de là. Parce-que je plane totalement, j’suis déconcentré, j’suis perturbé. Je sors mon caleçon, mon pantalon. C’est vraiment histoire d’occuper mes mains. Mon regard. De fuir cette situation. De le fuir lui. « Tu vas t’en aller comme l’autre soir ? » BANG. Je m’arrête dans mon mouvement, comme fauché en plein vol. Je lâche ma serviette sur le banc, me redresse, tourne la tête vers lui doucement. Mon regard tombe dans le sien. Oublie. Durant les secondes ou mes prunelles sont dans les siennes, mon esprit se vide totalement. Je ne pense à rien. Absolument rien. Rien d’autre que ses yeux verts. Que ce mec. Ce mec qui se tient là, la gorge nouée, entre moi et la porte. Ce mec qui me reproche, sans le dire, d’être parti, de l’avoir abandonné la nuit ou on a couché ensemble. J’inspire, nerveusement, me passe la main dans les cheveux, baisse la tête, souffle. Je m’attendais pas à ce qu’il me retienne. C’est discret, c’est implicite, mais il me retient de partir. Il me fait comprendre que mon départ de l’autre nuit l’avait blessé. C’est l’une de choses que j’avais besoin d’entendre. Mais ce n’est pas la seule.

Laissant mon regard courir sur le sol, je m’approche de lui. Je le frôle. Le contourne. Je pose ma main sur la poignée, et claque la porte. Une seconde d’hésitation. Je ferme alors le verrou et me retourne doucement, face à lui, me laissant tomber le dos contre la porte. Alors, je plonge mon regard dans le sien. Un. Deux. Trois. Il y a ce truc qui circule entre nous quand on se regarde. Ce silence. Cet instant. Cette chose indéfinissable qui nous lie. Je la sens. Mais peut-être que je ne fais que l’imaginer. Je cille légèrement, déglutis. «J’ai pas envie de partir. Et j’ai pas envie de continuer à débiter mes conneries habituelles.» J’inspire, baisse les yeux, croisant mes mains dans mon dos. Silence. Morgan, pourquoi faut-il que tu sois toujours si mystérieux, même pour moi ? Je fixe le sol. J’hésite. Mais je crois qu’arrivé à ce stade, je n’ai plus vraiment le choix. Comment formuler la chose ? Comment en venir au fait ? J’arrête de réfléchir, relève simplement la tête, posant de nouveau mon regard dans ses iris verts. « T’a quelque chose à me dire... ?» Et dans ma tête, je me visualise, un flingue sur la tempe, en train de jouer à la roulette russe. Parce-que cette question, c’est pile ou face. Quand à sa réponse, ce sera soit un décollage vers quelque chose, soit un bon gros crash bien violent. Ne reste plus qu’à attendre. Tu vois Morgan, on est des gros lâches. Mais  j’ai réussi à ne pas fuir, cette fois. Et toi ?

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MessageSujet: Re: Bang bang, he shot me down, bang bang.   Bang bang, he shot me down, bang bang. - Page 2 1400359500-clockDim 24 Nov 2013 - 3:56

Dumb it down, I don't know how, huh-huh, how-how
At least I know that I don't know

Lui qui était toujours dans l’excessif, Morgan avait été soft, et il angoisse, pensant ne pas avoir été clair, ou trop vague. Comme d’hab’. Il ne sait pas choisir les bons mots, les tournures de phrases idéales, histoire d’être un minimum compréhensible. Parce qu’il faudrait presque un décodeur pour capter le bon canal, ou bien un dico français/Morgan Morgan/français. Jim s’approche. C’était peut-être ce qu’il voulait entendre en fin de compte.

«J’ai pas envie de partir. Et j’ai pas envie de continuer à débiter mes conneries habituelles.»

Tant mieux. Il se perd un peu plus dans ses iris couleur noisette. Mais Morgan c’est avant tout son meilleur ami, il est pas stupide, il voit bien que Jim est pas au meilleur de sa forme, il le lit dans son regard, il l’entend dans sa voix. Il a ce réflexe presque incontrôlable de vouloir le rassurer, d’arranger les choses en lançant une vanne. Ou bien se taire. Renoncer. Pour ne rien aggraver. Et puis il a cette partie de lui qui ne pense qu’à sa petite personne. Égocentrique. Morgan veut aller bien. Il en a marre de se prendre la tête, il voudrait que les choses soient simples, il se préoccupe de son bien-être avant tout, de ses envies, ses caprices. Il veut Jim, pour lui, rien que pour lui, l’avoir toujours à ses cotés, pour qu’il envahisse sa vie plutôt que ses pensées.
Soupir. Il le dévisage, tente de lui faire passer le message par le regard. Message message message. Jim tu me reçois ?

« T’as quelque chose à me dire... ?»

Oui, non, peut-être, c’est pas sûr, ça dépend. Il a déjà fait un effort considérable pour avouer qu’il avait besoin de Jim, là maintenant, ça allait être compliqué d’admettre qu’il le voulait quand ils sortiraient d’ici, et encore après, encore encore encore. Parce que c’est pas encore très clair dans sa tête, il discerne à peine les différents scénarios qu’ils pouvaient envisager. Il passe sa main dans ses cheveux, crève d’envie de les tirer légèrement pour destresser, avant de replacer une mèche blonde derrière son oreille. Comme une meuf. Mouvement inutile qui trahit ses angoisses. Pitoyable. Ça sert à rien, Morgan. Putain stop, faut plus qu’il bouge, qu’il touche à quoi que ce soit. Mais son regard fuit celui de Jim, s’attarde sur le sol, alors qu’il a l’impression que ses joues pouvaient désormais briller dans le noir. Pire qu’une meuf en fait. Goddammit.
Hésitation. Sourire teinté de nervosité, d’appréhension.

- J’ai menti, j’étais déjà accro. Et j’le suis encore. Et je veux le rester.

Il n’y a personne, seulement eux deux, et pratiquement rien qui ne les sépare à part quelques dizaines de centimètres. Et pourtant, Morgan attend. Le coup de feu qui annoncera le départ, ou bien celui qui sonnera le glas. Peu importe, du moment qu’il se passe quelque chose.

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MessageSujet: Re: Bang bang, he shot me down, bang bang.   Bang bang, he shot me down, bang bang. - Page 2 1400359500-clockDim 24 Nov 2013 - 15:09

Quoi qu'il arrive...


Je le fixe. Il me regarde, puis baisse les yeux. Et il passe sa main dans ses cheveux. J’aurai pu trouver ce geste anodin, mais non. Pas moi. Parce-qu’il peut-être parfois le plus grand mystère pour moi, à d’autres instants, je sais que je le connais par coeur. Ce geste trahi mécaniquement son malaise. Et moi je suis là, je le fixe. Je bloque la porte, verrouillée. Je le fixe, avec intensité. Pas d’échappatoire possible. Il m’a demandé de rester, il doit lui aussi assumer. Je lui ai tout avoué, c’est à son tour. Peu importe ce qu’il ressent, il doit me le dire, là, maintenant. «J’ai menti, j’étais déjà accro.» Etais. Du passé. C’est terminé. «Et j’le suis encore.» Mais c’est mal. Il faut qu’on arrête. Stop. «...Et je veux le rester.» Je cille. Alors, je visualise une clé déverrouillant un cadenas. Et un à un, en moi, tout les noeuds se dénouent. Tout les blocages éclatent. Un à un. Mon ventre. Mon coeur. Ma gorge. Je sens l’intégralité de mes muscles se détendre. Je sens la vie circuler dans mes veines. Je sens mon souffle réapparaître. Je respire. Je suis léger. Je vole. Le soleil éteint que j’étais s’illumine de nouveau, doucement. Une lueur dans les yeux. Un fin sourire qui, doucement étire mes lèvres, rendant à mon visage ses traits habituels, ses traits naturels, ses traits heureux, pétillants. Je déglutis, baisse un instant les yeux et me redresse, essayant de retenir ce sourire qui me fait déja mal aux joues.

Morgan n’est pas le genre a faire de grands discours. Lorsqu’il prend la peine de parler, il va droit au fait. C’est clair, net, concis. Et les quelques mots qu’il a prit la peine de dire suffisent à faire naître en moi l’euphorie qui m’habite au quotidien. Celle qui me fait me lever le matin. Celle qui me donne la volonté d’illuminer ma vie, mais aussi celle des autres.

Je m’approche de lui. Je ne peux retenir mon sourire, cette fois. Et je passe près de lui, le gratifiant d’un léger coup de poing amical sur l’épaule. «C’était pas si compliqué.» Légèreté. Parce-qu’il a su débloquer les verrous qu’il m’avait accroché cette nuit là. Ces verrous qui, malgré Ashley, m’assombrissaient un peu plus de jour en jour. Aujourd’hui, le ciel est clair. Aujourd’hui, je vois l’horizon, et qu’il soit clair ou sombre, c’est déja bien de le voir. Je me sens heureux. Heureux et libéré de tout ce qui noircissait mes pensées. Parce-que peu de choses sont capables de me troublées. Et dès lors que la netteté est de retour, je peux de nouveau être moi-même. Il m’en faut peu pour être heureux, et aujourd’hui, j’avais juste besoin d’entendre ces quelques mots, venant de lui. Plus de barrières. Plus de chaînes. Je suis redevenu moi-même, et ça fait du bien. J’suis de retour prêt de mon sac. Mais je souris, regardant dans le vide. J’ai pas envie de quitter les vestiaires, même si ma classe peut arriver d’un moment à l’autre. J’ai du mal à mettre de l’ordre dans mes pensées. D’ailleurs, on a pas parlé de ce qui va se passer concrètement, désormais, même si une évidence s’éclaire, là, sous nos yeux. Je lève les yeux vers lui et m’en rapproche de nouveau, souriant. Alors, je pose mes bras sur ses épaules. Et je cherche son regard. Je lui souris. J’ai besoin de savoir quelque chose. J’ai encore besoin qu’il me confirme quelque chose. «Promet moi que tu seras toujours à cette place, quoi qu’il nous arrive.» Cette place, c’est celle de second, d’acolyte, de meilleur ami, de bro, de Frère. Avant tout. Avant d’être l’amant. Avant d’être le petit-ami. Je veux lui faire comprendre que, si on se met ensemble, on s’expose à plus de bonheur, mais aussi plus de souffrance. Et que, quoi qu’il arrive, le meilleur comme le pire, petit ami ou non, je veux qu’il reste à jamais... Mon Mo’.

«... Que quoi qu'il se passe, on se lâche pas.»

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MessageSujet: Re: Bang bang, he shot me down, bang bang.   Bang bang, he shot me down, bang bang. - Page 2 1400359500-clockSam 30 Nov 2013 - 4:13

Dumb it down, I don't know how, huh-huh, how-how
At least I know that I don't know

Sourire. Arrête de sourire comme ça, Jim, ça fait perdre ses moyens à Morgan. Parce que ça faisait un bail qu’il ne l’avait pas vu, parce que ça lui avait un peu manqué, quand même. Alors non en fait, n’arrête pas. Ça va mieux désormais, mis à part le fait que Morgan se maudit intérieurement d’être aussi peu doué pour les speechs convaincants. Trop de choses à dire mais aucun mot qui vient, c’est l’heure du briefing pourtant, c’est maintenant qu’il est sensé déballer tout ce qu’il accumule, tout ce qu’il a sur le cœur. Grande gueule sauf quand on a besoin d’un minimum de rhétorique. Il cherche, il se donne du mal, Jim a l’air ravi pourtant, c’est ce qu’il fallait dire ? À force il a dû comprendre que Mo’ est pas un as de l’art oratoire, il a dû s’y faire. La looze…
Boutade amicale. Morgan se tourne un peu après que Jim ait heurté légèrement son épaule, le suivant du regard. Il cherche où se mettre, sait plus quoi faire de lui.

« C’était pas si compliqué. »

Oh si, si il savait. Déjà que Morgan est un mec complexe, alors quand il se retrouve dans une situation qui l’est aussi, on s’en sort plus. Parce que oui, malgré tout, ça lui paraît toujours aussi compliqué, comme si il n’avait dénoué qu’un nœud, déverrouillée qu’une porte, et qu’il en restait tout un tas derrière. Une tonne de questions qu’on se contente de déverser dans son cerveau sans se donner la peine d’y mettre un minimum d’ordre. “Qu’est-ce qu’on fait maintenant, où on va, on est quoi, t’attends quoi de moi exactement, t’es sérieux ?” Mais Jim fait volte-face et se rapproche, tout près, posant ses bras sur les épaules de Morgan. Regards. Sourire. Il a quelques réponses qui lui viennent en tête mais il y songera plus tard.

« Promet moi que tu seras toujours à cette place, quoi qu’il nous arrive. »
Ou peut-être là tout de suite finalement.
« ... Que quoi qu'il se passe, on se lâche pas. »

Morgan n’a pas à réfléchir, Jim n’a pas à demander, c’est évident. Il n’en est pas encore sûr ? Il n'ose pas répondre tout de suite, prend le temps de le dévisager. C'est space. Il n'a pas franchement l'habitude de ce genre d'interrogation, ça le plonge dans l'embarras durant quelques secondes. Il cherche la phrase qui faut, la phrase idéale, parfait, ultime. C'est le moment de dire "oui je le veux" ou quoi ? Nan quand même pas. C'est le moment d'être sincère, d'arrêter de trop penser, naturel. C'est le moment d'être Morgan en somme. Et Morgan il a été, il est et il reste le meilleur ami de Jim, son frère, son bro, avec un truc en plus, ou en moins si ça se passe mal, au pire on s'en fout, dans tous les cas il sera là.

« J’aime pas trop les promesses, en général j’ai du mal à les tenir… »

Il le pense à moitié, parce que c’est pas si faux que ça. Et il fait mine d’hésiter, minaude, mais retient difficilement un sourire. Douce euphorie. Il ne devrait pas, c’est pas le moment. Alors Morgan fait de son mieux pour ne pas se montrer excessivement enthousiaste, même si intérieurement il jubile. Mais on lui pardonne, ça fait longtemps que le fun l’emporte sur la raison.
« C’est ma place, je la céderai à personne. »
Pour rien au monde. Parce que c’est lui, Morgan, le mec qui peine à aligner quatre mots qui font sens, qui a réussi à redonner le sourire à Jim. Lui seul. Exclusivité. Pour une fois, il a l’impression de servir, d’être utile à quelqu’un, et c’est vachement plaisant comme sentiment. Et puis y a tout le reste, tout ce qu’il ne comprend pas encore vraiment, ces choses, ces ressentis qui le poussent à rester auprès de Jim, l’une des rares personnes sur qui Morgan peut réellement compter. Si rassurant. « Moi t'façon j'te préviens je te lâche plus. » Il tourne un peu la tête, regarde ailleurs, l’air de rien. Il repense à tout à l’heure, à toutes ces conneries qu’il a pu sortir. “À quoi est-c’que tu veux que je me raccroche de toute manière ? À toi p't'être ? Tss...” Bah oui, à lui, espèce d’idiot, qui d’autre ?

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MessageSujet: Re: Bang bang, he shot me down, bang bang.   Bang bang, he shot me down, bang bang. - Page 2 1400359500-clockSam 30 Nov 2013 - 11:47

You've got a message
« J’aime pas trop les promesses, en général j’ai du mal à les tenir… » Je frissonne. Parce-que j’ai l’impression que ce qu’il nous arrive reste d’une fragilité insoutenable. Qu’à la moindre seconde, tout peut se briser. Il a beau m’avoir dit que tout était réciproque, j’ai cette sensation que ça ne l’est pas. peut-être parce-que je suis plus expressif que lui. Morgan est et restera éternellement une boite mystère. « C’est ma place, je la céderai à personne. » Sourire. J’aime le voir comme ça. J’aime être l’objet de sa possessivité. C’est bien la première fois. Mais désormais, ça arrivera plus souvent. Parce-que nous sommes plus liés que nous l’avons jamais été. Il détourne le regard. « Moi t'façon j'te préviens je te lâche plus. » Mon sourire s’étend un peu plus, attendris. Parce-qu’il détourne les yeux. Parce-qu’il fait le grand. Parce-qu’il fait l’insensible. Il y a cette fierté de mecs, de meilleurs potes, que l’on ne veut pas voir harassée sous trop de romantisme. Parce-que visiblement, entre nous, ça oscille entre amitié et passion. Pas de place pour les jolis discours de tendresse. Je laisse échapper un petit rire, dans mes pensées, lui ébouriffe les cheveux et me dégage de lui.

Et à cet instant, la poignée se tourne, on frappe à la porte, des voix masculines retentissent à la porte. « M’sieur ! L’vestiaire est fermé à clé ! » Je regarde Morgan. Rires. J’ai pas envie d’aller en cours avec ma classe. J’veux rester avec Morgan. Je lui balance sa serviette, pousse son sac vers lui, et balance le mien par dessus mon épaule. On entend le prof qui s’approche. J’enfonce mes pieds dans mes godasses, à l’arrache, le cul encore dans mon maillot, riant doucement alors qu’on entend le tintement de clés. « Pas l’temps de t’habiller, viens !» Et je me dirige vers le fond des vestiaires, appuyant sur la barre permettant d’ouvrir la porte en fer de la sortie de secours.

Et nous voila dehors, moi en tee-shirt, maillot, pieds vaguement dans mes pompes, serviette et sac sur les épaules, tandis que Morgan me suit, torse-nu, en maillot, à peu près aussi défroqué que moi. Des élèves nous regardent passer, se posant des questions, mais ce n’est pas comme si Morgan et moi étions réputés pour être toujours là où il faut quand il faut et comme il le faut.

Il fait un froid de canard, quand on est presque à poil et encore mouillés dehors. On se hâte de prendre le chemin des cabanons, et le mien étant le plus proche, on s’y réfugie tout les deux. A moins que ce soit par désir de rester ensemble, qui sait. Je referme la porte derrière lui, jetant mes affaires dans un coin, et me dirigeant automatiquement vers la cuisine - Mo sait qu’ici, il est chez lui, j’me passe des politesses de bienvenue. « Brrr... Tu bois quelque chose ? Café, chocolat, jus, bière... » Mon doigt s’abat sur le bouton de la cafetière, et je me sors déja une tasse du placard au dessus de ma tête. Je me retourne vers Morgan, mais c’est à cet instant que, filant sous son nez, un petit lézard attire notre attention. « Hu ? J’le connais pas celui la. » Je laisse le lézard s’approcher de moi, l’observant. Il est tout fin, vert, avec une tâche noire cerclée de bleu sur la tranche gauche. Je remarque que Mo fait une tête bizarre, mais ne m’en soucie pas plus que ça. Le lézard posté sur le plan de travail face à moi, je saisis lme petit morceau de papier, le déplie.

De: Mike J. Chainlos

Je fronce les sourcils, perdant instantanément mon sourire, mes muscles se tendant alors que je m’appuie d’une main sur le comptoir, l’autre tenant le petit papier. Je te jure qu'un jour je ferais du mal à tout ce que t'aimes ! Un frisson s’empare de mon échine, remontant jusqu’à ma nuque. Je boufferais ta Putain de popularité.  Je volerais ce que tu adores. Je me mord les joues, les traits durs, sentant mon ventre se tordre un peu plus à chaque mot, et une sensation lourde en moi. Tu m'as tué Jim ! J'en ferais autant pour toi ! Mon regard se noircis. Comme si rien ne te touchais, on verra bien. Je serre les dents, laissant mes yeux glisser une seconde fois sur tout ces mots pleins de rage.

Mes sentiments ? En premier, la sensation de crainte face à des menaces écrites avec hargne, et par lui. Et puis, la pitié, la peine. Parce-qu’à aucun moment je n’ai voulu qu’il souffre; il n’a été que le dommage collatéral de mon ascension. Et puis, en dernier, le mépris. Parce-qu’il n’a pas à m’écrire ça. Il n’a pas à me menacer. Plusieurs réponses me viennent en tête, la plus probable étant un simple «Grandis» ou bien « Si tu veux me parler, fais le en face, lâche.» Je lève mon regard méprisant sur Morgan; il sait parfaitement à qui est ce lézard. Je ferme le poing, écrasant le papier à l’intérieur, et le jette à la poubelle. « Tu préfère pas savoir ce qu’il y a écrit. » Affirmation. Je sors du coin cuisine, prend mon sac de piscine et vais vers la salle de bain, finir de m’habiller tandis que la cafetière chauffe. Je ne ferme pas la porte derrière moi, la laissant mi-ouverte. Les mots de Mike me restent en tête. Je lâche un soupir, enlevant mon maillot. Je le méprise. Je n’ai pas peur, ce sont des menaces en l’air. Que pourrait-il bien faire ? Il parle de ma popularité; lui n’en a aucune, qu’est-ce qu’il compte faire ? Quand à me prendre ce à quoi je tiens... Je lance un regard vers Morgan, à travers l’encadrure de la porte, fouillant mon sac pour en sortir caleçon et jean.

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MessageSujet: Re: Bang bang, he shot me down, bang bang.   Bang bang, he shot me down, bang bang. - Page 2 1400359500-clockSam 30 Nov 2013 - 23:49

Dumb it down, I don't know how, huh-huh, how-how
At least I know that I don't know

Décoiffé, Morgan secoue la tête puis glisse ses doigts dans ses cheveux pour tenter d’ordonner ses mèches blondes qui tombaient sur ses yeux. Ça sert à rien. Lâche ça. Laisse tes tifs tranquilles. Il se ravise, et Jim s’écarte de nouveau. Bouffée d’oxygène. Ça faisait quelques secondes déjà que l’embarras l’étouffait, chauffait ses joues, brûlait son visage, paralysait son corps tout entier. Léger sursaut lorsqu’il entend la poignée, les coups, les voix. Adrénaline. Il a beau pouffer de rire, il se hâte de rassembler ses affaires. Pourquoi est-ce qu’il stresse comme ça ? Parce que Jim veut éviter à tout prix d’avoir son cours de natation, logique qu’il veuille déguerpir en vitesse. Nan, pas que ça. Autre chose. Ce sentiment. Ça lui rappelle la panique stupide qu’il avait lorsqu’il redoutait qu’on les surprenne Mike et lui, même si ils ne faisaient rien de suspect, just chillin’ u know. Peur de lui faire honte si on le voyait à ses cotés, peur de ruiner sa réputation à laquelle il tenait tant. Il attrape sa serviette de bain et la garde autour de ses épaules. Il sourit. C’est amusant de se précipiter pour partir en scred. Il y a cette pointe d’amertume qui obscurcit son ciel bleu mais il tente de ne pas y penser.

«Pas l’temps de t’habiller, viens !»
À peine le temps d’enfiler ses Vans qu’il voit Jim sortir par la porte de secours et il le suit en vitesse, sa sacoche sur l’épaule. Frisson. Son bermuda de bain ne va pas plus bas que ses genoux et il caille. En silence. Aucun regard en direction de ceux qu’ils croisent. Plus rien autour d’eux n’existe pour le moment. Seuls au monde. Il avance à coté de son ami un peu plus qu’ami il sait plus trop et enfile en chemin son sweat qu’il peine à fermer alors qu’ils marchent vers les cabanons. Pose pas de questions. Jim lui ouvre la porte, il se contente d’entrer sans rien demander, on s’en fout des formalités. La seule chose dont il se soucie à peine c’est la parquet de la piaule qu’il trempe légèrement.
«Brrr... Tu bois quelque chose ? Café, chocolat, jus, bière...»
Laissant ses pompes et son son sac dans l’entrée, il s’approche en voyant Jim mettre en marche la cafetière. Café. Parce qu’il a besoin d’un tonifiant, d’une boisson chaude, pour se réveiller. Chocolat. Parce que Morgan il a encore des goûts de gamin et qu’il aime le sucré. Frictionnant ses cheveux avec sa serviette de bain, il laisse finalement cette dernière sur ses épaules, qu’il hausse.
« Café… »
Ça fait plus mature, il rajoutera deux trois cubes de glucose dans sa tasse. Et il se sent mieux, il se sent presque bien en fait, comme paisible. Il essaye de se dire que désormais ça devrait rouler, ça peut que s’arranger de toute façon. Un éclair vert, qui lui semble familier. Nouveau message. «Hu ? J’le connais pas celui là.» Et Morgan le connaît trop bien. Il déglutit, fait mine de n’avoir rien vu, admire le magnifique mur en face de lui, joue le mec qui l’esprit ailleurs. Malaise. Fallait que ça arrive maintenant. Il serre les poings, de plus en plus fort à mesure que le silence se prolonge, rageant intérieurement. Il compte les secondes. Jim devrait avoir fini de lire. Hésitant, il relève la tête, juste à temps pour lire le mépris dans les yeux du jeune homme. «Tu préfère pas savoir ce qu’il y a écrit.» Avant de préférer fuir son regard, comme d’habitude en fait. Pas besoin de lui lire ce qu’on y avait marqué, il s’en doute en peu. Mike qui contacte Jim, c’est pas pour demander des nouvelles.

Jim le laisse pour aller se changer dans la salle de bain. Il croise les bras et s’adosse au comptoir, regardant distraitement la cafetière, dépité. Ça commence mal. Il pensait avoir été clair, que la coupure avait été nette et que Mike avait comprit qu’ils faisaient leur vie chacun de leur coté. Alors merde, c’est quoi son problème ? Mais ce qui l’inquiète le plus, c’est ce que pouvait penser Jim. Putain Morgan, pourquoi t’es resté planté là sans rien faire ?? Il aurait dû intercepter le message, l’empêcher de le lire, ou bien se montrer rassurant. C’est vrai, c’est des conneries tout ça, Mike va quand même pas jouer le malheureux qui cherche à se venger. Ça fait pitié. Et ça doit désespérer Jim. Dilemme. Morgan veut être à ses cotés, mais pas interférer et foutre le bordel à cause de ses erreurs et des gens qu’il a blessé. Y a toujours un problème, ça le fatigue. Soupir.

« Va falloir que je lui parle dans les jours qui viennent. Que je lui rappelle que t’as rien à voir dans l’histoire, que si il a un truc à dire c’est à moi qu’il doit s’adresser. »

Il lève les yeux au ciel, lâchant un ‘tss’ méprisant. C’est tout ce qu’il peut faire. Comment est-ce qu’il devrait se comporter, de toute façon ? Il faudrait qu’il en rit ? À ce niveau là, il a pas énormément le sens de l’humour ni la patience. La cafetière s’arrête. Il se redresse, s’approche, saisit la tasse brûlante entre ses mains pour les réchauffer un peu, fixe la vapeur qui s’élève doucement de la boisson sombre et amère, illustrant parfaitement son humeur.

« Te prend pas la tête avec ça. »

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MessageSujet: Re: Bang bang, he shot me down, bang bang.   Bang bang, he shot me down, bang bang. - Page 2 1400359500-clockDim 1 Déc 2013 - 22:18



Peut-être faudrait-il que je parle à Mike. Lui dire, que ce n’était pas contre lui. Que je me suis retenu, tout ce temps. J’ai toujours eu cette attirance pour Morgan. Mais je n’en avais pas conscience, elle était minime, rien de particulier à mes yeux. Je suppose que j’ai directement écarté l’option, car j’ai toujours su qu’il y avait quelque chose avec Mike... Mais ce soir là, il a été tout aussi entreprenant que moi, et tout a basculé... Si nous ne ressentions rien avant, tout ça ne se serait jamais passé... Non, notre attirance date de notre rencontre, je le comprend maintenant. Alors nous étions faits pour en arriver là. J’aime l’idée que notre Destin soit déja tracé. Que les choses soient écrites. Ca me déculpabilise un peu. Bref, tout ça est arrivé, et tout tourne dans le bon sens pour moi, alors inutile de me prendre la  tête.  Après tout, moi aussi je mérite le bonheur.

« Va falloir que je lui parle dans les jours qui viennent. Que je lui rappelle que t’as rien à voir dans l’histoire, que si il a un truc à dire c’est à moi qu’il doit s’adresser. »

... Rien à voir, peut-être pas, mais c’est certain que c’est à eux de régler ça. Tout comme c’est à moi de régler le problème du côté d’Ashley... Je soupire, sortant de la salle de bain habillé, d’un jean noir ajusté, m'ébouriffant les cheveux.

« Te prend pas la tête avec ça. »
« J’en ai pas l’intention. »

Je m’approche de lui, qui tient déja son café. Je m’arrête devant lui, appuyant sur la machine pour me lancer un second café. Je m’appuie les fesses contre le plan de travail, face à Morgan appuyé contre le bar. Prenant appuie d’une main, je saisi ma tasse de l’autre pour la porter à mes lèvres, observant Morgan avec attention. Brûlant. C’est comme ça que je bois mon café. Noir, sans sucre, et brûlant. J’avale la moitié de la tasse d’un trait. « C’est toi qui a l’air de te prendre la tête, Mo. » Je fais légèrement tourner ma tasse inutilement, baissant les yeux sur le café tournoyant dans ma tasse. « J’sais que c’est un sacré bordel... Mais faut qu’on pense à nous. » Nous. On tourne autour du pot. C’est un peu notre spécialité, ça aussi. Il y a désormais un Nous, en effet. Un Nous latent, enfoui quelque part, qui n’ose pas montrer le bout de son nez. Perturbé par l’amitié, l’étrangeté de la situation, ou encore les sentiments de Mike et Ashley...  Ce Nous est de plus en plus concret, mais c’est comme si nous avions peur de le briser à la seconde où nous allons le mettre à la lumière. « C’est compliqué. Mike, Ashley... Et tout le reste...» Nos amis, qui me haïront sitôt qu’Ashley les aura rejoint en pleurs. Notre amitié, trop précieuse pour être brisée. Tout est compliqué. Je relève les yeux vers lui, plongeant mon regard noisette dans le sien. «... Mais j’ai pas envie d’me cacher. Pas envie de nous cacher. »

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MessageSujet: Re: Bang bang, he shot me down, bang bang.   Bang bang, he shot me down, bang bang. - Page 2 1400359500-clockDim 1 Déc 2013 - 23:50

Dumb it down, I don't know how, huh-huh, how-how
At least I know that I don't know

« J’en ai pas l’intention. »

En entendant sa voix Morgan aurait dû lever la tête vers lui pour le dévisager. Mais non. Lorsque Jim est dos à lui le temps de mettre en marche la machine à café, le regard de Mo’ dérive. C’est la faute au jean qu’a mit Jim, c’est juste illégal que ce pantalon lui fasse un de ces… Faut pas. Stop. Arrête toi tout de suite. Il ferme les yeux quelques secondes et pousse un long soupir. C’est pas possible, depuis quand il pense à ce genre de chose quand il le voit ? Depuis toujours peut-être, il est pas sûr, avant il le faisait inconsciemment ça se trouve. Ses joues chauffent et il descend plusieurs gorgées de boisson brûlante. Comme ça il aura une excuse si on lui demande pourquoi il est aussi rouge tout à coup. Un peu de sérieux bordel, Morgan. « C’est toi qui a l’air de te prendre la tête, Mo. » Et il manque de tout recracher. Oh mon dieu si il savait pour quoi Morgan se prenait la tête là tout de suite. Il tousse un peu et reporte son regard sur Jim, le fixant, même si ce dernier était plutôt en tête à tête avec son café. Finalement il retrouve son calme, redescend sur terre. Il est tellement stressé qu’il part un peu en live, il fait pas exprès.
« J’sais que c’est un sacré bordel... Tu l’as dis. Mais faut qu’on pense à nous. »

“À nous”. Ça lui fait tout drôle. Il se perd dans ses pensées. « C’est compliqué. Mike, Ashley... Et tout le reste...» Il s’est comporté comme un enfoiré avec Mike et il ne vaut pas grand chose comparé à Ashley. En y songeant, il baisse les yeux, tient un peu plus fermement la tasse entre ses doigts. Morgan c’est pas une fille canon, c’est pas quelqu’un de brillant, il a un sale caractère et en plus de ça il porte la poisse. C’est vraiment pas le mec idéal. Mais visiblement Jim lui donne sa chance. Ça lui fait bizarre parce que depuis le temps qu’il porte malheurs, le mot “chance” il s’en méfie. Parce que tout s’enchaîne tellement vite. Y a même pas une heure ils étaient en train de s’engueuler, et Jim était encore avec Ashley, et Morgan se contentait de jouer au con, comme d’hab’. C’était plus facile. Et désormais ils sont là, tous les deux, à se demander comment est-ce qu’ils allaient gérer ce nouveau “nous” qui fait peu à peu surface.

«... Mais j’ai pas envie d’me cacher. Pas envie de nous cacher. »

Son regard se plonge dans celui de Jim et sa mâchoire se crispe légèrement. Touché. Pourquoi c’est lui qui prononce ces mots ? Depuis le temps qu’il attend ces mots, qu’il attend qu’on lui dise ce genre de chose. Lui non plus il a pas envie de se cacher, encore plus si c’est avec Jim. Ça pourrait être génial, voire parfait. Nan, ça va être parfait. Putain mais pourquoi il se montre aussi gentil ?? Jim c’est quelqu’un de formidable et lui c’est qu’un minable.
« J’peux pas. » Il se mord la lèvre inférieure. « J’sais pas, je… Après tout ce qu’il s’est passé j’peux pas. J’ai juste.. pas l’droit ! » Ça lui semble évident. Il hausse les épaules et esquisse un sourire un peu désemparé. « Sérieusement, Jim. Tu nous vois, toi et moi ? » Il dit ça comme si c’était ridicule alors qu’au fond lui il les voit très bien.

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MessageSujet: Re: Bang bang, he shot me down, bang bang.   Bang bang, he shot me down, bang bang. - Page 2 1400359500-clockLun 2 Déc 2013 - 0:40

No one keeps a secret ♪



Il minaude. Je le dévisage. Ses traits fins. Ses yeux verts. Ses mèches blondes tombant devant son visage. Son air à la fois Ange et Démon, son attitude de sage tentateur. Morgan, c’est celui qui me freine, tout en me suivant. Celui qui m’arrête, tout en m’incitant à continuer. Le frein à main qui me fait déraper.

« J’peux pas. »

Il se mord la lèvre, mes yeux attirés par ce spectacle. Sa lèvre. Sa dent, venant la saisir, s’emparer d’elle, diabolique tentatrice, dans un geste de fausse retenue. Je pince les lèvres, laissant rouler ma langue sur elles, mes yeux dérivant vers les siens. Je le regarde intensément. Parce-qu’il hésite, tremblerait presque maintenant que le Nous a été dévoilé. Il ne peut pas. Il ne peut pas faire demi-tour maintenant. Pas avec ce que je lis dans son regard lorsqu’il le pose sur moi. Pas besoin d’être un expert en séduction pour sentir ça.

« J’sais pas, je… Après tout ce qu’il s’est passé j’peux pas. J’ai juste.. pas l’droit ! »

« On a tout les droits. » Mon ton est sans appel. Il connaît ma vie. Il connaît ma philosophie. Il sait que je n’obéis qu’à elle. Et alors qu’il minaude toujours, regardant ailleurs, hésitant, je le fixe, intensément. Parce-que c’est nous. Je suis le Capitaine du navire, je maintiens le cap, avec assurance. Et cette fois, je n’ai pas envie qu’il jette l’ancre. Plus maintenant, alors qu’il ne reste que nous sur le navire. Et même si l’on est en pleine tempête.

« ...Sérieusement, Jim. Tu vous vois, toi et moi ? » J’esquisse un sourire, laisse s’échapper un son rieur. Alors, je le quitte enfin des yeux. Je porte la tasse à mes lèvres, lentement, laisse le liquide se déverser entre mes lèvres, yeux clos, jusqu’à la dernière goutte. Lentement, je rouvre les yeux, dépose ma tasse à côté de moi.

Alors, je plonge mon regard droit sur lui. Je me redresse, courbant légèrement le dos en arrière, bombant à peine le torse. Je ne suis pas Mike. Je sais que je possède des choses que Morgan recherchait, et qu’il est venu chercher dans mes bras. Un pas. Deux. Je glisse mes pieds entre les siens, m’approchant au plus près de lui, mes jambes entre les siennes. Je suis plus grand que lui, même lorsqu’il n’est pas avachi de la sorte. Mon regard cherchant le sien, mon corps le frôlant, mes lèvres à hauteur de ses yeux, mes mains viennent chercher sa tasse, la déposant à nos côtés. Je pose ma main à côté de lui, sur le plan de travail, tandis que mes doigts libres viennent taquiner le fil pendant de son sweat à capuche, au niveau de son torse. Et mes yeux, baissés, ne quittent pas les siens. « Oui, je nous vois parfaitement. » Un simple murmure. Calme. Je l’entend respirer. Chaque souffle de sa part gonfle un peu plus mon égo. Et je trouve petit à petit l’assurance que j’ai lors des fêtes, alors que je me sens populaire, désirable et désiré. Mais désormais, il n’y a plus qu’un seul désir que je courtise. Et c’est le sien.

Mon index et mon majeur marchent doucement sur le tissu de son pull, prenant appuie sur son torse, lentement. Alors, enfin, je le quitte des yeux, fermant ses derniers, et basculant mon visage de sorte à ce que mes lèvres traînent près de son oreille. Et ma main vient s’emparer de son cou, glissant, caressant avec tendresse et fermeté, lui faisant légèrement lever le visage. Yeux clos, je laisse mon souffle s’emparer de son ouïe. « Je nous vois, parce-que ça crève les yeux. Et tu le sais. »

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MessageSujet: Re: Bang bang, he shot me down, bang bang.   Bang bang, he shot me down, bang bang. - Page 2 1400359500-clockSam 7 Déc 2013 - 2:48

Dumb it down, I don't know how, huh-huh, how-how
At least I know that I don't know

Ne pas sourire, pas encore. Ne pas ciller non plus. C’est de plus en plus difficile mais il tient le coup. Même lorsque Jim fait les quelques pas qui les séparaient pour s’approcher beaucoup trop près de lui. Même lorsqu’il l’oblige à lâcher sa tasse alors que Morgan serrait cette dernière entre ses doigts pour se sentir moins anxieux. Jim le surplombant légèrement, proche, si proche. Il se sent un peu oppressé, mais c’est pas désagréable. Il en profite pour observer chaque détail. Qu’est-ce qui lui plaît chez le mec qu’il a en face de lui ? Il ne s’est jamais vraiment posé la question en fin de compte. L’ensemble ? Il ne sait pas trop. Oui, sûrement l’ensemble. Mais lorsqu’il le dévisage, il accroche sur ses yeux. Il aime bien ses yeux. Et ses lèvres, sa bouche, quand il éclate de rire, quand il lui raconte des conneries, occasionnellement quand il l’embrasse, et tout le reste. Nan, il va arrêter d’énoncer tout ce qui lui fait envie, faut qu’il reste impassible. Il ne sait pas quoi faire de ses mains, ces dernières ne tenant plus rien désormais. Il essaye de se défaire de son plus gros défaut : son envie d’avoir tout, tout de suite. Alors il ramène ses poignets contre lui, tenant ses mains à l’écart de Jim pour ne pas s’agripper à son t-shirt ou passer ses bras autour de son cou. Il se tient bien. Quand on est poli on regarde la personne à qui on parle.

« Oui, je nous vois parfaitement. »
Et ça donne quoi ? Ça te plaît ? Ça rend bien ? Mais ce serait un crime de briser le silence. Ses paupières s’abaissent à peine, il incline légèrement la tête, toisant Jim d’un regard qui questionne. Inspiration. Une seconde. Expiration. Deux. Et ainsi de suite. C’est leurs souffles qui donnent le rythme, le temps s’écoule en fonction de leur respiration. C’est eux qui décident. Et Morgan a envie de mettre cet instant en sursit. Ça aurait pu durer une éternité que ça ne l’aurait pas plus dérangé.
Mais Jim a l’air de vouloir faire avancer les choses, appuie sur play, reprend la partie. Ses doigts qui effleurent son torse. Morgan passe son tour et se tait. Il prend une expression désemparée, fait mine de ne pas comprendre ce qui arrive, avant de fermer les yeux lorsqu’il n’est plus dans le champs de vision de Jim et qu’il sent le souffle de ce dernier près de son oreille. Frisson. Il laisse faire, il tente de ne pas réagir, mais bordel c’est vraiment compliqué. Il pensait pas que Jim se permettrait, bien qu’il connaisse la philosophie de son ami, Morgan était persuadé que ce n’était pas le bon moment. Pour ça qu’il tente de faire ralentir les choses en minaudant, c’est histoire d’être sûr.
Dans quoi est-ce qu’il s’embarque, sérieux.

« Je nous vois, parce que ça crève les yeux. Et tu le sais. »

Sourire espiègle. Il hausse les épaules, fait comme si il se résignait, alors que Jim menait la danse depuis tout à l’heure. « Je sais, je sais… » Alors qu’intérieurement c’est le chaos. Paradoxe. Parce qu’il s’est rarement senti aussi serein. Là, maintenant, ça va. Mais il a honte du passé et il appréhende le futur. Un éclat de rire lui échappe et il éloigne son visage, rouvrant les yeux. Il prend les mains de Jim et les guide le long de son torse, de ses flancs, jusqu’à sa taille, avant de les laisser là, sans lâcher son regard. Après ça il pose ses bras sur les épaules du jeune homme.

« Je sais que ça va être cool, sérieux ça va être génial. Ça j’en doute pas. Ok, faudra pas oublier qu’on s’est comportés comme de vrais enfoirés, y aura toujours des gens pour nous mépriser, mais on en aura rien à foutre. Si ça leur plaît pas on s’embrassera et on se pelotera devant eux. J’irai squatter ta piaule, et toi tu viendras dans la mienne de temps en temps. On aura du mal à se lâcher, et quand ça arrivera on ira se rejoindre le plus vite possible. Sauf qu’un jour ça va merder. Y a un truc qui va tout gâcher, forcément. Et on sera plus des amis. Ni des frères. Ni quoique ce soit. On sera plus rien l’un pour l’autre. »
Durant quelques secondes, il se tait, plongeant son regard dans celui de Jim.
« Et tu le sais. »

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MessageSujet: Re: Bang bang, he shot me down, bang bang.   Bang bang, he shot me down, bang bang. - Page 2 1400359500-clockSam 7 Déc 2013 - 11:22

MORGAN

« [...] »


« Je nous vois, parce que ça crève les yeux. Et tu le sais. »
« Je sais, je sais… »

Sourire. Parce-que Jim a tendance à croire que ce qu’il ne voit. Ou peut-être que ce qu’il veut voir. Ses mains courent sur le corps de Morgan, alors que celui-ci le guide. Sous le tissu, il sent son corps. Son corps pour lequel il ne ressent pas qu’un désir animal. C’est bien plus que ça. Affection. Respect. Douceur.

Il rit. Euphorie. Je souris. Parce-que le rire de Morgan est ce que je convoite chaque jour, et quand il apparaît... Je suis juste heureux. Je laisse mes grandes mains anguleuses sur sa taille, le regarde, le détaille. Mon sourire ne me quitte pas. Parce-que je vole. Et que ce n’est pas un rêve. C’est la réalité.

« Je sais que ça va être cool, sérieux ça va être génial. Ça j’en doute pas. Ok, faudra pas oublier qu’on s’est comportés comme de vrais enfoirés, y aura toujours des gens pour nous mépriser, mais on en aura rien à foutre. Si ça leur plaît pas on s’embrassera et on se pelotera devant eux. » Rire. Mes yeux brillent d’excitation. Comme un gosse à qui tu annonce que tu l’emmène une semaine à Disney. Ou comme un putain de mec en train de tomber amoureux.

«J’irai squatter ta piaule, et toi tu viendras dans la mienne de temps en temps. On aura du mal à se lâcher, et quand ça arrivera on ira se rejoindre le plus vite possible. »
« Ca me paraît pas mal tout ça... »

Sourire. Affection. J’ai envie de l’embrasser. De le prendre dans mes bras. De sourire, sourire encore. Parce-qu’à cet instant, je suis le plus heureux du monde. Parce-que Morgan se libère enfin. Il se détend. Il parle de nous. Et il parle de nous au futur. Enfin, il m’offre sa vision des choses, tellement rassurante. Et comme toujours, on est sur la même longueur d’ondes. On partage les mêmes points de vu. Les mêmes sentiments. Les mêmes espoi...
« Sauf qu’un jour ça va merder. » Hein ? Quoi ? Souriant toujours comme un imbécile heureux, je tique légèrement, haussant un sourcil, reculant légèrement mon visage illuminé. « Y a un truc qui va tout gâcher, forcément. » Que... pourquoi tu dis ça ? Arrête c’est pas... Mes traits enjoués s’affaissent légèrement, je comprend pas où il veut en venir. Pourquoi il dit ça haha ? C’est nul ça... « Et on sera plus des amis. » ... Mais ta gueule putain, elle est naze ton histoire ! Je cille, mon sourire s’est éteint, mes sourcils commencent à se froncer. incompréhension. Mon petit nuage est en train de fondre sous mes pieds. « Ni des frères. » Bang. Ce truc mou, c’était mon coeur. Mes mains le lâchent. Je recule d’un pas, baisse la tête. « Ni quoique ce soit. On sera plus rien l’un pour l’autre. » Vertige. Mon nuage a disparu. Je tombe. Je tombe de très, très, très haut. J’ai froid. Je suis glacé.

« Et tu le sais. »

Non. Non, je ne savais pas tout ça. Tu me l’apprend.

Je m’appuie sur le comptoir, le contourne, le pas lent, les yeux dans le vide. Ce vide dans lequel je tombe, une chute infinie. Mon coeur est resté en haut je crois. Je sais pas. Porté disparu, hey, quelqu’un à vu mon palpitant ? Quelqu’un a vu ce qui me rend vivant ? J’le trouve plus...

Hey... Quelqu’un... m’aide... ?

Dans le monde réel, physqiue, je vascille, et c’est bien les murs, tables et meubles qui m’empêchent de m’écrouler. Parce-que, le monde physique, j’y suis plus. Je suis dans cette chute. Cette chute qui me mène, alors que je suis aveugle, à ouvrir la fenêtre du cabanon. Besoin d’air. Respire. Tu respire plus là. Mon corps essai. Je jure qu’il essai. Comment on fait déja ? Je m’écroule contre la fenêtre, ouverte. Tabac, feuilles et filtres apparaissent sur le rebord, comme par magie. A moins que ce soit moi. Je sais pas. Je sais plus. Vertige. La feuille se plie. Elle tremble, haha.

Non. C’est mes mains qui tremblent. Je les vois, je crois. Le filtre tombe, roule sur le rebord de la fenêtre, s’écrase au sol plus loin. Pas grave. J’en ai d’autres. Pleins d’autres.

Ce que je n’ai pas en double, c’est Morgan. J’en ai pas un paquet de 150. Je cille. Le tabac se répand, entre mes mains tremblantes.

On était pas du tout sur la même longueur d’onde. Pas. Du. Tout.

Et on sera plus des amis. Ni des frères. Ni quoique ce soit. On sera plus rien l’un pour l’autre.

Mes yeux se ferment avec force. Ah, tiens, j’ai retrouvé mon coeur. Ca fait mal, un coeur. Je m’en souvenais plus. Dieu, que ça fait mal. Ca fait mal, la gorge nouée. Ca fait mal, ce vertige. Ma tête va exploser.

Dans les vestiaires, je lui ai fais promettre. Promettre que quoi qu’il arrive, on ne se lâche pas. Et là, il m’annonce ça. Il me l’annonce, c’est un fait. Pas d’alternative possible. Pas de nationale, pas de bande d’arrêt d’urgence. Juste une autoroute à 230 avec un mur au bout. Pas de choix. Pas d’espoir. Rien. Je roule. Je roule ma feuille, admiratif du travail de mes mains malgré leur état. Parkinson. Alzheimer. Cancer. Sida. Ca une couille quelque part, qu’est-ce que je fous déja en phase terminale ? Je la glisse entre mes lèvres. Je sens mon corps trembler. Entier. Il brûle, le briquet. Brûle le poison, et je l’avale. La plus grosse taffe de mon existence. J’ai l’impression d’aspirer 18 ans de vie. Il n’y croit pas. Il ne croit pas en nous. Il n’y croit même pas à 50%. Même pas à 30%. Même pas à 2%. Rien. Done. Echec et mat avant même d’avoir installé les Rois. Le fou danse, danse, le fou tombe, tombe. Le fou s’écrase la gueule après sa chute infinie. Ca fait mal. Très mal. Je ferme les yeux. Souffle mon venin, mon coude sur le rebord de la fenêtre, ma main dans les cheveux. J’ai presque l’air serein.

Presque.

« On arrête tout. Maintenant. »
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